Le Temps des Rêves

Il y a eu tout ça. À la télé, dans les journaux, sur le net, dans les bouches. Et ça a duré.
Les gens se sont senti touchés, attaqués, impliqués. Moi aussi.
Mais pas autant.
J'ai eu de la tristesse.
Mais pas longtemps.
Ils étaient Charlie.
Il y en a qui le sont encore.
Je ne sais pas si je le suis.
Je n'ai lu que de rares fois ce fameux journal.
Enfin... juste les dessins.
Je ne le lirai pas plus aujourd'hui.
Pourquoi l'acheter maintenant ? Le faire c'est être un peu faux-cul.
Pas besoin d'acheter le travail de quelqu'un pour partager ses idées.

Le pays a été touché en plein cœur, géographiquement et dans sa suffisance.
J'ai été touché, artistiquement et idéologiquement.
Je ne connaissais pas tant que ça les dessinateurs.
Si, Cabu. Mais pas pour ses dessins.
C'était le père de Mano Solo.
Deux clowns au nez de couleurs différentes à nouveau réunis.
Et tous ces gens réunis aussi, dans les rues, applaudissant, silencieux, chantant.
Chantant la république tant moquée dans le canard attaqué.
Une marche anti-violence scandant l'égorgement des fils et des compagnes,
Le sang impur qui abreuvent les sillons...
Que chanter suite au massacre au Nigeria ?
Que chanter pour tous les autres tués dans le silence médiatique ?
Voilà pourquoi je ne suis pas sûr d'être Charlie.

J'étais bloqué, chez moi.
Ils étaient bloqué en réunion.
Des terroristes en liberté,
Comme le croyait être la presse.
Des images, non-stop, à la télé.
Illusion de sécurité dans le logis.
Illusion d'un pays fraternel.
Un soutien international,
Ou plutôt un soutien OTANthique...
Neuf pays ont publiquement clamés soutenir la France,
Plus le secrétaire général de l'OTAN.
Les huit pays restant, sur trente-neuf, ont des relations historiques,
Commerciales ou culturelles avec l'Hexagone...

Et pourtant,
J'aimerais être Charlie.

Mickaël Landès
Le 21 janvier 2015

J'aime bien, on sent que c'est sincère, tu n'en rajoutes pas, et tu vas droit au but ("Pourquoi l'acheter maintenant ? Le faire c'est être un peu faux-cul". Moins fan de la partie sur l'OTAN mais elle ne m'a pas déplu.

Et oui, définitivement, la marseillaise n'était pas une chanson de circonstance (d'ailleurs je m'étonne que personne n'ait essayé à nouveau de changer les paroles, parce que le malaise était assez palpable au moment du sang impur dans les sillons). Mais ce n'est peut-être pas le moment de s'attaquer à un symbole de la république...

J'aime bien aussi, mais je me demande si la prose ne serait pas plus adaptée que le vers.

Sur le fond, je n'en sais pas plus que toi. Si ce n'est que je pense que c'est le meilleur moment pour changer d'hymne national (j'ai entendu à la manif quelques variations, des "A vos Crayons", etc.). C'est le moment idéal pour montrer que les valeurs françaises (v)ont changé(r)... Et que nous voulons sortir d'une logique de violence, de représailles, de vengeance...

A propos du poème :

Contrairement à Nicolas, je trouve pas que tu ailles droit au but et en lisant j’ai plus eu l’impression d’une pause théâtrale, « agressive » et un peu surjouée (ce qui est peut-être bien ou pas bien, j'ai eu du mal à comprendre ce que tu voulais faire ressentir à travers ce poème > < )

Le pays a été touché en plein cœur, géographiquement et dans sa suffisance.
=> je trouve que tu orientes trop la lecture a cet endroit et que tu devrais laisser le lecteur décider en plein cœur de quoi (personnellement j’avais fait le rapprochement pour la géographie, mais pas pour suffisance. Suffisance ajoute de l’amertume a ton texte, mais je l’aurais pas introduit comme ça s’il faut l’introduire.)

J’ai trouvé la fin un peu décousue, comme si le début du poème était une pelote de laine qui se dévidait d’elle-même sur la fin, j’ai pas trop aimé. J’avais l’impression que tu voulais dire un truc mais tu ne savais pas trop comment l’exprimer  En fait j’ai plus eu l’impression de lire trois poèmes presque… je sens à la fois l’état de l’auteur derrière les mots et je le comprends, ce poème, mais je n’arrive pas à vraiment le ressentir car je trouve que c’est un peu plat ? convenu ? je sais pas trop comment dire  en gros je trouve qu’il manque une idée forte pour le structurer et le « bétonner ». Là il me paraît un peu mou… ==’ Peut-être en effet que l'écrire en prose? Bref j’arrête là, désolée pour cet avis pas très positif.

A propos de ce qu’il soulève comme questions/réflexions :

J'ai été touché, artistiquement et idéologiquement. => je pense que moi aussi ces événements m’ont touchée non pas parce que c’étaient des attaques violentes, où qu’elles se sont passées en France ou qu’elles ont tués pleins « d’innocents » etc (en soit je dirais « ça arrive tous les jours partout dans le monde » trois fois hélas :'( ) mais plutôt parce qu’ils touchés des dessinateurs, des artistes engagés et que, si je ne me considère pas illustratrice professionnelle, je pense que ça fait à ¼ partie de ma personnalité artistique de L. S. et l’engagement dans mes écrits n’est peut être pas évident à première vue mais il est là… j’arrête de raconter ma vie ^^

Pour ma part, je suis très mitigée sur le débat du « pourquoi les gens marchent pas pour le Nigeria ? » que beaucoup de gens posent, et j’ai pas encore compris ce que mon cerveau essayait de me dire ^^ donc une dissertation la dessus un autre jour.

J'aime toujours mais je suis aussi d'accord avec les critiques de Wen.

Au-delà de l'aspect poétique, je te remercie d'avoir écrit ce texte parce que tu as à peu près exprimé le mélange de sentiments qui m'habite depuis une semaine et demi. Cette impression d'avoir pris une grosse tarte dans la figure puis de ne plus trop savoir pourquoi je me sens concernée et ces slogans que je ne comprends pas tout à fait et que je ne suis pas sûre d'approuver. Après, je projette sûrement mes propres sentiments sur ton texte mais merci quand même et désolée si je l'ai mal compris.
Je suis d'accord pour la Marseillaise (même si j'ai pas attendu la manifestation pour avoir du mal à chanter les paroles). Je pense qu'il est temps de faire quelques chose pour qu'on n'ait plus honte de chanter notre hymne national à pleins poumons (et tant pis si je sonne anti-patriotique en disant ça) mais je pense qu'en ce moment, c'est le cadet des soucis du gouvernement de déclencher une polémique sur ce sujet et on ne peut pas leur en vouloir.

Je ne sais pas s'il passerait mieux en prose. Je crois que je l'ai lu comme de la prose mais en faisant des pauses aux retours à la ligne et ça a du bon de pourvoir jouer avec des ponctuations plus fortes que les simples points et virgules. Après, je suis d'accord que c'est un peu décousu mais je le vois plus comme un défouloir, un billet d'humeur et dans ce cas, tous les mots sont bons à prendre puisque ce sont ceux qui sont sortis. Après, si tu veux vraiment en faire une oeuvre achevée, je pense que tu peux travailler sur le ton et le ciment, comme le suggère Wen.

En fait, comme d'habitude, je ne savais pas trop où le poster. C'est de la prose à la base que je voulais aérer, et effectivement, les retour à la ligne sont comme des pauses dans la respiration, la réflexion.
En effet c'est plutôt un billet d'humeur. Je ne suis pas sûr de le retoucher un jour car c'est écrit à chaud, et plus tard le texte serait trop différent, un nouveau texte à la rigueur. Mais merci à tous pour vos commentaires. Le but aussi inavoué de ce texte c'est d'être un poil polémique ^^

Bien sûr si c'est un billet d'humeur y'a rien à redire