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Arbre

Le Temps des Rêves

Avatar de Zinzolin Zinzolin Mode Lecture - Citer - 26/02/2012 19:05:38

– Lâche ! Où étais-tu quand elle s’est effondrée ?

Ils ont tué sa lumière
Pierres aux travers des vitraux béants
Ils ont tué ses chants
Glaives dans le ventre des orgues



Les touches ont volé dans les nuées de tessons, et les antiques pédales ont roulé sous l’autel. Sur le drap blanc du sacrifice, les saints gisaient parmi les rosaces brisées.
Poussière, retourne à la poussière !




Le jour est entré à flot
Jamais encore il n’avait souillé les murs du transept

– Il est entré comme le Sauveur…
– Non, comme l’Idole des hérétiques, comme un Soleil impie !


Ils ont souillé son chœur
Brisé le marbre des statues, retourné les dalles séculaires
Renversé les chaises de paille aux barreaux de bois sombre
Ils ont exhibé les reliques des Seigneurs qui dormaient là
Et traîné sur la place la dépouille inviolée de l’Evangéliste



En fait de Te Deum, ils ont entonné des chants pour offenser les morts et les cloches ont sonné comme ils saccageaient le tympan. L’évêque effaré n’a pu la défendre ; il pleurait et son crucifix s’incrustait douloureusement dans son cou blême.



Les larmes tarissent ; sur nos joues, tracent des lettres de vengeance
Le pain, le vin deviendra cendre en touchant leur lèvre
La jeunesse reviendra dans ma main impuissante
Ils sentiront la lame…

– Lâche ! Où étais-tu quand elle s’est effondrée ?
– J’étais là. J’étais la pierre, j’étais le glaive et la voix rauque et ivre. J’étais le crucifix dans la chair molle du prêtre.

J’étais la larme, aussi.
J’étais le vent… dans la poussière…



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– Lâche ! Où étais-tu quand elle s’est effondrée ?

Ils ont tué sa lumière
Pierres aux travers des vitraux béants
Ils ont tué ses chants
Glaives dans le ventre des orgues



Les touches ont volé dans les nuées de tessons, et les antiques pédales ont roulé sous l’autel. Sur le drap blanc du sacrifice, les saints gisaient parmi les rosaces. Poussière, de retour à la poussière.



Le jour est entré à flot
Jamais encore il n’avait souillé les murs du transept

– Il est entré comme le Sauveur…
– Non ! comme l’Idole impie des hérétiques, comme un soleil inca !


Ils ont souillé son chœur
Brisé le marbre des statues, retourné les dalles séculaires
Renversé les chaises de paille aux barreaux de bois sombre
Ils ont exhibé les reliques des Seigneurs qui dormaient là
Et traîné sur la place la dépouille inviolée de l’Evangéliste



En fait de Te Deum, ils ont entonné des chants pour offenser les morts et les cloches ont sonné comme ils saccageaient le tympan. L’évêque effaré n’a pu la défendre ; il pleurait et son crucifix s’incrustait douloureusement dans son cou blême.



Les larmes tarissent ; sur nos joues, tracent des lettres de vengeance
Le pain, le vin deviendra cendre en touchant leur lèvre
La jeunesse reviendra dans ma main impuissante
Ils sentiront la lame…

– Lâche ! Où étais-tu quand elle s’est effondrée ?
– J’étais là. J’étais la pierre, j’étais le glaive et la voix rauque et ivre. J’étais le crucifix dans la chaire molle du prêtre.


J’étais la larme, aussi.
J’étais le vent… dans la poussière…
L'évangéliste.

Avatar de naniquolas naniquolas Mode Lecture - Citer - 26/02/2012 19:19:00

C'est... destabilisant. Mais j'aime !
J'ai un peu de mal avec la fin, j'ai lu deux fois et voici ce que j'ai imaginé : la première fois, je me suis dit "c'est le saccage de l'église vu par l'évangéliste". La seconde, je me suis demandé si "Où étais-tu, lâche, quand elle s'est effondrée" ne s'adressait pas finalement à Dieu, qui à la fin du poème répondait qu'il était en toute chose.

En tout cas les images de la cathédrale (église ?) que l'on salit et détruit, la violence du saccage, sont très prenantes.
Je n'arrive pas trop à savoir si j'aime les passages en italique ou pas. ça ajoute un côté incantatoire qui a un certain charme, mais parfois c'est un peu long et certains passages ne m'ont pas transportés.

Mais en tout cas, j'ai été happé et je pense que je n’oublierais pas ce poème de sitôt.

Et gros coup de coeur pour "les cloches ont sonné pendant qu'ils saccageaient le tympan" !

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Sur le drap blanc du sacrifice, les saints gisaient parmi les rosaces. Poussière, de retour à la poussière.
ce passage ne me plait pas trop ; déjà j'ai du mal à visualiser, mais je pense que si les rosaces étaient brisées ça irait mieux, et puis "poussière, de retour à la poussière" je trouve ça trop doux et pas très bien rythmé.

– Il est entré comme le Sauveur…
– Non ! comme l’Idole impie des hérétiques, comme un soleil inca !

Ce passage m'a paru un peu intrus et je ne l'ai pas compris du tout !

Avatar de Zinzolin Zinzolin Mode Lecture - Citer - 26/02/2012 19:33:50

Je n'avais pas pensé à la première interprétation (étonnant, d'ailleurs) mais la seconde est une possible, que j'avais envisagée et qui me plaît plutôt. La mienne "officielle" est beaucoup plus tirée par les cheveux : plongée encore dans Gargantua, je me souviens du mouvement chrétien évangéliste qui prône une abolition des dogmes et un retour à la foi pure et motivée, tirée de la Bible elle-même et non des interprétations. L'homme à qui s'adresse les apostrophes aurait donc participé au massacre. Mais je me demande si je ne vais pas adopter ta vision des choses...^^

Pour les passages en Italiques, le fait qu'ils soient longs étaient voulu. Si c'est trop, je peux essayer de réduire mais pour moi, c'était vraiment des passages en prose.
Contente de t'avoir marqué en tout cas !

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1) L'idée était que les rosaces et les saints étaient des morceaux des vitraux mais c'es sûr que c'est pas clair. Je cherchais un adjectif à mettre après rosaces et "brisées" irait pas mal, d'autant que ça éclaircit mes idées. Tu crois que je dois aussi précisé pour les Saints.
2) Pour l'histoire de poussière, c'était censé expliciter un peu le fait que les trucs évoqués au dessus étaient des morceaux de vitrail. C'est raté apparemment.^^ Après c'est une référence biblique et au début, j'avais mis la vraie phrase : "Tu es poussière et tu retourneras à la poussière." Mieux ?
3)Ben, ce passage j'y tiens pas mal, à cause de mon interprétation. Le premier considère que cette lumière qui entre dans la cathédrale est une bonne chose, le retour du Christ en ces lieux ; le second le considère comme une violation, comme si on avait fait de ces lieux un temple païen...


Avatar de naniquolas naniquolas Mode Lecture - Citer - 28/02/2012 14:00:44

Avec l'interprétation officielle, pas mal de chose s'expliquent.

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Je ne pense pas que ce soit obligatoire de préciser pour les saints, mais moi je les imaginais en statues écroulées.

Hum... Peut-être "La poussière, retourne à la poussière !" ?

– Il est entré comme le Sauveur…
– Non ! comme l’Idole impie des hérétiques, comme un soleil inca !


En fait c'est plus l'énervement/indignation/protestation qui ne me convainc pas. Le "Non !" surtout, tout seul avec son point d'exclamation, j'ai du mal à le faire résonner. Une virgule, plutôt ?

Quant au soleil incas j'aime bien l'idée mais le problème c'est que ça reste très lumineux et même dans ce contexte j'ai du mal à sentir l'agressivité de l'insulte dans "inca". Du coup c'est un énervement pas très péjoratif...

Avatar de poulix poulix Mode Lecture - Citer - 28/02/2012 15:11:48

Et bien j'aime beaucoup.
Je crois que je suis incapable de ne pas être touchée par ta manière d'écrire. Il y a toujours cette douceur de l'image bien choisie, qui amène juste assez de violence pour nous attraper ^^.
Je vois une église qui s'effondre et des jets de lumières ^^
J'aime moins la fin (peut-être parce que j'étais restée dans une optique "minérale" et pas "spirituelle"... et du coup... l'évangéliste ne me parle pas plus que ça.

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Brisé le marbre des statuts -- le "statuts" est fait exprès ou c'est une confusion avec statues ?"

Avatar de Zinzolin Zinzolin Mode Lecture - Citer - 28/02/2012 18:52:25

Merci pour vos commentaires !

J'ai fait quelques modifications (l'ancienne version est en spoiler). Le "statut" était une faute d'orthographe, que j'ai corrigée. J'ai essayé d'améliorer les phrases sur lesquelles tu bloquais, Nani.
Sinon, pour la fin, je m'étais arrêtée à "J’étais le vent… dans la poussière…" puis j'ai modifié. Je crois que je préférais la première version et si ça ne gêne pas de ne pas tout comprendre, je peux peut-être la rétablir sans le dernier vers (ce qui laisserait libre d'interpréter comme Nani) ?

Avatar de poulix poulix Mode Lecture - Citer - 28/02/2012 20:52:50

oui, je préfère cette fin là

Avatar de naniquolas naniquolas Mode Lecture - Citer - 28/02/2012 22:18:38

Je n'ai pas bien compris tes hésitations pour la fin mais en tout cas la version affichée me plait assez. Juste je trouve ça bizarre "j'étais le vent... dans la poussière..." je me serais attendu à "J'étais dans le vent... dans la poussière..." Ou alors "J'étais le vent... la poussière..." mais après tout pourquoi pas...

Et pour les autres passages je préfère ainsi !

Avatar de Lune Lune Mode Lecture - Citer - 28/02/2012 23:32:28

Je trouve la fin de la deuxième version parfaite. Et je suis comme poulix, ton style m'emporte même si je n'en ai pas du tout l'habitude...En conclusion, j'aime beaucoup Petit Sourire

Avatar de Zinzolin Zinzolin Mode Lecture - Citer - 29/02/2012 20:59:51

Merci !
Bon, ben adjugé pour cette version de la fin alors. Je sais que le reste peut toujours évoluer mais j'aime bien ses petits côtés brutes^^.

Avatar de Wensaïlie Wensaïlie Mode Lecture - Citer - 04/04/2012 09:00:13

aaaaaaaah un texte de Zinzo que j'ai pas lu ! Je vais vite corriger ça!

Pour faire un commentaire utile... et bien j'aime ^^ voilà, mais je crois que je serais incapable de citer un texte de toi que je n'aime pas ==
Pour ma part, j'étais plus dans l'interprétation un prêtre/Dieu face à la desctruction d'une église