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Arbre

Le Temps des Rêves

Publions publions ! (et travaille ton concours ma chère poulix, ne te laisse pas déconcentrer par ces espèces de penseurs intéressants ! )

Quand tu dis qu'une oeuvre est le fruit du travail d'un artiste et surtout le reflet de son univers personnel je ne suis qu'en partie d'accord.
Tout dépend de ce que tu appelles "l'univers personnel". Est-ce que c'est celui de l'écrivain en tant qu'homme ou de l'écrivain en tant qu'écrivain ? En effet, comme nous le disait notre cher Proust "Un livre n'est pas le produit d'un autre moi que celui que nous manifestons dans nos habitudes, dans la société, dans nos vices". Autrement dit, l'oeuvre est le reflet d'un univers mais il est difficile de définir de quel univers exactement. Le fantasme de l'homme social, ce qu'il a réalisé dans sa vie, ce qu'il tend (et éventuellement échoue) à réaliser, l'univers de l'auteur transformé par la vision du lecteur ? Difficile question.
Sans oublier que lorsqu'un auteur publie, il sélectionne forcément. N'est-ce pas cher copain Valéry... c'est pas toi qui a dit ça. Attends que je me rappelle (je viens de le réviser screugneugneu ^^)
"L'écrivain, il en dit toujours plus et moins qu'il ne pense. Il enlève et rajoute à sa pensée. Ce qu'il écrit enfin ne correspond à aucune idée réelle. C'est plus riche et moins riche. Plus long et plus bref. Plus clair et plus obscur. C'est pourquoi celui qui veut reconstituer un auteur à partir de son oeuvre se construit nécessairement un personnage imaginaire".
Personnellement, je ne pense pas que ce qu'on peut écrire ne corresponde à "aucune idée réelle" parce qu'il y a forcément une correspondance, que ce soit en inversé ou en direct. Mais ce que je veux dire c'est que l'univers que tu as pu percevoir dans le recueil de poulix ne suffira jamais à refléter son univers. Parce qu'au sein de chaque texte, il y a sélection de ce qu'on veut dire et de ce qu'on veut garder pour soi. Et qu'au sein, d'un recueil, la quête de l'unité qui s'impose pousse à négliger certains textes. Il y a toujours sélection et notamment parce que l'auteur sait qu'il sera lu et qu'il ne veut pas forcément que tout son univers soit lisible. Du moins pas par tout le monde et pas au même moment.
Par exemple, est-ce que le lecteur de dialogue avec l'orage (ndP : le recueil en question) t'as laissé devener ce qui se trouve dans le texte fureur immaculée (http://hostile-au-style.fr/textes/fureur-immaculee/). Est-ce que tu crois que ceux qui fréquentent l'auteur tous les jours n'auraient pas un peu peur en lisant ce texte, ne se poseraient pas des questions sur la santé mentale de l'intéressée (pose la question à mes parents ^^).
Tout ça pour dire que si un univers est perceptible, il ne se laisse pas si aisément saisir.


Sinon, je suis d'accord avec toi sur les poètes et artistes de tout temps qui ont disparu de nos mémoires pour de simples (et bêtes mais c'est la vie) questions matérielles. Ou pour une incompréhension de l'époque (aaaah le mythe du poète maudit et incompris, notre romantisme se régale ! )

Pour ce qui est de la question de te dissert, elle est en effet passionnante parce qu'elle revient un peu à poser la question "qu'est ce que l'Art ? ?"

Je dirais tout bêtement que ;
1)Oui, c'est un produit comme les autres dans le sens où elle est issue d'un processus de production. Réflexion, création, éventuelles modifications, diffusion, réception
2)mais si elle est bien un produit, elle n'est pas forcément "comme les autres" dans le sens où les produits auxquels nous sommes généralement confrontés sont faits pour être consommés. Ce n'est pas le cas de l'oeuvre d'art (cependant, dans ma conception de l'Art qui reste quelque chose de personnel à chacun ^^). C'est cette fameuse "gratuité" de l'oeuvre. Et on en revient à l'offre et à la demande. Disons que l'art est un domaine (à partir du moment où on n'en fait pas son métier) où il y aura toujours offre même s'il n'y pas demande. Si personne ne veut lire mes poèmes... tant pis, je les écrirai tout de même. Sans retours, je perds la richesse du partage mais je conserve la satisfaction du moment de la création.


P.S : il faudrait que je regarde inglorious Basterds un jour ^^