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Arbre

Le Temps des Rêves

Avatar de naniquolas naniquolas Mode Lecture - Citer - 29/08/2011 14:57:09

Dix milles soldats au moins dans cette immense armée. Bataillons innombrables dans un ordre parfait, ils sont l'image même de la discipline, évoluant en manœuvres coordonnées sans aucune faille dans la muraille impénétrable de leur ensemble sublime. Dans leurs yeux, une résolution dure. Ils sont plus que déterminés. Épaules droites, visages fixes dans l'expression de leur haine, les chiffres en ce jour sont venus en nombre. Les premiers, garde personnelle du général Ératosthène, parcourent les rangs et veillent à l'unité des troupes. Des facteurs vont et viennent pour faire circuler les informations. Les lignes courbes font le gros dos tandis qu'en parallèle les segments se mettent en formation.
En première ligne, des milliers de chiffres sont rassemblés, prêts quoi qu'il advienne à tenir leurs positions. Les signes assurent la deuxième ligne. Derrière, des vecteurs renâclent, redoutable cavalerie dont chaque cri semble provenir de toutes les directions à la fois. Les cercles se blindent en laissant les droites s'enrouler autour d'eux. Seule une fraction de mathématiciens, montés sur leur théorème, restent en retrait pour superviser les opérations.
Une impressionnante aura de puissance émane de cette armée, au sommet de sa gloire, venant détruire les lettres responsables de tous les mots. Ce combat sera déterminant pour l'avenir de l'espèce numérique tout entière.

A l'autre bout de la plaine, une autre armée s'assemble. Tous les mots, toutes les lettres, tous les adjectifs, les pronoms, les suffixes, les préfixes, les prétextes, les contextes, et les verbes, irréguliers compris, les vieux mots oubliés comme les néologismes, la ponctuation au complet, les minuscules et les majuscules, tous se réunissent ici en une accumulation sans fin qui masque l'horizon. Les tirades sont prêtes à tirer. A leurs pieds, une réserve immense de projectiles ; points bien ronds, virgules acérées, accents aigus, tout y est. Le régiment des noms communs, juste derrière, déclament en chœur des poèmes épiques tout en aiguisant les plumes de leurs points d'exclamations. Leur chant pénétrant s'accompagne du son des boucliers qu'on martèle, en brandissant bien haut le blason des ancêtres.
Et cette mélodie, conjuguée au caractère unique de ce jour de bataille, grave sur les visages la volonté farouche d'emporter la victoire. La monture aux douze pieds du général Alexandrin s'impatiente, tandis que derrière les allitérations grondent et grattent le sol rêche de leurs griffes. Seuls quelques mots, passant entre les lignes, hésitent encore quant au groupe à rejoindre, mais après que le participe est passé tous se rangent docilement.
Enfin les fiers adjectifs, hétérogènes mais unis dans cette nature contraignante, s'avancent la tête haute, vaillamment secondés par les adverbes lourdement armés. La silhouette élégante des verbes survole cette assemblée, se posant parfois pour y mettre un peu d'action et chasser la peur naissante.

Le signal retentit, l'asyndète sonne la charge. C'est une myriade de lettres qui se mettent alors en marche, imprimant sur le sol l'empreinte de leurs pas. Qui manuscrite et calligraphiée, qui italique et dactylographiée, toutes rugissent à l'unisson, crépitantes consonnes, voyelles hurlant à pleins poumons. Cette infanterie sauvage enfonce brutalement la première ligne des chiffres, déconcertée par la violence du choc. Les soldats de l'alphabet se battent comme des enragés et les chiffres tombent un par un. Les courbes s'emmêlent, se distordent, luttent sans relâche, mais si quelques minuscules trépassent sous les coups répétés, sous les mouvements précis et meurtriers de leurs adversaires, les majuscules, elles, font des ravages. Leur taille, leurs lignes si parfaitement droites qu'elles feraient rougir une affine, leur force brute et sonore, leur donnent l'avantage : le O écrase le zéro, le I triomphe du 1, ces géantes découpent et massacrent sans pitié. Dès lors, les chiffres raisonnent : isolés, impossible de vaincre. Les opérations viennent donc en renfort,et multiplient par ci, additionnent par là, soustraient au dernier moment un nombre au tranchant d'un H, empilent les chiffres les uns sur les autres jusqu'à surpasser, en nombre et en taille, l'infanterie lettrée. Et tous ces nombres bien rangés s'ébranlent, puissamment, et petit à petit regagnent du terrain, balayent les majuscules et déciment leurs rangs. Ces dernières se jettent dans la bataille avec l'énergie du désespoir, mais pour chaque mort qu'elles font, deux vivants se lèvent. Les chiffres reprennent le dessus, l'asyndète sonne la retraite. On charge les tirades, on tire, et c'est alors un véritable déluge qui s'abat sur l'adversaire. Les nombres tombent l'un après l'autre, transpercés de toutes parts par des points d'exclamations, empoisonnés par de meurtrières pointes d'ironie. Des stichomythies éclatent au dessus de leur tête, des onomatopées les assourdissent, les nombres ne comptent plus leurs morts. Mais soudain, l'artillerie se tait. Un premier détachement de noms communs s'avancent, féroces. Mort, honte, peur, victoire, massacre. Il ne reste plus rien de la glorieuse avancée des chiffres.
Le statu quo est rétabli, les deux armées s'observent en silence. Les nombres calculent, les mots pensent. On élabore des plans, on donne des ordres. La tension est tangible, l'attention ne se relâche pas. Chez les mots soudain, une idée jaillit, éclairant le ciel, inspirée et portée par une imagination qui s'emballe. De mots en mots et grâce aux signes de ponctuation, travailleurs acharnés qui courent sans cesse pour ne pas étouffer le message, l'idée se répand.

« Brisons-les, camarades, brisons leur organisation si chère, leurs rouages bien huilés ! Chacun de nous a un sens, que chacun l'utilise ! Un mot suffit pour vaincre : « victoire ! », un autre pour résister: « invincible ». Qu'ils opposent des millions au verbe annihiler, il n'en restera rien ! Que les moins propres au combat se métaphorisent ! Que chaque syllabe soit une arme, chaque virgule un coup porté, et en avant ! Ils ont la logique, mais ne savent que compter ! Quand sauront-ils raconter ? Jamais ! Aucun de nous ne leur appartient, mais nous possédons chacun d'entre eux ! Deux, dix, trente, cent, vingt millions ! Chaque nombre est un mot dont on a tué les lettres ! »
Et voilà l'idée qui tisse, assemble, structure cette anarchie de mots, les liant les uns aux autres par des filaments lumineux, la voici qui scinde l'armée gigantesque en de multiples paragraphes. Voici que les virgules s'y mettent, et les points de tous horizons, chacun trouve sa place. C'est un texte qui nait, c'est la plus grande fourmilière du monde en action. Petit à petit se dessine un réquisitoire puissant, un pamphlet assassin et lourd de vérité. Promesse de mort.

Les mathématiques voient bien qu'il sont sous-estimé l'ennemi. Après un bref calcul de la puissance nécessaire pour en venir à bout, le résultat est clair : l'infini. Leur limite. Dans un combat de front, ils sont perdus. Ils auront beau augmenter leur taille, leur nombre, se mettre en exposant, il leur manque quelque chose pour vaincre. Il leur faudrait s'unir en chaîne, adopter une stratégie symétrique de celle de l'ennemi. Mais les égalités ont beau être vérifiables, elles sont incapables de changer les choses. Il leur faut de nouveaux outils. Un noyau de réflexion apparaît au centre de l'armée. Un tourbillon de chiffres qui se croisent, se séparent, se heurtent, se recombinent. Une tornade de propriétés et de théorèmes qui se bousculent, qui se pressent et se déploient. Une explosion de réciproques, de solutions nouvelles données de nouveaux problèmes. Tout s'accélère. Soudain, les vents calculatoires perdent en puissance, décroissent peu à peu. Les chiffres retombent au sol, un peu chamboulés.
Le voile se lève progressivement et laisse entrevoir un concept splendide, une merveille de simplicité et d'efficacité. Aussitôt, les vecteurs organisent les déplacements, les chiffres adoptent une formation défensive à l'arrière, sauf quelques uns des plus courageux. Ceux-là avancent en première ligne, au milieu de milliers de signes qui se tiennent prêts. Détermination absolue.

Les mots bouillonnent, exaltés par ce texte enflammé, par cette union qui donne un rôle à tous, par ces sonorités qui se bousculent, ces sens qui se complètent. Sorti des entrailles de chacun, un cri de guerre puissant, énorme, intense ; jaillissant du cœur de tous, un rugissement rauque et assourdissant . Les nombres ont beau connaître la force de la vibration, ils n'en tremblent pas moins lorsque l'onde de choc, dense et furieuse, les percute. On ordonne de garder les rangs. Le pamphlet géant se comprime, se tasse, se densifie, à la manière d'un ressort gigantesque. Les arguments se serrent les uns contre les autres. Tout se fige. Puis, d'une formidable détente, en un claquement sec de tonnerre au dessus de la plaine, comme un tigre sautant sur sa proie, le texte prend son envol. Un saut puissant qui les amène jusqu'au dessus de leur ennemi, un merveilleux alliage de force et de légèreté. Une grâce sous tension. Et ces milliards de lettres se jettent sur l'étendue de nombres. L'atterrissage est souple, et d'une incroyable violence.
Des nombres se trouvent soudain brisés par la puissance des mots, des phrases qui se compriment, capturant les chiffres entre leurs lettres, les faisant imploser sous la pression énorme. Des paragraphes entiers s'attaquent aux nombres premiers, décimant la garde personnelle d'Eratosthène. Et partout, ce n'est qu'explosions littéraires, chiffres piégés, nombres qui craquent, égalités mutilées. La puissance si absolue, si inébranlable des nombres semble au bord de la rupture. Des paradoxes éclatent leur logique, sans pitié, piétinant jusqu'aux bases de leur existence.
Mais le concept se ressaisit. Les signes disposés en première ligne convergent vers le centre du combat. Les moins se font passer pour des tirets, les multipliés pour des x, les plus et les barres de fractions à l'inverse ont quelques difficultés, mais soustraction et multiplication suffisent à les recréer. Alors que le nombre des chiffres captifs devient critique, les opérations reprennent pour l'armée numérique, à qui le concept révolutionnaire offre un nouvel univers : milliers de petites fourmis meurtrières, les signes décomposent les mots, attrapent leurs lettres et les intègrent à ce qu'ils appelleront désormais « équations ». C'est une piètre consolation pour les mots que de recevoir ce nouveau-venu dans leurs rangs tandis que les équations en question creusent un large et droit sillon, ouvrant le ventre du texte qui faisait la fierté de la littérature.
Le pamphlet blessé rugit alors et se rétracte craintivement, et tandis qu'il balaye l'armée des nombres de derniers coups dévastateurs, chacun lui coûte cher, car les signes se sont multipliés et le grignotent de toutes parts. De plus, le système des équations commence à se résoudre et il en résulte qu'en une fraction de seconde des centaines de lettres se retrouvent métamorphosées en leur résultat numérique. Pris de peur, le félin meurtri feule. Coups de pattes rageurs, phrases qui claquent, fouets de mots, il arrache à leur ensemble les nombres qu'il attrape, et les avale, et les recrache après digestion orthographique.
S'ensuit un moment de brève confusion. Plus rien n'est stable, tout oscille entre littérature et numération. Ainsi du côté des chiffres on peut lire x=10, et un x devient 10 du côté des lettres. Aussitôt l'orthographe s'en empare et le transforme en dix. Mais on l'a dit, x=10. Ici un nombre s'orthographie, ici une lettre est numérisée, ici un mot explose, ici un vecteur est littéralement pulvérisé. Les armées gonflent et bouillonnent, chacune devient dramatiquement multiple dans ses formes et dans sa nature, tout se désintègre et le combat se fait chaotique.
Mais les généraux veillent et, voyant que la lutte est sans issue, ils ordonnent un cessez-le-feu. Chacun regagne son camp, chacun ravale sa rage et sa déception : on leur avait promis une guerre courte. Les chiffres se rassemblent, les mots s'apaisent et retrouvent leur sens. Nombres et phrases, tous sont bouleversés de se découvrir cette double nature. Ils se sentent sales rien que de penser que parfois, chiffres=lettres. Les mots se raccrochent à leur signification, les chiffres à leur exactitude. Silence de mort sur la plaine. Trois point sont alignés.
Erathostène opère une courte translation vers les camp ennemi. Alexandrin descend de sa monture dodécapode, et adopte une attitude symétrique. Pas à pas, ils parviennent au centre du champ de bataille. Ils conviennent tous deux de la gravité de la situation. Le conflit, qui s'avère plus complexe que prévu, doit au plus vite parvenir à son terme. Dans l'esprit des deux généraux se présente l'idée séduisante de la paix. Ex aequo. Egalité. Mais l'orgueil pèse dans l'équation plus qu'on ne saurait croire.
Alexandrin parle d'une vieille histoire en latin. Il pense avec regret qu'elle fut écrite en hexamètres. 3 contre 3, nombres premiers en symétrique, cela convient aux nombres. L'accord est conclu. Alexandrin retourne voir ses troupes, Erathostène effectue la translation inverse. Et les champions sont désignés.
Côté nombres, la division des géomètres envoie un triangle équilatéral. La division des algébristes désignent la fonction exponentielle. Toujours plus fort, toujours plus vite, telle est la devise de ce redoutable combattant. Enfin, la racine carrée s'avance. Elle est vide, elle a faim. Elle salive d'avance en repérant tout ce gibier inconnu qui la défie, là bas. La masse mathématique se fige, elle est sûre d'elle. Elle a déjà calculé le rapport de force, elle sait que tout est déjà terminé.
Les mots choisissent des mots qui en contiennent d'autres. Des mots qui disent comment les mots s'assemblent, des mots avec lesquels on fabrique les meilleurs textes. Il n'en faut que trois. Trois figures de style. L'harmonie dissonante de l'oxymore, la passerelle magique de la métaphore. Reste un dernier champion à élire. Les chiffres ont tellement besoin de logique et d'évidences, ils combattront l'asyndète. Tout le langage hurle pour les soutenir, la foule de mots se soulève et redescend au gré des envolées lyriques.
Les trois figures de style s'avancent au devant de l'ennemi, marchant sans peur. Le tambour de leurs pas bat avec celui des boucliers.
Les tambours se taisent. Un silence assourdissant tombe sur le champ de bataille. Les chiffres sont forts, les lettres sont belles. Calligraphie anglaise, traits tracés à la règle. Voilà six combattants, au centre de la plaine, au centre des regards, 3 pour la nation des nombres, trois pour le pays de mots, portant sur leurs épaules l'espoir de tout un peuple.

Pendant un instant, long et pénible, chacun reste figé. Frémissants, s'observant, les champions se tendent, se ramassent. Une virgule tombe dans le coma. Le triangle équilatéral donne l'assaut. Sifflant, tranchant, précis, il se rue sur l'asyndète. Elle accuse le coup. Le triangle frappe, vif, de tous côtés, sans lui laisser de répit, elle sent son tranchant infiniment fin tenter de la lacérer, mais en vain. La figure parfaite a beau s'escrimer, envisager le problème sous tous les angles, elle ne parvient pas à briser ce lien étrange qui unit les lettres entre elles, elle ne parvient pas à vaincre cette force inconnue. Au tour de l'asyndète d'attaquer. Experte en liens logiques, elle sait que si dans une phrase on peut le sous-entendre, ce n'est pas le cas pour celui qui unit les trois côtés. Elle se saisit d'un angle, et l'arrache. Ligne brisée. Aussitôt le triangle tente de se reformer, mais son deuxième angle est déjà mort et un segment se retrouve isolé. Impitoyable, l'asyndète s'attaque à la dernière pointe et la déchire. Le triangle a voulu la détruire, le voilà anéanti. Elle contemple les trois cadavres de son ennemi. Elle craque de partout, elle est en vie.
A côté d'elle, la métaphore est aux prises avec la fonction exponentielle. Cette dernière se dresse, toujours plus forte, toujours plus haute, de toute sa courbe, fouet puissant et redoutable. Pourtant la métaphore est aveugle à cette beauté. Elle a tout de suite vu les lettres en l'autre. ex ...ex ... ce « x » qui vole, toujours plus haut, toujours plus loin, tenu en laisse par son « e ». « x » cerf-volant magistral qui s'élève sans cesse, suivant la courbe que lui impose son maître. Les cerf-volant arrivent un jour au bout de leur fil. ex ...ex ... exilé, exténué, le fil se tend à l'extrême. Toujours plus haut, toujours plus fort, toujours plus dangereusement. Mais ce n'est qu'un cerf-volant. Explosion, le fil se rompt, tombe la fonction, extinction.
La racine carrée, combattant l'oxymore, assiste avec stupeur à la chute du géant. Dernière représentante des mathématiques, elle tressaille et se gonfle, folle de rage, elle englobe ses trois ennemis à la fois, elle les fait prisonniers. Les comprime, les opprime. L'asyndète se craquèle, la métaphore rétrécit à vue d'oeil. L'oxymore quant à elle résiste nonchalamment. Soumission rebelle, elle se contente de renvoyer à la racine carrée la même pression qu'elle exerce sur elle, sans faire le moindre mouvement. La métaphore implose, l'asyndète se décompose. Restent l'oxymore et la racine carrée, effrayant duel entre les deux armées.
La racine carrée rugit, se resserre, digère, tente de réduire son adversaire comme elle a réduit toutes les proies qu'elle a tenu entre ses mâchoires. Mais celle-ci résiste. La fonction raffermit sa prise. La proie se débat. Mais les lois mathématiques sont claires : une fois sous la racine, on en ressort transformé ou on en ressort pas. La racine se détend. Elle reprend confiance. C'est ce moment que choisit l'oxymore pour frapper. Douce violence, charmant massacre, les ennemis enlacés brillent sombrement dans ce chaos figé qui se crée autour d'eux. La racine est désorientée mais ne se relâche pas, l'oxymore petit à petit se faille, mais ces défauts la rendent plus parfaite encore.
La pression monte, grimpe encore, la racine comprime et l'oxymore s'exprime, les lignes se fondent et s'opposent, puis tout explose. L'onde de choc s'étend, sinistre, et les derniers héros s'effondrent. La racine désossée et le procédé de style gisent côte-à-côte, occis, morts.
Dès lors, les généraux perdent le contrôle. Folles de douleur et d'impuissance, les deux armées s'élancent. Chocs épars, morts de toutes parts, chiffres et lettres éparpillés. Une mêlée de désespoir, volonté d'en découdre coûte que coûte, chaotique combat, meurtrier, mais jamais assez. Et tous se ruent vers l'ennemi, les cadavres s'entassent, si bien qu'à la fin on ne voit plus qu'un tas de signes embrassés ; les dérivés envahissent les champs lexicaux, les inconnues se mêlent à l'alphabet, les arguments ne savent plus de quel côté ils sont, et l'on ne peut plus distinguer les fonctions grammaticales de celles mathématiques, les racines carrées des grecques, les paraboles des histoires bibliques, les lettres et les chiffres, l'inverse du contraire.

Avatar de Zinzolin Zinzolin Mode Lecture - Citer - 29/08/2011 18:57:37

Youhou ! Elle est sur le forum... Y'a plus qu'à attendre le débat (houleux ou pas) que ça va déclencher...
En tout cas, même si c'est déjà fait, je te renouvelle publiquement mes félicitations pour avoir relevé un tel défi avec tant de verve et de panache^^.

Avatar de naniquolas naniquolas Mode Lecture - Citer - 29/08/2011 21:44:46

rôô les joulis compliments... J'en ronronnerais, pour un peu...
Mais je dois avouer que je ne suis pas peu fier de ce texte, que j'ai quand même mis un an à terminer, avec mon fichu rythme d'escargot.

Avatar de Wensaïlie Wensaïlie Mode Lecture - Citer - 09/09/2011 21:17:13

"mais après que le participe est passé tous se rangent docilement."
j'aurais dit que le participe soit passé

"H, empilent les chiffres les uns sur les autres jusqu'à surpasser, en nombre et en taille, l'infanterie lettrée."
joli jeu de mot ...

fautes de frappe:"de sdeux généraux " et "Elle est vide, elle a faim. Elle salive d'avance en repérant tout ce gibier inconnu qui la défie, là-bas. "

Avatar de Wensaïlie Wensaïlie Mode Lecture - Citer - 09/09/2011 21:30:26

"Voilà six combattants, au centre de la plaine, au centre des regards, 3 pour la nation des nombres, trois pour le pays de mots. Vaincre ces trois là, c'est vaincre toute l'armée."

C'est dommage le "vaincre c'est trois là c'est vaincre toute l'armée" parce qu'on dirait que tu prends position pour l'armée des nombres alors que jusqu'à présent tu étais neutre...

Avatar de Wensaïlie Wensaïlie Mode Lecture - Citer - 09/09/2011 21:32:26

(je dit comme ça sort)
je suis heureuse de lire enfin cela!!

J'aime beaucoup l'imagination (néologisme de la création d'image- ah mais il y a un mot pour ça, qui vient de me revenir - 5min plus tard- concrétisation) que tu fais des métaphores notamment l'envolée lyrique.

Et certains jeux de mots sont croustillants: "Une virgule tombe dans le coma."

Je n'ai pas beaucoup aimé le coup du cerf volant exponentiel, pourquoi la métaphore plus qu'une autre pourrait le battre?

Parfois quelques répétitions m'ont gêné


J'aime beaucoup la conclusion. Et j'apprécie énormément tout court Grand Sourire
Félicitation! Il fallait vraiment trouver toutes ses idées !!!

Avatar de naniquolas naniquolas Mode Lecture - Citer - 09/09/2011 23:51:47

"mais après que le participe SOIT passé" est justement une erreur de langage, très courante certes mais non moins grave^^. On n'utilise pas le subjonctif après "après que" parce que le subjonctif désigne quelque chose d’hypothétique alors que là ça s'est déja passé donc on en est sûr.
"vaincre ces trois là, c'est vaincre toute l'armée" : quand je dis "ces trois là", est-ce que je parle de "3 pour la nation des nombres" ou de "trois pour le pays des mots ?" des deux ? Donc je ne prends pas parti.

Quant au cerf-volant exponentiel, je dois avouer que c'est le combat qui m'a donné le plus de fil à retordre. La métaphore se retrouve à se battre contre l'exponentiel, mais peut-être qu'elle aurait pu être vaincue par un autre champion... Pour ma part je pense qu'elle était tout de même très appropriée pour triompher, parce que la métaphore à l'art de transformer les choses au lieu de les affronter, de les contredire, et le seul moyen de battre quelque chose de si puissant, si rapide, si croissant, que la fonction exponentielle, de triompher d'une telle énergie, c'est de l'utiliser et de la transformer plutôt que de s'y opposer. La fonction exponentielle m'est d'abord apparue comme imbattable, car de toute façon même transformée en cerf-volant elle peut continuer à augmenter indéfiniment et infiniment, c'est mathématique. Mais justement, la métaphore à fait passer la fonction dans une autre sorte de logique, elle a transposé sa propre logique, elle a changé les règles en changeant de regard, elle l'a rendue vulnérable. C'est un peu compliqué, mais c'est très clair dans ma tête^^.

Et merci d 'avoir pris le temps de le lire et de ces critiques constructives (tiens je viens de voir une répétition "pêle-mêle, chiffres et lettres s'emmêlent (ça c'était fait exprès). Un mêlée de désespoir (ah là, non, c'était pas fait exprès, j'ai changé. Dommage, j'aimais bien la première phrase.)"

Avatar de Wensaïlie Wensaïlie Mode Lecture - Citer - 10/09/2011 09:49:03

Et bien justement, tu dis vaincre "ces trois là" et pas "ces 3 là". Donc on a l'impression que tu parles, un peu comme un discours indirect d'un général de l'armée des nombres. "Vaincre ces trois champions (là)" dépersonifie les "trois là" par exemple.

Le plus de fil à retorde... ne dit pas que tu l'as pas fait exprès...


Moui mais je trouve ça un peu étrange quand même ^^


Dans le genre il y a aussi "Le félin [...] feule"

Avatar de Zinzolin Zinzolin Mode Lecture - Citer - 10/09/2011 09:55:22

Effectivement... cela doit être l'ambiance du texte qui lui fait venir les jeux de mots tous seuls.
Je suis d'accord avec Wen pour les champions. Cela ne m'avait pas frappé à première lecture mais c'est vrai que si tu veux conserver ton souci de précision et de perfectionnisme là-dessus, un changement s'impose, à mon avis (vengeance^^ non, mais pour de vrai).

Et sinon, cette règle de grammaire a beau être oubliée de la moitié de la population, elle existe bel et bien.

Avatar de Wensaïlie Wensaïlie Mode Lecture - Citer - 10/09/2011 10:58:27

Je m'incline pour la règle de grammaire (ça c'est certain!)

Je suis contente de voir quelqu'un de mon avis! Allez champion, au boulot!

Avatar de naniquolas naniquolas Mode Lecture - Citer - 10/09/2011 15:52:02

Là seule chose que je veux bien faire, c'est changer "3 pour la nation des nombres" en "trois pour la nation des nombres". Vaincre c'est trois là, c'est vaincre toute l'armée, c'est parfaitement objectif, ce n'est qu'une description des règles du duel, de l'enjeu de la chose. Et "ces trois là" c'est les trois champions des lettres mais aussi les trois champions des nombres. (obstination profonde)

Avatar de Wensaïlie Wensaïlie Mode Lecture - Citer - 10/09/2011 17:20:27

Si tu écris trois partout alors ça marche, mais c'était mieux en disant "ces 3 ... et les trois..."

Avatar de Zinzolin Zinzolin Mode Lecture - Citer - 10/09/2011 18:03:49

Oui, ce serait dommage de supprimer cet effet de style...

Avatar de Wensaïlie Wensaïlie Mode Lecture - Citer - 10/09/2011 18:51:04

(merci de ton appui Zinzo)

Dé-têtue-toi!

Avatar de naniquolas naniquolas Mode Lecture - Citer - 10/09/2011 23:47:52

Sauf si vous avez une idée géniale, je choisis pourtant de supprimer ce splendide effet de style, mes amis faites une meilleure proposition ou bien le deuil du 3.