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Arbre

Le Temps des Rêves

Avatar de Faël Faël Mode Lecture - Citer - 08/02/2015 22:34:14

C'était un beau matin d'hiver.

Le vent souffle, il fait froid, le ciel est clair.

Lorsque je me suis aventuré dehors, ce matin, le vent m'a saisi. Dès mon premier pas hors du hall abrité de l'immeuble, le vent a soufflé sur moi, agressif et mordant. Et dans ma pénible marche vers les bouches lointaines du métro, je le sens qui s'acharne sur moi. Il s'engouffre dans les avenues vides, vient heurter le malheureux passant que je suis. Mon pantalon claque, et ne m'offre qu'une maigre protection. Mes cheveux m'aveuglent et s'agitent, je rentre la tête dans mes épaules, serre les dents, plisse les yeux, abrite mes mains dans mes poche. Mes oreilles dénudées me brûlent.

Lorsque je me suis aventuré dehors, ce matin, le froid m'a saisi. C'est un froid qui m'encourageait plus à rebrousser chemin, à retourner me pelotonner dans ma couette, qu'à poursuivre ma pénible route. C'est un froid qui réveille, aiguise les sens, affûte l'esprit, engourdit les membres et brûle la peau. C'est le froid qui fait se sentir vivant sur un sommet enneigé, et qui fait se sentir petit dans une ville anonyme.

Lorsque je me suis aventuré dehors, ce matin, la beauté du ciel clair m'a saisi. Le soleil n'était pas encore visible. Le jour pointait. Dans l'avenue déserte, les arbres nus se détachaient dans le ciel vide. On voyait au loin, au bout, sur l'horizon des immeubles, les restes de l'aurore mourante. Ces couleurs délavées, de rose et de violet, confondues bientôt dans le bleu du ciel, témoignaient de la présence passée d'une aube sans témoin. Leur beauté éphémère lui rendaient un dernier hommage, et étaient une promesse de soleil à venir, de journée à sourires.

Le vent souffle, il fait froid, le ciel éclaire.


Paris, février 2015.

La version originale :

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Matin d'hiver

Le vent souffle, il fait froid, le ciel est clair.

Lorsque je me suis aventuré dehors, ce matin-là, le vent m'a saisi. Dès mon premier pas hors du hall abrité de l'immeuble, le vent a soufflé sur moi, agressif et mordant.Et dans ma pénible marche vers les lointaines bouches du métro, je le sens qui s'acharne sur moi. Il s'engouffre dans les avenues vides, vient heurter le malheureux passant que je suis. Mon pantalon claque, et ne m'offre qu'une maigre protection. Mes cheveux m'aveuglent et s'agitent, je rentre la tête dans mes épaules, serre les dents, plisse les yeux, abrite mes mains dans mes poche. Mes oreilles dénudées me brûlent.

Lorsque je me suis aventuré dehors, ce matin-là, le froid m'a saisi. C'est un froid qui m'encourageait plus à rebrousser chemin, à retourner me pelotonner dans ma couette, qu'à poursuivre ma pénible route. C'est un froid qui réveille, aiguise les sens, affûte l'esprit, engourdit les membres et brûle la peau. C'est le froid qui fait se sentir vivant sur un sommet enneigé, et qui fait se sentir petit dans une ville anonyme.

Lorsque je me suis aventuré dehors, ce matin-là, la beauté du ciel clair m'a saisi. Le soleil n'était pas encore visible. Le jour pointait. Dans l'avenue déserte, ou presque, les arbres nus se détachaient dans le ciel vide. On voyait au loin, au bout, sur l'horizon des immeubles, les restes de aurore mourante.Ces couleurs délavées, de rose et de violet, confondues bientôt dans le bleu des cieux, témoignaient de la présence passée d'une aube sans témoin. Leur beauté éphémère lui rendaient un dernier hommage, et étaient une promesse de soleil à venir, de journée à sourires.

Le vent souffle, il fait froid, le ciel éclaire.
C'était un beau matin d'hiver.

Paris, février 2015.

Licence Creative Commons

Avatar de Zinzolin Zinzolin Mode Lecture - Citer - 09/02/2015 17:40:40

J'aime beaucoup le petit tableau que tu brosses. Les anaphores au début de chaque paragraphe rendent très bien et j'ai apprécié le contraste entre les envolées lyriques et les détails triviaux de la couette et des habits. Il y a des phrases géniales ! (coup de coeur pour : "C'est le froid qui fait se sentir vivant sur un sommet enneigé, et qui fait se sentir petit dans une ville anonyme.")

Si je peux me permettre quelques suggestions de style, je trouve que tu as évité les clichés quasi partout sauf dans quelques tournures où il semble que tu y retombes juste par les expressions choisies. Pêle-mêle :
=>"ce matin-là" : veux-tu vraiment le solenniser par le "là" ? Je trouve que ça donne tout de suite l'impression que tu vas nous faire un récit de grand romancier, ce qui ne colle pas avec la légèreté et la poésie du reste. (Ouais, je reconnais que je pinaille et que c'est très subjectif.)
=> "Et dans ma pénible marche vers les lointaines bouches du métro" : les deux inversions d'adjectifs empèsent ta phrase. Un joli chiasme ?
=> "ma pénible route" : la reprise d'exactement le même adjectif ma retenue à la lecture, si c'est voulu je m'incline mais sinon, je suis pour le changement.
=> le "ou presque" entre virgules fait un peu "déjà-lu".
=> "bleu des cieux" : j'ai un peu de mal, pourquoi ne pas passer au singulier ?

J'aime beaucoup la conclusion en substance (et le premier vers avec le jeu de mot) mais j'ai du mal avec la formulation du deuxième vers. Je trouve que ça retombe mal, un peu trop prosaïquement après la beauté de ta description. Après, je sens que c'est ce que tu voulais faire et je ne vois pas comment le dire autrement...==

Avatar de Faël Faël Mode Lecture - Citer - 10/02/2015 09:34:51

Merci pour ton commentaire !
D'accord avec toi pour "ce matin-là". A l'écriture, il était venu naturellement comme marqueur d'éloignement, je ne l'avais pas écrit le jour même, mais ça passe peut-être mieux comme ça.
Pour les bouches du métro, c'est vrai que c'est un peu lourd. J'essaie ton chiasme, je verrai ce que ça donne.
La reprise de pénible est volontaire, je voulais accentuer une espèce de parallélisme entre les paragraphes. Je relirai pour voir si ça fait vraiment trop bizarre.
Je ne comprends pas tas remarque sur le "ou presque"... C'est "avenue vide" qui pourrait faire "déjà-lu" avec "avenue déserte", non ?
Pour "bleu des cieux", je ne sais pas trop. Mais j'hésitais déjà au moment de l'écriture. C'est peut-être un peu trop pompeux. J'essaie avec "du ciel", je verrai bien.
Thx !

Avatar de Zinzolin Zinzolin Mode Lecture - Citer - 10/02/2015 19:46:09

Ce que je voulais dire pour "ou presque", c'est que c'est une figure de correction assez fréquente. Mais c'était très pointilleux comme remarque, je ne pense pas que ça fasse ça en général. Et si tu veux accentuer le parallélisme, garder "pénible" est un moyen efficace puisqu'on s'arrête dessus et qu'on se rappelle du paragraphe suivant.

Avatar de naniquolas naniquolas Mode Lecture - Citer - 12/02/2015 16:06:13

Je suis d'accord, il fallait enlever le "là". Les autres points qu'a soulevés Zinzo m'ont aussi gêné à la lecture : la répétition de pénible est trop éloignée et la structure de la phrase trop différente pour obtenir un bel effet d'écho à mon avis.
Le bleu du ciel --> c'est mieux !
le chiasme --> c'est mieux aussi !
"ou presque" : je trouve que le mettre en incise lui donne une importance surprenant, une lourdeur qui n'est pas très élégante. "dans l'avenue presque déserte" colle mieux avec le ton que tu utilises je pense.

A la première lecture j'avais été gêné par le contraste entre le côté solennel du ton à certains endroits et l'idée de simplicité qui sous-tend le poème ("c'était un beau matin d'hiver"Clin d'oeil. J'avais été un peu déçu aussi, car le premier paragraphe introduit une véritable tension, un peu sombre, ça pourrait être le début d'un thriller je trouve, et du coup ensuite ça retombe un peu comme un soufflé. A la deuxième lecture par contre j'ai mieux compris la progression du matin hostile vers le "beau matin d'hiver" et j'ai vraiment bien aimé...

... Sauf la dernière phrase, où l'effet soufflé reste présent^^. J'aurais pu la prendre comme un résumé fort de sa simplicité sublimant le tableau que tu as décrit, mais je le vis plutôt comme un résumé assez réducteur genre "ouais bon, au final c'était juste un beau matin d'hiver, quoi...". J'aurais préféré que tu finisses sur "le ciel éclaire", qui montre bien l'évolution par rapport à la première phrase (qui serait d'autant plus justifiée si elle avait la dernière pour écho). Quite à insérer "c'était un beau matin d'hiver" à la fin du troisième paragraphe...

Merci pour cette lecture. C'est toujours un plaisir de découvrir une nouvelle plume !

(PS : si tu dois faire d'autres modifications sur ton texte, c'est bien de laisser la version originale en spoiler pour que les gens puissent comprendre sur quoi portaient les premiers commentaires).

Avatar de Faël Faël Mode Lecture - Citer - 13/02/2015 08:58:04

Je tiens au "C'était un beau matin d'hiver", donc je l'ai transformé en titre. J'ai l'impression que sans l'avoir en conclusion, le poème reste en suspens (presque une demi-cadence, en fait), mais c'est vrai que l'avoir en dernière phrase fait lourd, on atterrit pesamment. Et j'ai remis la version originale Clin d'oeil