Le Temps des Rêves

Il y avait cet homme, là, dans la lumière de cuivre
Et des carcasses d’arbres aux branches ajourées
Et le verre et le gris, dépouilles des espoirs
Au sol la liberté crucifiée aux ordures

Cette image te hante à l’abri de tes hontes
Tu fuis ces jours de fer
Dans les seins blêmes des Occidents
Et le verre et le gris et tes vers qui crient
La lumière que tu respires – encore

A l’ombre chinoise des cèdres mutilés
Les bombes alanguies dans les fumées d’aurore
Et la guerre et les fruits qui s’écrasent encore
Le jus noir s’épaissit dans la poussière des corps

Mais il y a cet homme, là, dans la lumière de cuivre
La bouche comme pour chanter – il pleure,
Peut-être il rit
Sous ses doigts, sa main – ô magicienne
Renaît le cèdre gris et frémit l’oiseau mort

Liberté, j’ôterai tes entraves
Et soignerai ton front sanglant d’une éponge de sel
Pour que demain te cloue – ailleurs

Aaaaah
Ca c'est du Zinzo !
Magnifiquement humain, douloureux et espoirifiant...

Petites remarques, peut-être
Il y a la répétition du mot "encore " (en fin de vers à chaque fois) qui, peut-être, n'est pas indispensable.
"peut-être il rit" --> j'aurais écrit soit "peut-être rit-il" soit "peut-être qu'il rit". C'est sûrement pour le rythme et la sonorité que tu as mis ça mais ça n'empêche que le fait que ce ne soit pas syntaxiquement correct (à ma connaissance...) me gêne beaucoup.

Mais sinon... sinon...

Merci pour ton commentaire ! Il me fait vraiment chaud au coeur parce que ça faisait si longtemps que je n'avais pas écrit que je craignais que la prépa ait étouffé Zinzolin. (Bon sang que ça fait du bien de revenir chez soi !^^)

J'ai bien noté tes remarques :
J'ai changé le dernier encore. J'étais moi-même gênée de l'employer autant mais il reflétait à chaque fois ce que je voulais dire... La dernière occurrence est néanmoins plus proche du sens comme elle est maintenant donc merci pour la remarque !
Concernant le problème de syntaxe, c'en est un si tu le lis de la manière qui ressort de tes suggestions mais pour moi, il s'agit d'une sorte de parenthèse du "narrateur" qui précise sa pensée : il pleure (ah non ce pourrait être autre chose) il rit... Je ne suis pas très claire, c'est difficile d'expliquer la façon dont je le conçois. Si vraiment la pression publique m'accable, je ferai le changement mais j'y tiens beaucoup, alors pour l'instant je maintiens.

Perturbant et enivrant. C'est la répétition des "et" qui m'a gêné (n'ayant pas vu la version des "encore". Quoiqu'à la fin il n'y en a plus mais je reconnais que cela m'a freiné pour rentrer dans le texte. AU plaisir de te relire à nouveau!

Un vrai plaisir de te lire enfin. Sauf que maintenant je vais me demander si tu n'as pas des tendances à la déprime... Non, je plaisante ! Plus sérieusement, très joli. J'aime beaucoup les images et les jeux de lumières et de couleurs. Et contrairement à MKL, j'aime bien les répétitions de "et". Mais ça doit être personnel... Bon par contre, c'est magnifique mais pas particulièrement gai... Merci !

P.S. : Zinzolin se laisser bouffer par la prépa... Manquerait plus que ça... Je savais qu'on pouvait trouver des conn***, pardon des bêtises, sur internet, mais à ce point ;p

Merci pour vos commentaires !


MKL : Et encore (ah ah), tu n'as pas vu le premier jet ! Disons que ces "et" sont très nombreux mais que le poème est venu comme ça (overdose d'alexandrins) et que j'ai supprimé tous ceux qui ne cassaient pas mes rythmes. Je vais essayer de voir s'il y a moyen d'en ôter d'autres maintenant que j'ai pris un peu de recul mais si tu parles des trois vers où il y en a trois, eux c'est fait exprès par contre.^^
[edit:] Je peux encore en enlever un, qui d'ailleurs faisait hiatus à voix haute. (Et à l'ombre chinoise...)

@Faël : Ce n'est pas très gai parce que j'ai écrit ce texte sur une photo d'actualité (et que je sortais d'une cure de Verlaine et Rimbaud)... et je suis loin de déprimer parce que j'ai écrit à nouveau !^^ (Ps : tu liras les témoignages sur la prépa : il y en a au moins UN de négatif qui glace plutôt le sang...)

ça fait plaisir de lire un nouveau poème de toi !

Je l'ai trouvé envoûtant. Noir, violent par moments, mais toujours enveloppé d'une sorte de douceur, de balancement dans le rythme, de délicatesse dans les mots, qui m'empêche d'être jeté hors du poème par la violence de certaines images. La fin est à la fois terrible est magnifique.

Je n'ai pas été gêné par les "et", et j'aime beaucoup "peut-être il rit", je le perçois comme une reformulation plutôt que comme une hypothèse, ce qu'on perd en rajoutant un "que" par exemple.

Un vers me chiffonne un peu, mais ce n'est pas grand chose

"Sous ses doigts, sa main – ô magicienne" : le "ô magicienne" est un peu trop emphatique à mon goût...

Merci !

Je reconnais avoir du mal avec les répétitions c'est donc qque chose de très subjectif.

oui, tu m'as parlé de cet horrible témoignage... Si ce n'est pas indiscret, qu'est-ce qui t'as inspiré ce poème ?

C'est une image de une sur la guerre au Mali : la ville de Gao a été dévastée... L'image était vraiment frappante avec cette lumière extraordinaire et des jeux de contre-jour. J'ai fait une copie mais comme l'OPS ne marche pas et que je ne parviens pas à la retrouver sur internet, je ne peux pas vous la mettre en lien...

J'avoue que la profusion de "et" m'a beaucoup gênée.

Pour ma part j'aime l'effet d'accumulation que cela entraîne, ça rend l'ambiance plus lourde dans le début du poème, plus oppressante. Et puis cela permet accentue la rupture avec l'arrivée du "mais" dans la dernière strophe. Bref, je tiens à apporter mon soutien aux "et" de ce poème^^