Publié le 20/01/2013 à 22:43:57
La virgule,
Chers amis, est un rebond de l’entre deux. Elle est le souffle du texte, le diaphragme commun du lecteur et de l’auteur, qui s’emballe, qui s’arrête, qui repart à son signal, la connexion quantique de leur respiration…
Quel plaisir est plus grand pour le scribe que de tracer, d’un coup sec et précis, cette incisure dans la phrase, cette articulation, et admirer alors un paragraphe qui se déploie, en isoler les membres ; en somme : lui donner la vie ? C’est un petit être qui parfois nous échappe, que l’on ne voit qu’en se penchant d’assez près sur le terreau littéraire, mais c’est à ce petit vers que l’on doit l’oxygénation de notre prose.
Elle épouse en silence la forme de la phrase, relance vaillamment l’intonation qui chutait, montre le poing s’il le faut ; elle insuffle une vigueur nouvelle aux belles fins de phrases, les embrasant soudain d’une passion plus vive, plus intense : crescendo, crescendo, crescendo ! Elle est le soupir nécessaire entre deux grands accords. Elle est le soupir du poète, qui regrette bien de ne pas terminer, ici, par une virgule.