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Arbre

Le Temps des Rêves

C'était un beau matin d'hiver.

Le vent souffle, il fait froid, le ciel est clair.

Lorsque je me suis aventuré dehors, ce matin, le vent m'a saisi. Dès mon premier pas hors du hall abrité de l'immeuble, le vent a soufflé sur moi, agressif et mordant. Et dans ma pénible marche vers les bouches lointaines du métro, je le sens qui s'acharne sur moi. Il s'engouffre dans les avenues vides, vient heurter le malheureux passant que je suis. Mon pantalon claque, et ne m'offre qu'une maigre protection. Mes cheveux m'aveuglent et s'agitent, je rentre la tête dans mes épaules, serre les dents, plisse les yeux, abrite mes mains dans mes poche. Mes oreilles dénudées me brûlent.

Lorsque je me suis aventuré dehors, ce matin, le froid m'a saisi. C'est un froid qui m'encourageait plus à rebrousser chemin, à retourner me pelotonner dans ma couette, qu'à poursuivre ma pénible route. C'est un froid qui réveille, aiguise les sens, affûte l'esprit, engourdit les membres et brûle la peau. C'est le froid qui fait se sentir vivant sur un sommet enneigé, et qui fait se sentir petit dans une ville anonyme.

Lorsque je me suis aventuré dehors, ce matin, la beauté du ciel clair m'a saisi. Le soleil n'était pas encore visible. Le jour pointait. Dans l'avenue déserte, les arbres nus se détachaient dans le ciel vide. On voyait au loin, au bout, sur l'horizon des immeubles, les restes de l'aurore mourante. Ces couleurs délavées, de rose et de violet, confondues bientôt dans le bleu du ciel, témoignaient de la présence passée d'une aube sans témoin. Leur beauté éphémère lui rendaient un dernier hommage, et étaient une promesse de soleil à venir, de journée à sourires.

Le vent souffle, il fait froid, le ciel éclaire.


Paris, février 2015.

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Matin d'hiver

Le vent souffle, il fait froid, le ciel est clair.

Lorsque je me suis aventuré dehors, ce matin-là, le vent m'a saisi. Dès mon premier pas hors du hall abrité de l'immeuble, le vent a soufflé sur moi, agressif et mordant.Et dans ma pénible marche vers les lointaines bouches du métro, je le sens qui s'acharne sur moi. Il s'engouffre dans les avenues vides, vient heurter le malheureux passant que je suis. Mon pantalon claque, et ne m'offre qu'une maigre protection. Mes cheveux m'aveuglent et s'agitent, je rentre la tête dans mes épaules, serre les dents, plisse les yeux, abrite mes mains dans mes poche. Mes oreilles dénudées me brûlent.

Lorsque je me suis aventuré dehors, ce matin-là, le froid m'a saisi. C'est un froid qui m'encourageait plus à rebrousser chemin, à retourner me pelotonner dans ma couette, qu'à poursuivre ma pénible route. C'est un froid qui réveille, aiguise les sens, affûte l'esprit, engourdit les membres et brûle la peau. C'est le froid qui fait se sentir vivant sur un sommet enneigé, et qui fait se sentir petit dans une ville anonyme.

Lorsque je me suis aventuré dehors, ce matin-là, la beauté du ciel clair m'a saisi. Le soleil n'était pas encore visible. Le jour pointait. Dans l'avenue déserte, ou presque, les arbres nus se détachaient dans le ciel vide. On voyait au loin, au bout, sur l'horizon des immeubles, les restes de aurore mourante.Ces couleurs délavées, de rose et de violet, confondues bientôt dans le bleu des cieux, témoignaient de la présence passée d'une aube sans témoin. Leur beauté éphémère lui rendaient un dernier hommage, et étaient une promesse de soleil à venir, de journée à sourires.

Le vent souffle, il fait froid, le ciel éclaire.
C'était un beau matin d'hiver.

Paris, février 2015.

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