Le Temps des Rêves

La yiolà était bondée, mais l’ambiance était plutôt morose. Comme trop souvent depuis trop longtemps, pensa Wen. A la fin des Grandes Guerres ils avaient célébré la victoire contre l’Ennemi pendant des semaines. Mais une fois cette joie passée, la réalité était revenue. L’Île était dévastée, les populations blessées. Comment se réjouir ? Le palais de Lucialës n’avait que rarement vu de grandes et joyeuses fêtes depuis ce temps là. Une tristesse sourde envahit la Princesse. La guerre avait éclaté de si nombreuses décennies auparavant, et s’était achevée il y avait de cela tant d’années que, même pour un Elfe, ce temps semblait lointain. Pourtant l’ombre ne passait pas.

la précarité de la ville faisait que, semestriellement, un quartier partait en fumée en raison d’un incendie. Le Corps des Eaux et les Magiciens avaient le plus grand mal à maîtriser ces fléaux à cause du désordre innommable qui régnait dans les rues. Puis sur les cendres de l’ancien quartier en arrivait un nouveau, encore plus sale et mal organisé

Les membres de l’Académie des Sciences, Sages, Savants et Magiciens, avaient pour la plupart abandonné depuis longtemps l’idée d’aider leurs concitoyens. Il y en avait pourtant quelques uns qui gardaient courage et aidaient le peuple autant que possible. Ils avaient vite gagné le cœur des braves gens qui subissaient cet enfer injustement. D’autres avaient pris le parti de rester enfermés dans l’Académie. Si personne ne faisait d’effort, eux n’en feraient pas non plus. Ceux-là arrivaient deuxième dans le cœur des citoyens, car la population était persuadée qu’en cas de problème majeur les Magiciens et autres sages sortiraient de leur repère pour les sauver. Enfin, on distinguait un troisième groupe, qui refusait d’abandonner. Il s’agissait d’académiciens qui étaient devenus conseillers de rois pour profiter de leur rang afin de faire évoluer les choses. L’idée de départ était de prendre le problème à la racine. Mais avec le temps ils s’étaient enorgueillis et profitaient maintenant de leurs pouvoirs pour vivre aux dépends des autres. Certains avaient su garder la tête froide et continuaient à se démener corps et âme pour améliorer la situation, mais la mauvaise réputation des autres leur valait d’être méprisés et personne ne les écoutait