Vous devez être connecté pour participer aux conversations !
Arbre

Le Temps des Rêves

Avatar de MKL MKL Mode Lecture - Citer - 02/09/2018 16:22:22

Je m’en souviens comme si c’était hier.
Je m’en souviens car c’est là que tout a changé.
Ce n’était pour moi qu’une légende, un mythe
Mais je n’avais rien à perdre. Comme d’autres.
Je n’avais pas plus rien à perdre
Car il aurait fallu avoir quelque chose.

Comme d’autres j’ai tenté. J’ai été tenté.
Je suis allé à la croisée des chemins
Où se tient la vieille auberge sans âge
Avec sous le bras la boite et son butin.
La lune souriait comme un chat
Au ras de l’horizon, illuminant les blés.

Là, au milieu de nulle part, j’ai creusé
La route en terre parsemée de cailloux
En plein milieu de la croisée des chemins.
J’ai creusé un trou, pas très grand
Pour ma petite boite, pas très grande
Comme le conte demande de le faire.

Dans ce coffret plus que bon marché
Se trouvait la seule photo que j’avais de moi,
Des os de chat noir, un peu de terre consacrée,
Une pièce de monnaie pour racheter la facture
De la vieille cassette rouillée trouvée dans un fossé.
Une fois enterrée, j’ai repensé à Johnson, Tommy ou Robert.

C’est alors qu’il est apparu ou plutôt elle.
Sans un bruit, sans un flash.
Le démon dans le corps dans cette femme,
Une femme sublime,
M’a demandé ce que je voulais, ce que je désirais.
Je voulais tout. J’ai dû choisir.

Je voulais pouvoir jouer de tous les instruments
Je voulais parler toutes les langues pour voyager
Je voulais savoir écrire pour charmer les dames
Je voulais savoir chanter pour apaiser les âmes
Je voulais ne plus avoir peur pour être libre
Je voulais que la chance me sourît enfin

Son rire me déconcerta :
Un rire franc, sincère.
« Une vie ne suffirait pas
Pour que je t’accorde tout cela. »
« Peut-on appeler une vie
Celle que je mène jusqu’aujourd’hui ? »
Les yeux de la femme virèrent au rouge.
Son corps ondula en se rapprochant.
« Je t’aime bien, j’accepte, mais
Dans vingt étés je ne prendrai pas que ton âme
Je prendrai également celle de ta prochaine vie. »
J’ai opiné du chef et elle m’embrassa.

Le pacte était scellé.

Il a été scellé il y a vingt ans.
J’ai eu une vie merveilleuse.
Une vraie vie.
La peur est de retour.
Le bois de la maison craque.
J’entends des grondements.

Ils se rapprochent.
C’est aujourd’hui la fin,
Je pensais la revoir.
Ce sont ses chiens qui viennent.
Je suis le seul à les entendre.
Ma femme et mes enfants dorment.
Ils dorment du sommeil du juste.

Je les aime tant.
Je savais que ça finirait
Mais pas ainsi.
Son baiser me brûle,
M’engourdit encore les lèvres.
Vingt années fabuleuses
Qui s’envolent en fumée,
L’épaisse fumée des enfers.

Mickaël Landès
Le 02/09/18

Licence Creative Commons

Avatar de naniquolas naniquolas Mode Lecture - Citer - 04/09/2018 09:41:27

Hoho ! Jolie histoire, j'ai presque eu l'impression de lire une nouvelle ! En tout cas je n'ai pas décroché.

Quelques commentaires :

Je m’en souviens comme si c’était hier.
Je m’en souviens car c’est là que tout a changé.
Ce n’était pour moi qu’une légende, un mythe
Mais je n’avais rien à perdre. Comme d’autres.
Je n’avais pas plus rien à perdre
Car il aurait fallu avoir quelque chose.
--> trop répétitif par rapport à ce qu'il y a au dessus ? On avait déjà deviné.
Comme d’autres j’ai tenté. J’ai été tenté. --> peut-être faudrait-il choisir entre les deux ?
Je suis allé à la croisée des chemins
Où se tient la vieille auberge sans âge
Avec sous le bras la boite et son butin. --> un peu étrange mais pourquoi pas
La lune souriait comme un chat
Au ras de l’horizon, illuminant les blés.
--> j'adore

Là, au milieu de nulle part, j’ai creusé
La route en terre parsemée de cailloux
En plein milieu de la croisée des chemins.
J’ai creusé un trou, pas très grand
Pour ma petite boite, pas très grande
Comme le conte demande de le faire.

Dans ce coffret plus que bon marché --> inutile ?
Se trouvait la seule photo que j’avais de moi,
Des os de chat noir, un peu de terre consacrée,
Une pièce de monnaie pour racheter la facture --> un peu étrange
De la vieille cassette rouillée trouvée dans un fossé.
Une fois enterrée, j’ai repensé à Johnson, Tommy ou Robert. --> pas compris mais c'est pas grave

C’est alors qu’il est apparu ou plutôt elle.
Sans un bruit, sans un flash.
Le démon dans le corps dans cette femme,
Une femme sublime,
M’a demandé ce que je voulais, ce que je désirais. --> pourquoi ne pas choisir entre vouloir et désirer ?
Je voulais tout. J’ai dû choisir.

Je voulais pouvoir jouer de tous les instruments
Je voulais parler toutes les langues pour voyager --> supprimable ?
Je voulais savoir écrire pour charmer les dames
Je voulais savoir chanter pour apaiser les âmes
Je voulais ne plus avoir peur pour être libre
Je voulais que la chance me sourît enfin

Son rire me déconcerta :
Un rire franc, sincère --> franc et sincère ça se répète un peu, mais pourquoi pas.
« Une vie ne suffirait pas
Pour que je t’accorde tout cela. »
« Peut-on appeler une vie
Celle que je mène jusqu’aujourd’hui ? »
Les yeux de la femme virèrent au rouge.
Son corps ondula en se rapprochant.
« Je t’aime bien, j’accepte, mais
Dans vingt étés je ne prendrai pas que ton âme
Je prendrai également celle de ta prochaine vie. »
--> Synthétisable ? "dans vingt étés je prendrais ton âme... et celle de ta prochaine vie." ?
J’ai opiné du chef --> on aurait attendu un passé simple et elle m’embrassa.

Le pacte était scellé.

Il a été scellé il y a vingt ans.
J’ai eu une vie merveilleuse.
Une vraie vie.
La peur est de retour.
Le bois de la maison craque.
J’entends des grondements.

Ils se rapprochent.
C’est aujourd’hui la fin,
Je pensais la revoir.
Ce sont ses chiens qui viennent.
Je suis le seul à les entendre.
Ma femme et mes enfants dorment.
Ils dorment du sommeil du juste.

Je les aime tant.
Je savais que ça finirait
Mais pas ainsi. --> il s'attendait à quoi ?
Son baiser me brûle,
M’engourdit encore --> à nouveau, plutôt ? les lèvres.
Vingt années fabuleuses
Qui s’envolent en fumée,
L’épaisse fumée des enfers.
--> je suis pas fan de cette chute dite comme ça. Surtout "vingt années fabuleuses" qui me laisse dubitatif (je ne ressens pas vraiment la fabulosité)

Avatar de MKL MKL Mode Lecture - Citer - 06/09/2018 08:55:35

Merci pour ce retour Nani. Pour les Thomson, il s'agit de guitaristes qui auraient vendu leurs âmes au diable pour savoir jouer de la guitare.

Avatar de MKL MKL Mode Lecture - Citer - 06/09/2018 19:35:28

Et en inversant? FlècheComme d’autres j’ai été tenté. J’ai tenté.
"Dans ce coffret plus que bon marché" je voulais contraster coffret qui classe car dans ma tête c'est une vieille boite en fer.
ce que je voulais, ce que je désirais. --> pourquoi ne pas choisir entre vouloir et désirer ? Flèche j'entends ici le démon qui tente en enchainant ces deux verbes
pour voyager --> supprimable ? Flèche oui je pense
Dans vingt étés je ne prendrai pas que ton âme
Je prendrai également celle de ta prochaine vie. » --> Synthétisable ? "dans vingt étés je prendrais ton âme... et celle de ta prochaine vie." ?
J’ai opiné du chef --> on aurait attendu un passé simple et elle m’embrassa.
tu as mis le doigt sur un passage qui m'a gêné à l'écriture
Mais pas ainsi. --> il s'attendait à quoi ? Flèche je pensais que chaque lecteur se ferait son image, sa façon
M’engourdit encore --> à nouveau, plutôt ? les lèvres. Flèche c'est le baiser d'il y a vingt ans qui est toujours là
Vingt années fabuleuses
Qui s’envolent en fumée,
L’épaisse fumée des enfers. --> je suis pas fan de cette chute dite comme ça. Surtout "vingt années fabuleuses" qui me laisse dubitatif (je ne ressens pas vraiment la fabulosité) Flèche je reconnais que je nevoyais pas comment finir mon texte ^^

Avatar de naniquolas naniquolas Mode Lecture - Citer - 07/09/2018 09:38:06

En inversant ça passe mieux je trouve.
Pour le coffret, pourquoi pas "dans cette vieille boîte rouillée ?" (bon, y'a répétition de boîte, mais au pire ce n'est pas très grave, on peut considérer ça plutôt comme un écho)

Pour la fin, ça pourrait se terminer sur le souvenir brûlant du baiser et sa déception de ne même pas avoir de baiser final, mais c'est vrai que sans modifier la dernière strophe ce serait un peu abrupt.

Avatar de MKL MKL Mode Lecture - Citer - 09/10/2018 20:40:53

Après discussion en "live" avec Poulix, je vais compléter un peu le texte afin d'étoffer le passage du baiser.
J’opinai du chef et elle m’embrassa.


Je l'embrassai alors comme on embrasse son destin
Les yeux fermés à m'en vriller les paupières
Sans penser, sans arrières-pensées
C'était plus intense que tout ce que j'avais connu
Un cocktail de fièvre et de glaçons
Un baiser comme une rose aux pétales de velours
et aux épines remplies de poison
Un instant éternel tel qu'on en vit qu'une fois
Et c'est ainsi que c'était fait

Le pacte était scellé.


Alors?

Avatar de naniquolas naniquolas Mode Lecture - Citer - 29/11/2018 21:13:38

J'aime bien ! Niveau rythme je me demande si "et c'est ainsi que ça s'est fait" ne serait pas plus intéressant (yes, I'm late)

Avatar de MKL MKL Mode Lecture - Citer - 04/12/2018 22:06:41

Ce qui est drôle c'est lors de mes lectures je le dis comme tu l'écris

Avatar de Wensaïlie Wensaïlie Mode Lecture - Citer - 26/12/2018 19:45:53

J'ai beaucoup aimé ! C'est poétique (oui, mais pas que parce que c'est de la poésie ^^), et ça se lit tout seul. Malgré qu'il soit "physiquement" long, je n'ai pas eu l'impression que c'était long à lire (je ne sais pas si c'est très clair ^^').

Le passage où il dit tout ce qu'il veut m'a semblé un peu décalé par rapport au reste, moins "mature" que les autres strophes, ou un peu plus naïf/maladroit...

Ce que j'ai bien aimé surtout c'est qu'au début, j'imaginais des choses et au fil du poème je n'ai cessé d'être surprise et l'histoire a pris une direction à laquelle le début ne laissait pas présager je trouve !

Merci pour ce poème Petit Sourire

Avatar de Dahij Dahij Mode Lecture - Citer - 08/01/2019 19:50:24

Au début je me suis dit: bon ça va être long ! Mais non pas du tout. J'ai beaucoup aimé, tu racontes une histoire que tout le monde connaît et pourtant ... il y a du suspens, on attend la suite, la fin. Et tu prends le temps de créer de l'empathie chez le lecteur pour ton personnage. Bien qu'à la fin il est légitime qu'il paye ce qu'il doit... on trouve cela injuste. C'est un très beau poème