Si un jour
Tu décides d'embrasser
La poésie contre ton sein.
Comme tu as laissé entrer dans ton salon
Quelques amitiés volages,
Comme tu m'as laissé entrer.
Prend garde à toi.
Cette amie n'est jamais de passage.
C'est une damnation heureuse,
Un éclat ténébreux,
Le dessein d'un privilège ;
Révéler l'oracle des mots
A ceux qui les ont oubliés.
Puis viendra le dangereux manège,
Une plume accrochée au bout de tes ongles
Comme une bague au doigt.
Quelques remarques en vrac, car je peine à organiser ma pensée. Je vais donc faire un commentaire linéaire-mais-pas-vraiment du texte.
- A la première strophe : je bloque sur 1/ la virgule après jour 2/ le choix du mot "salon" que je ne trouve pas très approprié.
- Je ne bloque pas sur le reste, c'est même plutôt le contraire : il y a un côté presque mystique dans le reste de ton texte (d'où le fait que je bute sur le mot "salon"
. Je ne vais pas commenter en détail mais je trouve qu'une force incroyable se dégage des deux dernières strophes.
Bravo !
Merci pour ton commentaire Hedera.
J'ai enlevé la virgule, c'est vrai qu'elle est de trop.
Pour le mot "salon"... je peux comprendre que ce mot puisse te sembler banal, commun dans un texte qui a vocation à s'inscrire dans une démarche mystique.
En fait, je voulais une pièce intime, un endroit à la fois public et secret. Le mot "chambre" n'était pas approprié, il est trop connoté à l'adolescence, à une intimité trop enfouie pour ce que je voulais dire. Le mot "boudoir" n'allait pas non plus. D'abord parce qu'un boudoir est trop précis, ça ne laisse pas la place à l'imaginaire.
J'ai choisi le mot "salon" car j'imaginais bien de longues fenêtres aux rideaux légers avec une table basse et un divan et un sol en parquet.
Voilà, voilà ^^
Et merci pour le reste, la dimension mystique était recherchée et je suis content que tu l'aies perçue.
Oh ! Merci Brumepin pour tes explications !
Il est vrai que je n'avais pas du tout vu la dimension "intime" et même ancienne du salon, mais maintenant que tu le dis, mea culpa !! Je comprends mieux pourquoi tu as utilisé ce mot et maintenant, je comprends mieux pourquoi tu l'a choisi ! Garde-le, c'est très bien ainsi.
J'aime bien le sentiment de la poésie que tu nous donnes. Même si, personnellement, je la verrai plus comme une amie dont peut parfois s'éloigner, mais qu'on n'oublie jamais et à laquelle, quelles que soient les années qui passe, on finira toujours par revenir. Et moins, du coup, comme ce boulet, cette bague au doigt que tu sembles décrire à la fin du poème.
Mention spéciale pour les oxymores particulièrement efficaces, et en particulier pour la "damnation heureuse"
Ah ben moi je ne suis pas fan de "damnation heureuse". Sinon, je trouve ton texte plutôt bien mené et sympatique mais je n'accroche pas trop à cette image de la poésie.
Il y a surtout
"Révéler l'oracle des mots
A ceux qui les ont oubliés."
Ce genre de phrase me fait toujours un peu grincer des dents. Le rôle du poète de donner un regard neuf sur les mots, ça me parle, mais quand on commence à faire le poète versus le reste de la population et avec des mots comme "l'oracle" en plus, je trouve qu'on se dirige dangereusement vers l'image du poète-péteux-supérieur-aux-basses-gens.
J'aime bien le côté humoristique que je perçois dans ce texte, le "prend garde à toi" résonne dans mon cerveau comme l'air de Carmen et ça lui donne un air grandiloquent qui me fait prendre le reste plutôt au second degré.
3 fois que je lis le texte et je ne ais toujours pas trop quoi dire à part "bel hommage".
Je n'ai pas trop accroché au texte dans sa globalité. J'aime bien certaines images, notamment celle de la poésie femme d'apparence frivole qui s'invite et ne part jamais (enfin, c'est ce que j'ai cru comprendre) mais j'ai trouvé le ton trop grandiloquent, loin de cette simplicité à laquelle tu nous habitues depuis quelques temps et qui me plaît beaucoup. J'imagine que c'est indissociable de cette dimension mystique que tu veux donner mais comme je ne parviens pas à la pénétrer, j'apprécie moins le style qui l'exprime.