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Arbre

Le Temps des Rêves

Avatar de poulix poulix Mode Lecture - Citer - 28/10/2012 14:56:36

Bonjour à tous

Peut-être avez-vous déjà eu vent de la potentielle disparition du Printemps des poètes pour cause de restriction budgétaires.
Pour plus d'info, allez donc voir l'article écrit à ce sujet .

Il faut apparemment écrire une lettre au ministre pour lui dire notre attachement à cette manifestation annuelle. Que diriez-vous de lui concocter une petite panoplie de poèmes ?
Tous les poèmes que vous posterez à la suite de ce topic pourront être soit envoyés par vous au ministre soit rassemblés et envoyés par mes soins. Si vous êtes motivés, je peux également demander à l'association Le Temps des Rêves de se faire votre porte parole, ce qui donnera un ptit poids supplémentaire ^^.

À vos plumes les amis : en vers, en prose, engagé, nostalgique, plein d'espoir, d'incompréhensions, d'images et de sons. Montrons leur que les poètes n'accepteront pas que l'argent vienne les amputer !

Avatar de Wensaïlie Wensaïlie Mode Lecture - Citer - 30/10/2012 11:30:02

tu as dis que tu avais envoyé un courrier toi non? qu'est-ce?

Avatar de poulix poulix Mode Lecture - Citer - 01/11/2012 09:04:18

Oui, j'ai envoyé un courrier.
C'est une lettre qui dit mon attachement au printemps des poètes, qui explique ce que cela m'a apporté et ce que cela apporte à la poésie, au monde aux humains. Un petit argumentaire (sans prétention...) avec quelques envolées poétiques ^^

Avatar de Wensaïlie Wensaïlie Mode Lecture - Citer - 04/11/2012 11:58:46

J'ai un problème (ou pas) j'ai écris un texte mais je le trouve drôlement violent ^^ en fait j'ai mélangé mes impressions sur les actualités avec mon roman Les Poètes... alors forcément à un moment, il fallait que ça sorte !
Je vous le livre quand-même :
(perso au lieu de l'envoyer par courrier, je me verrais bien le clamer sur une place publique...)

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Désolée pour les fautes


Nous sommes

Les oubliés des cœurs, les mis-à-la-marge, les has been démodés. Pour trop de monde, nous sommes le passé. Et pourtant… nous sommes la lanterne qui éclaire l’obscurité de vos jours. Nous sommes l’espoir.

Nous sommes les gardiens de votre bonheur heureux.
Oubliez-nous !
OUBLIEZ-NOUS !
Et tentez donc de vivre sans nous !
Vous vivez des mots. Du simple « Bonjour » au plus banal « Merci ». Vous vivez de pouvoir articuler ces sons. De pouvoir lire ces lettres.

Nous sommes les gardiens des mots. Nous vous offrons leur force, leur puissance. Nous gardons leur lumière, qui tranche le brouillard de vos existences, en prenant garde à ce qu’elle ne vous éblouisse pas.

Nous sommes les gardiens oubliés, de ces mots oubliés. Passés sous silence. Nous souffrons leur sort. Mais pas de cris, pas de révolte. Pas de violence. Nous sommes Poètes, gardiens. Nous cohabitons. Nous vous laissons vivre. Laissez-nous nous exprimer.

Nous sommes faciles à faire taire. Qu’on lui coupe la langue ! Qu’on lui coupe les mains ! Mais il y en a parmi nous qui savent encore parler avec les yeux. Et si vous les leur enleviez, ils parleraient avec leur cœur.

Nous sommes tenaces. Pensez, que deviendront les mots sans nous ? Lorsqu’ils se libèreront du papier ou de nos phrases bien tournées ? Un simple mot… quelle révolution ont-ils déjà entraînée ? Quelle idée saurait vaincre un mot déchaîné ?

Nous sommes les gardiens de la Vérité, des plus grands secrets. Par nos écrits, nos paroles, nous cherchons à partager ce savoir si cher à nos cœurs, si nécessaire à vos âmes. Par nos écrits, nos paroles, nous voulons le faire découvrir à vous.

Nous sommes patients. Comme on apprend à un enfant à lire, on vous apprend à vivre. Avec vous-mêmes, avec les autres. Ensemble, unis par les mots.
Oui c’est prétentieux !
MAIS ALLEZ-Y DONC !
Essayez de vivre sans nous !
Faites-nous taire !
Laissez les mots libres !
Ils se soulèveront en flots de colère et de peurs, de pulsions sauvages, un mot n’a pas de conscience, il fait le bien et le mal, il n’est qu’envie, désir, IL NE REFLECHIT PAS ! IL NE PENSE PAS !
Libérez les mots de nous ! Libérez-nous des mots !
Observez-les briser nos lignes, casser nos textes, crever vos cœurs, exploser vos esprits, violer vos rêves, trahir les plus profondes amitiés.
Car oui, se sont ces mots que l’on garde. Qu’on vous offre à chaque printemps. Mais nous les rangeons, nous les classons, nous les apprivoisons. Nous leur apprenons à être doux, à vous respecter, à vous aider, vous soutenir, vous motiver, vous éclairer.
Mais oui.
OUBLIEZ-NOUS !
Coupez nos ailes !
On a trop parlé du pouvoir de ces petits êtres, vous n’y croyez plus. Ils ne sont que vos esclaves insignifiants, que vous utilisez chaque jour sans plus y faire attention. Et pourtant.
Pensez.
Pensez.
Le premier mot à se libérer sera bonheur, suivi de révolution.

Nous sommes votre peur, votre bonheur. C’est pour cela que vous nous craignez. Car nous voyons au-delà. Car nous avons la possibilité de changer. Et le changement fait peur. Mais c’est pour ça que vous nous aimez. Vous avez soif de notre liberté, vos âmes inlassablement cherchent à s’abreuver à nos calices, que nos mots fusionnent avec votre sang, que vous les sentiez vous brûler. Découvrir ces sentiments qui vous sont inconnus, ces horizons qui vous restent cachés.

Nous sommes votre drogue. Sans nous, c’est la mort cérébrale assurée. Vous le savez, mais répétez inexorablement les mêmes erreurs, encore. Et encore.

Nous sommes toujours les premiers à tomber. Mais nous seuls survivons au Temps. Vous nous bâillonnez, innocemment, indulgemment, involontairement. Vous retirez les couleurs du tableau de votre vie quotidienne. Sans le savoir, ou en ayant parfaitement conscience de votre geste, mais incapable d’avouer la faute, vous vous tuez. En nous taisant.
Allez-y !
ALLEZ-Y ! OSEZ !
Oubliez ! Oubliez-nous ! Oubliez les saveurs de la vie !
Effacez-nous de votre mémoire, vivez sans nous !
Libérez-nous de vous !
Puisqu’il vous faut perdre ce qui vous maintient en vie, afin de voir à quel point cela vous était vital ! Laissez-nous disparaître ! Effacez-nos traces, qu’il ne reste que le mythe ! Le mythe ardent, qui vous hantera, comme une plaie qui ne guérit jamais. Un manque vous vous ne comblerez jamais.
ALLEZ-Y !
Arrachez nos plumes !
Piétinez vos âmes !
Massacrez vos espoirs !
FAITES-NOUS TAIRE !
Condamnez-nous au silence !
Nous garderons les mots,
Dans nos cœurs.
Et vous ? Allez-y ! Vivez sans eux !
Laissez tomber les Poètes, ils n’en valent pas la peine.
Et expliquez, à tout ces regards déçus, à tout ces yeux en pleurs, ces visages graves, aux espoirs déchus, qu’ils n’auront pas de printemps, parce que les premiers à tomber, les plus faciles à condamner au silence, c’est nous.
Dites à la France qu’elle nous a perdus. Dites aux jeunes qui s’apprêtaient à suivre nos pas, des étoiles plein les yeux, qu’il est temps de faire des économies. Dites leur donc qu’il n’y a pas de plus grosse épargne que celle du bonheur et des rêves.

Car les rêves n’ont pas de prix.

Nous sommes.

Avatar de Lune Lune Mode Lecture - Citer - 04/11/2012 12:16:42

Commentaire au fil de la lecture :

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Wahouu Hein ?
Géniaaaal * - *
Ouiiiiiiiiiii !!!!
Et vlannnnnn Grand Sourire
J'adoooooooooore Embarrassé
Trop beauuuuuuuuuuu !!!!
J'aime !
Superbe !!!!
VIVE LES POÈTES * foule en délire *


==== Flèche

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Et oui les Poètes utilisent aussi des mots comme ça LOL

Avatar de Zinzolin Zinzolin Mode Lecture - Citer - 04/11/2012 12:50:18

Waouh ! J'aime le ton et ta verve ! Cela claque, cela mord, j'avais envie de me terrer sous terre d'avoir osé te défier. ^^

Mais du coup, c'est pas un peu fort quand même ? Quand je laisse parler ma fibre de poète rebelle, je suis tout à fait d'accord et je m'indigne de ces restrictions de budget, mais en même temps, on ne peut pas nier que c'est nécessaire de réduire quelque chose pour sauver le reste. Après, oui, c'est toujours la culture qui prend. Mais s'ils tapent ailleurs, les conséquences dépasseront, pour eux, la simple invasion épistolaire. Des poètes qui font grève, malheureusement, on s'en fout, alors que les autres, ben ça se voit à ça désorganise tout.
Et là, je me dis : ben justement, qu'on se fasse entendre, ça changera la donne... Mais bref !
Je suis d'accord avec ton texte, je suis d'accord qu'en amputant la culture, on réduit peu à peu l'espace d'expression de l'homme dans la société et les romans d'anticipation ont largement montré les dérives d'une telle politique. Mais en même temps, je ne pense pas que le ministre de l'éducation mérite de se prendre ça dans la figure (à moins qu'il n'ait réduit ce budget particulier de façon volontariste, sans un pointe de remord).

Avatar de Lune Lune Mode Lecture - Citer - 04/11/2012 13:43:42

Te terrer sous terre d'avoir osé la défier ? Pourtant il me semble que tu n'étais pas accusée :p
Ça ne t'as pas donné envie de faire le titan ? De déplacer des montagnes avec tes mots ? D'être un Poète libre et sans reproche ? Langue

Moi je trouve que la lettre de Wen touche à plus vaste qu'une simple réaction à cette restriction budgétaire. Alors peut être que "il ne mérite pas ça pour ça", mais là-haut (et partout), ils feraient bien de se rappeler à quoi servent les mots, à quoi sert l'art, à quoi sert l'imagination, et en ce sens, moi je dis : à envoyer !!! (et pas qu'au ministère :p)

Avatar de Wensaïlie Wensaïlie Mode Lecture - Citer - 04/11/2012 14:05:05

j'avais bien préciser Zinzo que je trouvais ça un peu violent :p

en effet, c'est plus une indignation générale qui s'est exorcisée grâce à ce problème du printemps des poètes. Je comprend et suis d'accord avec ton point de vue, il faut de l'argent, il faut forcément le prendre quelque part (mais il y a la manière de le faire aussi, un peu plus progressivement par exemple...).

Moi ça ne m'étonne pas que ça tombe (entre autre) sur le printemps des poètes ces restrictions, car forcément, on s'est toujours battus à coup de papier, et on a jamais versé (encore) dans la violence physique (même si parfois c'est pas l'envie qui manque)

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(Wen part tourbillonner et se battre contre des ennemis imaginaires)


Je trouve drôlement géniale l'idée d'imaginer le ministre croulant sous les poèmes héhé...

et je suis d'accord avec Lune "là-haut" il serait temps de secouer quelques pruniers (mais en bas aussi).

Bref, la contradiction parfaite du Poète ^^

pour l'instant un vote pour et un vote contre l'envoyer
(après il n'y a pas qu'au ministre qu'on peut envoyer du courrier...)

edit : je relis tout ça et je me dis justement, il est temps de faire parler notre fibre de poète rebelle...

Avatar de Lune Lune Mode Lecture - Citer - 04/11/2012 14:12:38

Oui mais à la manière du Poète, sinon il perdrait son essence

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(délires poétiques ? on est très sérieuses T_T

Avatar de Wensaïlie Wensaïlie Mode Lecture - Citer - 04/11/2012 14:14:59

évidemment Lune Clin d'oeil On se bat avec nos armes Cool

Avatar de naniquolas naniquolas Mode Lecture - Citer - 04/11/2012 16:26:52

Je n'ai pas encore lu, mais de toute manière je dis : envoie-le, ça fera un papier de plus ! Parce que de toute manière je ne sais pas combien tu as de chance que ce soit le ministre qui la lise mais ce serait un miracle si c'était le cas. Alors envoie, qui que ce soit qui le reçoive, ça fera toujours une protestation de plus.

Avatar de poulix poulix Mode Lecture - Citer - 05/11/2012 00:50:08

Je ne suis pas d'accord avec tout ce qui est écrit. Non pas au niveau d'"être trop violent" parce que dire ce qu'on pense est une violence nécessaire, légitime et, qu'on se le dise, bien inoffensive... mais plus au niveau de la "prétention" du poète.

Mais, bien sûr, envoie-le. D'autant plus qu'on sent que tu l'as écrit avec tes tripes, qu'il vient du fond du coeur, que tu as quelque chose à dire et que tu veux pouvoir le dire tant qu'on ne t'a pas encore coupé les ailes (et on ne te les coupera jamais parce que les ailes des poètes se trouvent bien cachées à l'intérieur de leur coeur. ^^

Allez zou ! À envoyer !
(et ça m'a donné envie d'écrire un poème à mon tour. Tu m'as finalement inspirée ^^)

Avatar de Wensaïlie Wensaïlie Mode Lecture - Citer - 05/11/2012 09:32:36

Sur quoi tu n'est pas d'accord vis à vis de la prétention du poète ? (enfin là il faudrait transférer ça dans philo si on part sur le sujet :p)


oui écrit !

Avatar de poulix poulix Mode Lecture - Citer - 05/11/2012 10:16:45

Pourquoi poulix n'est pas d'accord avec la partie "prétentieuse" du poète. Partie Philo et commentaire littéraire. ^^

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Dire qu'on détient la Vérité, par exemple, est quelque chose qui me dépasse. Je ne ressens pas du tout ce rôle de détenteur de vérité. Je dirais plus que c'est une histoire de "vision", d'orientation du regard. Nous creusons pour tenter de percevoir une vérité, la nôtre, une vérité que l'on peut, parfois, éclairer pour aider l'autre à trouver la sienne dans la foule des vérités. Mais présenter le poète comme détenteur de LA Vérité me fait partir en courant ^^.
De même, "classer les mots" est totalement à l'opposé de ma vision personnelle de mon "rôle" (je déteste ce mot ^^) de poète. Je dirais plus que je les mélange, que je les fais se rencontrer (lire : "la grammaire est une chanson douce d'Erik Orsenna : une petite perle ^^).
Dire qu'on est consciemment essentiels pour eux ( "vos âmes inlassablement cherchent à s’abreuver à nos calices, que nos mots fusionnent avec votre sang, que vous les sentiez vous brûler"Clin d'oeil n'est, je pense, pas tout à fait juste.

Ceci étant dit, beaucoup de choses que tu exprimes me parlent profondément. Cette sensation que, oui, il n'y a qu'à nous tuer puisque c'est si facile, puisqu'on ne sortira pas les armes, qu'on peut faire grève et que tout le monde s'en fout ^^. Mais qu'au fond, c'est aussi notre force...

"Nous sommes faciles à faire taire. Qu’on lui coupe la langue ! Qu’on lui coupe les mains ! Mais il y en a parmi nous qui savent encore parler avec les yeux. Et si vous les leur enleviez, ils parleront avec leur cœur." --> si je n'avais qu'une phrase à retenir, ce serait celle-ci ^^
Je trouve aussi la fin très réussie parce qu'elle parvient à rester dans le ton poétique tout en montrant bien de quoi tu parles

Avatar de poulix poulix Mode Lecture - Citer - 05/11/2012 10:27:54

Le deuxième printemps


J'ai senti le ciel s'effondrer sur nos cœurs
Dans l'ébranlement de la fin de ce monde
Le monstre tombe, s'effondre sur lui-même
Et c'est toutes nos vies qui tremblent et se compulsent

Le paysage ouvert comme une plaie béante
Cette fois, immobile, nous contemplons la fin
Nos âmes s'amenuisent sous les pluies de non-sens
Elles s'éclipsent en chantant, de l'espoir sur les mains

Ils sont beaux, ces humains, qui poursuivent leur chemin

La terre se déchire sous le tarmac gelé
Et les maisons s'effondrent dans les jardins sauvages
Les pétales de vies sont jetées dans le vide
À la merci du vent et des courants contraires

Nous étouffons soudain sous les coups de boutoirs
D'un monstre maladroit au cœur déboussolé
Dont l'haleine insensée fait périr le Printemps
Flétrissant les poèmes qui fleurissaient déjà

Ne ressentez-vous pas ces battements de monde,
Les soubresauts fragiles de la vie bâillonnée ?
Ne comprenez-vous pas que sous cette hécatombe
Sous ces adieux brûlants se cache notre avenir ?

Tuez-nous, vous verrez
Notre sang brillera
Et c'est une forêt qui en rejaillira.