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Arbre

Le Temps des Rêves

Avatar de Thaumiel Thaumiel Mode Lecture - Citer - 16/10/2012 15:56:08

J'étais accoudée sur le rebord de la fenêtre.

Quand je pensais à elle, je ressentais une une sensation de vide intérieur, de manque.
Je fumais à la place.

Je l’aimais.

Et j’ai beaucoup fumé, bu, aussi.
Et je m’étais fait prescrire du Lexoman par un petit docteur gris au regard tordu.
Quand je la voyais, je fondais. Je me fondais en elle, elle était une mer dans laquelle je me baignais. C’était océanique, elle était ma Finn gant, ouais, que je ne comprenais pas.
Ses phrases étaient assassines.
Je me noyais aussi dans ses mots et ses yeux qui voyaient mal.
J’essayais d’entrer. Il n’y avait aucune porte d’entrée en elle, elle était lisse, plastique. Je ne sais pas ce qu’elle était,

elle était loin,


elle était proche, froide, gentille, accueillante, cinglante, cinglée, pressée, dépressive, lascive, blessante, douce.
Je l’aimais
et personne
personne
ne me croyait.
Personne ne croyait en mon amour. Je me suis isolée, ce n’était pas de sa faute,peut-être que je lui faisais peur, j’aurais voulu la suivre et l’épier, la comprendre, m’approprier ses secrets, ses fautes et ses péchés, elle était vertueuse, elle vivait comme une nonne dans une cellule universitaire. Elle était grise, elle était lumineuse, elle avait toutes les couleurs de visions sous LSD. J’aurais voulu qu’elle soit une caissière de supermarché et moi une duchesse qui paye par carte bleue, nous nous serions mélangées.

Je n’ai jamais voulu d’enfant.
Je voulais un enfant avec elle.

Je voulais qu’elle soit libre, je voulais qu’elle soit à moi.
Elle était imperturbable.
Je penchais dangereusement, je lui écrivais quatre lettres par semaine, elle fut ma première psychothérapeute, c’était ma psychothérapute, j’aurais voulu l’acheter.
Cash.
Je suis condamnée à penser à elle, je le sais, j’étais déjà condamnée à penser à elle.

Le doux venin parfois amer coulait déjà dans mes veines.
Rien n’aurait pu le remplacer, à part peut-être une drogue très dure. Elle était mon héroïne, je n’avais pas de seringue
je voyais flou en sa présence
je n’étais pas sûre de comprendre ses mots
les mots se courbaient en sa présence
elle fut ma mort
je ne suis plus qu’un fantôme

exilée

j’ai dû partir
je suis partie dans un matin glacial
tout était bleu
elle avait été le bleu,
le froid,
la glace et le vent,
elle était tout.

J’avais apostasié m’éloigner, mais j’ai pensé oublier. Je n’ai pas oublié.
Son sourire coulait encore dans mes veines.
J’ai essayé toutes les femmes, elle était La Femme.
J’ai même, un soir, dans une boîte, embrassé longuement un garçon.
Il n’y avait rien à faire,
je pensais
à elle.

Et je pansais mes blessures au Lexoman et au whisky. Je finissais par dormir mais je la rejoignais.
Elle me proposait des choses charmantes
elle m’entraînait dans des danses,
la lumière et la musique étaient douces
douces
ou au contraire, elles étaient cinglantes.
Peu importe, ça ne changeait rien.
J’étais liée, je ne pouvais pas en parler.
Il n’avait aucune solution,
il n’y avait aucune solution.
Elle était mon existence et l’existence n’a pas de solution.
J’ai pensé au Japon, au Tibet, à l’Inde.
Le monde était étriqué, elle était toujours plus vaste.
J’ai pensé rentrer à Paris pour la tuer, mais j’étais sûre qu’elle était immortelle.
Au fond de ma cellule de condamnée, elle m’aurait hantée.
Elle serait venue me visiter la nuit.
Elle était tout.
Elle m’avait dit qu’elle n’était rien, qu’elle n’était qu’elle, que j’avais une faille, que...



cosmonaute russe
Ce n’est pas grave
Le principal c’est que tu sois là
Quelque part
Vivante
Que tu souries
Et que tes joues soient rosies par le froid
Tes mots sont allés rejoindre le désert cybernétique
Ou bien quelqu'un d’autre les a reçus
Au creux de l’hiver
Peut-être est-il content
Il quitte tout
Il a fait sa valise
Il vient te rejoindre
C’est un cosmonaute russe
Il te fera l’amour en apesanteur dans une capsule Mir
A 11300 kilomètres de la Terre

Si tu savais tous les mots que je ne t’ai pas envoyés.

Avatar de naniquolas naniquolas Mode Lecture - Citer - 19/10/2012 19:24:48

Il y a des passages que j'ai vraiment aimés. Beaucoup.

Coup de coeur pour "Elle était mon existence et l’existence n’a pas de solution."

j'ai adoré aussi la rupture et le paragraphe sur le cosmonaute russe.

Par contre, la fin ne m'a pas trop plu. A peu près à partir del'apparition des panzers (d'ailleurs je ne m'ancrais pas trop dans cette époque là quand j'ai commencé à lire du coup je me suis demandé si c'était métaphorique ou pas...). Et puis le coup du LSD en suppo, c'est peut-être ça que tu pensais quand tu l'as écrit mais je trouve ça bof comme conclusion...

Il y a des passages que je n'ai pas compris, aussi, mais même sans ça ils ont réussi à m'amuser (comme l'image de la caissière de supermarché et de la Duchesse), souvent. Et la description de l'aimée est vraiment riche et fascinante. Tu arrives à utiliser des rythmes courts, des phrases lapidaires, des reformulations, sans que j'aie jamais l'impression de surfait, de l'effet de style pour l'effet de style, et ça c'est un beau tour de force ! Bravo.

Avatar de Thaumiel Thaumiel Mode Lecture - Citer - 19/10/2012 20:20:43

Merci nani !
Je pense que tu as raison et que j'aurais dû m'arrêter après "Si tu savais tous les mots que je ne t'ai pas envoyés".

Edit : hop, j'ai supprimé le reste. Mieux, beaucoup mieux.

Avatar de Lune Lune Mode Lecture - Citer - 20/10/2012 20:24:48

J'avais lu l'ancienne version il y a quelques jours et j'avais gardé une impression contrastée, des passages superbes et d'autres ... bizarres. ^^"
A la relecture aujourd'hui, je ne ressens plus trop ça, donc les modifications semblaient justifiées. Clin d'oeil
Comme Nani, j'ai aimé comment tu nous tiens en halène par cette description de l'aimée inatteignable sans cesse renouvelée et redéfinie alors que la situation est plutôt ... close, dirons-nous. Et ce alors que c'est le genre de sujet qui ne me parlent vraiment pas. Donc, clap clap clap ^^
Le coup du cosmonaute russe est un peu étrange, mais why not ^^

Avatar de Wensaïlie Wensaïlie Mode Lecture - Citer - 21/10/2012 14:53:40

commentaire en cours
"Elle était grise," tu dis ça aussi pour le docteur, peut-être que c'est dommage de lier les deux comme ça

Après il y
".... ses mots
les mots se courbaient " je ne trouve pas que la répétition apporte grand chose, j'ai même cru avoir sauté une ligne

il y a une coquille : "Jje finissais par dormir"


c'est pas le genre de sujet qui me transcende mais j'ai été prise dans ton écriture, c'était sympa.
ça m'a fait pensé à un texte de poulix (y'avait aussi deux femmes, et une histoire de gros pull en laine et de cigarettes) et à un autre de Lazuli (qui écrit souvent sur ce sujet d'ailleurs).
Beaucoup de passage très intéressants Petit Sourire

Avatar de Zinzolin Zinzolin Mode Lecture - Citer - 06/03/2013 15:45:52

Ben du coup, je n'ai jamais lu l'ancienne fin mais j'aime bien comme le texte finit maintenant. J'aime bien le passage sur le cosmonaute russe même si je suis quasiment sûre de ne pas comprendre ce qu'il signifie.
Pour le reste du texte... Je suis allée d'impressions en impressions, jamais sûre de comprendre ou de savoir ce que j'en pensais. L'obsession est vraiment bien rendue (dommage, tu as loupé Vers à lyre^^), lancinante, la progression dans la dépendance et l'image de la drogue sont très fortes je trouve. Mais, sans pouvoir les pointer vraiment, il y a des passages qui m'ont laissée plus indifférente, que j'ai trouvé un peu de trop... (par exemple : "Personne ne croyait en mon amour." que je trouve un peu mélo et "hors de propos" par rapport à ce que tu racontes... en fait, du coup, ce paragraphe est celui qui 'a le moins touchée,surtout comparé à la puissance de ce qui précède.)
Mais globalement j'en ressors avec de très belles images ! Merci !

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Coquille : "une une" à la première phrase.

Avatar de Lune Lune Mode Lecture - Citer - 28/03/2013 15:18:58

Wen, le texte de poulix auquel tu fais référence doit être "Un soir de mai je partirai" (je me souviens avoir adoré ce texte alors ça m'a fait tilt ^^)

http://hostile-au-style.fr/textes/un-soir-de-mai-je-partirai/lire/1/