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Arbre

Le Temps des Rêves

Avatar de Zinzolin Zinzolin Mode Lecture - Citer - 20/08/2016 09:01:20

J’avais oublié les étoiles

Mangées aux nuits sans obscur
aux nuits de phares et d’éclairage public
que l’on arpente les yeux au sol
vite
les yeux en coin
peur

J’avais oublié les étoiles

Sacrifiées des villes électriques
avalées par les trains, les couloirs de métro et les camions en transit
j’avais effacé le grand tableau noir du ciel
oublié d’être aveugle
et de chercher des guides

Quand j’ai relevé les yeux − ailleurs
pas si loin −
j’ai vu un ciel bizarre
pas familier
comme un basculement d’univers
j’ai mis du temps à comprendre
que

J’avais oublié les étoiles.

Avatar de naniquolas naniquolas Mode Lecture - Citer - 22/08/2016 10:06:28

J'aime beaucoup ! Surtout cette phrase refrain qui prend tout son sens peu à peu. C'est à la fois triste et heureux... Merci !
Un vers que j'ai un peu moins aimé : "comme un basculement d'univers"

Avatar de poulix poulix Mode Lecture - Citer - 23/08/2016 13:51:21

J'aime bien aussi. Ce n'est pas mon préféré de tes poèmes, mais j'aime bien.
Comme Nicolas, je suis charmée par ce petit refrain et la manière dont il clôt le poèmes, juste après ce "que" en suspend.

Quelques remarques en passant :

J'aime moyennement le terme d' "éclairage public" même s'il dit très bien ce qu'il a à dire.
"avalées par les trains, les couloirs de métro et les camions en transit" --> pour un rythme qui claque un peu plus, pourquoi ne pas faire l'économie du "et" final ?
Je rejoins Nani sur le basculement d'univers qui vient rajouter de la "poètrie" (nouveau concept développé à l'instant par poulix) là où il n'y en a pas besoin. Les vers précédent sont tellement vrais de simplicité, d'élocution brute, que ça vient un peu amoindrir ça.

Voilà !

Avatar de Hedera Hedera Mode Lecture - Citer - 25/08/2016 11:12:16

J'aime beaucoup ce texte ! Je ne vais pas être originale : j'apprécie énormément le refrain et, peut-être influencée par poulix, j'ai aussi été perturbée par le "et les camions en transit". Autre chose me perturbe un peu, le "pas familier"de la dernière strophe : c'est très oral alors que le reste du texte est à la fois spontané et travaillé, je trouve que ça rompt un peu le rythme du texte, et je ne sais pas si j'aime ou pas cette manière dont soudain le texte bascule.
Sinon, un texte que j'ai trouvé touchant et surtout tellement vrai.

Avatar de poulix poulix Mode Lecture - Citer - 25/08/2016 19:44:37

Aaaah moi j'ai aimé, justement, le "pas familier", cette rupture qui vient du coeur ^^

Avatar de Zinzolin Zinzolin Mode Lecture - Citer - 04/09/2016 09:02:34

Merci à tous pour vos commentaires ! J'ai mis du temps à répondre parce que vous m'embêtiez, en fait.^^ J'avais l'impression d'avoir dit exactement ce que je voulais dire et du coup, c'est dur de trouver une autre manière de le dire sans les expressions qui bloquent.

Je pense que le "et" n'est pas nécessaire même si j'aimais bien le long rythme que ça donnait.
Mon idée de "basculement d'univers" vient d'un sentiment réel, comme si on était plus sur terre en regardant le ciel. C'était pas une tentative de poésie. Mais c'est vrai que je le dis déjà avant donc je pense qu'il peut partir aussi.
Par contre, Hedera, désolée mais je tiens à mon "pas familier". J'aime bien, en général, pouvoir faire des ruptures de style dans mes textes entre "poétique" et langue ultra orale.
Pour l'"éclairage public", j'avais tenté aussi "ampoules sales" ou "lampadaires sales" mais le premier peut se confondre avec les phares et le second sonne pas très bien non plus, non ?

Bref : nouvelle version peut-être provisoire :

J’avais oublié les étoiles

Mangées aux nuits sans obscur
aux nuits de phares et d’éclairage public
que l’on arpente les yeux au sol
vite
les yeux en coin
peur

J’avais oublié les étoiles

Sacrifiées des villes électriques
avalées par les trains les couloirs de métro les camions en transit
j’avais effacé le grand tableau noir du ciel
oublié d’être aveugle
et de chercher des guides

Quand j’ai relevé les yeux − ailleurs
pas si loin −
j’ai vu un ciel bizarre
pas familier
j’ai mis du temps à comprendre
que

J’avais oublié les étoiles.

Avatar de naniquolas naniquolas Mode Lecture - Citer - 04/09/2016 12:41:39

Peut-être que tu pourrais supprimer les virgules dans "les trains, les couloirs du métro, les camions en transit" : ça pourrait redonner un effet d'emballement comme avec le rythme long mais sans perdre en dynamisme ?

Avatar de Zinzolin Zinzolin Mode Lecture - Citer - 04/09/2016 12:57:27

Hum... pas bête !

Avatar de poulix poulix Mode Lecture - Citer - 07/09/2016 00:16:15

Oh yeah !
J'aime bien ce remaniement !
Pour l'éclairage public, en relisant, je me suis dit : "et pourquoi pas juste "éclairages"". Pour moi, ce mot a déjà un côté artificiel et renvoie donc assez naturellement à l'éclairage public (puisqu'on sait qu'on se trouve dans la rue). Je trouve que, finalement, le côté assez vaste d'éclairage n'est pas gênant : vu le poème, on voit bien ce que tu veux dire mais on se sent libre de choisir (lampadaire, pubs lumineuses, lumières de vitrines, néons sous les ponts...).

Avatar de Zinzolin Zinzolin Mode Lecture - Citer - 07/09/2016 12:01:42

Ton idée est intéressante mais c'est au niveau du rythme que je n'accroche pas. J'aime bien la longueur du vers ici et je reste sur ma faim en supprimant mon adjectif.

Avatar de MKL MKL Mode Lecture - Citer - 08/09/2016 20:13:31

Au début je n'ai pas trop réussi à entrer dedans puis je l'ai relu avec en tête la voix, mais pas n'importe laquelle. La voix de Zinzo et le rythme qu'elle seule peut avoir sur ses textes. Et là... Je n'ai rien eu à redire.

Avatar de Zinzolin Zinzolin Mode Lecture - Citer - 09/09/2016 09:37:06

Rooooh ! Merci MKL !

Avatar de MKL MKL Mode Lecture - Citer - 09/09/2016 19:58:59

De rien.

Avatar de bleuzwenn bleuzwenn Mode Lecture - Citer - 17/10/2016 22:17:12

J'aime beaucoup ton poème, Zinzolin, l'ambiance que tu y crées en peu de mots, et le mélange abstrait/concret que j'affectionne aussi lorsque j'écris. J'adhère aux remaniements, y compris à ceux que tu as justifié ne pas avoir fait. Personnellement, j'aime "aux nuits de phares et d'éclairage public" : poulix a raison en disant qu'au niveau du sens, "éclairages" au pluriel serait bienvenu. Mais dans ce cas le vers deviendrait bancal ryhmiquement, de même que le début de la strophe. A mon sens, c'est très bien comme cela, donc. Par ailleurs, j'aime la musicalité du vers et du début de la strophe : les assonances (en i), et les allitérations ge et en p, comme pour mimer le pas de l'errant sous les étoiles.

En revanche, j'ai beau relire, je heurte systématiquement le vers "j'avais effacé le grand tableau noir du ciel", en raison du rythme. Tu pourrais aussi bien rejeter "du ciel" au vers suivant : soit sans rien lui ajouter, ce qui permet de retrouver le raccourcissement de vers présent dans la première strophe et dans la dernière strophe ; soit en allongeant le vers par une description brève du ciel.

Ce qui m'amène à une deuxième remarque : personnellement, je choisirais de rejeter "du ciel" au vers suivant sans prolonger le vers, pour l'effet de raccourcissement que tu as déjà créé auparavant et pour l'effet de dispersion des actions, impressions, émotions ("peur", "vite", "pas familier", etc). Tu évoques l'errance du sujet dans la ville nocturne, avec une technique d'écriture presque impressionniste dans le récit de l'expérience : pourquoi ne pas tenter d'allonger le poème et de pousser plus loin cette évocation de l'errance ?

Avatar de bleuzwenn bleuzwenn Mode Lecture - Citer - 21/10/2016 09:55:10

Edit : en fait, MKL doit avoir raison et "j'avais oublié le grand tableau noir du ciel", ne gêne pas/plus à la relecture. Mais je maintiens la remarque sur l'effet de raccourcissement et l'accentuation de l'effet de dispersion Petit Sourire

En tout cas, ton poème nous attrape, j'y reviens souvent.