Le Temps des Rêves

Reviens. J'ai besoin que tu sois là, j'ai besoin que tu reviennes habiter les ramures de mes veines.
Reviens. J'ai besoin de ta voix et besoin de te voir. Là. Maintenant. Dans ce lit un peu froid avec mes yeux tout gris.

La lumière perce à travers le grillage. Pourquoi n'es-tu plus là ?

Sans toi, c'était le vide. Un vide calme et sans heurt. Un vide plein de labeur.
Sans toi, c'était le vide. Mais ce n'était pas triste. C'était juste indolore. C'était juste infini.
Un jour tu es venue. Il y a des années. Le reste, tu le sais. Tu m'envoyais des lettres, j'en faisais des poèmes. Et ce fut un avec.

Et puis tu es partie.

Ce n'est plus comme avant. Ni comme avant l'avant. Car sans toi aujourd'hui, c'est le manque, non le vide. Cette nuance infime qui s'imprime dans mes fibres et m'inverse le cœur.

Les mots suintent à travers le plancher. Ne pouvais-tu rester ?

Où es-tu aujourd'hui ? Une autre viendra-t-elle ou bien reviendras-tu ?

Tu ne trouves pas ça bête, de se quitter comme ça, sans se dire au revoir ?
Je ne sais plus que dire.
C'est dur de m'exprimer depuis qu'on s'est quittées.
Une phrase, peut-être, une de celles qu'on aimait : 

« Ne reviens pas pour moi mais reviens-moi quand même ».

Je sens que je vais me faire bouler mais... on retrouve du toi mais pas encore en entier. J'adore la phrase de fin qui est un poème à elle toute seule.

Le rythme est haché mais avec plein de ponctuation ce qui ne me semble pas être toi. Dans mes souvenirs, quand il y a de la ponctuation dans tes textes, c'est avec des phrases longues. Quand les phrases sont courtes il y a des retours à la ligne sans point. Le texte m'emmène un peu dans les vagues mais sans pouvoir me déposer au large. Si ça se trouve c'est juste une histoire de disposition.

Bon. Lançons-nous.

J'ai lu ce poème hier soir. J'ai voulu le commenter, puis je me suis ravisé. Non seulement parce que j'étais fatigué, et que je voulais prendre le temps de le faire, ne pas bâcler ce commentaire. Ensuite parce que, j'ai bien essayé de commencé à écrire un commentaire, mais après avoir dit que j'en restai sans voix, ben... je ne savais plus quoi dire. Là, ça va mieux.

Donc oui, j'étais sans voix. Et pour me contraindre à me taire, il faut pourtant y aller !! Peut-être qu'il y avait en plus un effet de contraste, puisque je l'avais lu juste après avoir relu "Jusqu'à en perdre le sens". Et si je ne t'ai pas assez lu(e) pour te dire à quel c'est du poulix), je peux affirmer que c'est le jour et la nuit entre ces deux poèmes.
Oh, on retrouve bien sûr, des points communs entre eux. Une certaine... discrétion. Une économie de moyens. Une formidable densité. Et j'ai bien aimé "Jusqu'à en perdre le sens", mais je lui préfère, et de loin, ce poème.

Je reste sidéré par la manière dont tu arrives à exprimer tant de choses dans si peu de mots, avec des mots si simples. Ah, la force qu'il y a dans la répétition de ce " Reviens". Et MKL a raison, la dernière phrase est sublime. Tu évoques, exprimes, des sentiments forts et douloureux, avec (je me répète, je sais, mais je ne sais pas le dire autrement) des mots simples, de manière simple. Ce n'est pas ampoulé ou alambiqué. Et ne penses pas que je pense (hum) que ce n'est pas travaillé. Bien au contraire. Et ce contraste (?), cette union entre un contenu fort et complexe et une forme en apparence simple (je ne dirai pas "naturelle" fonctionne très bien. C'est à cours de mots que le narrateur trouve les bons et leur donne force et sens.

Bon, j'ai assez tourné en rond. Ton poème m'a bouleversé, c'est que j'essaie de dire.

Je suis assez peu négatif dans mes critiques, mais il faut bien dire aussi ce qui m'a... interloqué (mais pas gêné) : le passage de "Sans toi... c'était le vide" à "Sans toi , c'était le vide est-il voulu ? J'aurais préféré avec la virgule dans les deux cas.
Et je crois que "Et ce fut un avec" ne prend pas d'accent. Du détail, quoi.

A te relire.

Je suis d'accord avec MKL. Je suis désolée de dire ça parce que c'est pas très encourageant mais je trouve qu'il n'y a des traces de ton style habituel ; c'est comme si on voyait tes efforts pour te retrouver sans que tu y parviennes vraiment. Je ne sais pas si tu as juste eu du mal à l'écrire ou si ton style a changé mais que tu ne veux pas qu'il change, en tout cas il y a des traces de lutte entre deux poulix dans ce texte et c'est perturbant.
Après, j'ai aimé le côté brut et simple de l'expression des sentiments, la dernière phrase est sublime, le fond est sublime. Tu pourrais peut-être essayer de faire une version où tu enlèverais totalement tes "images poétiques" habituelles, les procédés que tu aimes bien, et où tu laisserais juste les mots sans fard, pour voir si ça te plaît... Bref, je sais pas trop comment dire ça et j'espère ne pas avoir été trop brutale.^^

En fait nous sommes en train de tomber dans un drôle de travers: les lecteurs de ce forum s'attendent à un style et du coup celui qui écrit que doit-il faire? Suivre son instinct ou rester collé à "son style"? Je me souviens que certains étaient déçus pendant un moment car je ne faisais plus mes chutes comme avant et cela me donnait donc l'impression que mes textes n'étaient pas finis. Malheureusement je deviens un de ces lecteurs formaté par le style d'un auteur :-(

Tu m'as précédée dans ma réponse, MKL.
Quand je disais que c'était du poulix, c'est que c'était du moi. Et (est-il besoin de le préciser) je suis en perpétuelle évolution. Je ne cherche pas à retrouver systématiquement ce qui fait/faisait "mon style". Je cherche à être vraie et sincère lorsque j'écris, c'est tout.
Je ne jette la pierre à personne parce que je tombe, moi aussi, souvent dans ce travers de lecteur/suiveur. Parfois, je m'attache au style d'une personne et je m'attends à retrouver le même vibrato dans ses prochains textes, parce qu'il me parle, parce que je l'aime. Parfois il disparaît. C'est difficile d'être le lecteur de quelqu'un qu'on connaît scripturalement.
Par exemple, le fait que ce soit "plus haché que mes textes habituels" ne m'interroge pas plus que ça. Je prends note mais ne changerai pas. Par contre, si ce caractère haché semble empêcher de rentrer dans l'univers, alors, peut-être que je peux faire quelque chose.

Faël, je prends note de tes deux petites remarques de détail qui tombent juste et corrige de ce pas. Ravie d'avoir pu te clouer le bec avec ce poème ^^.

Et prions pour que nos styles jamais ne se figent et perdurent toujours !

Ah, et je m'interrogeais : je me demande si la phrase "tu ne trouves pas ça bête de se quitter comme ça sans se dire au revoir" est vraiment utile ou si elle vous accroche à la lecture. Je la garde ? Je l'enlève ? Peu importe ?

Laisses la, à mon humble avis, car nous sommes dans une spirale de mots et d'émotions et cette phrase permet de raccrocher le tout à la réalité des faits et apporte de la simplicité

Je crois que je me suis mal exprimée : ce qui me gêne dans le style de ton texte, ce n'est pas qu'il ne te ressemble pas mais qu'il y ait des passages dedans où on a l'impression que tu essayes de retrouver ton "ancien" style. Je comprends parfaitement que les auteurs changent de style, c'est normal et c'est génial. Mais là, j'avais l'impression de voir un texte où tu avais encore du mal à accomplir ta mue. Mais cela ne se ressent que dans certaines expressions.
Et je suis pour le maintien de la phrase.

(j'ai lu le texte mais je cherche encore comment le commenter)

Je pense qu'aucun lecteur sur omega ne souhaite voir un auteur figé dans un style, mais lors d'un glissement de style ou en lisant certains textes on peut ressentir un manque par rapport à l'ancien style (ce qui n'est pas ton cas Zinzolin je crois, même si j'avais aussi lu ton message dans ce sens, je ne sais pas trop pourquoi, là c'est plutôt du parasitage par l'ancien style d'après ce que j'ai compris) et le faire remarquer n'est pas forcément conseiller d'y retourner, c'est aussi mettre en évidence certaines lacunes du nouveau style qu'on a envie de combler en tant que lecteur, même si ça peut être d'une nouvelle manière pour l'auteur.
Je pense que quand ce genre de remarque arrive, il y a une part d'automatisme de lecteur qu'il faut plus ou moins ignorer, mais il y a aussi que tel style crée telles attentes. Par exemple, MKL, tes poèmes contenaient la même tension qu'avant mais elle n'était plus résolue par la chute. Du coup on fait remarquer "il manque une chute", mais la vraie critique serait peut-être "Tu nous fait attendre une chute".
Bref, je ne sais pas si je me suis judicieusement exprimé ni si mon intervention est utile, mais cette question du style à ne pas figer me touche beaucoup, et je pense qu'il ne faut pas non plus oublier l'importance de comparer par rapport à d'autres styles qu'on a pu avoir -- le but étant peut-être de trouver des styles "aboutis" qui comblent les attentes qu'ils suscitent.

Coucou du gars qui mélange du thé et du latex liquide sur un bout de papier pour voir ce que ça donne. Et qui dernièrement a rarement commenté de textes ^^.

Tout ça pour dire que ça fait du bien de lire un Poulix.
Tout d'abord, concernant les histoires de style, d'évolution, tout ça, je n'ai pas de pierres à jeter. Perso, je trouve que coller à Son style, c'est à la fois approfondir un travail personnel (vive C. Monet!), et risquer de s'auto-caricaturer (vive heu... Tim Burton? Non pas frapper MKL!!). Voir de tourner en rond. Donc du coup une petite rupture, une ballade vers un horizon connu avec un autre regard et à une autre saison.
Ensuite, je trouve amusant de se poser ce genre de question, aux vues du thème du texte lui même. Dis moi si je me trompe... Elle, c'est l'Inspiration, la Volonté ou la Facilité d'écrire?

Je peux méchamment me planter.
Mais si oui, si j'ai tapé pas trop loin, ton texte est juste génial. C'est sincère, ce que j'en pense est sincère, j'adore. Parce que le fond, la forme, le débat qui en découle entre nous, la position que tu défends... tout fait parti de ce que tu as écrit.
Alors bien entendu, il n'y a pas de gamine qui danse, d'éclat d'étoile ou de verre doucement fêlé, d'odeur d'herbe fraiche... et alors!!

Allez, prenons l'exemple d'une amitié à très long terme, éloignement compris (personne ne connait ça, parmis nous, hein ^^). Ben il existe des fois ou la rencontre d'une personne des années après me laisse un sentiment étrange. Trop d'eau a coulé. Les vies font que la rencontre est... maladroite. Et avec d'autres gens, on a beau se voir tous les 3 ans, on est les même que si on s'était croisé hier, la discussion se fait avec un naturel éclatant, même si de part et d'autre tant de choses ont changé.
Pour moi, dans ce texte il y a ce second sentiment.

Ce commentaire est un texte à lui tout seul unautrelapin.

Et j'approuve l'auto-caricature de Burton -

"Car sans toi aujourd'hui, c'est le manque, non le vide. Cette nuance infime qui s'imprime dans mes fibres et m'inverse le cœur." J'ai beaucoup aimé ce texte et ce vers en particulier. Le fond et la forme du texte correspondent. Tu écris ce texte, et j'ai eu l'impression que tu voulais en dire beaucoup plus, mais c'est comme s'il n'y avait pas assez de mot pour dire. Le texte est clair, le sentiment semble flou ou complexe, une pelote de laine. J'ai ressenti le vide.