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Arbre

Le Temps des Rêves

Avatar de Hedera Hedera Mode Lecture - Citer - 10/05/2019 21:54:56

Crois-tu qu’il soit possible
D'accueillir en soi toutes les peines du monde ?
De prendre chaque douleur, chaque chagrin
Puis de m’ouvrir la poitrine
Et de les y renfermer ?
Je coudrai bien, sois-en sûr,
Les lèvres de la plaie.
Je ferai de mon corps une prison solide.
En moi le sang, la sanie et les larmes
Toutes ces humeurs qui ne seraient plus versées
Puisque plus jamais personne ne serait triste
Ni n’aurait peur ni n’aurait mal
En moi ces millions traversant la mer
Entassés dans l’odeur les uns des autres
En moi les cris du bétail
Se débattant sous le couteau
Et ces poissons crevant le ventre en l’air
L’oeil déjà vide
En moi les famines les canicules
Les chairs déchiquetées
Les mains meurtrières
- Tous les fléaux du monde
Bien enchaînés
Bien sages
Dans le temple secret de mes côtes.
Je te promets
Que je saurai les maîtriser.
Que je les materai si bien
Qu’ils n’oseront jamais s’échapper.
Tu oublieras jusqu’à leur existence.
Tu ne les verras jamais au fond des mes yeux.
Ils ne chercheront pas
À transpercer ma peau.
Ils ne me forceront jamais
À rouvrir la cicatrice
Pour les laisser sortir
- Crois-moi, je les trouverai
Pour les sceller
À tout jamais en moi

Alors le monde
Sera de nouveau neuf
Et jeune

Et moi
Je pourrai peut-être à nouveau
Ressentir quelque chose.

Avatar de naniquolas naniquolas Mode Lecture - Citer - 11/05/2019 10:51:19

Je trouve ce texte magnifique... Dans mes nombreux essais pour écrire sur ce sujet, je me suis toujours heurté au côté tellement diffus et impersonnel de tout ça. L'idée de remettre tout ça dans un corps permet de condenser le ressenti et de ne pas éparpiller le poème... Et ça marche très bien ! En plus il nous balade de douceur en horreur, ça secoue. Bref, j'aime !

S'il faut chercher quelque chose :

Je te promets
Que je saurai les maîtriser.
Que je les materai si bien
Qu’ils n’oseront jamais s’échapper.
Tu oublieras jusqu’à leur existence.


Ce passage me paraît plus faible que le reste et pas forcément utile, j'ai l'impression que tu as tâtonné un peu pour tomber ensuit sur "Tu ne les verras jamais au fond des mes yeux." qui est diablement efficace. Ce qui précède a plutôt tendance à répéter les propos du début ("Je coudrai bien, sois-en sûr, / Les lèvres de la plaie. / Je ferai de mon corps une prison solide." )

De même, dans le début, j'ai l'impression que ça pourrait être encore plus percutant (après la première question "douleur" et "chagrin" me semblent un peu faible :

Crois-tu qu’il soit possible
D'accueillir en soi toutes les peines du monde ?
De prendre chaque douleur, chaque chagrin
Puis de m’ouvrir la poitrine
Et de les y renfermer ?


--> Par exemple :
Crois-tu qu'il soit possible
De m'ouvrir la poitrine
Et d'accueillir en moi (ou : et d'y enfermer ?) toutes les peines du monde ?

Encore merci pour ce texte !

Avatar de Hedera Hedera Mode Lecture - Citer - 13/05/2019 12:12:40

Merci nani pour ce retour ! Je ne savais pas quoi penser de ce texte, donc ça me rassure un peu ^^

Pour ta première remarque, je suis plutôt d'accord avec toi : c'est un passage que j'ai "rajouté" lors de mon 3ème passage à la réécriture, et du coup j'imagine qu'on voit que c'est un rajout, vu ce que tu me dis.

Avatar de naniquolas naniquolas Mode Lecture - Citer - 14/05/2019 08:19:17

De rien ! En relisant je trouve que le fin
"- Crois-moi, je les trouverai
Pour les sceller
À tout jamais en moi"
Est aussi un peu répétitive. Peut-être qu'il y a moyen d'amener la chute autrement ?

Avatar de Hedera Hedera Mode Lecture - Citer - 14/05/2019 13:33:26

Mmmh... Je vais réfléchir, mais la répétition est intentionnelle ici, je cherchais un effet "boucle" ou "litanie" pour aller vers la "vraie" fin, donc j'ai pas trop d'idées ni d'envies de changer pour l'instant... Je verrai.