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Arbre

Le Temps des Rêves

Avatar de UnAutreLapin UnAutreLapin Mode Lecture - Citer - 03/04/2011 14:26:06

Ça tente quelqu'un de poster nos Ouragans ici Point d'Interrogation

Avatar de Lune Lune Mode Lecture - Citer - 03/04/2011 18:55:44

Allons-y ! Que le grand vent souffle !

Avatar de UnAutreLapin UnAutreLapin Mode Lecture - Citer - 03/04/2011 21:19:12

Ok, je commence (la plupart l'a déjà lu ^^)

La Frustration de Typhon

Je gronde et je me retourne.

Depuis tellement de temps…
Vous, Maudits, vous m’avez enfermé depuis tellement de temps. Je ressortirai de cet Etna de frustration, je vous le promets. Ma colère qui a tourné sans faim en mon ventre vous dévorera. Tous. Petits dieux de pacotilles, déjà oubliés des hommes.

Ayez Peur.

Je m’abreuverai de l’océan, du sang même de votre frère. Je briserai son trident d’une simple bourrasque. Ses enfants auront le plaisir immense de quitter les flots pour mourir en poupées d’argent. Poissons broyés au plus près des nuages. Les cris des sirènes avertiront les pêcheurs.
Je libèrerai mes sœurs, et de leurs vagues affamées elles engloutiront des ports aromatisés de baies sauvages et de calanques déchiquetées.

Ayez Peur.

Entends mon grondement, toi là haut. Ce n’est pas ton petit tonnerre. C’est la terre que j’écrase, sa souffrance est mon cri.
Ecoute les arbres qui s’effritent plus vite que sous un incendie. Ecoute leurs gémissements. Une chanson nostalgique qui s’étire en un râle continu. Une complainte, ils hurlent à ma pitié. Je n’en ai aucune. Qu’ils finissent quand leur tronc rompra. Dans un silence ou mon souffle lointain fera pleurer le printemps.
Entends mon grondement quand je frapperai la montagne où tu te caches, où tu te terres comme un chevreau. J’arracherai les pierres, unes à unes s'il le faut. Mon corps sera maelström, chaos et pure destruction. J’invoquerai ton père, j’arrêterai le temps. J’offrirai en pâture des enfants dévorés à ce monstre immortel et à ton infernal frère.

Ayez Peur !

Tes petites chaines de montagne me brisent les poignets. Lâche, je te hais. D’ici peu je libèrerai ma colère titanesque. Ma tête touchera le ciel et mes pieds balayeront les villes.
Je hurlerai ma colère comme je gronde aujourd’hui. Tes adorateurs chéris ne sont que fétus de paille. Ils n’auront d’autre choix que de fuir ou de se recroqueviller dans les huttes de pierre et de métal. Comme les faibles animaux qu’ils sont. A peine de la nourriture. Tu ne penses pas que jouer avec ces pantins de chiffon n’est plus de ton âge ? Jetons-les veux-tu ? Abattons leurs temples, et mélangeons-y leurs cadavres. Je ne vais pas ranger ton monde dans des boites de béton, mais le glisser gentiment sous une chape de poussière.

Ayez Peur !!

Tu m’as battu enfant ! Viens jouer maintenant que je suis plus puissant que tu ne l’as été. Ils ont des parapluies, des parafoudres, des paratonnerres. Mais tu rigoles avec moi au mot de para-typhon, hein ! Tu es devenu faible, souvenir d’un mythe oublié. Mon nom les fait trembler.
Viens ! Laisse éclater ta fureur contre la mienne. Battons nous entre dieux, nom de Zeus, nom de TRAITRE ! Eclairons les ténèbres de ta force damnée, aveuglons leurs âmes de mes nuages noirs.
Je te crache au visage des tornades injurieuses : me foudroieras-tu de ton regard d’acier, petit biquet?
Je te hais et je détruirai cet âge, et ton Olympe fragile.
Je te maudis.
Regarde mon œil. Je suis calme et serein. Pas un souffle de violence. Et pourtant je le sais. Je te détruirai. Si ce n’est aujourd’hui, ce sera à la prochaine tempête.
JE TE MAUDIS !
Mes bras sans fin t’étrangleront, écraseront ta poitrine, comprimeront tes pensées, satureront tes poumons de poussière et de sang, t’étoufferont d’un baiser trop appuyé, découperons tes sens comme ils arrachent ton souffle, t’empêcheront d’avancer vers tes proches, ces brindilles, effaceront tes pas des yeux de tes sauveurs, abattront tous tes murs et les toits qui te cachent, mettront à nu la vie de tes enfants disparus, laveront les villes et ta vie d’une coulée de boue, morcelleront les sculptures héritées des ancêtres, applaudiront du désespoir des peuples survivants, oublieront tous les noms des charognes dépecées

JE LIBÈRE MA RAGE !!


Image hébergée par l'Omega Pictures Server

Avatar de Wensaïlie Wensaïlie Mode Lecture - Citer - 03/04/2011 21:40:59

Petite explication avant commentaire:
Samedi soir, (hier soir) Liane a été invitée par une des ses amies à un spectacle de danse (dont les bénéfices seraient reversés à une association pour aider le développement au Bénin. Et il se trouve que la prof de cette amie, Sandra Bénabent, s'est assise à sa gauche, tandis que l'amie était à sa droite. Et l'amie de se pencher vers sa prof pour lui dire "Mais au fait, tu cherches pas des textes pour ton prochain spectacle?" et la prof de répondre "Si sur le thème de l'Ouragan" "Ah mais alors, je te présente Liane, elle écrit des poèmes... Je vais vous faire collaborer". Et Liane ni une ni deux " Mais oui, je connais des amis qui pourraient être intéressés, que faut-il faire exactement?" les lumières s'éteignent mais la prof répond (attention voici la consigne:): "J'en ai besoin pour le 13 avril (cad vous me les envoyez/vous les postez jusqu'au 11 dernier délais). Il s'agit de raconter l'Ouragan, comment ça commence, ou comment ça finit." (et s'en suivit quelques termes plus vagues qui se perdirent dans les premières notes de musique)

Donc tous à vos plumes!! la météo du temps des rêves s'agite!!

Avatar de Lune Lune Mode Lecture - Citer - 03/04/2011 21:42:10

Né avant le monde
Et la glaise
Nous te croyons innocent
Mais ta puissance est sans égal

Tu as connu toutes nos nuits,
Tu te plies, te délies
Tu t'enveloppes et te cambres
Tu portes le chant des insoumis

Et parfois de ton néant
Naît le visible
L'insoutenable énergie
D'une voix oubliée

La litanie perdue de l'air

Bris et fracas
De ton haleine sur la Terre
De ton âme qui tournoie
Dans le creux du monde

Contre l'écorce tu échoues
Dans les branchages tu chavires
Sur l'herbe tu te noies
Et dans mes yeux tu délires

Tu es le vent
Qui a connu trop de saisons
Ton souffle s'est perdu
Dans la haine

Mais la danseuse sait parler aux ouragans
Leur redonner une force
Un vortex bienfaisant
Qui élève le monde

Il s'agit d'un mouvement
Qui part du centre de l'arbre
Du ventre de la femme
De la terre profonde

La petite silhouette
Est apparue au cœur des éléments
Elle vibre
Elle se tend

Ses pieds loins dans la boue
Ses bras s'étirent dans la tourmente
Les paupières closes
Elle est l'œil d'une force démente

Ses doigts se tordent
Son bassin s'arque
Et elle décroche son âme
Qui se dissout dans la spirale

Elle est l'ouragan
Soudain imperceptible
Qui offre ses débris
A la terre ravagée

Son corps, alors
Devient mouvement
Grave et gracieux
Amoureux

L'Ouragan rejoint la lumière
La danseuse se dissout
Dans une arabesque
Enfin libérée

Sous son dernier pas,
Un arbre a poussé.

Avatar de Wensaïlie Wensaïlie Mode Lecture - Citer - 03/04/2011 21:48:51

Des trois poèmes que j'ai lu pour l'instant, je suis agréablement surprise par celui de Lune, parce que c'est la seule qui a réussit à mêler un peu de la violence de l'Ouragan à de la douceur. Les autres bravo aussi, mais plus dans le déchaînement de force des vos ouragans (si j'osais dire décoiffants :p)

Avatar de UnAutreLapin UnAutreLapin Mode Lecture - Citer - 03/04/2011 23:29:16

Rédigé par votre serviteur (Matthieu) et Kite TRASH

Dans l'Oeil de la bête

Un silence pesant
Les dernières feuilles retombent
L'arbre se couche méprisant
La pluie qui vole en trombe

Un rayon de lumière
Après tant de nuages
L'ombre sort de sa tanière
Peuplant le paysage

Tout est morne, en lambeau
Les fleurs sont tête baissée
Pour la mise au tombeau
De leur pays blessé

Le monstre de rage a tué
Chaque plante, chaque vie
Ne laissant miroiter
Pas une peine de sursis

Des âmes sortent enfin
En tremblant de leur hutte
L'ogre a calmé sa faim
A délaissé la lutte

Mais dans l'œil du cyclone
La douceur de la bête
Fait frétiller la faune
La mère a l'air inquiète

Dans ce vacarme muet
Les prémices du retour
Du vent et ses nuées
Qui abattent murs et tours

Les cadavres tremblent
Réveillés par la voix
Qui tous les assembles
Et toujours les pourvois

Puis retombent et... chttt...
Déchirant l'innocence
Rugit la rage brute
Parée en éminence

Avatar de Wensaïlie Wensaïlie Mode Lecture - Citer - 04/04/2011 18:01:48

Foliae requiem

Les fibres s’étirent,
Se tordent et se tendent,
Résistent en vain,
Finissent par se rendre.

Petite feuille s’envole dans la furie.

Malmenée, brusquée,
Chahutée par les vents
Qui s’affrontent,
S’heurtent et se disputent.

Petite feuille danse dans le chaos.

Elle avait rêvé de s’envoler,
Prendre les couleurs de l’automne
Que la brise lui avait murmurées
Et partir au loin portée par les vents.

Le Mistral, l’Alyzé, petite feuille rêvait d’un fiancé.

Mais la voilà prise,
Envolée trop tôt,
Partie trop vite,
Elle tourbillonne.

Ses membrures craquent et sa peau se froisse.

Il n’y a plus de temps,
Plus de haut, de bas,
Elle ferme ses sens
L’espace s’emplit de vent

Le Monde disparait.

Le calme dans la tempête.
Juste des couleurs qui se mélangent,
Des formes obscures
Qui se plient, se tordent.

Petit feuille perdue dans l’espace de sa vie.

Frappée par des objets dont elle ignore le nom,
Abîmée, rejetée, ballotée, oubliée.
Elle tourne, tourne.
Vole dans le vent.

Et enfin les nuages s’étirent,
Le Soleil reparait.
Les vents la délaissent,
Elle tombe.

La chute est longue, mais elle n’en a pas vraiment conscience.

Dans son dos l’herbe douce,
La chaleur familière de la Terre
Elle pose son corps meurtri,
Déchiré, blessé.

Petit feuille sent le monde.

Un bruit d’eau,
Le vent au loin qui gronde.
La brise lui souffle une dernière berceuse
Et lentement l’eau monte et l’emporte.

Petite âme qui s’envole
Regrette ses rêves envolés,
Piégés dans les vents
De l’ouragan.


(le requiem d'une feuille => une feuille c'est quoi? - pour mettre la bonne déclinaison)

Avatar de Kite_Trash Kite_Trash Mode Lecture - Citer - 04/04/2011 22:56:59

Sylphe


Au milieu du feux d'artifices
apeurée elle regarde ses pieds
et sur sa joue les ombres glissent
s'écrasent des larmes sur ses souliers

tout autour d'elle tous n'est que bruit
et les grands arbres font des courbettes
dans ses cheveux les perles de pluie
se fondent s'embourbent et puis s'émiettent

fade l'aube clair tarde à venir
la belle enfant observe la mer
où les étoiles s'en viennent mourir

se coucher enfin dans le vent
tourbillonner sans fin en l'air
et fuir la douleur du levant

Avatar de Wensaïlie Wensaïlie Mode Lecture - Citer - 04/04/2011 23:19:10

Oh! j'ai beaucoup aimé ce poème, très fluide et rythmé et super ^^
le seul truc que je ne pas trop aimé c'est le dentifrice... je ne comprend pas bien ce qu'il vient faire là et en même temps il va bien dans le reste du poème ( s'en est déprimant)...
contente de te voir parmi nous!

Avatar de poulix poulix Mode Lecture - Citer - 04/04/2011 23:40:59

J'aime tous les poèmes qui ont été postés ! C'est une vraie mine de vent, de légèreté, de pureté, de violence et de poésie !
Vraiment... on dirait que l'Ouragan nous a inspiré !
À MON TOUR !

P.S : svp, faites très attentions aux fautes d'orthographe, relisez-vous, faites-vous relire par au moins une personne extérieure avant de poster. Ca évitera les pertes de temps inutiles ^^

Avatar de poulix poulix Mode Lecture - Citer - 04/04/2011 23:41:37

Note : la mise en page n'est pas ce qu'elle devrait être... je n'arrive pas à reconstituer sur le forum le tourbillon-chaos de mots qui est censé être de "Il y eut les cris" à "l'immensité de sa folie". Liane : tu me feras penser à t'envoyer le fichier .odt
La forme n'est plus là, espérons que le sens compense ^^
Note 2 : si ce texte doit être lu, je verrais bien, à l'endroit du tourbillon-chaos, plusieurs voix qui lisent en même temps mais en décalé les différentes parties de phrases. Créer un tourbillon sonore. Les mots se superposant (et se répétant au besoin). Au moins trois voix dirais-je... ^^

Au commencement était le souffle

Au commencement était le Souffle. Infime. Imperceptible. À la lisière de l'existence.
Au commencement était la Mer. Matrice des anges blancs. Écumante sous sa chaleur.
Il y eut une rencontre, commandée par Dieu ; elle n'avait pas de nom.

Les flots calmes.
L'air quasiment immobile.

Alors, intimement, leurs transparences se mêlèrent.
Le silence était d'or au milieu de l'Océan.
L'écume frémit à peine lorsque l'haleine du ciel vint lui dérober son énergie. C'était une caresse, la promesse d'un partage, d'une fusion d'où naitrait une force sans fin. Personne n'assista à cette union qui fut pourtant la naissance de ce que l'on nomme « Ouragan ». Seul le ciel, de son regard obscur, condamna cette alliance.

Il gronda.
Et l'Ouragan naquit.

L'air prit la consistance de l'écume. Il tourna sur lui-même.
Le ciel prit l'apparence des tempêtes. Il rugit sourdement.
Des écharpes de nuages. L'énergie était là. Vibrante. Vivante. Emplie de la tension née d'un effleurement de passion.
Le désordre était au bord du gouffre.
L'Ouragan était seul au monde. Mugissant dans l'écho de l'invisible.
L'Ouragan n'avait pas de nom. Vagissant contre le vide.

Il dansa longtemps dans l'immensité, valsant avec le vent.
Il tourbillonna au-dessus de sa mère aimante, de sa mer amante, au son amer de son attente.
Au-dessus des lames liquides. Il n'y avait que l'Océan impassible.
Et l'Ouragan valsait avec le vent, l'Alizé pour cavalière.
Au-dessus de l'âme aride. Il n'y avait que le désert et sa poussière.
Et l'Ouragan valsait avec le vent, l'Alizé pour cavalière.
Au contact d'un regard livide. Il se heurta à une conscience.
Il y eut un sanglot.

Puis ce fut le chaos

Il y eut les cris
Du vent
Des hOmmes
Des arbres
De la tôle froissée,
écrasée,
la cé rée
Déchiquetée Et HUrlante
De Tourmente à Mort
comme un EnfeR
dans le néAnt Hurle Hurle
Hurle Dans les entrailles du Vent.
Cris Sous les assauts

Violents. Noir OuraGan que fais-tu ?
Dans la Cendre du Ciel
Un chaton meurt sous une pierre
Des mAins s'agrippent


Ouragan quel est ton nom ?



Mais le vent N'offre aucun appui Il glisse, griffe, glace,
agrafe les tuiles dans les chairs. L'enfant hurle
Il perd le cOntrôle de ses pUlsions.
Et ce cri dans la ville
L'appel d'un innocent CouRs ! Ne t'arrête pAs.
L'air ne nous attend pas.
Hurle AGonise
Meurs Fuis. Écroule-toi.
Le monde se fissure

Et l'OurAgan, dans sa spleNdeur,
laboure les villes,
élague les champs
puis démolit les forêts dans l'immensité de sa folie.


Il perd le contrôle de sa propre force. Déjà, il oublie qu'il est né d'une chaleur, d'un effleurement, d'une caresse. Il se transforme, mugit et vocifère. Il crache des ponts, des maisons et des vieillards. Il mâche des pierres, des herbes et des corbillards. Il dévore le monde.
Un enfant pleure
Les arbres tombent
Les églises meurent
Les pagodes tanguent
Les tuiles volent dans le ciel noir
Un pêcheur, assis sur la plage, ne finira jamais de réparer son filet.
Un temple de pierre, du haut de ses millénaires – s'effondre et croule sous les rafales.

Puis ce fut le silence.
Celui de son œil mort au centre même de sa violence.

Avatar de poulix poulix Mode Lecture - Citer - 04/04/2011 23:47:45

La vierge et l'ouragan
(co-écriture Mickaël Landès, Matthieu Ripoche et Flora Delalande)


Tourbillon de lumière diffracté par le vent. Pureté en cavale. J'entends un frémissement, le froissement d'un corps perdu dans les affres du ciel. Est-ce un cri ? 

Chahuté, balloté, tourné en tous sens. Tu deviens vent.
Tu montes et descends tel un ascenseur émotionnel au câblage usé, grinçant. Ton corps gémit doucement sous les caresses d'une brise téméraire. Et ta silhouette se fait ange, tache blanche au creux des cieux.
Tu tentes de te fondre dans les nuages, d'en prendre l'aspect, mais ceux-ci sont trop noirs, trop lourds et menaçants. Alors tu vocifères et tempêtes. Tu te débats, tissu immaculé, plastique abandonné. Tu te débats contre ces spectres effrayants. L'air est plus pesant que la gravité elle-même. Tu pressens que l'on te presse, que l'on t'oppresse, comme un insecte aux ailes déchirées qui voit le sol se rapprocher. Tu es dépendant du souffle qui te pénètre et tu sais qu'à la prochaine expiration de l'univers tu seras projeté au loin, en des lieux dont tu ne connais pas même le nom. On t'écrase, te plaque contre le sol, et t'arrache une fois de plus. Quelle est cette force qui te gouverne ? Ce souffle impétueux que tu sens entrer en toi ?

Un froid t'envahit, comparable à un blizzard, il te remplit de grêlons. Ton corps en devient encore plus incontrôlable. Ce sont des spasmes à présent. Qui t'agitent contre le vent. Tu te convulses violemment sous les assauts de l'Invisible qui te pénètre et viole, vole ta virginité en plein vol. Et le vent souffle. Il gronde en toi. Tu montes et descends sous ses coups de boutoir. Tu tournes et te retournes. Tu te froisses, te défais. Pureté en furie sous un vent de folie.
Ta danse devient macabre. Tu tends à t'effondrer, mais le vent te retient sans fin comme un jouet démembré. Dans l'instabilité la plus totale. Tu te déchires et t'ensanglantes sous les assauts furieux de cette force que nul ne voit mais que tout le monde sent. Mais elle ne frôle pas ton visage, non, pas comme celui des autres, elle s'engouffre en toi.
 Ton corps se fait tempête, cyclone puis ouragan. Tu hurles à présent dans le vent et les arbres s'époumonent avec toi.
Ils en crachent leurs feuilles, arrachent leurs ramures, écorchent leurs écorces. Les liens de leurs racines se brisent en un craquement assourdissant. Ils deviennent libres à nouveau. Mais les graines ne sont plus, perdues dans le néant d'un affolement soudain.

Le déchirement survient. Des sabres de lumière lacèrent le ciel d'une couleur dangereuse. Aveuglante. Orageuse. Les yeux des hommes brûlent sous les ramifications électriques qui percent tout autour. Leurs tympans succombent sous le déluge décibélien. Ils se cachent en entendant ton cri. Le monde est tailladé par la foudre, tanné par le tonnerre, tourmenté par le vent infernal. Et toi, trainée de plastique, tu te laisses porter, transporter, transpercer, posséder, malmener. Ici. Là-bas. Contre les murs de pierre, la poussière arrachée par la puissance du vent lui-même. Torturée de mouvement. Enivrée de violence. D'un lieu à l'autre. Le temps d'un éclair ou le temps d'un typhon. Le vent ne connaît pas les frontières ni les limites de sa puissante folie et il t'entraîne avec lui dans une sarabande universelle. Tu te frottes et te racles contres les hommes, les champs, les murs. Ton corps rouillé de la poussière des briques rouges fait tache dans cette univers de démence naturelle. Il te fait danser. D'un lieu à l'autre. Crucifiée des tourments. De haut en bas. Il arrache la terre, le ciel, la mer et les blessures pour les recracher sur le monde entier.
Tu tournes et te rapproches d'un centre à la limite de la brûlure. D'un œil narquois, clair et bien trop calme après tant de rugissements. Dans quelques minutes, ses bourrasques reprendront.
Coriolis ensauvagée aux courants échevelés. 

Ton nom est Ouragan.

Avatar de UnAutreLapin UnAutreLapin Mode Lecture - Citer - 04/04/2011 23:48:04

Après l'Deuil du Cyclone

Nous sommes enfin libres de nos tombeaux fragiles
Moi, ma femme et ma fille, mais elle est morte hier
Elle nous a tout gobés, malgré bien des prières
Cette chose sans forme au nom d’avaleuse d’îles

Plus de rue, plus de vies, pas même trace du ciel
J’ai perdu ma gamine fauchée par un torrent
Craché par des bourrasques, vomi par trop de vent
Ram'nez-moi mon enfant, pas vos aides matérielles

Pleurez votre douleur, derrière vos beaux écrans
Où la bête est cloitrée, et danse en massacrant
Un pays en entier et le laisse étripé

Fillette tu n’es plus. Moi j’éructe et j’explose
Beau spectacle nos morts, filmez bien les nécroses
« Rassurez vous, victimes, le vent s’est dissipé »

Avatar de poulix poulix Mode Lecture - Citer - 06/04/2011 15:54:07

Ah, cher lapin, les voilà donc ces vers ^^
Je dois avouer : j'aime moins (mais j'aime bien quand même).
Il y a surtout un vers qui m'a gêné en fait, c'est le "Ramenez-moi mon enfant, pas vos aides matérielles" --> selon moi, c'est trop long et les mots "aide matérielle" ne plaisent pas...
Par contre, j'aime la douce ironie du dernier vers !
(bon, j'voudrais pas dire, mais y'a des membres peu présent sur ce post : les moins occupés ^^Langue)