Naniquolas, j'imaginais la femme contrariée par ce qu'elle lisait, un peu grimaçante même. Mai j'ai oublié de le préciser. Je connais trop bien cette histoire alors pour moi ça coule de source... (j'ai failli l’appeler par son nom, mais c'est vrai, vous le connaissez pas encore
Sinon, pour le reste, je te laisse découvrir le personnage, et tu me diras à la fin si la rapidité avec laquelle elle parle de ses soucis te pose encore problème
Chapitre 4:
Le lendemain matin à dix-heures, David arrêta sa voiture au premier des trois postes d'observation des satellites envoyés dans l'espace. De la taille de grandes maisons, ils avaient une forme très arrondie, pouvant faire penser à trois bols blancs géants retournés, parfaitement alignés le long de la largeur de la base de lancement. Il y en avait un au coin droit de la base, un au gauche, et un autre en son milieu.
David fut surpris. Contrairement à d'habitude où il fallait un petit temps d'attente, les doubles portes du poste d'observation s'ouvrirent alors qu'il était encore à plusieurs mètres d'elles. Il se souvint alors de la phrase d’Ordner «votre nouveau statut». Son nouveau badge accélérait manifestement l'ouverture des portes.
A l’intérieur, il n’y avait pas de centre d’accueil. Seulement un petit espace à éclairage modulable, avec, juste face à David, deux escalators. Un montait en hauteur, et l'autre plongeait vers le bas. Dans les murs entourant David se trouvaient plusieurs petits blocs à porte en verre coulissante dans lesquels il aurait pu mettre son manteau si il avait été mouillé par la pluie. Il aurait été séché dans l'instant. Il y avait également un écran où étaient affichés les noms et photos des différents employés présent dans le poste d'observation, avec leur position dans le bâtiment. Après l'avoir observé, David choisit l’escalator de droite. Celui qui montait.
Peu à peu, le sombre laissa place à la lumière du ciel ensoleillé. La haut, les astronomes travaillaient sur l'aspect pratique de l'observation des satellites. En plus d'une vue sur la surface de lancement, le toit et les murs, transparents depuis l'intérieur, donnaient une vue complète sur le ciel. A trois-cents soixante degrés. Ici, en binôme, à trois ou seul, les chercheurs se déplaçaient, trainant leurs télescopes à socles aimantés et l'utilisant pour observer l'espace. Ils discutaient entre eux des différentes données observées. Ils prenaient des notes, les comparaient, les corrigeaient. David alla saluer chacun d'entre eux.
Habituellement, David jouissait d'un statut d'électron libre. Il aidait parfois à la résolution de casses-tête mathématiques au sous-sol, ou allait si besoin remplacer un scientifique à l'observation, à l'étage. Il avait appris à peu près tout ce qui avait de l'intérêt à ses yeux. Plus la difficulté et l'enjeu étaient de taille, plus il aimait. Le plus souvent, il s'adonnait à la mécanique des satellites, et peaufinait les algorithmes contenus dans leurs programmes. Des années auparavant, ils étaient plusieurs à pouvoir faire cela. Puis la technologie et la complexité des programmes grandissant, David était resté l'un des seuls.
Certains étaient de grands intellectuels, mais se mêlaient les pinceaux dès qu'il fallait faire face à un réseau minutieusement câblé. Thomas N'Guyen étaient l'un de ceux-là. David, qui était venu pour le voir, s'approcha de lui. Il était en train d'observer l'extérieur, de dos à lui, un café à la main. Il se retourna. Âgé d'une trentaine d'année, N'Guyen était le responsable des trois postes d'observation. Toujours très souriant. Il serra la main de David.
-David! Comment allez-vous?
-Bien, et vous?
-Parfaitement.
N'Guyen pointa lentement le ciel du doigt.
-Bientôt vous y serez, David.
David acquiesça en souriant.
-Steve Ordner vous a remis votre badge?
-Oui, il est là, répondit-David, en le sortant de sa poche.
-Vous l’avez déjà essayé?
-Euh, seulement pour entrer…
-Il est rapide hein, lui dit N'Guyen, envieux.
-Oui, j’ai remarqué ça, j’ai été surpris.
-Plus de contrôle au faciès en heure de travail journalière. Seul le badge suffit entre 8 et 19 heures. C’est un badge de chef, David. Seul Ordner et certains de ses bras droits y ont droit. Combien de formulaire ai-je pour en récupérer un? Des dizaines, sérieusement!
-Je vous le prête?
-Ne me faites pas envie, je vais vous le voler.
Ils rirent.
-Consultez-le, et dites-moi si vous pouvez appeler des serveuses.
-Je ne pense pas... répondit David.
-Essayez…
David tapota le badge, et fit défiler ses options aux S de serveuses.
-Je l’ai!
-Chanceux! A tout moment vous pouvez commander le repas que vous voulez…
-Je n'sais pas si je l’utiliserai mais c’est vrai que c’est utile.
-Maintenant, regardez si vous avez le service de déplacement. La voiture autonome.
David manipula le badge.
-Je l’ai aussi…
N'Guyen écarquilla les yeux
-Vraiment?
-Non, je vous ai eu.
-Ahh... Vous m’avez fait peur. Je crois que seul Ordner peut l'utiliser. Bon, reprit-il, il faut que je vous donne le dossier du vol.
Ils quittèrent l'étage par l'escalator, puis descendirent au sous sol par le second. L'ambiance y était plus confinée. Les scientifiques venaient ici traiter les donnés recueillies en haut sur des ordinateurs disposés en cercle. C'était ici que l'on modifiait les trajectoires des satellites, et que l'on programmait leur retour ou leur décollage. Le calme y était de mise. David salua tout de même les quatre astronomes présents. La porte du bureau d' N'Guyen et des autres personnes se trouvaient le long des murs.
Une fois dans le bureau, N'Guyen se dirigea vers son ordinateur personnel.
-Alors, je vous préviens, il n’y aura pas de version papier.
-Ah oui? Pourtant c’est ce que je préfère…
-Oui, nous le savions, répondit N'Guyen en grimaçant, mais il y a des mesures de sécurité qui s’imposent.
-Lesquelles?
Le scientifique asiatique continuait de taper au clavier.
-En gros, toutes les informations concernant le voyage seront transmises en tant réel sur votre badge, et uniquement visible depuis ce dernier ou bien depuis la salle TXZ. Le badge se déconnecte dès votre sortie de la SN. Si j’ai bien compris, toute tentative d’impression par l’une des imprimantes de la SN pourrait vous valoir d’être exclu de toute collaboration avec elle. Vous seriez licencié.
-Steve ne me l’avait pas dit, ça.
-Ordner est un homme occupé, il aime bien déléguer les tâches. Dès que votre badge sera hors de la SN, vous n’aurez plus accès aux informations du vol que par votre propre mémoire, votre cerveau, car le badge se déconnectera automatiquement de la base de donnée.
-Il a peur que tout cela soit volé?
-Pas seulement Ordner, c’est une décision du conseil à mon avis. Pour l’instant, la SN est ce qui se fait de mieux, c’est la Space Nation que l’état subventionne le plus. Il subventionne aussi quelques autres agences spatiales mais on sait très bien qu’on a au moins cinq coups d’avance sur elles. Il ne faudrait pas que ça change. Et une fuite de notre savoir faire pourrait tout changer.
-Oui. Je ne pourrais pas lire tranquillement les informations dans mon lit avec ma femme.
-C’est vrai que c’est un désavantage, mais il faut aussi voir les bonnes choses, comme la salle TXZ.
David secoua la tête. Quelques secondes avant, il allait lui demander ce que c’était, mais ça lui était sorti de l’esprit.
-Euh, oui. J’allais vous le demander, c’est quoi ça,"TXZ"? Ça ressemble à une ancienne extension fichier…
-Non, ce n’est pas ça. C’est une salle qu’Ordner vous réserve. Je ne sais pas où elle est, c’est à vous de la trouver. Elle est indiquée sur votre badge.
-Ah oui? Et qu’est-ce que c’est?
-Je ne sais pas non plus. Tout ce que je peux vous dire, c’est qu’Ordner a fait bosser des ingénieurs dessus jours et nuits. Et je connais Ordner, quand il fait une surprise à quelqu’un, il ne la fait jamais à moitié.
N'Guyen se redressa et le regarda de la même manière que lorsqu'il parlait des différentes options du badge.
-Vous avez de la chance, David...
-Mais, je pense à quelque chose.
N'Guyen reprit son sérieux.
-Si je n’ai pas le droit d’avoir le moindre papier sur le vol, je ne peux pas parler à ma femme des dates de départ et de retour?
N'Guyen réfléchit un instant.
-Si, vous le pouvez.
-Ah, ça me soulage un peu.
-Vous n’allez pas partir du jour au lendemain comme un voleur…
Ils rirent.
-De toute façon, la Space Nation créera un direct que diffuseront les principales chaines. Il expliquera tout ce qu'il y a expliquer à la fois à votre famille, mais aussi à celles du monde. Mettez vous en tête que tant que vous n'avez pas de mauvaises intentions, vous ne direz rien qui puisse compromettre la confidentialité d' informations importantes.
-D’accord, ça marche.
«Ça marche» David aimait utiliser les mêmes phrases qu’Andros, il avait l’impression de lui rendre une sorte d’hommage.
-Bon, dit N'Guyen, je vais vous transférer tout ça sur votre badge, monsieur O’Neil...
Il chercha quelque chose sur son ordinateur, puis cliqua. A ce moment, le badge de David émit un petit bip.
«Transfert entrant depuis: Thomas N'Guyen, Celui qui ne parle ni ne rit ne connaît rien à la vie.»
«Accepter?»
«Refuser?»
Il accepta, et le transfert se fit.
-Celui qui ni ne parle ni ne rit ne connaît rien à la vie? demanda David.
-Ah, il s’affiche quand il y a un transfert? Je ne savais pas. Personne n’a du osé me le dire. C’est une devise que j’avais écrite dans un questionnaire lors de mes premiers jours ici...
Thomas N'Guyen songea un instant que peut-être seuls les badges de haut statut comme celui d’Ordner, de ses bras droits et maintenant de David pouvaient voir ce genre d’information.
-Ah oui, j’en avais écrit un moi aussi, dit David.
-C'était quoi?
-Je crois que c’était…
Il plissa les yeux.
«Le meilleur moment pour planter un arbre était il y a 20 ans. Le Deuxième meilleur moment est maintenant».
N'Guyen rit.
-Il est bien vrai celui-là.
-Il faut faire avec que l’on a maintenant, en somme.
Le badge de David sonna. «Transfert terminé».
-Il était long ce transfert.
-Je crois que si vous aviez demandé la version papier, vous auriez reçu une encyclopédie cinquante volumes de milles pages chacun.
Ce fut au tour de David de rire.
-Si je comprends bien, vous seul avez les mêmes informations que moi?
-Non, mon ordinateur contenait juste une version transférable sur votre badge. Vous pouvez venir me poser des questions, auxquelles je pourrais éventuellement tenter de répondre avec vous, mais je n’ai pas le dossier. Il n’y a que trois dossiers. Le vôtre, celui de votre compagnon…
David eut un léger sursaut. Ce fait, extrêmement logique, mais auquel il n'avait pas pensé s'imposa d'un coup à lui. Il aura un compagnon de voyage.
-… Pendant le vol, et puis un dernier pour l’autre division de la Space Nation, au pôle sud. D'où vous décollerez.
-Ce n’est pas vous que j’aurais à la radio, alors, dit David d'un ton plaintif, montrant sa déception.
-On ne fait pas les navettes ici, justes les satellites! répondit Thomas N'Guyen, comme si il parlait de fruits et légumes. «On fait pas les pommes vertes ici, que les rouges! Pour les vertes, il faut aller à l’autre marché, prenez la grande route devant vous, et tournez au port!».
-Bien, merci pour le dossier alors.
Ils se serrèrent la main.
-Il n’y a pas de quoi. Profitez, David. Et repassez me voir.
-Je reviendrai.
A peine à l'extérieur, David chercha la salle TXZ sur son badge. Elle l'intriguait au plus au point. Il choisit dans la liste «salle TXZ», et, semblable à celle d'une boussole, une flèche apparut. Elle pointait vers le nord. Il entra dans sa voiture et démarra.
Il dut largement dépasser les bureaux administratifs pour se diriger vers le fond du complexe, qui se terminait par un grand bois. Ce bois avait été le premier lieu de repos de la Space Nation. Les employés avaient coutume de dire que ceux qui s’y retrouvaient aujourd'hui étaient les couples naissants en quête de tranquillité.
David n’y vit aucune voiture à son arrivée. Il descendit de la sienne et entra dans le bois. La flèche disparu du badge, au profit d'une distance chiffrée. Plus David avançait, plus elle se réduisait. Le chemin où il marchait menait normalement à une fontaine à eau, sorte de rond point où se croisaient d'autres chemins voués aux promenades. Mais David n'eut pas à rejoindre la fontaine. La distance affichée sur le badge commença à stagner, puis à régresser, alors que la fontaine était encore loin. David en conclut qu'il devait quitter ce chemin et aller vers la gauche, où les arbres et les herbes hautes ne dessinaient aucun sentier battu par l'homme. Il enjamba le léger fossé et s'aventura entre les arbres.
Rien n'était ici fait pour la marche. Les arbres très nombreux, s'alignaient aléatoirement, et le sol terreux formait des courbes irrégulières, où il fallait faire attention aux creux ou aux ronces. David y marcha plusieurs minutes, jusqu'au moment où la distance avec son objectif ne fut plus que de deux mètres.
Théoriquement, ce qu'il cherchait était juste face à lui. David, lui, y voyait deux arbres. Il les contourna, et fit face à ce qui ressemblait à un rocher, qui lui arrivait à la taille. Il avait une couleur très sombre, entre le vert et le marron qui devait le rendre très difficile à distinguer de loin. Le badge de David indiquait par une petite animation que la porte s’ouvrirait en s’enfonçant vers l’intérieur, puis en coulissant vers le bas. Il le passa devant le rocher. Un rectangle se délimita dans la matière. La porte. L'ouverture se fit sans un bruit. Il y avait un petit escalier descendant. Le «rocher» n'était que la partie affleurante de la TXZ. «Tout est vraiment fait pour que seul moi entre là-dedans».
Il descendit les quelques marches de l'escalier et la porte commença à se refermer. L'intérieur était entièrement obscur. Quand la porte fut totalement fermée, le badge de David fit un «bip», et un second, long celui-ci, retentit à l’intérieur avec résonance. Comme aucune lumière n'apparaissait, David ressentit une pointe de claustrophobie qu'il ne laissa pas paraître. Le bip continuait, et un autre bruit se fit entendre. Comme si on perçait dans un mur, mais avec une mèche en plastique. Puis il n'y eut plus aucun bruit. Le plafond apparut. En fait, ce n'était pas un plafond, mais un ciel dans lequel un Soleil orange se couchait au milieu de nuages rendus turquoises.
-Ouaw... fit David, admiratif.
Il se demanda qu'était cette pièce, à quoi elle servait. La lumière du soleil faisait timidement apparaitre au sol, un long sofa, un frigidaire contre le mur et une table basse. Comme dans un studio.
David regarda son badge. Il lui indiquait «entrez», en désignant d’une flèche une porte qui se trouvait d'après lui, face à David. Effectivement, ce dernier y vit une clenche métallique qu'il n'avait pas remarqué jusqu'à présent. La porte était tout à fait classique. Il dut abaisser sa clenche pour l'ouvrir. Elle menait à une petite cabine totalement obscure. Il y entra et referma la porte. Il comprit que la cabine était en réalité une antichambre, car son badge fit un nouveau bip, et une porte coulissante s’ouvrit devant lui. Il entra dans le nouvel endroit. La porte se referma d'elle même.
Son badge afficha «Initiation TXZ».
«Bonjour, David.»
Ordner apparut, projeté holographiquement devant David. Il était la seule chose qu’il pouvait voir dans le noir pour l’instant.
«Ceci est un message enregistré peu après notre dernière entrevue. Comme vous le savez, un voyage d’une telle envergure demande une hygiène de vie parfaite. Un corps fort, près à toutes épreuves dans le domaine du possible. Nous savons aussi tous les deux que vous avez passé un certain âge, où tout cela s’obtient plus facilement. C’est pourquoi aujourd’hui, je vous présente la TXZ». Ordner disparut. Puis, des lignes vertes se dessinèrent, quadrillant le sol, les murs et le plafond de la pièce. Seuls les lignes près des chaussures de David n’étaient pas parallèles, mais se rejoignaient en ondulant, comme aspirés par les semelles. La pièce, délimitée par ces lignes, ne faisait pas plus de vingt mètres carrés.
«Ce que vous voyez au sol, ne sont pas de simples lumières, David. Ce sont ce qu’on appelle des lignes de vie. Rien à voir avec celle de la main. On les appelle lignes de vie, car elles analysent tout ce qui est en vie. Par exemple, en ce moment, si tout se passe bien, elles vous analysent.»
A ce moment, la voix d’Ordner se fit moins naturelle, comme si il avait posé cette question séparément lors de l'enregistrement de la séquence:
«Est-ce que vous voyez les lignes de vie changer de comportement à l’endroit où vous êtes David?»
Le badge proposa trois options:
«Oui, elles changent de comportement.
Non, elles ne changent pas de comportement.
Que signifie changer de comportement?»
David posa son doigt sur «oui». Encore une fois, la voix d’Ordner changea de ton:
«Très bien! Maintenant dites, État, à haute voix.»
-État! fit David.
A ce moment, les lignes sur le mur de droite disparurent, et une représentation d’un homme nu apparut. Un triangle rouge apparut également. Il était écrit à l'intérieur de ce triangle «Inapte».
«Comme vous le voyez, David, vous êtes considéré comme inapte à ce voyage», dit la voix d’Ordner, qui paraissait un peu triste.
David rit.
-Le salaud, je crois qu’il a même pas enregistré une voix au cas où j'étais OK.
«Mais peu importe, David. Car ici, vous avez un appareil unique pour vous remettre en forme. Dites encore état s’il vous plait».
-État.
La représentation de l’homme disparut et les lignes vertes réapparurent.
«Ces lignes de vie sont formidables. Par exemple, si vous faites un bond, elles calculeront combien de bon de cette même hauteur vous pourriez encore faire sans vous blesser. Elles sont ultra-sensibles, et sentent, chaque vibration, de chaque muscle. Et vous n’avez encore rien vu, David. Approchez de l’un des murs et donnez lui un coup de poing , de toute votre force».
David approcha d’un mur, mais ne mit pas toute sa force dans le coup. Des lignes apparurent à la droite de l'impact.
«Coup porté de la main droite.
Poids de l’homme: 77 kilos
Pression de son coup: 100 kilos.
Cœur: Calme
Enregistré vendredi 26 Mars 2038»
La trace de l’impact disparut, ainsi que les indications.
-C’est génial…
-«Bien. Sachez que vous pouvez dès à présent regarder les statistiques de votre coup depuis votre badge, David. Si vous voulez donner d’autres coups, faites le autant que vous le voulez, sinon, appuyez sur continuer l’initiation».
David appuya.
-«Bien, ce que nous avons vu ici, et le côté basique de la chose, vous vous en lasserez vite…
-Je ne crois pas non…
… maintenant, laissez-moi vous montrer la technologie de notre partenaire RealWorld. Normalement, votre badge doit vous donner trois choix d’environnement.»
David regarda.
«Péninsule de Boothia
État-Unis(Los Angeles)
Mexique (été)»
«Nous n’avons pas choisi les trois meilleurs, David, car ceci n’est qu’une initiation, et nous avons pensé que vous auriez tout le temps pour essayer les autres environnements bientôt. Choisissez celui auquel va votre préférence.»
David choisit la péninsule de Boothia. Le bruit de perceuse retentit une nouvelle fois, et les lignes vertes s'écartèrent et s'éloignèrent tellement loin, que David eut l'impression qu'elles prenaient une dimension infinie. Cela ne dura qu'une poignée de secondes, puis elles disparurent, laissant place à la blancheur de la banquise. Le sol devint poudreux et froid. David se frotta les bras et le corps. La température venait de chuter d'au moins vingt degrés, et des vents glacials s’abattaient sur lui. Le monde de glace s'étendait jusqu'à perte de vue. De nouveau, la voit d’Ordner se fit moins naturelle:
«Vous avez choisi la péninsule de Boothia, voyez-vous la magie des lignes de vie David? Elles synthétisent tout ce qu’on leur demande. Elles sont à la fois réceptives et émettrices… »
-Je change, dit David, comme si Ordner pouvait l’entendre et lui répondre.
Il choisit Mexique, et la température remonta. La banquise devint marron, et devint aussi souple que le sable du désert Mexicain, qui l'entourait maintenant.
«Attention, David. Et soyez prudent. Considérez en fait, que l’endroit que vous sélectionnez, est l’endroit où vous êtes téléporté. Le froid est vraiment ressenti par votre organisme, tout comme la chaleur. Je vais être dur, mais direct et franc. Les ingénieurs de la RealWorld, nous ont prévenus que l’on pouvait mourir ici.
«Je leur ai demandé pourquoi, il n’y avait pas de système d’urgence? Ils m’ont répondu que le système prendrait un corps mourant comme quelque chose de voulu, comme une expérience que l’on ferait volontairement.»
«Et je n’ai pas voulu demander le prix de l’installation d’un système d’urgence. Car vous êtes un homme mûr, et surtout, parce que dans l’espace, ou même partout dans l’univers, il n’y a pas de système d’urgence à enclencher. Nulle part.»
Tandis qu'Ordner marquait un temps d’arrêt, David hocha la tête. Il prenait cet avertissement très au sérieux. Tout à coup, l’idée d’aller dans l’espace, loin de toute aide directe extérieure lui donna le vertige, et il se sentit mal à l’aise. Le Mexique disparut, et aucune ligne verte ne vint le remplacer.
Ordner réapparut, beaucoup moins enjoué que la première fois.
«David, je crois que votre initiation s’arrête ici. Il y a tant de chose à expliquer, que nous pourrions y rester la journée, et une partie de la nuit. Il était important pour moi de vous expliquer le plus important, et surtout de vous mettre en garde. C’est une machine qui possède énormément de possibilités et de potentiel, mais qui peut aussi s’avérer... Mortelle».
La projection d'Ordner disparut une seconde, et le Ordner content d'accueillir David à la TXZ fit son retour.
«Voulez-vous recommencer l’initiation?»
David appuya rapidement sur «Non, je ne veux pas recommencer l’initiation de la salle TXZ», et le Steve Ordner un peu triste réapparut.
«Il y a d’autres tutoriaux de moi-même disponible, si vous le souhaitez. Mais une bonne partie des tutoriaux ont été inclus par les ingénieurs qui sont venus installer la TXZ. Chaque composant de la salle est contrôlable à partir de votre périphérique transportable… »
David conclut à cet instant, qu’Ordner lisait surement un prompteur juste en-dessous ou au-dessus de la caméra, lui qui avait toujours l’habitude de dire «badge».
«J’espère que cela vous a plu, et que vous saurez vous débrouiller. Pour toute question, vous pouvez toujours venir me voir, comme vous en avez l’habitude. Au revoir, David.»
Ordner disparut. Il n'y avait plus que l'obscurité. Le badge de David affichait « Activer: ligne de vie».
Mais il se dirigea avec quelques difficultés, à cause du noir, vers la porte, et elle s’ouvrit. La première pièce dans laquelle il était entré dans la TXZ possédait maintenant un éclairage. David lui donna le nom de salle de repos.