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Arbre

Le Temps des Rêves

Avatar de Zinzolin Zinzolin Mode Lecture - Citer - 21/03/2013 20:36:55

Elle a relevé les yeux
et sur l’écran noir des pupilles, j’ai vu
− comme des gouttes d’encre −
le venin qui souillait l’eau bleue de ses regards

Silhouettes exécrées, qui la rongent,
− ombres de fer et de fusils −
comme une pantomime aux gestes mitrailleurs
Un index dardé − c’est un sceau, qui accuse
et les mots qu’on devine, acides, hérissés

J’ai vu le sang couler aux flancs de ton pays,
les plaies dans le désert…
Le Niger charrie des hommes, et des rêves brisés.

Et la peur m’a saisie quand je séchais tes larmes
Ta joie cruelle, soudain,
qui me crachait l’innocence au visage
et ces fantômes malhabiles que tu glissais entre mes doigts
pour t’en défaire – me défaire…
Tu ne pleurais plus, tu riais même !

Elle a relevé les yeux. Je l’ai vue d’abord dans l’orage de son regard,
Cette arche, surgie du mélange de nos larmes
qui froissait ces strates de gris, ouvrait un pont entre deux mondes
J’ai vu des égratignures de ciel bleu, de ciel rose aussi,
un peu ébahie…
Elle, avait compris depuis longtemps

Compris que le Niger se jette ici, au cœur de nos villes
mais que les rêves ne se brisent pas.




Ci-dessous la version originale :

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Larmes de pluie, larmes d’enfant
Je sens les brûlures mordre mon corps
comme l’effroi glace ta mémoire
Raconte-moi, raconte…

Elle a relevé les yeux
et sur l’écran noir des pupilles, j’ai vu
− comme des gouttes d’encre −
le venin qui souillait l’eau bleue de ses regards

Exécrables, exécrés
Ombres de fer et de fusils
Comme une pantomime aux gestes mitrailleurs
Un index dardé − c’est un sceau, qui accuse
et les mots qu’on devine, acides, hérissés

J’ai vu le sang couler aux flancs de ton pays,
les plaies dans le désert…
Le Niger charrie des hommes, et des rêves brisés.

Et la peur m’a saisie quand je séchais tes larmes
Ta joie cruelle, soudain
qui me crachait l’innocence au visage
et ces fantômes malhabiles que tu glissais entre mes doigts
pour t’en défaire – me défaire…
Tu ne pleurais plus, tu riais même !

Elle a relevé les yeux. Je l’ai vu d’abord dans l’orage de son regard.
Surgi du mélange de nos larmes,
il froissait ces strates de gris, ouvrait un pont entre deux mondes
J’ai vu des égratignures de ciel bleu, de ciel rose aussi,
un peu ébahi…
Elle, avait compris depuis longtemps

Compris que le Niger se jette ici, au cœur de nos villes
mais que les rêves ne se brisent pas.

Avatar de Zinzolin Zinzolin Mode Lecture - Citer - 21/03/2013 20:38:39

On peut dire que l'actualité m'inspire en ce moment...

Je ne sais toujours pas si ce texte me plaît ou non mais j'attends vos critiques et suggestions, notamment concernant l'entrée en matière (premier paragraphe) qui là, ne me plaît pas du tout. Merci d'avance !

Avatar de naniquolas naniquolas Mode Lecture - Citer - 21/03/2013 21:30:11

Je suis mitigé. La première strophe a un rythme étrange, et ne me touche pas vraiment. Pourquoi, si tu ne l'aimes pas non plus, ne pas simplement la supprimer ? "Elle a relevé les yeux", c'est une belle entrée en matière, non ?
La deuxième strophe... j'adore.
La suite... J'aime beaucoup certaines images (le rire cruel, l'index dardé, l'orage de son regard, les fantômes malhabiles...), d'autres moins ("exécrables, exécrés", "qui me crachait l'innocence au visage", "surgi du mélange de nons larmes"Clin d'oeil. Mais surtout j'ai été un peu perdu, j'avais parfois du mal à savoir de qui tu parlais (pour la troisième strophe par exemple) et le regard sur l'enfant passe de la peur à la violence à la pitié à la tendresse sans que j'arrive toujours à suivre.
La conclusion me plaît bien dans l'idée, mais la formulation du dernier vers me chiffonne un peu. Je ne sais pas trop pourquoi, peut-être qu'il est un peu court, ou que cette phrase un peu trop "simple" me paraît du coup bateau (pourtant d'habitude ce genre de phrases marche plutôt bien avec moi...).

Malgré tout, petit à petit j'ai pu me faire mon image, entourer ton poème d'émotions captées ça et là, et la profondeur du regard, la violence de lire ça dans les yeux d'un enfant, la poésie avec laquelle tu le dis, tout ça fait que ton poème a profondément laissé son empreinte sur moi (c'est bizarrement dit mais je ne trouve pas à le formuler autrement).

Avatar de Zinzolin Zinzolin Mode Lecture - Citer - 21/03/2013 22:38:53

Trop tard pour retravailler sérieusement... je n'avais pas pensé à la suppression de la première strophe mais ça me plaît plutôt. Je l'ai mis en spolier pour l'instant...
Pour les expressions qui te gênent, j'essaierai de proposer autre chose quand il aura un peu reposé ... Ce qui me chiffonne, c'est ton problème elle/tu, parce que ce n'est pas si mélangé que ça, à mes yeux : elle (on est loin, "je" parle au lecteur) puis apostrophe à l'enfant (tu) puis retour au "elle" parce que la peur fait prendre de la distance. Ces pronoms suivent la complexité des sentiments par rapport à cette enfant... Tu peux pointer les passages où ça ne te paraît vraiment pas clair ?
En tout cas, merci pour ton commentaire... Je reviens quand j'aurais la tête plus fraîche !^^

Avatar de naniquolas naniquolas Mode Lecture - Citer - 22/03/2013 15:00:52

Non, non, en fait ce n'est pas le elle/tu qui me pose problème, quand je dis que je n'arrives pas toujours à savoir de qui tu parles, c'est plus ici :

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[...] des ses regards

Exécrables, exécrés
Ombres de fer et de fusils
Comme une pantomime aux gestes mitrailleurs
Un index dardé − c’est un sceau, qui accuse
et les mots qu’on devine, acides, hérissés

--> le passage à la ligne me fait douter : est-ce à ces regards que se rapporte "exécrables, exécrés", ou aux ombres de fer et de fusils ?


Et ici :

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Elle a relevé les yeux. Je l’ai vu d’abord dans l’orage de son regard.
Surgi du mélange de nos larmes,
il (ça doit se rapporter à l'orage de son regard mais c'est un peu éloigné du coup ça m'a désorienté) froissait ces strates de gris, ouvrait un pont entre deux mondes
J’ai vu des égratignures de ciel bleu, de ciel rose aussi,
un peu ébahi… (ici j'aurais pensé voir un -e à ébahi parce que pour moi le narrateur était une fille -- ou est-ce le ciel qui est ébahi -- ?)


Ce sont de petits détails, pas vraiment gênants en soi mais qui m'ont un peu dérangé à la première lecture.

Avatar de Zinzolin Zinzolin Mode Lecture - Citer - 22/03/2013 21:40:33

J'ai retravaillé (voir ci-dessus), en prenant en compte pas mal de tes remarques : plus de première strophe, reformulation plus claire des passages confus... J'ai aussi changé le sexe du narrateur (pour moi, c'était un homme, mais comme je suis a priori l'instance narrative, c'est plus clair comme ça et moi, ça ne me change rien au sens).
Il y encore quelques petites choses au sujet desquelles je voudrais ton avis (et celui des autres s'ils passent par ici, bien sûr !) :

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Pour "qui me crachaient l'innocence au visage", est-ce l'image qui te déplaît où la formulation ? Je suis prête à changer ou à reformuler mais j'aimerais savoir dans quelle direction aller...
Pour "surgi du mélange de nos larmes", même question. Simplement, comme j'espère l'avoir explicité, j'évoquais un arc-en-ciel et du coup, j'avais besoin d'une image "peinturesque"... Comment di-on, sinon mélanger, quand le peintre mélange les couleurs ? Je trouve la solution "surgi de nos larmes mêlées" trop soutenue, trop recherchée...
Enfin, moi, la dernière phrase me touche telle qu'elle est. Te choque-t-elle toujours dans son nouveau contexte ?


Merci d'avance (et tout court pour l'aide que tu m'as déjà apportée). Je me l'approprie de plus en plus, ce poème...

Avatar de naniquolas naniquolas Mode Lecture - Citer - 23/03/2013 10:27:13

Ah ! Bah avec l'image de l'arc-en-ciel, tout s'éclaire ! Ceci-dit, dans "cet arc, surgi du mélange de nos larmes", "cet arc" je trouve ça un peu sec et je ne suis pas sûr que j'aurais eu l'idée d'un arc-en-ciel. Si tu ne veux pas dire "arc-en-ciel", pour quoi pas "cet arche", plutôt ? Le double sens est intéressant et vu ce qui suit on pourrait quand même comprendre que c'est un arc-en-ciel.

La dernière phrase me gêne moins maintenant. J'ai toujours l'impression que c'est un peu trop simple comme formulation, mais je pense que c'est moi le problème ! Je trouve que la conclusion est bien, comme ça.

Pour "Qui me crachait l'innocence au visage" : c'est plutôt l'image que je n'aime pas trop, je ne sais pas trop comment l'exprimer mais je trouve ça un peu facile, l'innocence c'est un des premiers trucs qui me vient à l'esprit pour un gamin dans un poème, et cracher au visage c'est le premier truc qui me viendrait pour exprimer l'agressivité, même si l'image est sympa elle me donne un peu l'impression d'une combinaison de deux lieux communs. Mais peut-être que ça ne gêne personne d'autre, et puis c'est du titillement là...

Avatar de Zinzolin Zinzolin Mode Lecture - Citer - 23/03/2013 10:46:39

Va pour l'arche (on va refaire l'arche de Noéééé) !
Je crois vraiment que je vais laisser la fin telle qu'elle est. Par contre, je suis plutôt d'accord pour la combinaison de lieux communs mais j'aimerais bien d'autres avis... je vais réfléchir à une reformulation, voire à une autre image pour exprimer ce que je voulais dire...
Merci encore !

Avatar de violette violette Mode Lecture - Citer - 30/03/2013 16:07:35

Pour ma part c'est justement la strophe que je préfère ^^' Même si l'innocence crachée au visage sonne, il est vrai, comme un lieu commun, je trouve que le reste rattrape tout (les fantômes malhalibes etc.). En gros on démarre sur une strophe quelque peu attendue, on dérive sur des images plus singulières, et on la termine sur un rythme beaucoup plus court. Bref, j'adore