J'adore l'exercice et je le salue. On sent que tu t'es amusé à écrire ce texte et ça fait plaisir.
J'ai tout aimé sauf "Virez de bord, crie l'encre qui coagule, car une vague inquiétude l'oppresse, la démange, la tient comme toujours, alors qu'elle disparaît mais que la virgule, sans pitié, se moque du mot breveté, qui d'ailleurs la porte au dessus de son « e », et prolonge la torture de tout ce noir qui se vide, ignorant son tourment" où j'ai eu l'impression de perdre le sujet, de m'éloigner de la virgule.
Mesdames et messieurs, presque un an après et fort de vos critiques, voici une nouvelle tentative :
La virgule,
Chers amis, est un rebond de l’entre deux. Elle est le souffle du texte, le diaphragme commun du lecteur et de l’auteur, qui s’emballe, qui s’arrête, qui repart à son signal, la connexion quantique de leur respiration…
Quel plaisir est plus grand pour le scribe que de tracer, d’un coup sec et précis, cette incisure dans la phrase, cette articulation, et admirer alors un paragraphe qui se déploie, en isoler les membres ; en somme : lui donner la vie ? C’est un petit être qui parfois nous échappe, que l’on ne voit qu’en se penchant d’assez près sur le terreau littéraire, mais c’est à ce petit vers que l’on doit l’oxygénation de notre prose.
Elle épouse en silence la forme de la phrase, relance vaillamment l’intonation qui chutait, montre le poing s’il le faut ; elle insuffle une vigueur nouvelle aux belles fins de phrases, les embrasant soudain d’une passion plus vive, plus intense : crescendo, crescendo, crescendo ! Elle est le soupir nécessaire entre deux grands accords. Elle est le soupir du poète, qui regrette bien de ne pas terminer, ici, par une virgule.
Alors alors... Au niveau du rythme : encore mieux que celui d'avant ! Tu m'as tenue en haleine du début jusqu'à la fin, à quelques exceptions près dont je t'ai déjà parlées (j'attends l'avais des autres pour me taire ou insister^^). Pour le sens aussi je préfère. J'ai relu rapidement l'autre et on sent que ta réflexion a mûri, a changé de nature, s'est approfondie. J'ai parfois trouvé que tu frisais l'emphase et le pédantisme mais tu n'y as pas basculé...ouf !
Bref, je préfère de beaucoup : plus singulier, plus personnel que ton jeu précédent. J'aime, quoi !
Je suis moi aussi beaucoup plus content de celui-ci que de son ancêtre.
J'aime et j'aime particulièrement la conclusion
On m'a fait la remarque que dans "le diaphragme commun du lecteur et de l'auteur" il y aurait quelque chose de plus recherché à trouver à la place de "commun".
Est-ce que vous préféreriez "le diaphragme tendu de l'auteur au lecteur" ou bien laisser comme ça ?
le commun m'a vraiment happé profondément pour ma part donc je suis pour le garder ^^
Tiens, puisque tu mets un lien vers ce topic, je le commente ^^
Je ne parlerai du texte source, mais seulement du résultat final (excellent), qui met bien en avant l'importance possible de la virgule dans la phrase (et comme disait mon prof de grec, il y a une différence entre "J'ai vu ton chien malade" et "J'ai vu ton chien, malade". A méditer).
je souligne simplement que ce texte gagne encore en force,n en rythme et en surtout en humour quand il est déclamé en public (avec talent), et que les virgules, non contente de s'entendre silencieusement, se font explicite (c'est-à-dire que qu'elles sont lues et prononcées (VIRGULE) comme si elles étaient écrites ne toutes lettres).
Venez manger les enfants / Venez manger, les enfants