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Arbre

Le Temps des Rêves

D'un point de vue général, j'ai bien aimé. Un joli voyage. De belles images, qui se dégustent encore un peu après avoir fini le texte. La fin est plutôt réussie, même si un peu trop abrupte pour moi. Mais par moments je glissais un peu sur les mots, j'avais des impressions de redite, je manquais de surprises quoi. Les images et rebonds de phrases poéticoprosiques m'ont plutôt captivé par instants mais à la fin ils ne parvenaient plus à me surprendre, à m'emporter (peut-être y en a-t-il trop à la suite, du coup ça devient une routine ? pas très précis tout ça...). bref, je garde un très bon souvenir de ma lecture mais qui manquait un peu de couleurs.
Les points positifs : coup de coeur pour les mots qu'on retourne comme un gant ou une chemise. Et j'aime beaucoup le premier "Loëzza" et le second "Yann".
Pour éviter le pavé, j'adopte la stratégie critique détaillée mise en secret :

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dans la fin du premier premier paragraphe : "c'est n'est peut-être qu'un artifice" : faute de frappe non ? Je trouve que ce serait moins lourd avec juste "C'est peut être un artifice"

Dans la première intervention de Loëza on a "j'ai aimé parler. j'ai aimé raconter".
Puis dès le début de la suivante : "j'avais toujours aimé parler". Ce n'est pas une vraie répétition mais ça m'a pas mal gêné.
Avant dernier paragraphe du texte, une autre répétition : "méandres intérieurs" et "temple intérieur".
Dans le deuxième Yann, "sa fragilité de vierge" : j'ai pas très bien compris l'intérêt. Enfin si, ça la montre fragile, séduisante et sensuelle, mais je n'aime pas trop cette manière de le dire.
Deuxième phrase de la dernière réplique de Loëza : "pour en créer un dans lequel tout soit dit sans un bruit" je ne sais pas pourquoi le "soit" m'a gêné. "Dans lequel tout se dise sans un bruit ? Dans lequel tout se dise en silence ?"
Dans le premier paragraphe : "Devant les interrogations et les peurs de ses proches" : je trouve ça un peu neutre, un peu froid. Après peut-être qu'on peut considérer que du coup ça réhausse l'impression d'indifférence de loëza...

Et alors la fin (pincettes ? Flûte je sais plus comment on s'en sert, désolé), à partir de "j'ai rencontré la légèreté, celle qui ne se dit pas" m'a fait l'effet d'une envolée lyrique ou poétique un peu forcée, doublée d'une leçon philosophique intéressante mais répétitive.

Liste des (bout de) phrases de ce passage qui m'ont vraiment touché :
"Démunie, alourdie par toutes ces lettres mortes qui s'épuisaient en moi..."
"Perdre ses mots, c'est un peu comme perdre son corps, flotter au dessus d'un univers qu'on ne peut exprimer. (celle là j'aime !)"
"j'ai percé des regards par mes lèvres closes".
J'aime bien aussi l'idée des gestes qui fascinent, mais la phrase qui la contient (les hommes et les rossignols) est trop longue pour moi et un peu trop... trop.

Ce qui au contraire m'a vraiment paru justement un peu trop... trop : ce passage :

"J'ai vu des arbres qui avaient oublié leur nom,
j'ai perçu le battement sous leur écorce,
j'ai vu des hommes et des rossignols dont les gestes m'ont coupé le souffle et j'ai écouté ces langages muets.
J'ai appris les signes du néant et senti la lumière en sortir. "

Déjà, je pense que c'est l'anaphore en "j'ai+ vu/perçu/vu/appris" qui me donne l'impression de "attention leçons philosophiques profondes" et même si elle donne un bon rythme, là j'ai vraiment saturé. Et puis le néant et la lumière ou les rossignols ou le coeur et le nom des arbres, ça serait peut-être passé séparément, mais tous à la suite, là, j'ai du mal. Peut-être que tu pourrais trouver quelque chose de plus sobre pour dire "j'ai appris à comprendre et apprécier la vie".

"J'ai compris la délicatesse d'une journée, d'une vie, passée à coudre un livre de pages blanches." ça je préfère, c'est bien plus simple, plus implicite, plus fort (à part le "j'ai compris" qui fait toujours un peu "moi je sais", peut-être vaut-il mieux "j'ai senti ?"Clin d'oeil et plus riche en inteprétation. D'ailleurs je pense que ça serait encore plus fort si ça ne venait pas comme une cinq ou sixième couche par dessus le passage précédent...

Pour la toute dernière phrase, tu es sûre que tu veux garder le "déjà" ?

Bon je me relis et je ne me trouve pas très sympa, j'aurais peut-être pu prendre des pincettes en fin de compte. J'espère que c'est constructif quand même !