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Arbre

Le Temps des Rêves

Je me suis assis sur le tabouret
Devant le piano de la maison.
J’ai caressé son bois
En me demandant s’il s’agissait
De merisier, d’ébène ou d’acacia.

J’ai appuyé sur une touche,
Puis une autre,
Et une autre encore.

Ca a coulé comme le flot d’un ruisseau
Dans le creux d’une vallée.
C’était sauvage et paisible.
Mieux qu’une fugue
Une échappée loisible.

J’ai oublié ces moments tristes,
Ceux où je me sentais si bête
Devant le tabouret du piano.

C’est parti comme la fureur d’une tempête
Contre le flanc d’une montagne.
C’était tendre et violent.
Au delà des hurlements du ciel,
Des joies douces et des rires chantants.

Mes mains ont arrêté de courir
Sur ce clavier sans couleur,
Tout de noir et de blanc.

Alors ravis, ils se sont levés
Dans un fabuleux cortège.
Au son des hourras, des bravo et des yip.
Et moi, tout penaud,
Je me suis excusé.

Je n’ai jamais appris à lire le solfège.