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Arbre

Le Temps des Rêves

On fait rapide, à la question

j'hésite... qui partage l'avis de Nani ?

Pas moi. Du tout.

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Naniquolas a dit :

Déjà, je pense que c'est l'anaphore en "j'ai+ vu/perçu/vu/appris" qui me donne l'impression de "attention leçons philosophiques profondes" et même si elle donne un bon rythme, là j'ai vraiment saturé.

Attention, je parle en tant qu'utilisateur de ce genre de figure de style : l'anaphore a totalement sa place ici.
C'est cette saturation qui me plait, le pouvoir englobant qui s'écoule de cette phrase, qui me fait ressentir un univers plus grand après qu'avant le mutisme. Si on pose un simple petit "j'ai vu" et pouf! fini!, toute cette sensation de mode modifié, remodelé et retravaillé (hop, répétition de plaidoyer!!) disparait.
En gros, Loëza devient muette, point. Elle ne se recréerait pas un monde entier dans sa tête. La fin serait délayée en une lavasse.

Naniquolas a dit :

"J'ai compris la délicatesse d'une journée, d'une vie, passée à coudre un livre de pages blanches." ça je préfère, c'est bien plus simple, plus implicite, plus fort (à part le "j'ai compris" qui fait toujours un peu "moi je sais", peut-être vaut-il mieux "j'ai senti ?"Clin d'oeil et plus riche en interprétation. D'ailleurs je pense que ça serait encore plus fort si ça ne venait pas comme une cinq ou sixième couche par dessus le passage précédent...

Pareil, pas d'accord. "J'ai senti" à la place de "j'ai compris" est pour le coup une formule totalement superficielle. "J'ai senti" à la place de "j'ai vu", un peu avant, d'accord. On est d'abord dans du ressenti. Mais il y a une graduation dans les termes choisis : voir-->percevoir-->sentir-->apprendre-->comprendre.
Je me plante pitêt, mais je vois dans cette fin de poème un espèce de solipsisme, en gros une façon de retrouver le monde comme quelque chose qui gravite autour de soi, et non pas un truc inconnu avec lequel on échange.
Il est donc logique qu'à la fin de cette démarche de replis sur soit, on en arrive à "je sais", voire "je suis".

La question des arbres, des plantes et des oiseaux cuicui...
[citation)Wen]Je suis plutôt fan en général des arbres et des écorces, mais là je trouve dommage d’avoir pris cette idée, ton héroïne ne paraît pas particulièrement versée dans ce genre de chose, et du coup j’approuve la phrase avec le livre, où tu restes plus dans le sujet.
(...) Donc j’utiliserais des images sur la vie plus en générale à la place de l’arbre et des écorces, si tu décides de garder le passage. [/quote]
Je suis un peu de l'avis de Wen, mais pas aussi systématiquement. En fait, je retiens mon idée de graduation pour recréer un monde, de la sensation vers sa compréhension.
On commence par ressentir son quotidien, la beauté de choses de tout les jours. Puis on entend les oiseaux cuicui, des moineaux d'ailleurs (vivent les moniaux!!)qui chantent sur un feu tricolore, de la vie même en pleine ville. Et pour finir les arbres au coin du bureau de poste sont d'un vert que je ne connaissais pas... d'ailleurs les arbres ont sacrément grandi, non?


Enfin, les petites phrases à double sens, un peu coquines pour nos esprits pervers...

Wen a dit :

« Cheminant dans mes méandres intimes, suivant la ligne de mon propre horizon, j'ai marché longtemps dans mon temple intérieur où seuls résonnaient mes pas contre les reflets colorés des vitraux. »
Méandres intimes, moi je suis resté sur les creusés des corps et la vierge, du coup ça prend un tout autre sens (j’ai honte ==)

Et si l'innocence du personnage de Loëza serait justement de ne pas voir du tout le double sens de ce genre de phrase? Une ingénuité et une candeur que le lecteur aurait quand à lui oublié? Il y a pitêt un truc à travailler là dessus, plutôt que de sabrer dans le vif, non?
Par exemple un peu avant dans « elle prenait les mots, subrepticement, avec son air malin, elle les déshabillait, les retournait comme on retourne un gant. » Elle déshabille les mots comme une poupée, pas comme l'être aimé ou la femme qu'elle est, non? Embarrassé