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Arbre

Le Temps des Rêves

Avatar de Brumepin Brumepin Mode Lecture - Citer - 22/07/2015 22:50:22

Je me suis assis sur le tabouret
Devant le piano de la maison.
J’ai caressé son bois
En me demandant s’il s’agissait
De merisier, d’ébène ou d’acacia.

J’ai appuyé sur une touche,
Puis une autre,
Et une autre encore.

Ca a coulé comme le flot d’un ruisseau
Dans le creux d’une vallée.
C’était sauvage et paisible.
Mieux qu’une fugue
Une échappée loisible.

J’ai oublié ces moments tristes,
Ceux où je me sentais si bête
Devant le tabouret du piano.

C’est parti comme la fureur d’une tempête
Contre le flanc d’une montagne.
C’était tendre et violent.
Au delà des hurlements du ciel,
Des joies douces et des rires chantants.

Mes mains ont arrêté de courir
Sur ce clavier sans couleur,
Tout de noir et de blanc.

Alors ravis, ils se sont levés
Dans un fabuleux cortège.
Au son des hourras, des bravo et des yip.
Et moi, tout penaud,
Je me suis excusé.

Je n’ai jamais appris à lire le solfège.

Avatar de Hedera Hedera Mode Lecture - Citer - 25/07/2015 11:56:16

J'apprécie beaucoup ce texte et sa "moralité" bien amenée qui me touche particulièrement. Ton expression est fluide et "coule" justement comme coule la mélodie dont parle ce texte. Cependant, une ou deux petites remarques :
- "rires chantant" = il me semble (je ne suis pas entièrement sûre de moi) que tu pourrais transformer le participe en adjectif et donc lui ajouter un S (à confirmer)
- "des bravos et des yip" : en toute bonne foi, je t'avoue que je trouve que la sonorité du mot "yip" casse un peu le rythme du vers ; les hourra et les bravo suffisent, je pense.
Sinon l'enchaînement des mots et l'intensité du texte sont bien maîtrisés : bravo, hourra et même yip !

Avatar de reutty reutty Mode Lecture - Citer - 25/07/2015 16:15:51

Bravo Brumepin pour ce texte Petit Sourire !
Eh oui que diable, on peut faire vibrer les gens au son de la musique sans avoir appris à lire les notes.
Et oui, ne pas avoir appris à les lire nous donne ce sentiment de honte mélangé à des excuses qu'on fait constamment au public, un peu, je trouve.

Avatar de poulix poulix Mode Lecture - Citer - 26/07/2015 19:48:19

Joli texte. J'aime beaucoup le sentiment qu'il véhicule et la fin est très bien menée. On te retrouve bien ici.
Quelques vers m'ont cependant semblé un peu maladroits. Les voici, les voilà.

"Une échappée loisible." --> je trouve ce vers et l'emploi du terme "loisible" un peu maladroits.
J’ai oublié ces moments tristes,
Ceux où je me sentais si bête
Devant le tabouret du piano.
--> very good ! Si tu savais comme ça me parle ^^

"C’est parti comme la fureur d’une tempête
Contre le flanc d’une montagne.
C’était tendre et violent.
Au delà des hurlements du ciel,
Des joies douces et des rires chantants."
--> je ne suis pas du tout convaincue par les deux derniers vers. Les hurlements du ciel me paraissent vus et revues. Les joies douces et les rires chantants me paraissent quant à eux un peu superflus.
Peut-être clore cette strophe en remplaçant ces deux vers par un seul vers qui reprendrait le "c'est" du vers précédent. Ca ferait un bon rythme, ça simplifierait et ça percuterait peut-être plus ?

Voilà pour mes remarques. A part les deux endroits relevés, j'aime vraiment bien l'idée de ce poème. Keep going !

Avatar de Brumepin Brumepin Mode Lecture - Citer - 01/08/2015 22:06:20

Et voici le texte retravaillé ^^

Je me suis assis sur le tabouret
Devant le piano de la maison.
J’ai caressé son bois
En me demandant s’il s’agissait
De merisier, d’ébène ou d’acacia.

J’ai appuyé sur une touche,
Puis une autre,
Et une autre encore.

Ca a coulé comme le flot d’un ruisseau
Dans le creux d’une vallée.
C’était sauvage et paisible.
Mieux qu’une fugue à la dérobée,
L'espoir vaporeux d'une échappée loisible

J’ai oublié ces moments tristes,
Ceux où je me sentais si bête
Devant le tabouret du piano.

C’est parti comme la fureur d’une tempête
Contre le flanc d’une montagne.
C’était tendre et violent,
Comme le cri d'un souffle frêle
La frénésie vive des silences languissants.

Mes mains ont arrêté de courir
Sur ce clavier sans couleur,
Tout de noir et de blanc.

Alors ravis, ils se sont levés
Dans un fabuleux cortège
Au son des hourras, des bravo et des yip.
Et moi, tout penaud,
Je me suis excusé.

Je n’ai jamais appris à lire le solfège.

Avatar de Faël Faël Mode Lecture - Citer - 16/09/2015 21:59:10

J'aime beaucoup les changements de rythme, entre les envolées, les retombées et les reprises...
Des oxymores toujours très travaillées et absolument délicieuses.

Par contre, pourquoi s'excuser ? Le musicien qui n'a pas appris le solfège est libre. Moi, j'en suis prisonnier, incapable de jouer sans partition...

Avatar de naniquolas naniquolas Mode Lecture - Citer - 26/09/2015 10:47:43

J'aime bien ce texte, je le trouve fluide et il y a de belles envolées lyriques sans en faire trop. Par contre je ne comprends pas trop la fin non plus...

@Faël : le solfège n'est pas une prison ! C'est même très utile pour l'improvisation...

Avatar de MKL MKL Mode Lecture - Citer - 04/10/2015 18:45:21

J'ai beaucoup aimé ce texte avec la même interrogation que les autres sur le dernier vers qui me semble superflu.
Petit bémol de compréhension: nous sommes dans une maison où un endroit empli de monde? Car la fin me laisse sur la deuxième solution alors que je m'étais tranquillement lové dans un intérieur.

Avatar de poulix poulix Mode Lecture - Citer - 05/10/2015 11:11:51

Héhé : je découvre la modification de ce texte
"L'espoir vaporeux d'une échappée loisible" --> désolée mais je crois que l'échappée loisible et moi ne nous entendons définitivement pas ^^

"C’est parti comme la fureur d’une tempête
Contre le flanc d’une montagne.
C’était tendre et violent,
Comme le cri d'un souffle frêle
La frénésie vive des silences languissants. "
--> j'aime bien le cri du souffle frêle. J'enlèverai le vers suivant pour ne pas trop entrer en rupture avec la simplicité instaurée.

Pour l'excuse du musicien qui n'a pas appris le solfège, personnellement, elle me parle. Non pas que je pense qu'il faille s'excuser. Mais parce que je sais que quand on n'est pas sûr de soi en impro, on a envie de s'excuser dès qu'on quitte le siège du piano ^^. Pour moi, ce dernier vers reflète une réalité, un sentiment, qu'on n'exprime pas si souvent et je trouve qu'il serait dommage de le passer sous silence.

Avatar de naniquolas naniquolas Mode Lecture - Citer - 05/10/2015 16:29:11

En fait c'est le fait de mettre la chute à part, à la ligne, qui le fait sonner comme une justification "évidente", qui donnerait la clé du texte au lecteur. ça m'aurait moins gêné si c'était "Et moi, tout penaud / Je me suis excusé / De n'avoir jamais appris à lire le solfège" ou quelque chose comme ça.

Avatar de Zinzolin Zinzolin Mode Lecture - Citer - 30/10/2015 13:04:00

J'aime beaucoup pour les mêmes raisons que mes camarades. Je rejoins Poulix sur ses deux remarques : même dans les envolées lyriques, je préfère ta simplicité aux images trop complexes.
Et pour la fin, Nani a mis le doigt sur mes contradictions : elle me parle mais effectivement, ce côté détaché donne l'impression que tout le texte se résume à ça. Pourquoi pas la rattacher au reste de la dernière strophe, effectivement ?

@ Faël : le solfège est une prison aux barreaux de caoutchouc : certains profs essaient de te faire croire qu'ils sont d'acier et puis un jour, tu t'aperçois que tu peux tout étendre à ta guise. Et ça sert pour l'impro, oui : tu peux choper les notes au vol, te caler sur les bons rythmes...