Le Temps des Rêves

Ce matin, à la radio, j'ai entendu ça :

Manuel Valls parle d’ « islamo-fascisme », mais un ancien ministre lui reproche d’être sous influence juive.
« Les juifs ont leur place en France » déclare le président après la profanation de plusieurs tombes juives.

Je ne sais pas vous mais moi, autant de mots dangereux d'un coup, ça me fait peur. Autant de bêtise humaine, aussi. Alors je n'ai pas trop l'habitude de m'exprimer sur ce genre de sujets, mais là j'avais besoin d'évacuer un peu de ce tumulte de violence et de religions que font les actualités depuis quelque temps...

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Il paraît que Manuel Valls parle d’ « islamo-fascisme », mais un ancien ministre lui reproche d’être sous influence juive.
« Les juifs ont leur place en France » déclare le président après la profanation de plusieurs tombes juives.

D’abord, que viennent faire les fascistes dans l’histoire ? Et puis pourquoi les mettre à coté de «islamo » ? De « islamiste » je suppose ? Parce que j’y entends surtout « islam », moi. Islamisto-fascites, alors ? Enfin bon, je pige toujours pas le rôle des fascistes là-dedans.
Et puis c’est quoi cette histoire d’influence juive ? Propos décrié par tout le monde, bien sûr, c’est bien. « L’antisémitisme est une lutte de tous les jours ». Euh, pardon, la lutte contre l’antisémitisme est un combat de tous les jours. Des gens tuent des juifs. Les gens c’est les fondamentalo-islamisto-intégro-terroristes. Petit bilan statistique sur l’immigration juive, il y aurait 500 000 juifs parmi nous… Je n’ai pas les chiffres de la prévalence sur notre territoire des gens qui croient au Big Bang.
Des gens tuent des juifs. C’est souvent les musulmans qui tuent les juifs en ce moment. Enfin, les fondamentalistes qui revendiquent l’islam. Les islamistes, quoi. Des mots tuent des mots. Alors que les juifs ont leur place en France, vous ne pensez pas ? Des humains tuent des humains. Qui reste ?

Tu m'as plus perdu que ton extrait radio...

C'est pourtant clair. La France est dirigée par un complot siono-maçonnique qui finance l'EIIL pour nous faire oublier qu'ils nous dirigent. Donc les méchants, c'est les musulmans et les juifs. Comment reconnaît-on un juif ? Ils ont les yeux pervers, le nez crochu, et ils sont riches. Comment reconnaît-on un musulman ? Un musulman, c'est un arabe, donc un type basané, et s'il est barbu il est encore plus méchant (c'est proportionnel à la longueur de la barbe), et il crie Allahou Akbar. Tous les musulmans veulent tuer tous les français, tous les juifs, et ceux qui sont les deux mourront deux fois. Tous les juifs veulent tuer tous les musulmans. Et tous les français voudront bientôt tuer tous les musulmans. Simple, non ?

Bien. Maintenant que les choses sont dites, passons aux choses sérieuses. Après avoir fait cette liste, non exhaustive, de préjugés, je tiens à préciser que je ne crois pas un mot de ce que j'ai écris dans le paragraphe précédent. Mais vous vous en doutiez sûrement.

Je pense que la France souffre toujours d'un antisémitisme latent dont elle a du mal (en a-t-elle l'envie ?) à se débarrasser. Ou du moins, de forts préjugés à l'encontre des juifs. Je ne nie pas l'existence d'un lobby juif en France (pour être honnête, je ne suis pas dans les couloirs de l'Elysée ou de l'Assemblée, donc je n'en sais rien). S'il existe, je pense par contre qu'on lui prête plus de pouvoir qu'il n'en a. Valls est sous influence juive. Grand bien lui fasse, moi je suis sous l'influence de l'éducation non religieuse que m'ont prodiguée mes parents, avec évidemment des opinions politiques en sus qui m'ont influencé d'une manière ou d'une autre. Tant que les juifs restent les égaux des non-juifs, je ne vois pas où est le problème. On taxe de sioniste celui qui manifeste une sympathie pour les juifs, et d'antisémite celui qui ne le fait pas, donc autant fermer sa gueule, mais les politiques n'en ont pas le droit. Il faut choisir. Et les sionistes, on ne les lynche pas.

Quant à l'islamo-fascisme, je doute que notre cher premier ministre se soit penché sur la définition de l'un de ces termes avant de les employer. C'est juste une expression qui a du lui plaire. Non pas qu'elle en devienne moins dangereuse. Il associe fascisme (un terme au fort potentiel péjoratif) à... Ben justement, comme tu le dis si bien, à quoi ? Rappel : on s'en fout, il y a la racine islam-, au diable les distinctions ! On a donc un premier terme peu clair, très flou, autant dans sa tête que dans la nôtre, je pense, associé à un terme qui, s'il est tout aussi peu clair, est négatif au plus haut point. A moins de parler de nazis, il aurait difficilement pu aller plus loin.

Curieux, donc, car je ne parvenais pas à bien définir le fascisme autrement que par des exemples, je suis allé voir mon ami Robert :
Fascisme : 1) Doctrine, système politique que Mussolini établit en Italie en 1922 (totalitarisme, corporatisme, nationalisme et respect des structures capitalistes).
2) Doctrine, tendance ou système politique visant à instaurer un régime autoritaire, nationaliste, totalitaire comparable au fascisme.

Dans des "attentats" "terroristes" qui ressemblent pour l'instant surtout à des actes isolés, on peut difficilement parler de doctrine politique, ou de tentative d'instaurer un régime (en Europe, du moins).

Bref, je n'ai rien éclairé (mais il faudra meilleur que moi pour décrypter les propos d'un homme politique), mais tu as raison d'être paumé. Quand la finesse et la pédagogie de notre élite politique nous aidera à y voir plus clair, on le saura.
Là, je pense simplement que nourrir les amalgames, faire monter la peur et la psychose, nous garder dans l'émotion, l'affect, la méfiance et la suspicion, servent autant les "terroristes" que notre classe dirigeante, qui cherche à nous délester de ce fardeau que sont le raisonnement et la pensée, à nous dire que dire, que faire, que croire, et avec un ennemi extérieur et intérieur, c'est d'autant plus facile.