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Arbre

Le Temps des Rêves

Avatar de poulix poulix Mode Lecture - Citer - 29/12/2011 01:14:29

Texte écrit pour le Vers à Lyre (merci Wen ^^?) sur le thème du silence...
Pas vraiment une nouvelle mais j'aime les inclassables.

aezreta
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Un jour, Loëza avait cessé de parler. On avait cru son silence éphémère, comme une pause lorsque l'on reprend son souffle, un instant de repos avant le renouveau de la course. Mais plus un son ne sortit de son corps. Personne ne se rappelle de ses dernières paroles, personne ne se souvient des dernières pensées qui ont fait vibrer l'air.
Yann évoque souvent un dernier éclat de rire. C'est n'est peut-être qu'un artifice pour tenter d'oublier que le regard de Loëza se trouve maintenant bien au-delà du rire.

Serait-ce donc les paroles qui colorent le regard ?
L'éclat est toujours là.

Devant les interrogations et les peurs de ses proches, elle semblait lointaine, comme enfouie en elle-même, à des lieues du visible. Elle, si légère, si pure depuis son mutisme, semblait comme écrasée par le regard de ceux qui voulaient la voir parler. Les mots qui ne résonnaient plus dans sa poitrine étaient comme un écran entre elle et le monde, comme un amas de gravats inutiles et encombrants. Ses amis ne la comprenaient plus, se mettaient devant elle et agitaient l'air de mots dérisoires et de sourires forcés. Ils plantaient leurs regards dans le sien et s'acharnaient à la faire plier, entassant un à un les reproches qu'ils taisaient.

Leur silence était un mensonge. Le sien était une prière.


**
Loëza


Il y a d'abord eu cette logorrhée indomptée qui colorait mes lèvres. Cette jouissance aussi, de m'imprimer dans l'air comme un être de pensée. J'ai aimé parler, j'ai aimé raconter, faire rire, éveiller l'esprit par le Verbe. J'ai été celle qui plaque sa main contre sa bouche pour étouffer un éclat de rire, celle qui frétille, le doigt levé vers le ciel pour quémander un instant de parole. J'ai découvert le monde en le nommant et j'ai exprimé sa beauté.
Un jour je me suis tue. Je ne sais plus pourquoi.
Les visages autour de moi se sont fermés.
Alors, j'ai cherché l'horizon en moi.


**
Yann


Je me rappelle ses mots.
Ceux qu'elle laissait divaguer la plupart du temps, en courbes infinies, en tourbillons de vie. Ils avaient une liberté peu commune, on les entendait frémir, vagabonder et rebondir au gré de leurs envies, de saltos arrières en pirouettes habiles. Essoufflés, ils se taisaient parfois pour repartir de plus belle. Loëza... elle prenait les mots, subrepticement, avec son air malin. Elle les déshabillait, les retournait comme on retourne un gant. Comme on retourne une veste. Parfois, un mot trainait sur la table de la cuisine. Même absente, elle continuait de parler.
Je me rappelle ses mots.
Ceux qu'elle maugréait à la lumière de la lampe de son bureau les soirs de parole ternie. Ils tombaient en un bruit feutré sur ce qu'elle se refusait d'écrire ou sur ce qui ne voulait pas se laisser comprendre. C'étaient des taches grises, des lettres fatiguées, qu'elle expulsait de son esprit, laissant dans l'air une trainée morose.
Je me rappelle ces mots. Mais j'ai oublié le dernier qui a franchi ses lèvres.


**
Loëza


Pour moi, parler était un plaisir. J'ai toujours cru qu'il s'agissait d'un acte de liberté. Lorsque je me suis tue, j'aurais pu renouer avec le langage si on m'en avait laissé le temps, laissé l'envie. J'avais encore les lèvres souples et la poitrine frémissante et, sur le bout de la langue, cet appel sonore qui vous pousse à croquer les friandises aux vingt-six saveurs.
Je ne sais plus pourquoi je me suis tue. Mais je sais comment s'est installé le dégoût des mots creux et des paroles vaines. C'est une prison que la parole. J'aurais pu me battre à coup de phrases, tenter de démolir les montagnes de mots inutiles qui cachaient l'horizon de la pureté. J'ai préféré me construire un temple de silence, une atmosphère qui n'appartiendrait qu'à ceux qui voudraient y entrer. Apprendre à parler au-delà de l'audible.
Peut-être est-ce Yann qui a entrouvert la porte de ce nouvel univers. Il ne le savait pas. Il ne savait pas que la clef des émotions trop fortes avait effleuré le silence de mon âme.


**
Yann


Parfois, elle se taisait. Incapable d'exprimer ce qui s'émouvait en elle. Elle m'offrait son mutisme en même temps que sa fragilité.
Mais tous les silences se ressemblaient et ils étaient pour moi une angoisse, de ces doutes qui oscillent entre plénitude et renoncement. Je ne savais quels mensonges se cachaient entre ses lèvres closes. Alors, je l'embrassais et finissais toujours par lui arracher des sentiments qui se murmurent. Un arrachement. C'était une souffrance pour elle que d'avoir à prononcer ces paroles qui me rassuraient tant.
Je me rappelle ces mots. Si rares.
Ceux qu'elle prononçait parfois dans l'aura de nos corps. Ceux que nous sculptions ensemble dans le creuset de nos bouches. Ils frémissaient dans la pénombre, fragiles et perforés de ces graines mystères qu'elle y avait semées.
Un jour, mes baisers n'ont plus eu la force de découdre ses lèvres. Seuls ses yeux, grands ouverts dans le noir, me disaient qu'elle m'aimait.


**
Loëza


C'est une de ces nuit, peut-être, que le silence m'a enveloppée comme un immense drap blanc. Je ne pouvais plus parler ; les mots avaient perdu leur substance.
Démunie, alourdie par toutes ces lettres mortes qui s'épuisaient en moi, je suis partie d'un monde pour en créer un autre.
J'ai rencontré la légèreté, celle qui ne se dit pas.
Libre.
Perdre ses mots, c'est un peu comme perdre son corps, flotter au dessus d'un univers qu'on ne peut exprimer.
J'ai vu des arbres qui avaient oublié leur nom,
j'ai perçu le battement sous la feuille,
j'ai vu des hommes dont les gestes m'ont coupé le souffle et j'ai écouté ces langages muets.
J'ai appris les signes du néant et senti la lumière en sortir.
J'ai percé des regards par mes lèvres closes.

J'ai compris la délicatesse d'une journée, d'une vie, passée à coudre un livre de pages blanches.

Suivant la ligne de mon propre horizon, j'ai marché longtemps dans mon temple intérieur.
Rien que le bruit de mes pas contre les reflets de la grande verrière.

Aujourd'hui, je ne sais plus pourquoi je me suis tue.
Mais, enfermée dans mon temple, au plus profond du silence sacré, des pas résonnent déjà derrière moi.

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Avatar de naniquolas naniquolas Mode Lecture - Citer - 06/01/2012 13:44:33

D'un point de vue général, j'ai bien aimé. Un joli voyage. De belles images, qui se dégustent encore un peu après avoir fini le texte. La fin est plutôt réussie, même si un peu trop abrupte pour moi. Mais par moments je glissais un peu sur les mots, j'avais des impressions de redite, je manquais de surprises quoi. Les images et rebonds de phrases poéticoprosiques m'ont plutôt captivé par instants mais à la fin ils ne parvenaient plus à me surprendre, à m'emporter (peut-être y en a-t-il trop à la suite, du coup ça devient une routine ? pas très précis tout ça...). bref, je garde un très bon souvenir de ma lecture mais qui manquait un peu de couleurs.
Les points positifs : coup de coeur pour les mots qu'on retourne comme un gant ou une chemise. Et j'aime beaucoup le premier "Loëzza" et le second "Yann".
Pour éviter le pavé, j'adopte la stratégie critique détaillée mise en secret :

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dans la fin du premier premier paragraphe : "c'est n'est peut-être qu'un artifice" : faute de frappe non ? Je trouve que ce serait moins lourd avec juste "C'est peut être un artifice"

Dans la première intervention de Loëza on a "j'ai aimé parler. j'ai aimé raconter".
Puis dès le début de la suivante : "j'avais toujours aimé parler". Ce n'est pas une vraie répétition mais ça m'a pas mal gêné.
Avant dernier paragraphe du texte, une autre répétition : "méandres intérieurs" et "temple intérieur".
Dans le deuxième Yann, "sa fragilité de vierge" : j'ai pas très bien compris l'intérêt. Enfin si, ça la montre fragile, séduisante et sensuelle, mais je n'aime pas trop cette manière de le dire.
Deuxième phrase de la dernière réplique de Loëza : "pour en créer un dans lequel tout soit dit sans un bruit" je ne sais pas pourquoi le "soit" m'a gêné. "Dans lequel tout se dise sans un bruit ? Dans lequel tout se dise en silence ?"
Dans le premier paragraphe : "Devant les interrogations et les peurs de ses proches" : je trouve ça un peu neutre, un peu froid. Après peut-être qu'on peut considérer que du coup ça réhausse l'impression d'indifférence de loëza...

Et alors la fin (pincettes ? Flûte je sais plus comment on s'en sert, désolé), à partir de "j'ai rencontré la légèreté, celle qui ne se dit pas" m'a fait l'effet d'une envolée lyrique ou poétique un peu forcée, doublée d'une leçon philosophique intéressante mais répétitive.

Liste des (bout de) phrases de ce passage qui m'ont vraiment touché :
"Démunie, alourdie par toutes ces lettres mortes qui s'épuisaient en moi..."
"Perdre ses mots, c'est un peu comme perdre son corps, flotter au dessus d'un univers qu'on ne peut exprimer. (celle là j'aime !)"
"j'ai percé des regards par mes lèvres closes".
J'aime bien aussi l'idée des gestes qui fascinent, mais la phrase qui la contient (les hommes et les rossignols) est trop longue pour moi et un peu trop... trop.

Ce qui au contraire m'a vraiment paru justement un peu trop... trop : ce passage :

"J'ai vu des arbres qui avaient oublié leur nom,
j'ai perçu le battement sous leur écorce,
j'ai vu des hommes et des rossignols dont les gestes m'ont coupé le souffle et j'ai écouté ces langages muets.
J'ai appris les signes du néant et senti la lumière en sortir. "

Déjà, je pense que c'est l'anaphore en "j'ai+ vu/perçu/vu/appris" qui me donne l'impression de "attention leçons philosophiques profondes" et même si elle donne un bon rythme, là j'ai vraiment saturé. Et puis le néant et la lumière ou les rossignols ou le coeur et le nom des arbres, ça serait peut-être passé séparément, mais tous à la suite, là, j'ai du mal. Peut-être que tu pourrais trouver quelque chose de plus sobre pour dire "j'ai appris à comprendre et apprécier la vie".

"J'ai compris la délicatesse d'une journée, d'une vie, passée à coudre un livre de pages blanches." ça je préfère, c'est bien plus simple, plus implicite, plus fort (à part le "j'ai compris" qui fait toujours un peu "moi je sais", peut-être vaut-il mieux "j'ai senti ?"Clin d'oeil et plus riche en inteprétation. D'ailleurs je pense que ça serait encore plus fort si ça ne venait pas comme une cinq ou sixième couche par dessus le passage précédent...

Pour la toute dernière phrase, tu es sûre que tu veux garder le "déjà" ?

Bon je me relis et je ne me trouve pas très sympa, j'aurais peut-être pu prendre des pincettes en fin de compte. J'espère que c'est constructif quand même !


Avatar de poulix poulix Mode Lecture - Citer - 07/01/2012 00:38:57

Merci beaucoup pour ta lecture Nani !
Ne t'inquiète pas pour les pincettes : ce n'est pas la peine ^^

Ci-dessous, les réponses qui ne regardent que Nani (et là, tout le monde va aller voir du coup ^^)

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-je garde le ""c'est n'est peut-être qu'un artifice"" parce qu'il a sa signification amoindrissante et que j'y tiens
-tu avais raison, 3 "j'ai aimé", c'était trop --> modifié !
-idem pour les méandres
-j'ai viré le "dans lequel tout soit dit sans un bruit" comme ça je réglais deux problème : le "soit" et la "redite".
-j'ai aussi viré le "déjà" qui, en effet, alourdissait sans être indispensable.


Dans le premier paragraphe : "Devant les interrogations et les peurs de ses proches" : je trouve ça un peu neutre, un peu froid. Après peut-être qu'on peut considérer que du coup ça réhausse l'impression d'indifférence de loëza...

j'hésite... qui partage l'avis de Nani ?

"J'ai vu des arbres qui avaient oublié leur nom,
j'ai perçu le battement sous leur écorce,
j'ai vu des hommes et des rossignols dont les gestes m'ont coupé le souffle et j'ai écouté ces langages muets.
J'ai appris les signes du néant et senti la lumière en sortir. "

Déjà, je pense que c'est l'anaphore en "j'ai+ vu/perçu/vu/appris" qui me donne l'impression de "attention leçons philosophiques profondes" et même si elle donne un bon rythme, là j'ai vraiment saturé. Et puis le néant et la lumière ou les rossignols ou le coeur et le nom des arbres, ça serait peut-être passé séparément, mais tous à la suite, là, j'ai du mal. Peut-être que tu pourrais trouver quelque chose de plus sobre pour dire "j'ai appris à comprendre et apprécier la vie".

"J'ai compris la délicatesse d'une journée, d'une vie, passée à coudre un livre de pages blanches." ça je préfère, c'est bien plus simple, plus implicite, plus fort (à part le "j'ai compris" qui fait toujours un peu "moi je sais", peut-être vaut-il mieux "j'ai senti ?"Clin d'oeil et plus riche en inteprétation. D'ailleurs je pense que ça serait encore plus fort si ça ne venait pas comme une cinq ou sixième couche par dessus le passage précédent...

--> ca, j'y réfléchis, j'écoute toute autre remarque et je vois ce que je fais.

Avatar de Lune Lune Mode Lecture - Citer - 07/01/2012 23:35:15

Argh ! Poulix j'essaye de prendre le temps de lire cette semaine, ne désespère pas, tes lecteurs ne t'ont pas encore complètement abandonnée !

Avatar de Wensaïlie Wensaïlie Mode Lecture - Citer - 08/01/2012 19:41:11

En règle générale: j'ai bien aimé Grand Sourire
notamment les expressions avec les mots qui se perdent, s'oublient, etc...
après, j'avoue que j'ai aussi trouvé ça un peu lourd par moments, notamment la fin de Yann 1 et 2 et Loëza le dernier (mais voir ci-dessous pour plus d'infos ^^).
Je trouve le titre très bien trouvé!

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Commentaire au fil de lecture : (étant donné que je me suis lancé dans le grand périple de corriger un roman sur un autre forum que celui-ci – oui le mien ne me suffisait pas… j’ai en ce moment tendance à faire des longs commentaires et de m’arrêter sur des petits détails plein partout, désolée d’avance ^^’)

« Un jour, Loëza avait cessé de parler. On avait cru son silence éphémère, comme une pause lorsque l'on reprend son souffle, un instant de repos avant le renouveau de la course. »
Etant devenue adepte de la taille, je me demande si le bout de phrase après souffle est utile, perso je l’aime pas trop ^^’

« Mais plus un son ne sortit de son corps. Personne ne se rappelle de ses dernières paroles, personne ne se souvient des dernières pensées qui ont fait vibrer l'air. »
On passe du passé composé au passé simple au présent. C’est peut-être légal, mais moi ça m’a fait bizarre …

« L'éclat est toujours là. »
J’ajouterais « Pourtant, l’éclat est toujours là. »

« et de sourire forcés. » manque un s

« logorrhée » c’est koââââ ??

« être de pensée » je mettrais au masculin ou au pluriel… (mais on connaît tous mon sens de l’orthographe)



Ce deuxième « chapitre » et juste magnifique T.T
Sauf :
« Un jour je me suis tu. »
Par la suite tu as mis un e à tu…

« elle prenait les mots, subrepticement, avec son air malin, elle les déshabillait, les retournait comme on retourne un gant. »
J’ai trouvé la phrase un peu longue


« Elle m'offrait son mutisme en même temps que sa fragilité de vierge. »
Signature : poulix trois cent pour cent ^^ mais c’est un peu étrange de parler de vierge là, ça ramène un contexte très « chargé » qui n’est pas là avant (et qui moi me pèse ^^) ou alors affleure à peine, mais suffisamment.

« Pourtant, je sais aujourd'hui que ses silences n'étaient pas des mensonges. » la répétition du mot mensonge m’a gênée…


Est-ce que je suis d’accord avec Nani ??
… oui je crois,
Je suis plutôt fan en général des arbres et des écorces, mais là je trouve dommage d’avoir pris cette idée, ton héroïne ne paraît pas particulièrement versée dans ce genre de chose, et du coup j’approuve la phrase avec le livre, où tu restes plus dans le sujet.
Je me suis aussi demandée ce que venaient faire les rossignols, et j’ai failli le relever, mais de ce que je connais de tes écrits, c’est dans ta manière de dire les choses donc…
Donc j’utiliserais des images sur la vie plus en générale à la place de l’arbre et des écorces, si tu décides de garder le passage.

La leçon philo m’a pas gênée, peut-être parce que je suis en plein dans une phase un peu « introspection à travers mes textes ». Mais j’ai quand même trouvée la fin un peu redondante.
« Cheminant dans mes méandres intimes, suivant la ligne de mon propre horizon, j'ai marché longtemps dans mon temple intérieur où seuls résonnaient mes pas contre les reflets colorés des vitraux. »
Méandres intimes, moi je suis resté sur les creusés des corps et la vierge, du coup ça prend un tout autre sens (j’ai honte ==)
Répétition de propre horizon = est-ce grave ou pas ? c’est plutôt important, mais d’un autre côté ça marque vachement dès la première fois donc…

‘intérieur’ est déjà utilisé au dessus ? en tout cas temple en dessous… et les pas aussi… je me demande si un petit coup de Taille et hop… on passe du livre à elle ne sait pas pourquoi elle se tait…

L’intro est un peu à revoir pour moi, au moins le début. Je l’aime beaucoup, et en même temps pourquoi ce n’est pas Yann qui la fait par exemple ?

Avatar de UnAutreLapin UnAutreLapin Mode Lecture - Citer - 08/01/2012 20:32:55

On fait rapide, à la question

j'hésite... qui partage l'avis de Nani ?

Pas moi. Du tout.

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Naniquolas a dit :

Déjà, je pense que c'est l'anaphore en "j'ai+ vu/perçu/vu/appris" qui me donne l'impression de "attention leçons philosophiques profondes" et même si elle donne un bon rythme, là j'ai vraiment saturé.

Attention, je parle en tant qu'utilisateur de ce genre de figure de style : l'anaphore a totalement sa place ici.
C'est cette saturation qui me plait, le pouvoir englobant qui s'écoule de cette phrase, qui me fait ressentir un univers plus grand après qu'avant le mutisme. Si on pose un simple petit "j'ai vu" et pouf! fini!, toute cette sensation de mode modifié, remodelé et retravaillé (hop, répétition de plaidoyer!!) disparait.
En gros, Loëza devient muette, point. Elle ne se recréerait pas un monde entier dans sa tête. La fin serait délayée en une lavasse.

Naniquolas a dit :

"J'ai compris la délicatesse d'une journée, d'une vie, passée à coudre un livre de pages blanches." ça je préfère, c'est bien plus simple, plus implicite, plus fort (à part le "j'ai compris" qui fait toujours un peu "moi je sais", peut-être vaut-il mieux "j'ai senti ?"Clin d'oeil et plus riche en interprétation. D'ailleurs je pense que ça serait encore plus fort si ça ne venait pas comme une cinq ou sixième couche par dessus le passage précédent...

Pareil, pas d'accord. "J'ai senti" à la place de "j'ai compris" est pour le coup une formule totalement superficielle. "J'ai senti" à la place de "j'ai vu", un peu avant, d'accord. On est d'abord dans du ressenti. Mais il y a une graduation dans les termes choisis : voir-->percevoir-->sentir-->apprendre-->comprendre.
Je me plante pitêt, mais je vois dans cette fin de poème un espèce de solipsisme, en gros une façon de retrouver le monde comme quelque chose qui gravite autour de soi, et non pas un truc inconnu avec lequel on échange.
Il est donc logique qu'à la fin de cette démarche de replis sur soit, on en arrive à "je sais", voire "je suis".

La question des arbres, des plantes et des oiseaux cuicui...
[citation)Wen]Je suis plutôt fan en général des arbres et des écorces, mais là je trouve dommage d’avoir pris cette idée, ton héroïne ne paraît pas particulièrement versée dans ce genre de chose, et du coup j’approuve la phrase avec le livre, où tu restes plus dans le sujet.
(...) Donc j’utiliserais des images sur la vie plus en générale à la place de l’arbre et des écorces, si tu décides de garder le passage. [/quote]
Je suis un peu de l'avis de Wen, mais pas aussi systématiquement. En fait, je retiens mon idée de graduation pour recréer un monde, de la sensation vers sa compréhension.
On commence par ressentir son quotidien, la beauté de choses de tout les jours. Puis on entend les oiseaux cuicui, des moineaux d'ailleurs (vivent les moniaux!!)qui chantent sur un feu tricolore, de la vie même en pleine ville. Et pour finir les arbres au coin du bureau de poste sont d'un vert que je ne connaissais pas... d'ailleurs les arbres ont sacrément grandi, non?


Enfin, les petites phrases à double sens, un peu coquines pour nos esprits pervers...

Wen a dit :

« Cheminant dans mes méandres intimes, suivant la ligne de mon propre horizon, j'ai marché longtemps dans mon temple intérieur où seuls résonnaient mes pas contre les reflets colorés des vitraux. »
Méandres intimes, moi je suis resté sur les creusés des corps et la vierge, du coup ça prend un tout autre sens (j’ai honte ==)

Et si l'innocence du personnage de Loëza serait justement de ne pas voir du tout le double sens de ce genre de phrase? Une ingénuité et une candeur que le lecteur aurait quand à lui oublié? Il y a pitêt un truc à travailler là dessus, plutôt que de sabrer dans le vif, non?
Par exemple un peu avant dans « elle prenait les mots, subrepticement, avec son air malin, elle les déshabillait, les retournait comme on retourne un gant. » Elle déshabille les mots comme une poupée, pas comme l'être aimé ou la femme qu'elle est, non? Embarrassé

Avatar de poulix poulix Mode Lecture - Citer - 08/01/2012 20:57:35

Merci pour ta lecture Wen (j'aime ce genre de lecture détaillé).
Comme toujours, je modifie quand les remarques me parlent vraiment. J'ai donc ignoré certaines remarque et retravaillé les passages qui me semblaient nécessaires.

Logorrhée ; c'est un flux de parole discontinu. Un long long long discours.
"être de pensée" --> apparemment, on peut soit l'écrire comme ça, soit au féminin pluriel. Je garde ça ^^.

Méandres intimes, moi je suis resté sur les creusés des corps et la vierge, du coup ça prend un tout autre sens (j’ai honte ==)

N'aies pas honte mon enfant ^^. En effet, c'est pas ce que je voulais dire mais... ben... chacun y lit ce qu'il veut. Je vais cependant réfléchir à désalourdir cette phrase.

Pour l'intro, je tiens à garder une vue extérieure. Je la trouve importante.

Pour la fin.... rhaaaaaaaa ! Mais comment je fais avec tous ces avis contradictoires. Vous avez tous raison ^^.
Qui sera le plus convaincant ? Viendez chers lecteurs et FIGHT !

Avatar de UnAutreLapin UnAutreLapin Mode Lecture - Citer - 08/01/2012 21:07:21

Moi, j'chuis prêt à m'défendre...
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Avatar de Wensaïlie Wensaïlie Mode Lecture - Citer - 08/01/2012 21:19:36

Evidemment que tu modifie selon ce qui te parle! c'est toi l'auteur non Grand Sourire??

je viens d'apprendre un mot ^^.



Par "la" phrase, chacun y lit ce qu'il veut, mais veux-tu vraiment qu'on puisse y lire n'importe quoi??


Bon noeud au cerveau pour la fin!!

Avatar de UnAutreLapin UnAutreLapin Mode Lecture - Citer - 08/01/2012 23:09:13

avec autorisation de l'auteur... Grand Sourire

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(ça, c'est ma Loëza ^^)

Avatar de Wensaïlie Wensaïlie Mode Lecture - Citer - 09/01/2012 07:49:47

je trouve ce dessin trop mignon!

Avatar de naniquolas naniquolas Mode Lecture - Citer - 09/01/2012 18:09:17

j'adore...

Avatar de Brumepin Brumepin Mode Lecture - Citer - 10/01/2012 19:09:05

Arf, je suis un peu déçu par ce texte! Tu avais laissé présagé mieux...
Je trouve que c'est trop long, je rejoins naniquolas sur de nombreux points! Certaines phrases sont trop alambiquées. Je trouve aussi que la manière dont tu traites ton sujet est assez prétentieuse et décevante. Tu opposes au silence, les mots. Et parce que ce torrent de mots est jugé impie, Loeza préfère renoncer. C'est décevant même si j'ai bien compris la morale. "Si ce que tu as à dire, n'est pas plus beau que le silence; alors tais-toi!". Je suis à moitié d'accord. Certaines personnes devraient se taire plus souvent effectivement, mais quelqu'un qui a la personnalité de Loeza, devrait parler plus souvent. Parce qu'il existe une belle musique. "Je ne connais pas plus belle musique, que celle des coeurs" Yasmin Khadra. J'aurai plutôt préféré un silence de contemplation, ou un silence de résistance. Mais pas un silence de renonciation...
Au niveau du fond, j'ai toujours du mal avec ces poèmes écrit en forme d'oracle. Ce n'est pas mon genre.

Avatar de Wensaïlie Wensaïlie Mode Lecture - Citer - 10/01/2012 20:39:07

J'aime bien l'expression des poèmes Oracles! Je sacre ainsi ton style poulix! (c'est vrai que c'est dur de trouver comment le décrire! entre poèmes nouvelles et nouvelles poèmes :p)

Ce que dit Brumepin m'a inspiré: tu commences avec un passage qui se veut plus neutre/descriptif, pourquoi ne pas intégrer un troisième point de vue, qui ferait le lien et éviterait ce tout-noir tout-blanc que Brumepin semble décrire? Géniale cette proposition, sauf que tu parles d'un duo d'amoureux, donc je ne vois pas où tu vas me sortir un troisième personnage ^^' Bon... ^^ mais je suis d'accord, j'avais pas remarqué ça la première: a ta place soit j'affirmerais les angles, soit j'arrondirais les bords... (ah, ça ne se contredit pas... je recommencePetit Sourire soit j'affirmerais plus franchement les deux positions (déjà bien affirmée) soit je laisserais échapper dans les commentaires de l'un ou l'autre des persos la possibilité d'un milieu de réconciliation Grand Sourire

Avatar de poulix poulix Mode Lecture - Citer - 04/03/2012 21:27:21

Et hop ! Quelques modifs. A savoir allègement de la fin, suppression des méandres intimes et quelques retouches par-ci par là.
Et... voilà, c'est fait : texte envoyé pour l'asso "Vers à Lyre".
Et le dessin du lapin également !
Je vous en donnerai des nouvelles !