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Arbre

Le Temps des Rêves

Avatar de Contraste Contraste Mode Lecture - Citer - 16/02/2012 04:35:58

Parce qu'on oublie parfois de chanter la vie, je vous écris cela, au beau milieu de la nuit, je vous écris ces mots qui sont bien au-delà des mots, incarnation d'un sentiment plus fort, plus lointain, plus grand, plus proche, insoluble et éternel.
En regardant le ciel de la nuit, parfois, dans ses reflets bleus, ou violets, ou lorsqu'il est parsemé de nuages, j'y vois vos allures chatoyantes ondulant dans l'absolu, côtoyant les étoiles. Et je pense à vous. Je veux que vous sachiez, quelqu'un pense à vous, et je donne à la lune ces mots pour vous "bonne nuit !" Elle transmet le message au vent, qui se faufile partout pour vous chuchoter. Quelqu'un pense à toi ! Dit-il, quelqu'un t'aime ! Il a vu tes ombres, il sonde tes angoisses, et il t'aime.
J'aimerais me noyer. Afin qu'à jamais, dans le refrain du ressac, il y est un peu de moi dans l'eau qui vous contemple quand vous contemplerez les vagues. Ma voix sensuelle devenue cristal liquide vous murmurera, à travers l'étendue, des paroles apaisantes. Que la beauté étincelle avec les gouttelettes et que vous riiez de bonheur. Oui, je veux cette eau partout, comme votre âme, qui rayonne de sa propre splendeur. Vous êtes beaux ! Enfants du jour ou de la nuit, des étoiles ou de la mousse, du ciel ou des rivières, vous êtes beaux ! Regardez vos regards. Le fond de vous est parfait. Il y a ces fées qui dansent dans vos pupilles, ces anges aussi, et toutes ces créatures étranges, mystérieuses, effrayantes parfois, incroyables d'inconnu, et je pense à vous comme à l'abîme d'une eau sans teinte, invisible comme un voile de pureté recouvrant l'Immense.
Je me demande si l'on peut avoir assez d'amour pour réparer vos ailes, froissées, fracassées ou parfaites et flambantes - oui, même elles, ont besoin d'amour !, et serein, je me sens disparaître en vous contemplant au fond des eaux, à sa surface, dans chacune de ses particules mouvantes.
Immobile, mon âme s'élançant. Dans toutes les directions. Mes jambes deviennent racines gigantesques, mes bras des branches solides et lointaines, mon torse un tronc ambiguë, mon crâne et mon visage un multiple et superbe feuillage. Et m'étendre. Dans toutes les directions. M'élancer, jusqu'à ce que mes racines recouvrent et portent le monde, veillant partout avec les autres arbres, entendant toutes les pleurs et que personne ne soit oublié ; mes bras devenus branches, gardiennes du ciel, des nuages et de la pureté de la pluie, et mon feuillage reliant le monde aux étoiles et à l'infini, afin de ramener dans la sève et mon sang, les échos de l'Ailleurs et de ses voix, passant dans les branches puis les racines, chantant sans cesse que vous n'êtes pas seuls. Chantant pour tous, pour chacun, tous les êtres.
À toi ange déchu, à toi fée riante, à toi poétesse mystérieuse des nuits, à toi rose froide et magnifique, à toi lance de courage, à toi éclat d'intelligence, à toi qui même ne croit plus en rien, à toi admirateur de la mort, à toi contemplatif du vivant, à toi qui rie sans fin, à toi qui pleure toujours, à toi qui marche en trébuchant, à toi qui cours sans t'arrêter, à toi qui attends, à toi qui regarde et aime, à toi qui souffre et déteste en bandant les yeux de l'amour, à toi même qui croit ne rien valoir, à toi qui est tout, à toi qui oublie ton âme un peu trop, à toi qui la rend exquise et la fait rayonner, à toi.
Et moi.
Et mon corps émacié par le froid.
Je sens une mécanique sourde et froide qui me broie les os ! J'ai mal et je me tords, et je vois les visages démoniaques. Un peu effacés, distordus, hurlant, ricanant ou pleurant des absurdités horrifiques. Et je sais que vous les voyez aussi parfois.
Je sens l'étau froid qui prends mon corps et le glace. S'emparant de mon âme, main maîtresse, main de fer implacable, je deviens une lame froide et insensible. Tout s'évapore lorsque l'acier bouillant heurte la bassine d'eau glaciale. L'arme est redoutable, souple et intransigeante.
Quelques sentiments miroitent encore sur son tranchant bleuté ou ses parois luisantes.
Et si sombres.
L'émotion éclate dans ses parures de sang, de peur et de douleur. Elle déchiquète et disperse, détruit et achève.
Elle est un souffle, cette lame, respiration.
Domination. Harmonie parfaite, force irréductible.
Chaos surgissant. Ondes qui se répercutent sur toute sa surface.
Brisée.
Morceaux disparates rampant dans le sable.
Acharnement vain.
Noir théâtral et douleur.
*

Un enfant joue sur les murets de tes certitudes. Il connaît déjà la peur, la souffrance, il sourit pourtant encore. Sauf si peut-être est-il déjà trop pourrit. Quel jeu aimais-tu ?
Balance-toi.
A quoi pensais-tu ?
Jaillissement de tonnerres joyeux.
N'ai plus peur de dire. Et amuses-toi. Prends soin de toi s'il te plaît. Je pourrais dire vous, mais c'est à toi que je parle. Quel que soit les lettres de ton nom ou l'alphabet qui les dessine. Peut-être même as-tu un nom qui ne peut que s'entendre. Ou se toucher.
Les âges n'effaceront pas ma voix effleurant l'Océan. Chaque vague relayera mon appel. J'y crois. Qui que tu sois, qu'importe l'époque, la langue ou les coutumes. N'oublie pas...
Je t'aime.





Avatar de poulix poulix Mode Lecture - Citer - 16/02/2012 18:06:27

Ce texte me donne des frissons et je ne sais pas vraiment de quoi ^^.
C'est très bien écrit. C'est poétique tout en étant tout à fait transposable à l'oral.
Quelques longueurs peut-être, mais personnellement, ça ne me dérange pas.
Et j'aime le message lumineux, même si parfois désespéré, qui se dégage de ce texte.
(pssst, n'oublie pas de répondre à mon mail)

Avatar de violette violette Mode Lecture - Citer - 16/02/2012 19:43:29

C'est vraiment très beau.
J'ai un peu moins accroché avec la ''partie centrale"
Mais le début et la fin sont vraiment sublimes, à mon humble avis

Avatar de Séquoïa Séquoïa Mode Lecture - Citer - 17/02/2012 18:42:39

J'adore ! C'est plein d'images, on se laisse facilement emporter par le flot, et même si je n'ai pas saisi toute la mosaïque ni le détail des facettes, l'ensemble est touchant.
(Poulix, peut-être ce texte te donne-t-il des frissons parce qu'il s'adresse à toi sans détours, pour mettre devant toi le clair et le sombre, avec franchise..?)

Avatar de Zinzolin Zinzolin Mode Lecture - Citer - 20/02/2012 11:26:42

Tu m'as complètement emportée ! Je pense que, comme les autres, j'ai un peu décroché au milieu, mais la fin resplendit de simplicité. Je ne suis pas sûre qu'il faille tout comprendre, non ? Je me suis plutôt laissée porter par le flot des mots.

Avatar de Contraste Contraste Mode Lecture - Citer - 24/02/2012 21:18:48

Je n'ai pas l'intention d'expliquer d'avantage mais tout y a sa place...

Enchanté de vous avoir ravies un instant...



Avatar de Lune Lune Mode Lecture - Citer - 25/02/2012 13:29:28

Magnifique, magnifique ! J'ai beaucoup aimé (et également le partie centrale!) que ce soit (surtout!) au niveau du sujet, du fond, de l'énergie que tu y mets, mais aussi la manière dont tu matérialises tout ceci par tes mots. Il y a bien quelques tournures et répétitions qui m'ont gênées (notamment au début dans le deuxième paragraphe) mais rien de bien dramatique Clin d'oeil

C'est un sujet qui m'inspire souvent (à ma manière évidemment), alors forcément cela fait écho ...

Avatar de MKL MKL Mode Lecture - Citer - 29/02/2012 15:09:51

De la nature, des émotions, et surtout une implicite discussion rondement menée. Chapeau!

Avatar de Azouras Lazuli Tintomara Azouras Lazuli Tintomara Mode Lecture - Citer - 03/04/2012 11:35:43

C'est une belle déclaration d'amour, directe et franche. Elle s'adresse à tous, et cela la rend d'autant plus belle. C'est vraiment ce côté offert, du don, même pas du partage, c'est l'absolu ode à la figure de l'altérité, pour lui rappeler qu'il existe en étant aimé... Par toi, mais aussi par tous les autres (et la Nature peut-être elle-même).
Personnellement, j'aime beaucoup ce passage : "Peut-être même as-tu un nom qui ne peut que s'entendre. Ou se toucher."
J'aime quand on cherche à redéfinir, parce que les concepts normés n'ont pas la force d'expression nécessaire.

Avatar de Wensaïlie Wensaïlie Mode Lecture - Citer - 04/04/2012 08:42:31

Wen joue la méchante, commentaire au fil de lecture:

Je demande une majuscule à Lune ...
", il y est un peu de moi dans l'eau qui vous contemple quand vous contemplerez les vagues." je n'aime pas trop cette répétition
"comme à l'abîme d'une eau sans teinte," je trouve dommage "eau" ici, alors que tu l'utilises au dessus d'une manière différente.

je suis hyper frustrée! j'ai adoré du début jusqu'à :
"Et mon corps émacié par le froid. [...] Noir théâtral et douleur." et la fin ajouté. J'ai trouvé cette deuxième partie beaucoup moins prenante, plus personelle et moins "universelle", comme un deuxième poème. Et la troisième partie, c'est pareil, même si je trouve qu'elle s'accroche mieux au début du texte. J'ai un peu l'impression que tu n'avais pas réussis à tout dire et que tu en as rajouté à la fin. J'aurais aimé (mais bon, chacun ses goûts :p) qu'après "A moi" tu conclus "Je t'aime". Et que tu fasses deux autres poèmes.
Ca c'était la partie triste, la partie heureuse, c'est que le début je le trouve tellement magnifique qu'il m'a ému au pleure, surtout lorsqu'avec l'énumération des "A toi" tu arrives à une sorte de paroxysme (paroxisme?) superbe! Bravo Petit Sourire

Avatar de Contraste Contraste Mode Lecture - Citer - 13/04/2012 20:39:28

@ Lazuli : "J'aime quand on cherche à redéfinir, parce que les concepts normés n'ont pas la force d'expression nécessaire. " C'est exactement ça.

@ Wen : je vais réfléchir à la répétition et au changement de sens du mot "eau". Mais je ne pense pas les changer. Quant à la seconde et la dernière partie, l'effet est parfaitement désiré et assumé, malgré son amertume. Je voulais que l'on ressente le contraste de cet absolu lumineux et universel face à la solitude, froide et aigre, haineuse et douloureuse, cela en un seul corps.

Parce que ce texte parle intimement de moi, dans ce qu'il y a de plus profond et gravé de mon âme. A l'origine, ce poème a été pensé en tant que testament à ma manière. Que l'on se souvienne aussi de ce David-là sensible et qui aime aveuglément, et pas seulement du David solitaire et hautain, qui hait et ne rêve que de feu. Laisser une preuve, une justification, " regardez, je n'ai pas été que cet homme-là. Toutes les choses ont un fond. N'oubliez pas le miens."
Cela étrangement confondu avec le simple désir de dire l'Amour. Absolu. Peut-être me le dire à moi aussi, en mettant mon âme entre les lignes, en m'acceptant. Tout est toujours mélangé de toute façon.
Drôle tout de même, un testament pour continuer à vivre...
* oui je sais je fais beaucoup d'auto-analyse tout en répondant.*

Merci à toutes et tous pour vos lectures, je suis sincèrement touché par la plupart de vos commentaires.



Et, et, je vous aime.

Avatar de poulix poulix Mode Lecture - Citer - 13/04/2012 22:03:40

Que l'on se souvienne aussi de ce David-là sensible et qui aime aveuglément, et pas seulement du David solitaire et hautain, qui hait et ne rêve que de feu.

Si tu savais auquel on pense quand on pense à toi...

Avatar de Lune Lune Mode Lecture - Citer - 13/04/2012 22:12:12

Si tu savais auquel on pense quand on pense à toi...


J'approuve poulix. Et en ce sens, ce texte c'est toi, et c'est limpide.

Avatar de Wensaïlie Wensaïlie Mode Lecture - Citer - 16/04/2012 16:37:23

Les commentaires ci-dessus sont 100% approuvé ^^

"Drôle tout de même, un testament pour continuer à vivre..." moi je trouve ça très intéressant, c'est dire adieu à son passé, sans vraiment l'oublier, pour se construire un futur ! (moi aussi j'ai un truc comme ça quelque part dans le fin fond de mes archives, mais il reste secret ^^)

Avatar de Lune Lune Mode Lecture - Citer - 16/04/2012 19:34:52

Si ça peut vous rassurer :p, moi aussi j'ai écrit des "testaments" ainsi (mais ils restent secrets ^^)

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Non mais sérieux ce texte est vraiment sublime, il faut que j'arrête de le relire !