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Arbre

Le Temps des Rêves

Avatar de Maggy Maggy Mode Lecture - Citer - 22/06/2017 18:58:37

Pourquoi le poète devrait-il faire rêver ?
Pourquoi devrait-il embellir la vérité ?
Est-elle plus agréable à lire ?
Moins difficile à soutenir ?

Ne puis-je donc pas parler
Qu’il existe des quartiers dit à éviter
Ces endroits fait de bétons
Synonyme d’abandon

Est-il interdit également
De parler de ces agriculteurs souffrants
Dans des campagnes solitaires
Face à leurs propres misères

Est-il injuste de citer
Cette route tant critiquée
Par des camions énormément empruntée
Où tant de vie se sont envolées

Route de la mort, c’est ton surnom
Désert français, tel est ton nom
Quartiers, cités, comme on te nomme
Dans ces émissions qui assomment

Aujourd’hui, le poète veut parler
De toutes ces réalités
Même si elle sont moins belles à évoquer
Que le bleu du ciel dans les soirs d’été

Avatar de naniquolas naniquolas Mode Lecture - Citer - 29/06/2017 15:08:36

Route de la mort, c’est ton surnom
Désert français, tel est ton nom
Quartiers, cités, comme on te nomme
Dans ces émissions qui assomment


--> Très belle strophe ! Y'a du rythme, de l'énergie, on l'imagine bien déclamé...

Pour le reste du texte la réflexion est intéressante mais j'ai l'impression que tu ne la creuses pas complètement (c'est plus une énumération de ce dont tu aurais envie de parler, mais sans vraiment en parler du coup), et ça a du mal à me toucher car je n'ai jamais ressenti cette exigence de faire rêver : beaucoup de poètes reconnus étaient engagés, beaucoup de poèmes sont choquants, ça fait aussi partie de la littérature que les gens reconnaissent non ?

Avatar de Maggy Maggy Mode Lecture - Citer - 29/06/2017 19:00:35

C'est marrant cette strophe est celle que je trouvais la moins réussie. ;-)
Je comprend ton commentaire. Oui certains auteurs sont ou étaient engagés et tant mieux.
Mais à l'heure actuelle, j'ai parfois l'impression que l'on ne peut pas dire tout ce que l'on voudrait, qu'il faut faire attention à ne pas froisser les sensibilités. Certaines personnes que je connais veulent du rêve et rien d'autre. Elles lisent pour rêver et pas pour qu'on leur rappelle le monde tel qu'il est. Du coup, je me suis sentie frustrée. Tu sais tout.
Je vais essayer de le retravailler en creusant plus ou alors en faisant un texte pour chaque thème. Je verrais ce que mon stylo décidera d'écrire...
Et merci pour ton retour.

Avatar de poulix poulix Mode Lecture - Citer - 02/07/2017 13:32:49

(Nani m'ote toujours les mots de la bouche... ça devient presque frustrant :-b)

Non, la strophe citée est loin d'être la moins réussie : elle claque, dit quelque chose de concret, a un bon rythme.
Essaie, peut-être, de repartir de celle-ci, qui pourrait, pourquoi pas, constituer le début d'un poème. Ou bien te dire que ce sera la dernière strophe ?

Dans la même veine, une idée pour les poèmes à venir : jouer de contrastes . Par exemple, tu prends l'image de ton dernier vers "le bleu du ciel dans les soirs d'été" et tu y mets une scène qui te révolte. Je pense que ça peut donner des choses chouettes et faire ressortir d'une part le rêve, la beauté qui font partie de notre monde. D'autre part, faire ressortir ce qui te révolte, t'attriste, etc. Un grand nuage de fumée dans le ciel peut être très beau, mais d'où vient-il ? Des ruines anciennes également... mais sont-elles si anciennes et pourquoi sont-elles ruines... etc.

Avatar de Maggy Maggy Mode Lecture - Citer - 13/07/2017 16:28:17

Voici une nouvelle version. Pas très sûre de moi.

Route de la mort c'est ton surnom
Désert français, tel est ton nom
Quartiers, citées comme on te nomme
Dans ces émissions qui assomment

Le bleu du ciel des soirs d'été
Par cette fumée noire pénétrée
Qui monte d'une voiture brûlée
Ou d'une poubelle incendiée

Quartiers fait de béton
Synonyme d'abandon
Où gronde la révolte
Branchée sur du 220 volts

Le bleu du ciel des soirs d'été
Par le moteur du tracteur troublé
Venant de la campagne désolée
Un agriculteur esseulé

Son espoir de survie envolé
Avec la dernière récolte ravagée
Le temps est à la révolte
Branchée sur du 220 volts

Le bleu du ciel des soirs d'été
Par les gyrophares illuminés
Sur cette route encore éventrée
Camion contre voiture accidentés

Trop de vies se sont envolées
Des familles pour toujours endeuillées
Leurs cœurs sont à la révolte
Branchée sur du 220 volts

Pas faute d'en entendre parler
Dans toutes ces émissions de télés
Dans le bleu du ciel des soirs d'été
Pour eux j'ai une pensée

Route de la mort
Désert français
Quartiers, citées
Une réalité à ne pas oublier

Avatar de naniquolas naniquolas Mode Lecture - Citer - 14/07/2017 10:36:56

Très intéressant, je trouve !
On voit émerger de belles choses dans cette deuxième version ; personnellement j'aime beaucoup ce refrain de la révolte "branchée sur du 220 volts", même si j'ai plus de mal à faire coller cette idée d'électricité aux familles endeuillées. Je ne sais pas si tu t'es déjà intéressée au slam de plus près, mais je trouve que ce texte a un bon potentiel pour être déclamé et ça pourrait être intéressant de développer ce côté plus musical, plus rythmé, plus oral, qui ressort dans certains passages.
L'autre refrain "le bleu du ciel des soirs d'été" fonctionne très bien aussi, et la combinaison des deux nous donne une belle ambiance orageuse.

Si jamais tu veux encore pousser le texte, voilà quelques remarques :

1) L'orientation du texte a un peu changé : la fin nous amène plutôt sur un devoir de mémoire, il faudrait juste "ne pas oublier", alors que dans la première version tu demandais plus au lecteur de regarder les choses en face, pas simplement de savoir qu'elles existaient, en critiquant la manière dont certains veulent regarder ailleurs. Je trouve que l'idée de la première version est plus forte (mais je ne l'ai bien comprise que grâce à la deuxième^^). Tu pourrais par exemple garder ton refrain en trouvant un image pour dire que certains préfèrent regarder le ciel, ou quelque chose comme ça, plutôt que cette fin un peu trop explicite et sentencieuse.

2)Pour les rimes c'est plus compliqué mais je trouve que les inversions ("Par les gyrophares illuminés", "pour toujours endeuillés", "Pour eux j'ai une pensée", "Par le moteur du tracteur troublé" ) ne rendent pas service à ton texte, elle cassent la spontanéité qui émerge de certains passages ("pas faute d'en entendre parler", par exemple) et atténuent l'atmosphère révoltée avec ces vers trop maîtrisés.

3)A mon avis y'a moyen de couper certains passages plus faibles que les autres, voire de condenser les deux strophes que tu utilise pour chaque thème en n'en faisant q'une seule.
Pour les passages plus faibles, je dirais notamment : "La campagne désolée", "quartiers faits de béton synonyme d'abandon", "familles pour toujours endeuillés", "une réalité à ne pas oublier", "pour eux j'ai une pensée" : ces passages là touchent une vision qui peu paraître un peu simpliste, qui tend dangereusement vers le cliché, alors que tu réussis à éviter cet écueil à d'autres endroit de ton texte.

Avatar de MKL MKL Mode Lecture - Citer - 15/07/2017 15:49:04

J'adore l'idée du 220 volts. Après je m'attendais à plus de colère vu le titre. Il y en a dans le texte, dans le rythme mais cela est encore trop en retenue à mon goût. Peut-être tenter une version libérée des rimes où les tripes seraient crachées puis croiser les deux textes?

Avatar de Maggy Maggy Mode Lecture - Citer - 26/07/2017 17:14:57

Merci pour les retours. Je vais le retravailler je pense.
Vos commentaires sont toujours très précis et me sont d'une grande aide.
Merci et bel été.

Avatar de Maggy Maggy Mode Lecture - Citer - 02/08/2017 16:22:10

Le bleu du ciel des soirs d’été
Est encore troublé
Par cette odeur de fumée
D’une poubelle, d’une voiture incendiée
Dans ce quartier
Où tu ne veux pas mettre les pieds
Ce soir, gronde la révolte
Branchée sur du 220 volts.

Le bleu du ciel des soirs d’été
Est encore troublé
Par ces agriculteurs esseulés
Qui pleurent leurs récoltes ravagées
Dans cette campagne
Que dis-je, dans ce désert entre mer et montagne
Ce soir, gronde la révolte
Branchée sur du 220 volts.

Le bleu du ciel des soirs d’été
Est encore troublé
Par ses vies que l’on voit s’envoler
Camion contre voiture accidentés
Sur cette route éventrée
Jamais terminée, personne ne voulant payer les frais
Ce soir, gronde la révolte
Branchée sur du 220 volts.

Route de la mort, c’est ton surnom
Désert français, tel est ton nom
Quartiers, citées comme on te nomme
Dans ces émissions qui assomment
Tout le monde vous connait
Mais les hautes sphères gardent les yeux fermées
Vous inspirez peur, colère ou pitié
Mais qui voudrez être troublé
En regardant le bleu du ciel… des soirs d’été.



PS : je pense que je changerai le titre.
PPS : je n'arrive pas à me défaire de la rime sur ce texte.

Avatar de naniquolas naniquolas Mode Lecture - Citer - 03/08/2017 15:24:08

Eh ben ça prend vraiment forme ! C'est une qualité de savoir retravailler ses textes comme ça.
Encore quelques petits accents "too much" notamment du côté des agriculteurs je trouve (tu pourrais te passer du "que dis-je !" par exemple), mais la structure du poème me semble plutôt efficace, il y a une belle énergie.
J'ai du mal à comprendre les trois points de suspension dans le dernier vers : tu n'arrivais pas à trouver un rythme satisfaisant ?

PS : attention à l'orthographe Clin d'oeil notamment "qui voudrez être troublé" -> "qui voudrait être troublé ?"

Avatar de Maggy Maggy Mode Lecture - Citer - 03/08/2017 17:46:02

Bonsoir,

Merci Naniquolas (c'est super long à écrire ton nom ;-) ). Ton retour m'a touchée. Merci beaucoup.

Pour répondre à ta question sur le dernier vers, je voulais faire une pause, une cassure entre "le bleu du ciel" et "les soirs d'été". Mais peut-être qu'une virgule suffit.
A la relecture effectivement, je pense que je vais enlever le "que dis-je", et démarrer directement le vers avec "Dans ce désert entre mer et montagne".
Et pardon, pardon, pardon pour les fautes, je n'arrive pas à les repérer toutes. L'orthographe est mon ennemi depuis toujours. Mea culpa.

Merci encore pour tous les retours que toi et les autres membres avez fait. Ca m'aide vraiment beaucoup à améliorer les textes. Je ne suis pas aussi douée pour le moment dans le commentaire et le décorticage de vos textes à vous, mais cela viendra sûrement.

Bonne fin de journée

Avatar de MKL MKL Mode Lecture - Citer - 15/08/2017 16:42:09

Écrit juste Nani si tu trouve que Naniquolas est trop long ^^
Pour le dernier vers, un retour à la ligne peut aussi être efficace pour marquer une pause, orale et visuelle.
Et bravo pour le travail que tu fais sur tes textes, belle volonté.

Avatar de Maggy Maggy Mode Lecture - Citer - 16/08/2017 11:15:21

Merci pour les retours qui m'aident beaucoup à les retravailler.