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Arbre

Le Temps des Rêves

Elle a relevé les yeux
et sur l’écran noir des pupilles, j’ai vu
− comme des gouttes d’encre −
le venin qui souillait l’eau bleue de ses regards

Silhouettes exécrées, qui la rongent,
− ombres de fer et de fusils −
comme une pantomime aux gestes mitrailleurs
Un index dardé − c’est un sceau, qui accuse
et les mots qu’on devine, acides, hérissés

J’ai vu le sang couler aux flancs de ton pays,
les plaies dans le désert…
Le Niger charrie des hommes, et des rêves brisés.

Et la peur m’a saisie quand je séchais tes larmes
Ta joie cruelle, soudain,
qui me crachait l’innocence au visage
et ces fantômes malhabiles que tu glissais entre mes doigts
pour t’en défaire – me défaire…
Tu ne pleurais plus, tu riais même !

Elle a relevé les yeux. Je l’ai vue d’abord dans l’orage de son regard,
Cette arche, surgie du mélange de nos larmes
qui froissait ces strates de gris, ouvrait un pont entre deux mondes
J’ai vu des égratignures de ciel bleu, de ciel rose aussi,
un peu ébahie…
Elle, avait compris depuis longtemps

Compris que le Niger se jette ici, au cœur de nos villes
mais que les rêves ne se brisent pas.




Ci-dessous la version originale :

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Larmes de pluie, larmes d’enfant
Je sens les brûlures mordre mon corps
comme l’effroi glace ta mémoire
Raconte-moi, raconte…

Elle a relevé les yeux
et sur l’écran noir des pupilles, j’ai vu
− comme des gouttes d’encre −
le venin qui souillait l’eau bleue de ses regards

Exécrables, exécrés
Ombres de fer et de fusils
Comme une pantomime aux gestes mitrailleurs
Un index dardé − c’est un sceau, qui accuse
et les mots qu’on devine, acides, hérissés

J’ai vu le sang couler aux flancs de ton pays,
les plaies dans le désert…
Le Niger charrie des hommes, et des rêves brisés.

Et la peur m’a saisie quand je séchais tes larmes
Ta joie cruelle, soudain
qui me crachait l’innocence au visage
et ces fantômes malhabiles que tu glissais entre mes doigts
pour t’en défaire – me défaire…
Tu ne pleurais plus, tu riais même !

Elle a relevé les yeux. Je l’ai vu d’abord dans l’orage de son regard.
Surgi du mélange de nos larmes,
il froissait ces strates de gris, ouvrait un pont entre deux mondes
J’ai vu des égratignures de ciel bleu, de ciel rose aussi,
un peu ébahi…
Elle, avait compris depuis longtemps

Compris que le Niger se jette ici, au cœur de nos villes
mais que les rêves ne se brisent pas.