La Parole
est une ruine
car elle est morte
au moins une fois
Et les mots ne viennent
qu'après le silence
Après le temps
et les assauts de l'histoire
après le repli et l'éveil
quand l'usure a pris la chose
reste la ruine
Un cadre brisé
Des cartons oubliés
Un témoin
Mortes au moins une fois
les choses ne peuvent dire sans parler
quand l'homme n'a mot dire
et parle
toute sa vie
Un poème que j'ai écris pour un concours. Il fallait prendre le titre d'un des poèmes de Jean Jaurès et à partir de celui ci, écrire un poème.
En le lisant quelques semaines après sa rédaction (je le pensais fini), je me rends compte qu'il est un peu vague. Je regrette un peu de l'avoir envoyé. Mais je voudrais avoir votre avis avant de le modifier.
Je suis d'accord avec ton analyse du caractère vague de ton texte mais il y a de très bons passages, pour moi. La première strophe est intriguante et a un très bon rythme et je n'ai rien contre la seconde. Le problème, c'est que tu restes dans l'abstrait alors qu'après ça, on a envie de plus de chair.
Le 3e paragraphe me semble une accumulation de lieus communs, ce qui est dommage après ton entrée en matière, et je ne saisis pas vraiment où tu veux en venir, ce que tu veux dire. Le paragraphe suivant l'aurait paru plus concret si je n'avais pas tes autres poèmes en tête et l'impression d'un copier-coller (mais dans le texte en lui-même, je trouve que c'est une bonne idée de repartir vers ce genre de comparaison). Et à nouveau, le dernier paragraphe m'a paru obscure, même si j'aime "quand l'homme n'a mot dire"...je pense que tu pourrais t'appuyer sur cette syntaxe originale pour reconstruire les idées qui sont autour avec quelque chose de plus personnel et de plus orienté...
J'ai du mal à être très précise, désolée. J'aime vraiment le potentiel qu'on devine derrière mais c'est vrai qu'en l'état, je suis moyennement convaincue.
C'était quoi le poème de Jaurès à l'origine ?
Au contraire, Zinzolin tu as été très précise je trouve. C'est exactement les critiques que je me faisais. Je me doutais bien que c'était flou. En fait je veux exprimer quelque chose sur lequel j'ai du mal à mettre des mots et ça se ressent.
Je crois que j'ai voulu rester trop objectif. Comme tu dis il faudrait "reconstruire les idées qui sont autour avec quelque chose de plus personnel et de plus orienté..."
Pour la quatrième strophe et l'impression "copier-coller" en fait, j'aime beaucoup réutiliser des mots, des expressions d'un poème à l'autre. La plupart des poèmes que j'écris ont un lieu entre eux et dans la totalité, ils correspondent à un cheminement de pensée. Du coup j'aime bien rappeler certaines idées.
Merci pour tes remarques en tout cas, ça va me permettre de cibler les zones d'ombres de mon texte. Je vais retravailler tout ça.
Et voilà le poème de Jaurès sur La voix des choses:
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Même pour la conscience superficielle, le son contient évidemment quelque chose des existences qu’il traduit. Le son pesant et large de la cloche met en nous un moment l’âme lente et lourde du métal ébranlé. Et, au contraire, j’imagine qu’à entendre, sans en avoir jamais vu, un verre de cristal, nous nous figurerions je ne sais quoi de délicat et de pur. Le bruit mélancolique, monotone et puissant d’une chute d’eau traduit bien à l’oreille cette sorte d’existence confuse du fleuve où aucune goutte ne peut vivre d’une vie particulière distincte, où tout est entraîné dans le même mouvement et dans la même plainte.
A ton service ! Je suis contente que ça t'ait été utile.
Si c'est voulu, je n'ai rien contre la 4e strophe, alors. Je te le signalais juste au cas où tu l'ais fait sans en avoir conscience parce que les tics d'écriure inconscients sont durs à éradiquer quand on ne prend pas l'habitude de les repérer. Mais je trouve que les images sont bien "réutilisées" dans le contexte.
Au plaisir de lire la prochaine version, alors !
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Et je trouve le ton du poème de Jaurès assez déroutant (ça fait presque essai plus que poème) mais les images et la réflexion me plaisent bien.
Tiens, moi ce n'est pas la 3e strophe qui m'a gênée, mais plutôt la 4e que je trouvais décousue, sans lien entre ses vers. J'ai bien aimé ce que tu dégageais dans ce poème, donc de bonnes idées qui méritent d'être exploitées!
Oui, la quatrième strophe est effectivement décousue, c'est intentionnel. Je voulais renvoyer des images, des idées sans influences directe. (je ne sais pas si c'est réussi d'ailleurs...)
Je réfléchis encore à une nouvelle version. J'avoue que j'ai un peu de mal à écrire précisément ce que je veux.
Désolé mais je n'ai pas réussi à être embarqué