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Arbre

Le Temps des Rêves

J'ai un problème (ou pas) j'ai écris un texte mais je le trouve drôlement violent ^^ en fait j'ai mélangé mes impressions sur les actualités avec mon roman Les Poètes... alors forcément à un moment, il fallait que ça sorte !
Je vous le livre quand-même :
(perso au lieu de l'envoyer par courrier, je me verrais bien le clamer sur une place publique...)

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Désolée pour les fautes


Nous sommes

Les oubliés des cœurs, les mis-à-la-marge, les has been démodés. Pour trop de monde, nous sommes le passé. Et pourtant… nous sommes la lanterne qui éclaire l’obscurité de vos jours. Nous sommes l’espoir.

Nous sommes les gardiens de votre bonheur heureux.
Oubliez-nous !
OUBLIEZ-NOUS !
Et tentez donc de vivre sans nous !
Vous vivez des mots. Du simple « Bonjour » au plus banal « Merci ». Vous vivez de pouvoir articuler ces sons. De pouvoir lire ces lettres.

Nous sommes les gardiens des mots. Nous vous offrons leur force, leur puissance. Nous gardons leur lumière, qui tranche le brouillard de vos existences, en prenant garde à ce qu’elle ne vous éblouisse pas.

Nous sommes les gardiens oubliés, de ces mots oubliés. Passés sous silence. Nous souffrons leur sort. Mais pas de cris, pas de révolte. Pas de violence. Nous sommes Poètes, gardiens. Nous cohabitons. Nous vous laissons vivre. Laissez-nous nous exprimer.

Nous sommes faciles à faire taire. Qu’on lui coupe la langue ! Qu’on lui coupe les mains ! Mais il y en a parmi nous qui savent encore parler avec les yeux. Et si vous les leur enleviez, ils parleraient avec leur cœur.

Nous sommes tenaces. Pensez, que deviendront les mots sans nous ? Lorsqu’ils se libèreront du papier ou de nos phrases bien tournées ? Un simple mot… quelle révolution ont-ils déjà entraînée ? Quelle idée saurait vaincre un mot déchaîné ?

Nous sommes les gardiens de la Vérité, des plus grands secrets. Par nos écrits, nos paroles, nous cherchons à partager ce savoir si cher à nos cœurs, si nécessaire à vos âmes. Par nos écrits, nos paroles, nous voulons le faire découvrir à vous.

Nous sommes patients. Comme on apprend à un enfant à lire, on vous apprend à vivre. Avec vous-mêmes, avec les autres. Ensemble, unis par les mots.
Oui c’est prétentieux !
MAIS ALLEZ-Y DONC !
Essayez de vivre sans nous !
Faites-nous taire !
Laissez les mots libres !
Ils se soulèveront en flots de colère et de peurs, de pulsions sauvages, un mot n’a pas de conscience, il fait le bien et le mal, il n’est qu’envie, désir, IL NE REFLECHIT PAS ! IL NE PENSE PAS !
Libérez les mots de nous ! Libérez-nous des mots !
Observez-les briser nos lignes, casser nos textes, crever vos cœurs, exploser vos esprits, violer vos rêves, trahir les plus profondes amitiés.
Car oui, se sont ces mots que l’on garde. Qu’on vous offre à chaque printemps. Mais nous les rangeons, nous les classons, nous les apprivoisons. Nous leur apprenons à être doux, à vous respecter, à vous aider, vous soutenir, vous motiver, vous éclairer.
Mais oui.
OUBLIEZ-NOUS !
Coupez nos ailes !
On a trop parlé du pouvoir de ces petits êtres, vous n’y croyez plus. Ils ne sont que vos esclaves insignifiants, que vous utilisez chaque jour sans plus y faire attention. Et pourtant.
Pensez.
Pensez.
Le premier mot à se libérer sera bonheur, suivi de révolution.

Nous sommes votre peur, votre bonheur. C’est pour cela que vous nous craignez. Car nous voyons au-delà. Car nous avons la possibilité de changer. Et le changement fait peur. Mais c’est pour ça que vous nous aimez. Vous avez soif de notre liberté, vos âmes inlassablement cherchent à s’abreuver à nos calices, que nos mots fusionnent avec votre sang, que vous les sentiez vous brûler. Découvrir ces sentiments qui vous sont inconnus, ces horizons qui vous restent cachés.

Nous sommes votre drogue. Sans nous, c’est la mort cérébrale assurée. Vous le savez, mais répétez inexorablement les mêmes erreurs, encore. Et encore.

Nous sommes toujours les premiers à tomber. Mais nous seuls survivons au Temps. Vous nous bâillonnez, innocemment, indulgemment, involontairement. Vous retirez les couleurs du tableau de votre vie quotidienne. Sans le savoir, ou en ayant parfaitement conscience de votre geste, mais incapable d’avouer la faute, vous vous tuez. En nous taisant.
Allez-y !
ALLEZ-Y ! OSEZ !
Oubliez ! Oubliez-nous ! Oubliez les saveurs de la vie !
Effacez-nous de votre mémoire, vivez sans nous !
Libérez-nous de vous !
Puisqu’il vous faut perdre ce qui vous maintient en vie, afin de voir à quel point cela vous était vital ! Laissez-nous disparaître ! Effacez-nos traces, qu’il ne reste que le mythe ! Le mythe ardent, qui vous hantera, comme une plaie qui ne guérit jamais. Un manque vous vous ne comblerez jamais.
ALLEZ-Y !
Arrachez nos plumes !
Piétinez vos âmes !
Massacrez vos espoirs !
FAITES-NOUS TAIRE !
Condamnez-nous au silence !
Nous garderons les mots,
Dans nos cœurs.
Et vous ? Allez-y ! Vivez sans eux !
Laissez tomber les Poètes, ils n’en valent pas la peine.
Et expliquez, à tout ces regards déçus, à tout ces yeux en pleurs, ces visages graves, aux espoirs déchus, qu’ils n’auront pas de printemps, parce que les premiers à tomber, les plus faciles à condamner au silence, c’est nous.
Dites à la France qu’elle nous a perdus. Dites aux jeunes qui s’apprêtaient à suivre nos pas, des étoiles plein les yeux, qu’il est temps de faire des économies. Dites leur donc qu’il n’y a pas de plus grosse épargne que celle du bonheur et des rêves.

Car les rêves n’ont pas de prix.

Nous sommes.