En lisant vos réactions, je me rends compte que, étant plutôt d'accord avec l'ensemble de ce que vous avez dit (même si j'ai pas tout compris à la démonstration du lapin), je n'ai pas grand chose à ajouter.
"Est-il absurde de désirer l'impossible ?" était en effet le sujet de philo sur lequel j'ai planché au bac.
Pour moi, l'idéalisme est davantage un moteur qu'une fin en soi. En cela, si on garde en tête que l'impossible ou le rêve n'est "pas forcément" faisable, il est très positif.
Une simple image : imaginez une très très très haute bibliothèque. Des mètres et des mètres de livres sur des dizaines et des dizaines d'étagères. Chaque livre représente une possibilité plus ou moins rêvée, plus ou moins possible, plus ou moins idéale (l'idéal n'étant pas forcément en haut comme je l'explique plus loin)
.
Les premières étagères : il vous suffit de tendre a main pour accomplir l'action.
À partir d'une certaine étagère, il faudra se mettre sur la pointe des pieds, faire un petit effort (ici, le "quand on veut, on peut" est valable)
Ici, je voudrais introduire une petite note : l'idéalisme est défini par un idéal et l'idéal est propre à chaque individu. En cela, l'idéal peut très bien être contenu dans le pragmatisme (rappelez vous de vos schémas de mathématiques avec les ensembles ^^). Il se peut qu'un individu puisse atteindre son idéal sans aller fouiller dans les étagères inaccessibles. L'idéal n'est, je pense, pas défini par son impossibilité.
Mais prenons l'exemple d'un individu dont l'idéal paraît impossible à atteindre : il est tout en haut de la bibliothèque, à 10 mètres de haut (par exemple...^^). Ici, notre individu a plusieurs solutions
1)il regarde, il se dit "c'est beau, c'est idéal, c'est impossible et je n'y arriverais jamais" et il continue à lire les livres qui sont devant son nez. Cependant, il n'est pas satisfait parce que le livre qui l'intéresse vraiment, qui a un sens pour lui, se trouve tout en haut et qu'il a décrété qu'il ne pourrait jamais l'atteindre. C'est du pragmatisme qui refuse d'avoir confiance en ce qui le pousse vers son idéal. Il survit mais il ne vit pas (moi, je trouve ça un peu triste).
2)Il regarde le livre et se dit "c'est beau, c'est idéal, c'est loin mais je peux peut-être essayer de l'atteindre parce que j'ai déjà lu tous les livres qui sont à ma portée et/ou il ne me conviennent pas". Il va chercher une échelle et il monte sur les premiers barreaux. Il sait qu'il veut monter en haut mais il ne s'y précipite pas (faudrait pas tomber, c'est dangereux les échelles ^^) et prend le temps, sur le chemin, de feuilleter quelques livres, de les lire, de les dévorer, d'en extraire la sève d'une savoir nouveau). Tout au long de son ascension, il se fait plaisir. L'idéalisme est le moteur qui pousse à agrandir le champ du pragmatisme. Si a un moment, il est pris de vertige, il s'arrêtera. --> il n'accepte pas de se contenter de survivre, il prend le temps de construire sa vie, petit à petit, sans la risquer pour autant. (moi, j'aime bien cette méthode là ^^)
3)Il regarde le livre et se dit "c'est beau, c'est idéal, c'est loin, je vais aller le chercher même si c'est impossible. J'y arriverai au nom de mon idéal. Plutôt mourir que de survivre"
Il prend son échelle et, zou, il y va (il est possible qui feuillette quelques livres sur son passage mais il n'en profitera pas forcément puisqu'il est obnubilé par son idéal et qu'il les trouvera toujours trop bas pour lui). 4mètres, 5, 6. L'échelle commence à grincer. 7 mètres. Ca tangue et l'étagère aussi... etc. Il ne s'arrêtera pour rien au monde, même si ses amis l'appellent en bas en lui disant de redescendre, que ça n'en vaut pas la peine, qu'il y a plein de beaux livres plus bas. Il ne s'arrêtera pas parce qu'il rejette le pragmatisme au nom de l'idéalisme. Là, une alternative :
Spoiler - Afficher
(oui, on ne dit pas 2 alternatives mais une car une alternative = 2 possibilités ^^). Voilà pour le cours du soir ^^
a) il arrive à atteindre son livre idéal. Il rayonne. Il trouve la sève de sa vie (que va-t-il faire ensuite... telle est la question ^^. Atteindre la béatitude ^^ ? être heureux ? S'ennuyer ? C'est un autre débat ^^). Il regarde ses copains, il tire la langue et il leur dit "alors ? Qui est-ce qui avait raison ? Si j'avais suivi votre pragmatisme, je ne serais pas là. (moi je pense ; c'est une belle chance sur laquelle il aurait tort de cracher mais rien ne dit que ça marchera si bien à tous les coups...)
b)In continue son ascension en piétinant le pragmatisme qui lui hurle qu'il va tomber s'il continue. L'échelle se décroche, la bibliothèque tombe, les livres dégringolent, notre cher idéaliste tombe "de très haut" et se fait très mal. Il se retrouve avec les 2 jambes cassées, sur le sol, incapable de plus jamais monter à une échelle. Il n'a pas atteint son livre. Et ses copains le regardent : "On t'avait bien dit de redescendre et de ne pas tenter l'impossible. Tu avais beau vouloir, tu ne pouvais pas : la preuve" (moi je dis : c'est dommage, il n'osera peut-être plus jamais monter sur une échelle alors que ce n'est pas dangereux si on est raisonnables)
4)Et si jamais, un beau jour, il pousse des ailes à notre idéaliste (je sais pas moi, une mutation subite ^^), il lui suffit de battre des ailes, de s'envoler et d'aller chercher son livre. Il aurait tort de s'en priver ^^ (ça arrive assez rarement mais... qui sait... il ne faut jamais rien exclure héhéhé ^^)
En définitive, je suis d'accord pour dire qu'il faut trouver l'équilibre entre idéalisme et pragmatisme (l'équilibre... une grande question philosophique) selon sa propre personnalité, ses propres rêves, ses propres possibilités et en prenant en compte les réalités du monde extérieur (tout en sachant qu'elles peuvent être modulées ou tout du moins contournés et sublimées). Savant mélange ^^ mais que finalement, nous faisons assez naturellement ce me semble.
Spoiler - Afficher
Allez, pour la fin, je vous offre une petite phrase qui aura la valeur qu'on voudra lui donner "Le sage est probablement celui qui n'est sûr de rien mais qui accepte de croire en ce qui fait sens pour lui."