Le Temps des Rêves

Ça fait un moment que j'ai ce texte en moi, et j'ai profité de ce mois de décembre pour lancer le premier jet. Je l'ai retravaillé, essayer de le peaufiner, et même si je trouve qu'il manque quelque chose, j'ai l'impression que si je continue à le travailler, je vais en perdre l'essence. Donc, je vous le soumets à vos critiques

Noirs silences

Rattrapés par la réalité
Qui leur a damé le pion
Ils laissent filer les silences
Préservant l’illusion
Du bonheur dans l’enfance

Face à cette cruelle vérité qui les a plongés
En pleine noirceur, en plein cauchemar,
Ils essaient de nous taire la vérité
Et la tapissent au fond du placard

Ils nous voient grandir
Et continuent de mentir
Sur ce qu’on a entendu
Sur ces secrets suspendus
Préservant les malentendus

Et arrive le moment où tombe le rideau
Sur cette comédie, sur tous leurs noirs silences
Dont depuis l’enfance nous avions saisi le sens
Ayant abandonné le joug de l’innocence

Je commence par le passage que j'ai préféré :



Pour le reste, peut-être que le ton est trop celui du constat ? Par exemple dans le passage ci-dessus, on commence à percevoir la personnalité du "on" : ironique, en colère, mais lucide.
Dans ce qui précédait, il y avait surtout une colère sans nuance, qui s'appuyait sur des mots et des oppositions assez basiques, qui ne créent pas vraiment d'image originale : illusion vs réalité ; mensonge vs vérité ; bonheur vs cruauté ; enfance vs grandir...
En gros tu nous dis les choses mais sans vraiment réussir à les montrer, à les faire ressentir (sauf la vérité tapissée au fond du placard, image qui m'a bien plu ! Mais justement parce que ça fait appel à l'imagination personnelle, tu n'as pas dit juste "ils dissimulent la vérité. "Secrets suspendus" renvoie aussi à une certaine tension, à une oppression au dessus de nos têtes, ce qui apporte quelque chose au texte)

J'aime bien l'idée du texte, en général : la manière dont les adultes cherchent à préserver les enfants de je ne sais quoi qui finira de toute manière par leur tomber dessus et ça fera d'autant plus mal.
Peut-être pour que le message soit crédible faudrait-il nuancer ou détailler un peu le portrait de l'enfance ? Là on dirait que ce n'est fait que de bonheur et d'innocence, ce qui fait un peu cliché.

Merci pour ce texte ! Et bon courage si tu le retravailles encore.

J'étais assez fière du passage que tu cites. Je crois que c'était mon préféré!

Je crois que tu as mis le point sur ce qui me déplaisait et qui me donnait la sensation d'inachevée. Je verrai si je trouve moyen de le peaufiner, en regardant quelles images j'ai évacuées pour le rendre moins banal ou en essayant d'en trouver


En fait, je voulais justement jouer là-dessus: comme s'ils nous prenaient pour des innocents, nous cachant ainsi la vérité (qu'on a entendue bien sûr à travers leurs murmures), afin de préserver le bonheur et l'insouciance de l'enfance. Je ne sais pas si tu vois un nouvel angle avec cette précision.

SI, ça m'éclaire ^^ ! Du coup il faudrait peut-être que ce soit plus clair que ce sont les parents qui s'illusionnent ? Par exemple à la fin "ayant abandonné le joug de l'innocence" on dirait que c'est le narrateur qui croit en cette innocence

En fait, c'est ni l'un ni l'autre qui s'illusionne, c'est que les parents ne veulent pas que les enfants perdent l'illusion de la réalité du bonheur. En fait, les parents veulent que les jeunes restent dans l'insouciance de la réalité, et donc qu'en quelques sortes, les enfants gardent leurs illusions. Je ne sais pas si c'est plus clair ainsi

Pour être un peu plus clair, c'est un peu les non-dits sur des suicides dans ma famille qui m'a inspiré ce texte. Jeune, ils ne voulaient pas nous mentionner la vraie cause même si on n'est loin d'être sourds.

Du coup pour moi c'est quand même les adultes qui imaginent l'enfance comme un monde d'insouciance, là j'ai cru que c'était une opinion du narrateur (ce qui est peut-être aussi le cas).

En fait, c'est pas mal ça que je voulais!

Pas, ce qui suit:

mais je le voyais comme l'enfant qui trouve que les adultes le prennent pour un con, bref, que l'enfant réalise, comprend les cachoteries des adultes




Edit: mince, je viens de regarder l'heure réelle ici, et j'ai posté à la même heure que toi