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Arbre

Le Temps des Rêves

Avatar de reutty reutty Mode Lecture - Citer - 19/04/2011 23:48:22

Je suis actuellement sur ce sujet de philo, à rendre pour jeudi. Je trouve ce sujet dur, mais passionnant, et surtout, il touche de plein fouet notre condition de pauvre artiste =).

Comme une oeuvre d'art est le fruit du travail d'un artiste, de son génie en partie et surtout du reflet de son univers personnel (ce que je retrouve fortement dans le recueil de poulix, et je n'ai encore lu assez de poèmes des autres pour l'affirmer, mais je suis sûr qu'il y en a un), c'est un produit créé par l'artiste pour lui même, par besoin de montrer son univers à travers l'oeuvre, de manière plus ou moins consciente. Quand on disait à Bach de ses compos : "c'est beau", il disait "j'ai travaillé". Ce n'est donc pas un produit qui se soustrait aux lois de l'offre & de la demande (on lit le ES là ^^).

Mais quand on pense aux séries, aux films, qui sont ce qu'on appelle des produits culturels, ce ne sont pas des oeuvres d'art, mais des produits répondant à une demande définie (encore des mots de ES !). Je prends Inglourious Basterds de Tarantino, qui est un film uchronique, mais qui fait bien réfléchir sur l'image du Nazi diabolisé. Vu la violence du clivage "Nazi méchant contre Américain gentil", on se demande si les US n'ont pas, eux aussi, été aussi gores que leurs ennemis. De plus, ça nous fait réfléchir sur la guerre elle-même. On a devant ses yeux des moments concrets d'Histoire (parallèle, pas la vraie Histoire, mais l'Idée est là).

J'termine sur le fait que grâce à l'Etat, on sauvegarde le fait que certaines oeuvres peuvent être diffusées à grande échelle grâce à certaines lois, comme la loi Lang, qui empêche les réductions de plus de 5% sur les bouquins (là, ça nous touche de plein fouet !), et que vu la réglementation, on ne peut pas faire n'importe quoi avec, la création est protégée. Si on avait pas certaines lois, ce serait la loi de la jungle du marché qui règnerait.

Je fais ma dissertation sur le forum tellement je suis désespéré par ma non-motivation, mais vous communiquer mes idées me permet de structurer ma pensée x).


En plus, je trouve vraiment que ça nous concerne tout ça. Il y a des poèmes, je trouve qui montrent une forme de génie, de "talent" -private joke- et qui est unique en soi. Mais avec les produits culturels, le mainstream, parce que les gens veulent se débarrasser de leurs soucis et se divertir, se vider la tête, on perd beaucoup d'oeuvres véritables dans l'oubli. Je sors des sentiers de ma disserte pour dire que je suis sûr qu'il y a eu, par exemple en grèce Antique, des artistes bien meilleurs qu'Aristophane, Platon, etc... mais qu'on a perdu toute trace, et ceux qui restent parce que leur bibliothèque n'a pas cramé, sont devenus mainstream et restent aujourd'hui. Je ne peux pas le prouver, mais je pense que la Terre a porté des génies incommensurables, mais que leur trace a disparu, par concours de circonstances... d'où l'importance de publier des recueils mes amis !! Langue

Avatar de poulix poulix Mode Lecture - Citer - 25/04/2011 15:41:49

Publions publions ! (et travaille ton concours ma chère poulix, ne te laisse pas déconcentrer par ces espèces de penseurs intéressants ! )

Quand tu dis qu'une oeuvre est le fruit du travail d'un artiste et surtout le reflet de son univers personnel je ne suis qu'en partie d'accord.
Tout dépend de ce que tu appelles "l'univers personnel". Est-ce que c'est celui de l'écrivain en tant qu'homme ou de l'écrivain en tant qu'écrivain ? En effet, comme nous le disait notre cher Proust "Un livre n'est pas le produit d'un autre moi que celui que nous manifestons dans nos habitudes, dans la société, dans nos vices". Autrement dit, l'oeuvre est le reflet d'un univers mais il est difficile de définir de quel univers exactement. Le fantasme de l'homme social, ce qu'il a réalisé dans sa vie, ce qu'il tend (et éventuellement échoue) à réaliser, l'univers de l'auteur transformé par la vision du lecteur ? Difficile question.
Sans oublier que lorsqu'un auteur publie, il sélectionne forcément. N'est-ce pas cher copain Valéry... c'est pas toi qui a dit ça. Attends que je me rappelle (je viens de le réviser screugneugneu ^^)
"L'écrivain, il en dit toujours plus et moins qu'il ne pense. Il enlève et rajoute à sa pensée. Ce qu'il écrit enfin ne correspond à aucune idée réelle. C'est plus riche et moins riche. Plus long et plus bref. Plus clair et plus obscur. C'est pourquoi celui qui veut reconstituer un auteur à partir de son oeuvre se construit nécessairement un personnage imaginaire".
Personnellement, je ne pense pas que ce qu'on peut écrire ne corresponde à "aucune idée réelle" parce qu'il y a forcément une correspondance, que ce soit en inversé ou en direct. Mais ce que je veux dire c'est que l'univers que tu as pu percevoir dans le recueil de poulix ne suffira jamais à refléter son univers. Parce qu'au sein de chaque texte, il y a sélection de ce qu'on veut dire et de ce qu'on veut garder pour soi. Et qu'au sein, d'un recueil, la quête de l'unité qui s'impose pousse à négliger certains textes. Il y a toujours sélection et notamment parce que l'auteur sait qu'il sera lu et qu'il ne veut pas forcément que tout son univers soit lisible. Du moins pas par tout le monde et pas au même moment.
Par exemple, est-ce que le lecteur de dialogue avec l'orage (ndP : le recueil en question) t'as laissé devener ce qui se trouve dans le texte fureur immaculée (http://hostile-au-style.fr/textes/fureur-immaculee/). Est-ce que tu crois que ceux qui fréquentent l'auteur tous les jours n'auraient pas un peu peur en lisant ce texte, ne se poseraient pas des questions sur la santé mentale de l'intéressée (pose la question à mes parents ^^).
Tout ça pour dire que si un univers est perceptible, il ne se laisse pas si aisément saisir.


Sinon, je suis d'accord avec toi sur les poètes et artistes de tout temps qui ont disparu de nos mémoires pour de simples (et bêtes mais c'est la vie) questions matérielles. Ou pour une incompréhension de l'époque (aaaah le mythe du poète maudit et incompris, notre romantisme se régale ! )

Pour ce qui est de la question de te dissert, elle est en effet passionnante parce qu'elle revient un peu à poser la question "qu'est ce que l'Art ? ?"

Je dirais tout bêtement que ;
1)Oui, c'est un produit comme les autres dans le sens où elle est issue d'un processus de production. Réflexion, création, éventuelles modifications, diffusion, réception
2)mais si elle est bien un produit, elle n'est pas forcément "comme les autres" dans le sens où les produits auxquels nous sommes généralement confrontés sont faits pour être consommés. Ce n'est pas le cas de l'oeuvre d'art (cependant, dans ma conception de l'Art qui reste quelque chose de personnel à chacun ^^). C'est cette fameuse "gratuité" de l'oeuvre. Et on en revient à l'offre et à la demande. Disons que l'art est un domaine (à partir du moment où on n'en fait pas son métier) où il y aura toujours offre même s'il n'y pas demande. Si personne ne veut lire mes poèmes... tant pis, je les écrirai tout de même. Sans retours, je perds la richesse du partage mais je conserve la satisfaction du moment de la création.


P.S : il faudrait que je regarde inglorious Basterds un jour ^^

Avatar de Wensaïlie Wensaïlie Mode Lecture - Citer - 15/05/2011 09:53:37

Notre chère Wen, qui n'a pas apporté ses devoirs chez Lune, en profite pour répondre à tout vos messages!! (ou presque)

Sommes nous de pauvres artistes? On dit classiquement que nous sommes riches de nos oeuvres et je pense que c'est le cas. Mon trésor c'est l'énorme meuble plein de manuscrits que je conserve (et que je ne pourrais jamais brûler, même pour passer à autre chose).

Certaine séries télé sont bien des produits d'offre et de demande, mais pas toutes. Certaines partent d'une volonté de l'auteur, qui fait les scénaris, les présente, et ensuite tout dépend s'ils sont acceptés ou pas, et si quelqu'un veut les mettre en scène. Les séries peuvent être un moyen de s'exprimer aussi bien qu'un tableau ou un livre. Par exemple, Jean Van Hamme avait écrit un scénario pour une série télévisée, mais personne n'a voulut l'adaptée (pour passer les détails). Du coup il l'a adaptée en BD (avec Griffo, SOS Bonheur). Le scénario était bien un besoin, une volonté de l'auteur, et pas la réponse à une demande, puisque les grands de la TV ont jugés que le public ne suivrait pas.

L'oeuvre d'art (pour moi) exprime un besoin de l'auteur. c'est un réflexe, une nécessité, d'où parfois (souvent) la frustration lorsque le temps ne nous permet pas de faire notre oeuvre (la danse, écrire, un dessin...). Et ce qui est amusant (?) c'est que cette frustration nous obnubile tellement qu'on finit tôt ou tard par y céder. On peut travailler (réviser ses concours) en la ressentant, mais par nature on finit toujours par l'assouvir (ou alors on finit sous atarax).
Pour moi c'est aussi un moyen de laisser une trace. Le plaisir de partager, de faire découvrir aux autres sont univers. C'est peut-être de la timidité, la peur de dire son univers avec des mot, directement à l'oral. Comme si l'auteur laissé une piste, une chasse au trésor vers son univers profond. Ou alors, c'est qu'à un moment les mots ne permettent plus d'exprimer convenablement ce que l'on veut dire (par mot entendre une simple conversation). Et ces choses ont cherche à autre moyen de les mettre en scène: un roman, un poème, où on les arrange savamment ou du moins de manière plus pensée que dans une conversation orale où on parle 'd'instinct'. Pour la danse, un mouvement est un mot, pour le dessin un trait est un mot.

L'univers de l'artiste dépend forcément de la culture qu'il a reçue: son éducation, ce qu'il a lu, vu, entendu, compris, les rencontres qu'il a faites, qui elles mêmes étaient influées par les mêmes facteurs. Chaque culture, façon de penser et de vivre, est un bassin où baignent des tas de personnes. Toutes ces personnes font des ronds dans l'eau, qui se coupent et vont frapper d'autres, alors oui les univers interagissent entre eux. On se construit en fonction de ce qu'on voit et apprend, des autres qu'on rencontre. Mais on peut se déconstruire en découvrant une nouvelle culture totalement différente, et sombrer ensuite, ou se reconstruire et dans ce cas créer une nouvelle culture, mélange de deux autres.
A un certain niveau de conscience de soi-même, de ses propres goûts, et de ses désirs, on peut différencier les ronds dans l'eau, reconnaître les nôtres, ceux des autres et ceux du monde. Donc faire la différence entre son propre univers et celui du bassin où l'on se trouve. Tout en ayant conscience que notre univers dépend de celui du bassin.
Pour ma part je ne différencie pas mon monde d'auteur et celui de mon identité civile, les deux sont trop imbriqués, et l'un ne vivrait pas sans l'autre: je fais des études pour pouvoir vivre à mon aise (?) et pouvoir faire ma passion, j'écris pour survivre aux études.

Pour les Poètes maudits oui! On le voit nous mêmes (nous ne le sommes pas ^^) qu'à part entre poètes (Durcet !!!!) on n'a du mal à trouver quelqu'un qui nous comprenne vraiment, jusqu'au fond de ce qu'on ressent.

L'art c'est toutes les créations (dessins, danses, livres) qui sont exposés et vendus, rendues publiques et achetable.
La création c'est ce le besoin des auteurs, le manuscrit corrigé aussi. Le livre publié est-ce encore un besoin ou une volonté? Essayer de faire une place dans la société? Laisser une trace dans la mémoire des autres...

Avatar de Zinzolin Zinzolin Mode Lecture - Citer - 04/09/2016 08:43:39

J'ai pas tout lu mais ça me rappelle un truc que j'avais lu en prépa et qui était super intéressant (ceci dit, ça marche pas forcément pour l'écrit) : L'oeuvre d'art à l'époque de sa reproductibilité technique (Art in the age of mechanical reproduction), de Walter Benjamin. C'est court et ça fait réfléchir, j'ai trouvé.