Le Temps des Rêves

Bon, un autre dialogue

Néo-Erotikon

EROS : Les corps s’enchaînent, se déchaînent, se lient les uns aux autres jusqu’à se fondre, se confondre… On appelle ça se faire brûler par un éclair. Se prendre un coup. Et quand soudain au-delà du moment de la révélation il s’agit de s’approprier le monde à deux, voilà que le corps, insuffisant à la fusion de l’esprit, semble se déchirer, de chaque côté.
AZOURAS : Une flèche n’est hélas jamais distillée au hasard.
EROS : Tu as raison, jeune femme. Femme ? Regarde-moi. C’est drôle, je n’en sais rien, en vérité. Le sais-tu toi-même ?
AZOURAS : Non. Je ne me sens ni homme ni femme. Je me sens vivante et c’est déjà pas mal.
EROS : Il est étonnant pour moi de rencontrer un être qui te ressemble. Si j’écoutais les mythes de mon pays, je conviendrais que tu n’as pas besoin de moi, si tu es déjà le 3ème sexe… Ou y aurait-il quelque chose que les miens ont oublié ?
AZOURAS : Hum… Peut-être qu’on ne se lie pas à un être parce qu’il nous manque, mais parce qu’on l’aime ?
EROS : N’est-on pas en manque loin d’un être que l’on aime ?
AZOURAS : Mais aime-t-on toujours vraiment un être qui nous manque ? N’est-ce pas parfois juste ce qu’il nous offre que l’on chérit ? On ne perd jamais un être que l’on aime et qui nous aime. Ce n’est jamais lui qui nous manque. Peut-être son regard, et sa présence. Mais jamais son essence.
EROS : Et comment partager cette essence ? Comment la vivre sans la détruire ?
AZOURAS : En oubliant la vie. Du moins en oubliant les limites, que finalement seule la majorité, endormie encore, considère comme vraie, sans se poser de question. Et en étant tout entier cette essence qui nous lie à l’Autre, quand il se trouve en face de nous.
EROS : Alors c’était toi qui l’avais dit ! « La relation à l’Autre ne dépend pas de celle que l’on entretient avec tous les Autres…
AZOURAS : Quand on a un être humain en face de soi, il est seul à exister. » Oui, c’est moi qui ai dit cela, en effet.
EROS : Et tu n’as pas peur ?
AZOURAS : Peur de quoi ? De me confronter aux évidences ? Avant oui, maintenant non. Je ne regretterai rien si je me dirige là où mon cœur m’entraîne.
EROS : Et tu écoutes vraiment toujours ton cœur ?
AZOURAS : Oui, parce que j’ai cessé d’écouter ce que les autres voulaient faire de moi. Ceux avec qui je partage la beauté de la reconnaissance n’exigeront jamais rien de mon être. Ils écouteront eux aussi ce que leur volonté leur dicte, et je respecterai chaque choix fait dans cette perspective, si cette décision les mène un peu plus vers eux-mêmes. Et cela, Eros, parce que oui, je les aime.
EROS : Au-delà de moi…
AZOURAS : Oui. Au-delà.
EROS : Alors adieu, Azouras Lazuli Tintomara.
AZOURAS : Adieu et bon courage à toi.

Très intéressant dialogue, j'ai accroché tout le long, et adhéré. La fin, seule, m'a cependant laissé perplexe. Aimer au-delà d'Eros ( il me semble qu'ici il représente le charnel) nécessite-t-il vraiment de lui dire adieu ?... L'amour transcendant et les passions folles ne sont pas compatibles à tes yeux ?

De par l'étymologie du mot "passion" et de par la définition de son adjectif "folle", il me semble que c'est tout l'inverse d'une forme de transcendance...Alors, tant qu'on a (encore) un corps, je pense qu'il n'est pas nécessaire de dire adieu au charnel, mais aux "passions folles" oui ...

Bon, du coup je vais lire ton texte Lazouli

Bon, et bien, qu'ajouter ?

Beaucoup d'interrogations mais avant tout peut être (sûrement) il s'agit de vivre et d'écouter son cœur, oui ...



Quoi, j'ai cité presque tout le texte ? Pas du tout !

Si par passion on entend quelque chose d'extrêmement sensuel, charnel, par folie quelque chose d'inexplicable, incohérent et inéluctable, et par transcendant quelque chose qui est aussi bien au-delà du corps, et qu'à l'instar de ce que dit Lazuli, on parvient à aimer l'autre pour son essence et que celle-ci ne nous manque pas, c'est une forme d'équilibre, non ? Un équilibre très Contrasté, j'en conviens.

Certes, mais nul ne peut (enfin j'avais un peu deviné) savoir que tels sont tes définitions de ces trois termes ...

(tout est une question de définition)

Je vais un peu dans le sens de Contraste, je crois... Maintenant, actualité oblige, l'objectivité tout ça... Pfiout!! ^^

Et c'est pour ça que je trouve ta conclusion dommage. Par ce que les discours vont dans le même sens, toi qui tend à l'universel en donnant ton idée par les points de vue de tous : le fait d'avoir ces deux partenaires de jeu qui sont du même avis au final me laisse une idée de "dommage... presque réussi".
Par exemple, Eros doit-il accepter l'idée d'Azoura parce que c'est elle qui l'édicte? Il perd du coup une sacrée part de sa divinité je trouve, en s'oubliant lui-même, aussi conceptuel soit-il... Du coup le résultat est totalement contraire au concept édicté, non? ^^

Je comprends vos remarques ; mais je vais pouvoir trouver le contre-argument^^
Déjà, l'Adieu est en premier lieu prononcé par Eros, Azouras ne fait que lui répondre (ils se comprennent, le mot à le même sens pour eux, et j'y arrive).
Le sensuel, l'érotique, n'est pas exclu, au contraire. Au-delà, ça veut dire "toi et plus". Ils peuvent se dire adieu, parce que dans la conception d'Azouras, Eros lui-même est inhérent et essentiel... Ils peuvent donc se séparer "pour toujours", ce que sous-entend le terme "Adieu", puisque l'Amour, en tant que concept éternel, ici incarné, n'est pas différent d'une divinité qui, par définition, est partout. L'un et l'autre peuvent donc se dire Adieu, comme tous les êtres humains qui se sont reconnus, puisque vivant leur essence et reconnaissant qu'ils n'ont pas besoin l'un de l'autre parce qu'ils sont liés par cet inexplicable plus fort que la présence.

Et pour répondre à ta première question, Contraste, l'amour transcendant et les passions folles sont une seule et même chose, à mon sens, si elles sont vécues bien sûr en accord avec notre propre essence. Pas besoin de ces deux syntagmes, donc.
Le summum de l'amour est une conjonction de tous les aspects de l'Amour, que l'on pourrait regrouper selon les concepts grecs d'Eros, Agapé et Philia. Même si les grecs n'incluent pas la fusion artistique (qu'on pourrait mettre dans Agapé, mais bon).
Et pour répondre à ton second commentaire, oui, c'est un véritable équilibre. Dur à tenir comme tout équilibre, mais quand même^^
D'ailleurs, on se rend compte que trop partager l'essence, notamment par la présence et tout type de fusion, détruit cet équilibre et les deux protagonistes. Un peu triste parfois de se dire que plus on aime un être, moins il faut le voir pour ne pas que les deux se détruisent l'un auprès de l'autre... Mais bon, on voit ça dans tout véritable amour, donc on s'y fait^^

Concernant le dialogue en lui même, j'ai bien aimé, l'adieu à la fin m'a perturbé aussi (je m'attendais plus à un au revoir, c'est vrai que malgré ce que tu expliques en première impression et même à la relecture on pense à une rupture définitive entre Lazouli et Eros, ce qui n'est pas le cas si j'ai bien compris). ça m'a fait un peu réfléchir, mais je n'ai pas vraiment été vraiment emporté et surtout j'ai trouvé Eros un peu fade. Lazouli mène le débat, même si Eros donne parfois quelques directions, j'ai l'impression qu'il ne sert qu'à la relancer et qu'il ne la bouscule jamais, ce qui fait que les idées manquent un peu du relief de la contestation, à mon avis.

Je passais par là et j'ai lu :


Là, je comprends l'idée, je suis plus ou moins d'accord. Mais d'ici à conclure :



Là, je m'insurge ! Pourquoi la solution à ce danger de la "fusion des essences" qui romprait l'équilibre serait-elle de ne pas se voir ? Pourquoi généraliser à "tout véritable amour" ?
Si deux personnes qui s'aiment ne parviennent pas à vivre côte à côte sans "fusionner" puis se détruire, ce n'est pas que l'amour est trop fort, c'est qu'ils en ont décidé ainsi ou alors qu'ils ne parviennent pas à se construire les "limites" qui leur permettront d'avancer... Bref je m'exprime mal mais en tout cas, le concept plus on s'aime moins il faut se voir pour ne pas se détruire me parait très réducteur et je pense qu'il est tout à fait possible de se construire autrement. Des tas d'autres choses viennent peser dans la balance de cet "équilibre", qui n'est le même pour personne, et le "véritable amour", par nature propre à chacun, serait très loin pour moi d'un amour où les deux protagonistes ne pourraient évoluer vers un amour plus fort sans perdre ce qui les définit et s'oublier entièrement dans l'autre. (C'est ce que j'ai compris par les terme "fusion" et "destruction", puisque tout est une question de définition...^^).

Bref, soit j'ai mal compris ton idée soit je ne suis vraiment pas d'accord.

Mouuuuuiii !! Mais alors bon, c'est vrai que dans ce cas ce n'est pas hyper limpide, ce que décris Contraste, ce que tu expliques aussi, ça ne saute pas aux yeux (au coeur?^^) comme dans tes autres dialogues, ça demande plus de réflexions dans le sens du décryptage on va dire et je ne suis pas sûre à la lecture de comprendre tout ce que tu veux dire, même si je m'en doute ...

Bon, je retravaillerai ce texte là^^
Naniquolas >> Je comprends ton insurrection. Ouais, c'est réducteur. Je suis allé vite ce matin (j'avais un partiel juste après^^) et c'est parce que ce sont des questionnements qui me taraudent en ce moment. Je pense que c'est surtout une question de temps. Pour moi, présentement, je m'aperçois que les gens que j'aime je ne peux pas vivre auprès d'eux sans que ce soit trop fusionnel. Peut-être parce qu'on se connaît depuis trop peu de temps. Ou qu'on en discute pas assez (je suis amoureuse d'une femme qui a un rapport au temps assez différent du mien ; en gros, je suis une fucking impatiente^^). J'ai encore du mal à contenir le "feu de mes passions", et je suis pas certaine de vouloir le faire pour le moment. Donc la distance est peut-être, dans ce contexte, le moyen le plus sûr de garder la beauté de la relation et de ne pas transformer ça en folie autodestructrice.

Ah ! Nani est entré en scène pendant que je répondais !
Et après mon ordi à effacé ma réponse ! =='

Je suis d'accord (en fait je suis d'accord avec tout le monde c'est flippant), je me suis bien faite avoir par les retords de la fusion par le passé (selon une de ses définitions), en ce sens je comprends ce que dis Lazouli, mais je suis convaincue que ce n'est une fatalité que si on en fait un problème, et là je suis d'accord avec Nani, on peut y arriver par d'autres chemins.
Après, plus métaphoriquement, peut être aussi que pouvoir se dire qu'on n'est pas dépendant de la personne, savoir qu'on peut vivre sans l'autre, qu'on est capable de se séparer sans perdre son essence, tout ça tout ça, c'est une forme de "limites", une manière de "résoudre le problème" ... (mon explication est un peu floue ...)

Ah mais pourquoi tout le monde répond pendant que je réponds ! =='

Belle conclusion Lazouli, je suis d'accord (fichtre, encore!). On discutait de ça récemment avec poulix, qu'il n'y a rien à précipiter, rien à attendre, il n'y a pas à réflechir, le tourbillon arrivera lorsqu'il devra arriver, ce qui ne signifie pas qu'il faut rester passif, loin de là ! Simplement ne pas forcer ou s'accrocher, ne pas avoir peur...

Confiiiiiannnnnce