Le Temps des Rêves

Ton texte dégage quelque chose de doux et de tendre. Une atmosphère délicate rendue possible par un lexique choisit avec soin : "cocon", "subtil", "gracieux" etc. (je ne vais pas tout citer).

Cependant, je suis frustré... Je n'adhère pas à certain choix que tu as fait quant au rythme de ton texte et ta volonté de vouloir utiliser des verbes comme des noms communs. Personnellement, ça a bloqué ma lecture. Au départ, ça m'a donné l'impression que tu ne maîtrisais pas assez la langue, que tu ne trouvais pas les bons mots... alors tu mettais le verbe à l'infinitif. Et puis, à la seconde lecture, j'ai vu que ça donnait un certain style à ton poème, un certain jeu avec la langue. A mon avis, ça bloque l'effet que j'ai décrit précédemment. On a envie de rentrer dans ce cocon de douceur mais certains mots bloquent l'entrée. :/

Je fais comme pour Sheedo. Je copie/colle le texte et j'indique les endroits qui m'ont gêné. Ce n'est pas une correction (je n'ai pas cette prétention), c'est juste un avis concret sur ce que tu as écrit

Merci de cette approche et lecture. Oui certainement . Cela me ressemble dans cette double énergie d'ouverture et de blocage. )

Au fait, je suis allé voir ta présentation: toujours Lillois?

Puisqu'il y a des parties communes aux deux textes, je suppose que le second est une nouvelle version du premier ?

Je ne peux pas m'empêcher de trouver la nouvelle version plus jolie que la première. Parce qu'à la lecture, il est fluide, il a du sens sans trop en chercher...
Je m'imaginais la première version déclamée à deux voix. La seconde se prêterait plus à la chanson, et ce ne sont là que deux impressions immédiatement consécutives à la lecture.

Oui c'est bien le même texte. Merci )

Je n'ai lu que la deuxième version. J'aime et je n'aime pas à la fois.

J'aime parce que ça coule tout seul, parce que j'apprécie vraiment tes effets de rythmes, tes coupures, tes vers très courts qui donnent vraiment le temps de peser et savourer chaque mot, comme si quelqu'un nous les disait en même temps qu'on lit. J'aime aussi la simplicité de certaines images ou des tournures très orales qui ressortent. J'adore la chute.
Mais au niveau du fond, je me sens un peu flouée parce que j'ai l'impression que c'est un genre de thème un peu "facile" où on capture le lecteur à grand renfort de mots puissants et évocateurs, d'adjectifs efficaces, déjà poétiques en soi. J'aurais aimé que tu restes plus dans une veine simple et que la poésie sorte de l'accumulation et du rythme, des associations inédites que tu fais, et pas de mots déjà chargés. Mais je reconnais que c'est une critique très subjective, qui vient de mon expérience de lecture et de mes choix d'écriture, donc pas forcément justifiée.

Merci Zinzolin pour cette lecture. Ton analyse est riche et je vais prendre le temps de bien percevoir ce qu'il en est.

Je cherchais d'où venait que je n'accrochais pas à ton texte... A début j'ai pensé que c'était à cause des vers très courts, mais en fait ils fonctionnent très bien... Du coup je me suis dit que c'était trop long, mais finalement on arrive au bout sans vraiment s'ennuyer... Heureusement, Zinzolin a trouvé ce qui me chagrinait : je suis d'accord avec cette impression d'être "floué" parce que tu utilises énormément de "grands mots" : déploiement, infini, authentique, joie, exaltant, primordial, âme, radieux... Du coup malgré ta recherche pour avoir une forme efficace, simple, j'ai souvent la sensation que c'est un feu d'artifice de mots impressionnants, évocateurs, mais sans vraiment mettre en valeur chacun d'eux, sans utiliser toute l'énergie qu'ils contiennent. Comme si le fait qu'ils soient aussi chargés en poésie suffisait à captiver le lecteur et à élever le texte.

Dans d'autres passages en revanche, j'ai moins eu cette impression. Par exemple :

"Il y a
de subtils rouages

hasards
qui n’en sont pas

un caillou
sous le pied"

Et dans ces moments-là ou tu vas vers plus de simplicité, j'aime bien ton écriture.


Merci pour ce texte. Au plaisir de te lire !

Merci de ton analyse qui vient judicieusement compléter celle de Zinzolin. Je comprends maintenant mieux ce que vous voulez dire. Et je suis effectivement de plus en plus conscient à quel point l'écrivain débutant que je suis a besoin de travailler vers cette simplicité qu'offre la poésie en un va-et-vient entre le texte et ma posture de vie. C'est justement en cela que l'écriture est arrivée à un moment clé de mon parcours créatif. Bien à toi.

IL Y A



Il y a
des croisées
des choix
qui
se déploient
comme
la corolle d’une fleur
qui sort de son hiver
pour renaitre à ce monde
en avenir ouvert



Il y a
de subtils rouages
hasards
qui
n’en sont pas

un caillou
sous le pied
déplaisante plaie
paraissant nous égarer
mais qui nous amène
en
fait
à nous inventer


Un voyage
au cœur de nos forêts
jusqu’à nos breuils anciens
pour
en agrandir les
limites
vers une orée nouvelle


Il y a
des rencontres
belles
comme perles d’évidences
veillant
sur notre chemin
au renouveau
de l’eau
de notre être

Gemmes
dont chaque facette
nous réveille
au bienveillant


Mais aussi
l’intense
de notre noumène
qui nous conte
notre présence
illumine
chaque minute
comme présent
alors que nous étions
éloignés
de nous-même


Il y a
toi
la Vie

Ton texte a gagné en simplicité et du coup il me plaît plus ! (mais où est passée la version originale ? C'est bien de la laisser, histoire qu'on puisse se rendre compte des modifications.)
Par contre je ne suis pas vraiment fan de la fin, je trouve que l'ancienne (Il y a / Toi il y a la vie /intensément) "claquait" davantage, mais elle ne va peut-être plus très bien avec l'esthétique du poème. En fait, je crois que j'aurais bien aimé finir sur simplement "Il y a toi". ça pourrait donner à ce "toi" tout le poids de l'indescriptible, par contraste avec toutes les choses que tu as évoquées avant, et en même temps finir là-dessus ferait de ce "toi" un aboutissement. Simple suggestion expérimentale, j'ai bien conscience que cela modifierait peut-être radicalement le sens du poème

Oui c'est vrai mais en même temps ta remarque est judicieuse; c'est juste qu'en cet instant de création je ne souhaitais pas que ce toi puisse être ressenti comme l'absence d'une personne (en particulier!). Lol. ou pas Lol. D'où l'intérêt de retravailler et laisser couler le lisse du temps.

Je sais pas trop quoi en penser (je n'ai lu que la dernière version ^^), je ne sais pas si j'aime ou pas. En tout cas je trouve intéressant la démarche et cette simplicité de l'extrême, même si parfois ça m'a perturbée car je ne comprenais du coup plus rien (notamment à la fin). Par contre ce passage je suis sûre de pas l'apprécier :
"un caillou
[...]
à nous inventer"
je le trouve trop facile/concret par rapport au reste.

Au plaisir de te relire !