Omega - le Temps des Rêves

On ne se verra pas demain.

Le thé est trop infusé et des tâches brunâtres déteignent sur le ciel. Ça fait des dessins étranges, des auréoles marrons sur un fond gris. Ce n'est pas si grave ; rien qu'une théière brûlante renversée sur mon cœur.

Ce soir, promis, je plie le ciel en quatre et je le mets dans la machine à laver.
Lavage à froid.
Sans essorage, cette fois.
Ça fait trop mal.
Surtout, garder mon cœur au chaud. Promis, au chaud dans ma poitrine.

Je vais prendre sur moi. Ou prendre soin de moi. Demain matin, j'essaie de me lever. J'essaie de ne pas penser au thé noir qui a inondé la cuisine. Demain matin, j'essaie de ne pas oublier d'étendre le ciel sur le fil à linge vert entre les deux pruniers.

Et toi, de ton côté, essaie juste d'allumer le soleil. S'il-te-plaît.

Ancienne version

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On ne se verra pas demain.

Le thé est trop infusé et des tâches brunâtres déteignent sur le ciel. Ça fait des dessins étranges, des auréoles marrons sur un fond gris. Ce n'est pas si grave ; rien qu'une théière brûlante renversée sur mon cœur.

Ce soir, promis, je plie le ciel en quatre et je le mets dans la machine à laver. Lavage à froid.
Sans essorage, cette fois. Ça fait trop mal.
Ce soir, promis, je garde mon cœur au chaud dans ma poitrine. La dernière fois, il a fini par prendre froid.
Je vais prendre sur moi. Ou prendre soin de moi. Demain matin, j'essaie de me lever. J'essaie de ne pas penser au thé noir qui a inondé la cuisine. Demain matin, j'essaie de ne pas oublier d'étendre le ciel sur le fil à linge vert entre les deux pruniers.

Et toi, de ton côté, essaie juste d'allumer le soleil. S'il te plaît.

J'aime beaucoup le ton de la dernière phrase ! Et l'omniprésence du thé.
Le reste du texte est très beau mais j'ai parfois trouvé qu'il y avait des morceaux de phrases un peu en trop. C'est plus une impression générale, mais s'il fallait trouver des exemples :

"Sans essorage, cette fois. Ça fait trop mal.
Je vais prendre sur moi. Ou prendre soin de moi.
Ce soir, promis, je garde mon cœur au chaud dans ma poitrine. La dernière fois, il a fini par prendre froid."

Les deuxièmes parties plus ou moins explicatives alourdissent un peu le tout je trouve (même si isolément elles passent plutôt bien).

Je suis d'accord avec Nani mais seulement pour les deux dernières phrases.

Et sinon, j'ai beaucoup aimé ce petit texte, le thé et son sens nouveau, les bribes de sens qu'on attrape mais qu'on n'est pas très sûr de cadrer correctement. C'est différent, je trouve, du ton de tes poèmes/textes habituels et j'aime ce ton-là.

Et hop, après repos. Voici le texte légèrement modifié. je ne suis pas encore toute à fait sûre de moi. Qu'en pensez-vous ?

Je trouve qu'il a gagné en punch ! Mais je n'aime toujours pas "ou prendre soin de moi". Je pense que je préfèrerais en virant le "ou".

Je ne peux pas enlever le "ou". Parce que si je me contente de mettre une virgule, ça voudrait dire que je dis la même chose (--> ce qui accentuerait encore le sentiment de répétition). Alors que personnellement, entre "prendre soin de soi" et "prendre sur soi" il y a une énorme différence. Prendre soin de soi, c'est s'écouter comme on écouterait l'autre puis s'aider soi-même comme on peu. Alors que prendre sur soi, c'est se faire taire pour ne pas faire de mal / créer des troubles supplémentaires à l'extérieur. Prendre sur soi empêche parfois de prendre soin de soi. (chez moi en tout cas ^^)
(ça,c'était les 5 minutes philosophiques de la matinée ^^).
C'est en raison de cette alternative que je n'arrive pas à me résoudre à enlever ce parallélisme...

Pour moi, une virgule ou un point laisse deux interprétations : une reformulation (mais je ne le voyais pas comme ça), ou bien un simple ajout : les deux choses qu'il faudrait que je fasse aujourd'hui : prendre sur moi et si je peux, prendre soin de moi.
Ce qui me gêne dans le "ou" (qu'on peut aussi prendre comme une reformulation, d'ailleurs, même si c'est peut-être moins facile qu'avec une simple virgule) c'est qu'il me donne l'impression d'être exclusif : aujourd'hui, est-ce que je fais ça ou plutôt ça ? Alors qu'on peut prendre un peu soin de soi et prendre un peu sur soi à la fois, tout de même.

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Euh, je n'entrerai pas dans le débat ou/pas ou.

J'ai relu ton texte et je trouve qu'il pétille vraiment comme ça ! Je n'ai pas relu l'ancienne version mais je sais que celle-ci me laisse un souvenir beaucoup plus dynamique et que l'image du ciel à la machine, que je trouve très jolie mais que j'avais complètement oubliée contrairement au thé, ressort bien mieux, ainsi que la fin. Après, je ne saurais dire si c'est les changements que tu y as apportés ou mon état d'esprit qui sont responsables de ce changement.

Je ne fais pas de comparatif car pas lu l'ancienne version.
Bon pour un gourmand de thé comme moi, évidemment que ce texte me parle. J'adore l'idée du ciel-drap. Il y a une énergie qui empêche de tomber dans le mélo et ça j'adore.

j'ai beaucoup aimé le ciel qu'on pouvait laver et la conclusion.
Après il y a tit truc qui me dérange. On pourrait lire le texte comme ça : on dirait que le narrateur dit 'ok je vais faire tout ça' d'un air très magnanime, presque désintéressé ou désabusé, et la conclusion apporte une petite touche un peu perverse du genre 'ok je vais faire des efforts mais en fait tout ça c'est de ta faute'.

La dernière phrase donne tout le ton du poème.
On s'attend à ce que le narrateur lâche tout, lave toute sa vie, se résigne à laver son ciel... mais dans ce ciel, il n'y a qu'une personne qui puisse allumer le soleil.
Une fois de plus, je fais silence...

Le Temps des Rêves