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Arbre

Le Temps des Rêves

Avatar de Brumepin Brumepin Mode Lecture - Citer - 09/12/2014 21:59:42

- Maître Garribald ?
- Entrez, Cléanthe, je vous en prie.

Le jeune assistant pénétra dans le modeste appartement de son tuteur. La porte d'entrée donnait directement sur une salle où l'on trouvait souvent le maître assis derrière une table rectangulaire, revêtue d'une bure. Pour se consacrer à ses divers travaux, maître Garribald disposait d'une écritoire de basse facture posée à même cette table. À droite de la porte d'entrée, se trouvait une commode et à gauche, une bibliothèque pleine d'éphémérides et de livres traitant de spiritualité. A côté de cette bibliothèque, on pouvait voir un autre porche. Il s'agissait-là de l'accès aux appartements privés du maître. Cléanthe ne l'avait jamais franchi.
L'assistant se dirigea jusqu'au bureau de son maître et déposa une missive devant l'écritoire.

- C'est arrivé Des Confins, au levant.

Le maître tiqua et lança un regard circonspect à son élève Ce dernier ne se défaussa pas et en ne prononçant pas un mot de plus, maintint ce qu'il venait de dire : le courrier qu'il apportait, venait Des Confins, aussi étrange que cela puisse paraître.
Les Confins étaient le chef-lieu du marquisat de Fineterre. Un endroit paisible, composé de fraîches collines dans l'essentiel du pays et qui se terminait par d’abruptes falaises dès que l'on s'approchait de la mer blanche. Ce territoire était connu pour accorder une grande importance à la tradition et au fait religieux. De fait, ses habitants se méfiaient de quelconques intellectuels ne faisant pas montre de la même dévotion qu'eux. Ceci était d'autant plus vrai pour un maître du Temps issu de la cité Salamantique. Maître Garribald en était, et il se demandait qui aux Confins pouvait lui écrire pour solliciter son aide.

- Vous dites que c'est arrivé au levant ?, interrogea Maître Garribald
- Oui, le faucon a voyagé toute la nuit.
- C'est que l'affaire doit être importante.

Il prit la lettre, la lut en caressant sa barde blonde qui coulait jusqu'à son torse. Le fait que ses yeux verts ne quittaient pas cette feuille de papier, laissait entendre que l'objet de sa lecture avait de quoi retenir son intérêt. Il demeura pensif sur plusieurs mots puis quand il eut terminé, il pointa du doigt une large bourse bleu pâle remplie de pierres posé sur sa commode.

- Cléanthe, voulez-vous bien m'apporter mon sac de runes ?

Le jeune homme s'exécuta et le maître y glissa la missive qu'il venait de lire, pliée en cinq.

- Bien, je te remercie Cléanthe. Range ce sac où tu l'as trouvé et retourne à ton étude. J'ai cru comprendre que le zodiaque possède encore de trop nombreux secrets pour toi, conclut-il sur un ton complice.
- Merci, maître.

Et le jeune homme s'en alla. Maître Garribald retourna lui aussi à l'objet de ses travaux, à savoir la carte astrale Des Confins, à rebours sept signes avant la date d'aujourd'hui. La vie possède tout de même quelques facéties délicieuses, songea-t-il. Il avait décidé de s'atteler à ce travail suite au résultat d'un calcul habituel. Celui-ci consistait à identifier la positon des astres sur l'ensemble des duchés, comtés et marquisats de Novahlie sept signes jadis. Ce travail avait cela d'intéressant qu'il permettait d'interpréter des événements survenus antérieurement à la lumière des conjonctions astrales.
Lors de cette étude, Maître Garribald s'aperçut que quelque chose de particuliers s'était déroulé dans le marquisat de Fineterre. Ce premier résultat l'avait incité à entamer des travaux plus précis sur cette région. Au fur et à mesure qu'il avançait, ce que les astres lui révélaient, était de plus en plus intéressant. D'après le ciel de cette époque, les personnes nées dans le marquisat de Fineterre sous le signe d'Equilj étaient assurées de mener une vie prospère, une vie douce et surtout une vie libre pour les siècles à venir. En tout cas, telle était la promesse que cette carte céleste leur destinait.
Mais il demeurait une chose que Garribald Verruyt ne comprenait toujours pas. La présence très forte de l'astre des Abysses gâchait cette conjonction astrale parfaite. De fait, il s'était mis à étudier chaque jour, au levant, au zénith et au couchant la position des astres dans le dit marquisat. Son objectif : trouver le jour où l'astre sombre se révélerait le plus puissant vis-à-vis des autres éléments de la conjonction. Ce jour-ci, quelque chose d'important c'était produit en Fineterre. Il ne resterait plus ensuite qu'à consulter les archives pour deviner quel était cet événement si important. Garribald était donc totalement dédié à la découverte du moment précis de cette conjonction. Dans ce dessein, hélas, les éphémérides de sa bibliothèque ne lui étaient d'aucune utilité. Il le savait. Sans date de départ, aucune d'entre elles ne pouvait répondre à la question de son étude, tout au plus lui permettraient-elles de vérifier ses calculs. Lesquels se révélaient être une voie bien plus efficace.
Maître Garribald passa l'ensemble de sa matinée à cette recherche. Quand les calculs commencèrent à lui brouiller l'esprit, il s'attarda quelques temps avec quelques correspondances qu'il avait à envoyer. Quand il eût terminer cette tâche, il se consacra à la lecture d'un essai de divination, lequel le laissa le plus indifférent du monde vu qu'il ne lui apprit pas plus qu'il n'en savait déjà.
Quand la clepsydre installée sur la commode, à côté du sac de runes, fut totalement écoulée, le maître s'empara de la vasque inférieure qui contenait l'eau et la versa dans la vasque supérieure. La plage du levant était terminée, la journée entrait dans la plage du zénith. Alors que la dernière goutte de la vasque inférieure chuta dans la vasque supérieure, la cloche située dans le campanile de la tour d'astronomie sonna. Cette tour était située au sommet de l'hôtel du Temps, celui-là même où se trouvait l'appartement de Garribald Verruyt. En écho, les cloches situées sur les campaniles des quatre hôtels des autres éléments sonnèrent eux aussi, puis se fut au tour des académies des quinze sciences. Les cloches situées à la périphérie de la ville les imitèrent, puis les cloches des villages avoisinant. Et il en allait ainsi sur l'ensemble du continent Novahlien. Cela faisait des siècles que la cité Salamantique donnait l'heure à une confédération, une principauté et trois royaumes. Les apprentis de l'élément du Temps étaient chargés de cette tâche prestigieuse et jamais, ils n'y avaient manqué.
Après ce signal, Garribald Verruyt se saisit des moucharabiehs situés près de sa bibliothèque. Il s'appliqua à en positionner un devant chacune des ouvertures que formaient des piliers en arc brisés tout le long du mur extérieur. Une fois cette tâche terminée, une fois protégé du soleil et à l'ombre, le vieil homme retourna à ses travaux. Il ne les arrêta que lorsque la vasque supérieure de sa clepsydre fut à moitié vide. A travers l'ombre des moucharabieh, les piliers qui formaient les arc brisés de ses fenêtres lui signifiaient la même chose. Le soleil était au moment le plus fort de son zénith, à la mi-journée exactement. Garribald rangea alors ses lignes de calcul dans le tiroir de son écritoire et sortit de ses appartements.

Une belle journée flattait la cité Salamantique d'un ciel azur. Aucun nuage n'était venu perturber cet éther pur en pleine jeune saison. L'ensemble des trois continents de l'Unicontar se retrouvait au 54ème jour du signe de Guémèr, soit à la veille du solstice de la jeunesse : le jour le plus long de l'année. Si l'on se fiait au calendrier, il faudrait ensuite attendre 998 jours pour retrouver une telle journée. De fait, l'effervescence des étudiants était à son comble. Sur toutes les places de la ville, on construisait des bûchers en prévision des feux de joie de la courte nuit qui s'annonçait.
Le calendrier de l'Unicontar provenait des temps immémoriaux et était utilisé comme instrument de mesure du temps sur l'ensemble des trois continents du monde. Plusieurs disputes existaient quant à son origine. S'il est certain que les peuples qui précédèrent le grand Empire Oronarte utilisaient déjà cet outil, d'autres assuraient que c'étaient l'empire Novahlien qui le premier, eût recours au calendrier actuel. D'autres stipulaient encore que les Anghaliens avaient inventé cette technologie. Et d'autres encore juraient mordicus qu'il s'agissait là d'un héritage des Atalantes.
Baliverne, que tout cela !, pensait Garribald en lui-même. Le bout qui va devant dans cette dispute, n'est autre que de savoir quel peuple est le plus grand ! Ce sont-là des querelles de politiciens et non de maîtres de Temps. Un politicien, il allait justement en retrouver un ou plus exactement, un politologue. Il s'agissait de Maître Théophraste, ordonné grand Erudit par le roi de Portagrel lui-même et maître de l'Esprit par le maître Isidor, doyen de l'hôtel de l'esprit. Si la politique était de loin la science qu'il préférait, il montrait aussi un grand talent dans l'enseignement des sciences de la poésie et de la logique.
Pour le rejoindre, Garribald ferma à clef la lourde porte en bois de sa permanence. Celle-ci donnait sur une vaste galerie circulaire, car l'hôtel du temps était ainsi construit. A la périphérie du bâtiment, il était possible de trouver les lieux d'études, les lieux de couchage ou encore les appartements du corps professoral (ceux-ci étaient situés au troisième étage). Derrière les portes , se trouvaient ensuite une vaste galerie. Cette galerie se terminait par un escalier en colimaçon au centre de l'édifice. Il menait jusqu'au combles, couverts d'un dôme de cristal élaboré par les maîtres du minéral eux-mêmes et aussi jusqu'en haut de la tour d'astronomie où un télescope était installé. Seules les personnes ayant atteint le statut de professeur pouvaient y avoir accès.
Garribal Verruyt descendit les trois étages qui le séparait du rez de chaussé. Une fois qu'il fut sorti de l'hôtel du Temps, il déambula par dessous les galerie à colonnades qui longeaient la plupart des bâtiments de la cité Salamantique. Bien qu'il ne portât qu'une légère robe de soie écru ceinte en son abdomen d'une étoffe en coton, couleur pourpre, Garribald Verruyt suait à grosse goutte durant son trajet jusqu'au troquet où Maître Théophraste l'attendait. La chaleur qui régnait dans la ville savante était étouffante. Aucun souffle de vent ne pouvait rafraîchir les marcheurs et le plein zénith n'allait pas pour arranger les choses...
Maître Garribald parvint tout de même à retrouver la taverne « Des amis retrouvés ». Un lieu dont le nom était tout indiqué pour retrouver des amis de longues dates, et Théophraste de l'Etang en était un des plus précieux de Garribald Verruyt.
Quand il franchit le seuil de la taverne, Maître Garribald distingua un homme fier sirotant un jus de sureau dans un coin éclairé par les quelques embrasures de la taverne. Il était lui aussi vêtu d'une robe de soie, à la seule différence qu'elle était d'un gris anthracite et qu'il l'avait ceinte d'un tissu jaune. Garribal reconnût tout de suite les yeux bleus et la tête à moitié chauve de son ami. Il se dirigea vers sa table et lui adressa la parole d'un ton très sérieux :

- Tu es arrivé en avance...
- C'est un moyen pour moi de ne pas être en retard !
- Tu penses vraiment être arrivé en avance ?
- Oh, ça non, je suis arrivé à l'heure précise, je le sais.
- Tu sais déjà qu'afin de ne pas t'attendre, je me débrouille pour arriver avec quelques minutes de retard...
- … et le sachant, j'ai fait tout mon possible pour arriver à l'heure, question de d'orgueil.
- Ce qui en résulte qu'au final...
- … je suis à l'heure et toi en retard, un comble pour un maître du Temps, n'est ce pas ?
- Hélas, c'est bien le cas et cela pourrait nous faire deviser sur l'impossible maîtrise du Temps dont le galop ne cesse jamais.
- On dirait de la poésie. Ce cher Maître Garribald laisserait-il de côté l'étude du Temps pour se consacrer à d'autres sciences un peu plus affable ?
- Loin de moi cette idée, mais à en croire cette seule discussion, il est vrai que l'espace de quelques instants, tu étais plus digne de servir l'hôtel du Temps et moi l'hôtel de l'Esprit.

Ces derniers mots prononcés, il laissèrent planer un silence puis éclatèrent de rire de concert.

- Moi, maître du Temps, allons Garribald, tu sais bien que je n'ai jamais eu aucun talent pour cet élément.
- Je m'en souviens ! Pendant les classes de runes, tu les lançais sur le doyen Cornelius alors qu'il n'était que professeur.
- Je devais choisir une science du temps pour parfaire mon enseignement de l'esprit, se justifia-t-il !
- Et tu as choisi la science la plus ennuyeuse, je le crains.
- Au moins, les runes, il est possible de les voir, de les toucher. Ce n'est pas comme les astres du zodiaque ou les forces de l'esprit. Tes comètes, tu as besoin d'un télescope pour les voir et un esprit, tu ne peux pas le toucher.
- Tu ne changeras donc jamais
- J'ai choisi les runes parce que cela me paraissait plus complet.

Le tavernier les coupa dans leur conversation pour prendre connaissance de leur commande. Théophraste commanda des travers de porc assorti de pois séchés et d'haricot blanc. Garribald salivait davantage pour un bol de bouillon de céleris, d'asperges de thym et de laurier avec une miche de pain de seigle pour l'éponger. Les deux comparses feraient descendre le tout avec une amphore d'hypocras.

- Ton voyage s'est bien passé ? Demanda Garribald quand ils furent servis.
- Hormis quelques brigands dans le duché de Zuytegaerde, rien de particulier.
- Tu penses qu'une réunification est en bonne voie ou...
- Je me doutais que tu allais me poser cette question, le coupa Théophraste. Puis il avoua de to go. On en est loin, Garribald. On en est très loin. Rien ne laisse présager que les duchés qui composent les plaines du Grégardal se réuniront un jour, rien. Et j'en suis d'autant plus convaincu après ce voyage.

Le maître du temps ne cacha pas sa déception.

- Je sais que tu aimerais voir le peuple Grédalien vivre dans la paix, Garribald. Et je te comprends, je n'oublie pas d'où tu viens. Cependant, la situation est telle... Elle est insolvable ! Le duc de Zwaertgotten reproche à celui de Kaestel-Montis de s'étendre sans cesse sur les côtes de la mer d'Almonhar. Il prend ce prétexte pour affirmer que cela gêne son commerce et renforcer la défense de ses comptoirs. Celui d'Eestvil veut faire détruire les barrages que le seigneur de Noordgaerde a fait construire en amont du fleuve Goernroove et pour le soutenir dans cette initiative, celui de Puerplskies avait déjà fait appel à ses bannerets. On a évité le conflit de justesse parce que le duc Puerplskies était déjà en froid avec le duc d'Oestburg à cause des tarifs des douanes qu'imposaient celui-ci. Le souverain de Zwaertgotten qui est un cousin du duc d'Oestburg a assuré qu'il n'hésiterait pas à intervenir si Puerplskies attaquait... et tout va comme ça, tout va comme ça. C'est fatigant, Garribald, tu ne sais pas à quel point !
- Une guerre couve...
- Je n'en sais rien. Les Grédaliens ne se sont jamais autant haïs, mais si une guerre avait dû éclater, nous y serions depuis bien plus longtemps. La situation est vraiment étrange...
- Tu crois que tu y es pour quelque chose ?
- Dans le maintien de la paix, tu veux dire ?
- Oui.
- En partie, je ne suis pas le seul maître de l'esprit à conseiller les seigneurs du Grégardal, tu sais. Et puis, j'ai d'autres homologues qui se sont mis directement à leur service. Le maintien de la paix pendant autant d'années, est aussi dû à leur travail. Et puis les Grédaliens ont en commun le défaut de l'avarice, Garribald. Ils savent qu'une guerre civile leur coûterait trop cher et les affaibliraient vis-à-vis des autres royaumes.
- Cela doit faciliter vos missions de Maître de l'esprit.
- C'est sûr que pour maintenir la paix, cela arrange nos affaires, confirma Théophraste. Les Portaliens sont bien plus belliqueux et incontrôlables, je l'avoue.
- Quel seigneur as-tu vu durant ton voyage ?
- Je ne suis pas passé à Kaestel-Montis si c'est ce que tu veux savoir...
- On dit qu'un mariage se prépare avec Zwaertgotten, rétorqua Garribald. La tension entre ces deux duchés ne semble pas si vive que cela.
- Tu es plus informé que...
- ...on dit aussi que le duc d'Oestburg a une fille bonne à marier, coupa Garribald
- Arrête !
- Si tu n'es pas allé à Kaestel-Montis, il aurait été dommage de ne pas aller à Zwaertgotten, jugea le maître du Temps. C'est la place la plus importante du Grégardal...

Théophraste de l'Etang demeura sans voix pendant quelques instants. Il ne savait pas s'il devait craindre son ami ou l'admirer. Garribald était parfaitement au fait de tout. Certes, ses premières études n'étaient pas étrangères à autant de clairvoyance mais le maître du Temps avait arrêté toute étude de la politique depuis son adolescence. Pour tenir des information aussi exactes, force lui était de constater qu'il avait fait bien plus que de recevoir les informations que tout le monde connaissait. Il était allé en chercher quelques unes par lui-même et cela n'était pas sans risque...

- Je dois en conclure que tu étais bel et bien à Zwaertgotten, acheva Garribald – Le maître de l'Esprit n'avait toujours pas prononcé un seul mot – Tu peux au moins me confier ça, non ?
- Tu ne me feras pas parler, lâcha enfin Théophraste.
- Même à un ami.
- Je t'en prie, ne mets pas notre amitié là-dessus. Tu sais très bien pourquoi je ne peux pas t'en parler.
- Tu sais que j'ai arrêté toute étude de la politique.
- Mais tu demeures très inquiet au sujet de l'évolution de la situation dans le Grégardal.
- Tu sais que ma maîtrise du Temps me demande beaucoup de travail. Je n'ai que toi pour savoir exactement ce qu'il se passe...
- En es-tu vraiment sûr ? Tu me sembles parfaitement au courant de tout. Alors pourquoi as-tu besoin de ces informations ? Les astres augurent-ils de mauvais présages sur le Grégardal ? Des fantômes sont venus te chercher dans ton sommeil pour te donner des visions de ce qui va se passer la saison prochaine ? La disposition de tes runes sur une carte de Novahlie te fait froid dans le dos, c'est cela qui t'inquiète ? Si c'est cela que tu cherches à confirmer, je peux juste te dire ce que tout le monde sait déjà. Le Grégardal est une poudrière, et je n'ai pas eu besoin d'un télescope ou de cailloux pour le savoir !

Cette dernière phrase attrista profondément Garribald Verruyt. Son regard s'éteignit et sa moue laissait voir des sentiments d'amertume et de déception. Son ami avait compris à l'instant même où il avait prononcé ces paroles qu'il avait été trop loin.

- Je suis désolé... J'avais juste oublié...
- Tu as mis sur le côté l'humilité qui en imposait à ta maîtrise, reprocha Garribald.
- Je sais.
- Ta maîtrise de l'Esprit n'est qu'une voie de la perception de la Connaissance. Nous y participons tous...
- Je sais.
- Ce que je perçois avec le Temps, je le vois sous un autre angle que le tien.
- Je sais... – Puis voyant que Garribald ne disait rien de plus – Tu m'en veux.
- Tu me déçois.
- Je suis désolé, répéta Théophraste. Je suis désolé. Les Grédaliens me rendent fous, je ne sais plus quoi faire, ni quoi dire. Je m'excuse.
- Tes excuses sont acceptées. Tu l'as dit toi-même. Les Portaliens ont le sang chaud.
- Tout ce que je peux te dire c'est que...
- La paix ne tiendra pas longtemps. Merci, j'avais compris.
- Mais... entre nous, tu travailles sur le Grégardal en ce moment ?
- Non.
- Tu travailles sur quoi ?
- Le marquisat de Fineterre.
- Le marquisat de Fineterre ?
- Oui, mais j'en suis encore au calcul. Rien de définitif pour le moment. Je ne peux rien te dire non plus.
- Soit... et bien, considère que c'est la même chose pour moi.
- Qu'est ce que tu veux dire ?
- Mes excursions dans le Grégardal, ce sont des calculs. J'essaie de maintenir la stabilité du territoire, tant bien que mal.
- Et lorsqu'il sera devenu totalement instable ?
- Cela voudra dire que je me serai trompé quelque part. Je laisserai alors place aux maîtres de la lumière pour réparer mes erreurs. Ce que j'essaie de te dire, c'est de ne pas me poser de questions plus précises sur mes voyages. Tu connais les risques et la confidentialité de nos missions...
- Je sais mais....
- … mais je suis aussi en train de faire mes calculs. Et vu que je n'en connais pas encore le résultat, il serait présomptueux de te donner quelconque informations.
- Je comprends, admit Garribald. Je comprends.

Sa curiosité demeurait cependant inassouvie mais il comprit au terme de ce repas que la situation était tellement délicate que même son meilleur ami : maître Théophraste ne pouvait rien lui révéler sur ce qu'il se passait dans les cours du Grégardal, et cela l'attristait.
Le repas terminé, Garribald et Théophraste retournèrent à leurs travaux respectifs, un peu en froid. Le maître du Temps s'enferma durant toute la plage du zénith et du couchant dans ses appartements. La petite altercation qu'il avait eu avec Théophraste, le préoccupait. Non pas qu'il craignît pour leur amitié, mais ce silence en disait long à propos de la torpeur dans laquelle étaient plongées les plaines du Grégardal, le pays dont il venait. D'habitude, Théophraste n'hésitait à discuter à bâton rompu des souverains de Novahlie. Il prenait même un malin plaisir à tous les brocarder de la manière la plus insolente possible. Lors de ce repas, le maître de l'Esprit avait paru bien sombre. Inquiet, réellement. Et cette inquiétude se répercutait sur Garribald.
Le maître du Temps était tellement en proie à ses soucis qu'il en oublia de se rendre au repas du couchant qu'il devait tous les jours partager avec ses confrères de l'hôtel du Temps. Ce moment de réunion était l'occasion quotidienne de discuter de ses travaux avec tous. Depuis qu'il étudiait le ciel du marquisat de Fineterre, Garribald commençait à être de moins en moins assidus à ces repas. Quelqu'un frappa à sa porte.

- Maître Garribald ?
- Entrez, Cléanthe, je vous en prie.

L'assistant entra, les mains vides cette fois.

- Vous n'êtes pas venu souper ce soir.
- Merci de m'en informer. Mon estomac est gentiment en train de me le rappeler.
- Il se trouve que le doyen Cornelius aurait aussi quelques rappels à vous faire.

Sur ces mots, maître Garribald consentit à lancer un regard à son assistant.

- Le doyen m'a chargé de vous dire que vous êtes convoqué dans ses appartements demain au début de la plage du couchant.
- Bien, je te remercie Cléanthe.

L'assistant sortit penaud du bureau de son maître comme si lui-même était en faute.
Garribald Verruyt ne dormit pas de la nuit. Cette convocation soudaine du doyen Cornelius venait s'ajouter aux tracasseries que lui causaient déjà la situation dans le Grégardal. Bien qu'il eût un peu plus d'une trentaine d'année, cette intimation sans appel du doyen le rendait encore plus nerveux. Le choix de laisser courir une journée entière entre le moment de l'entrevue et le moment où Garribald avait pris connaissance de cette l'entrevue n'était pas anodin. Alors que cela aurait pu paraître banal dans d'autres hôtels de la Connaissance, ce choix avait un sens bien particulier chez quiconque maîtrisait le temps. Le Temps avait ce don particulier qu'il pouvait vous triturer l'esprit si l'on y insérait quelconque once de doute, d'obscurité ou de peur. En cela, le doyen Cornelius venait d'administrer un coup de maître à Garribald. En une journée, ce dernier avait de le temps de douter de ses fautes. Ces doutes établis, il pouvait craindre quelques réponses. Et ces réponses étaient craintes car les intentions du doyen demeuraient obscures. Le doyen avait été assez fin pour savoir qu'une journée suffirait pour que Garribald souffre de cette épreuve, passée la deuxième n'importe quel maître du Temps aurait eu assez de force pour refouler ses peurs en dehors de son esprit.
Ainsi en allait-il de l'arme du Temps. Garribald le savait et le seul moyen qu'il connaissait pour échapper aux assauts de cette arme, était le travail. Il travailla ainsi jusqu'à l'aube, alternant calcul du zodiaque avec rédaction d'essais sur le pouvoir des runes sans oublier quelques séances de divination où il essaya de faire voyager son esprit sur les prochains mois à venir. Il échoua car les troubles qui l'habitaient, étaient bien trop forts pour ce genre d'expérience.
Alors que le soleil commençait à poindre au nord, Garribald fit le choix de se reposer un peu. Il sommeilla durant toute la plage de l'aube, se réveillant quelque fois, par angoisse. Las d'essayer de dormir, il essaya de lutter contre cette anxiété en se réfugiant dans ses souvenirs de jeunesse. Il ouvrit alors une malle qui contenait ses effets personnels les plus précieux : une boule de cristal, un vieux manuscrit quelconque du premier siècle après Oronor, quelques autres bibelots d'argent, de bronze et d'airain et enfin une épée un peu rouillée dont le pommeau avait besoin d'être refait. Il la sortit difficilement de son fourreau et la contempla comme si le métal pouvait encore faire luire la lumière du soleil. Il la fit tournoyer dans la paume de sa main et imagina un adversaire qu'il frappait tantôt avec l'estoc et tantôt avec la taille.
Lorsque l'on sonna la plage du zénith, il posa son épée sur une table de chêne attenant à la tête du lit et partit se restaurer en ville, seul. Son repas terminé, il se recoucha et s'endormit lourdement cette fois-ci. Il n'entendit pas la cloche sonner lorsque commença la plage du couchant.

- Maître Garribald ? Maître Garribald ?

Cléanthe se tenait à genoux à côté de son enseignant. Il le secouait vigoureusement par l'épaule afin de le réveiller. A côté du lit, le doyen Cornelius attendait patiemment que Garribald se réveille. Quand celui-ci ouvrit un œil et aperçut que le doyen se tenait là, au pied de son lit, il sortit brusquement de son sommeil et bondit de son lit en frappant rudement Cléanthe à la tête, lequel se télescopa à l'autre bout du lit. Face à ce piteux spectacle, le doyen quitta les appartements privés de son maître pour rejoindre le bureau, visiblement énervé. Il dût encore attendre un long moment avant que maître Garribal ne se présente vêtu d'une robe de velours blanc cassé.

- Un maître du Temps n'est jamais en retard, Garribald !
- Mes excuses, monsieur le Doyen.
- Auprès de qui vous excusez-vous ?
- Auprès de vous-même...
- Vous vous méprenez.
- J'ai du mal à vous suivre...
- Vos excuses, ce n'est pas à moi qu'il faut les adresser.
- Que voulez-vous dire ?
- Il faudrait plutôt les adresser à votre ami, maître Théophraste...
- Mais...
- Vous savez, j'en ai vu d'autres. Je ne suis plus à ça près.

La tête de Garribald bourdonnait. Le coup qu'il avait malencontreusement donné à Cléanthe, l'avait lui aussi sonné, sans compter le fait qu'il n'était pas tout à fait sorti de son sommeil. Et puis, le doyen Cornelius était d'une telle vivacité d'esprit qu'il était souvent compliqué de le suivre dans ses raisonnements.

- Maître Théophraste ?, répéta Garribald.
- C'est avec lui que vous avez dîné hier ?
- Oui.
- Et vous êtes arrivé en retard !

Garribald n'en croyait pas ses oreilles. Le doyen avait tenu à se déplacer jusque dans ses appartements pour lui reprocher un simple retard avec un ami. Cela n'avait pas de sens.

- Pardonnez-moi, monsieur le Doyen, cela ne se reproduira...
- Imbécile ! Vous croyez que je suis venu jusque chez vous pour ce seul méfait.
- J'avoue que cela serait surprenant.

Un silence s'installa. Cléanthe refit son apparition dans le bureau, sa main frottant son front qui lui faisait encore mal. Maître Garribald se tenait entre sa bibliothèque et la table où se trouvait son écritoire encore garnie des calculs de la veille. Le doyen Cornelius s'était rapproché des fenêtres extérieures. Il contemplait les couleurs oranges, roses et mauves du crépuscule.

- Une chose étrange que ce soleil qui rythme nos vies, songea-t-il. En l'espace d'une journée, il fait passer le ciel, la terre et les abysses par de multiples couleurs. Le Temps donne mille couleurs à la terre en une seule journée, il est logique qu'il change aussi les hommes. Savez-vous pourquoi je viens d'évoquer votre dîner avec votre ami Maître Théophraste ?
- Je l'ignore, reconnut Garribald.
- Un de mes assistant était aussi présent dans la taverne où vous vous êtes retrouvé. Il m'a parler de votre retard bien sûr ! Mais là, n'est pas la chose la plus grave qu'il ait entendu...

Garribald commençait à comprendre où le doyen voulait en venir.

- Monsieur le Doyen, je peux tout vous expliquer...
- … et quand je rentre dans vos appartements privés, j'ai aussi le plaisir de découvrir une épée sortie de son fourreau, le coupa le Doyen.
- C'est-à-dire... Je...
- Et selon ce que j'ai cru comprendre de la part de mon assistant vous êtes aussi, voire mieux, instruit des intrigues du Grégardal que n'importe quel maître de l'esprit de la cité Salamantique !
- S'instruire n'est pas une faute maître.
- Oui da ! Néanmoins, tout dépend des méthodes que vous utilisez.
- Monsieur le Doyen, ce n'est pas ce que vous croyez...
- Hélas, mon ami, en à peine deux jours, vous avez fait naître bien trop de doute dans ma conscience et aussi dans la conscience de bien des habitants de la cité Salamantique. Je ne peux vous garder au sein de l'hôtel du Temps davantage. C'est une question de sécurité. Tant que je ne me serai pas assuré que vous ne participez pas à quelconque manigance dans le Grégardal...
- … Mais pourquoi le ferai-je ?
- Suffit ! Prenez-moi pour un emmanché du Val pendant que vous y êtes ! Vous comprenez parfaitement pourquoi de tels soupçons sur votre personne sont crédibles.
- Je vois, comprit Garribald. Mes antécédents....
- Vous comprenez qu'étant donné les troubles qui bouleverse le Grégardal en ce moment, je ne peux vous garder vous garder parmi nous plus longtemps, Garribald.
- Vous me retirez mon titre de maître ?
- Non.
- Alors si je demeure maître, je peux rester à l'hôtel du Temps, cela a toujours fonctionné ainsi.
- Hélas, ce n'est pas une option possible. Quand au fait que « cela a toujours fonctionné » ainsi, vous vous méprenez une fois de plus.
- Vous voulez que je prenne un congé d'errance ?
- Il serait en effet plus sage pour notre communauté que vous deveniez un maître errant. Je ne tiens pas à vous retirer votre titre. Vous avez bien trop de talent pour cela. Et puis vous diffuserez votre savoir à ceux qui désireront vous écouter et faire appel à vos services.
- Maître Cornelius, il n'existe plus un seul maître du Temps errant depuis qu'Almonhar a eu ses révélations... Et plus personne en Novahlie ne fait appel à nos services.
- Considérez alors qu'il s'agit là d'une chance, vous n'êtes pas sans savoir que les disciples de l'élément du Temps se sont raréfiés durant cette même période. Vous avez l'occasion de relancer une tradition ancestrale qui s'est éteinte il y a plusieurs siècles.

Garribald resta pensif. Errer parmi les routes du Grégardal, il n'y avait jamais songé. Il n'avait toujours perçu son existence qu'à travers le prisme des festivités de la cité Salamantique, de ses travaux au sein de l'hôtel du Temps et de ses repas partagés avec quelques uns de ses amis qui lui comptaient volontiers leurs aventures. Cela lui suffisait amplement pour se donner l'impression qu'il vivait ces dites-aventures... Ce que le doyen lui imposait, lui donnerait la chance de vivre ses propres aventures. Il aurait un jour lui aussi la chance de raconter tout cela à maître Théophraste.

- Je devine ce que vous vous imaginez, Garribald. Mais une nouvelle fois, ne vous méprenez pas. C'est une véritable responsabilité que je vous confie. L'errance est la noblesse même de l'élément du Temps, vous aurez tout le loisir de vous en apercevoir.
- Monsieur le Doyen, il est une chose que je comprends pas. Si vous avez de tels soupçons sur ma personne, pourquoi me confier une mission si importante.
- Faire renaître l'art de l'errance parmi les maîtres du Temps, réclame en effet une grande confiance entre confrère. Et vous aurez la mienne tant que, dans votre errance, vous respectiez ce précepte...
- Ne jamais mettre les pieds dans le Grégardal, devina Garribald.
- Bien, je retrouve là votre sagacité, se satisfit le doyen.
- Que se passe-t-il si je refuse ?
- Je n'aurais pas d'autres choix que de vous retirer votre titre, Maître Garribald. Et je crois que vous pouvez estimer, tout aussi bien que moi, quelle perte immense cela serait pour l'élément du Temps.
- Je n'ai pas la prétention d'être indispensable, rétorqua Garribald.
- Et pourtant vous l'êtes. Certes, il est de ma responsabilité d'assurer une partie de la sécurité de la cité Salamantique. Mais il m'incombe aussi la tâche de mobiliser quelconque personnes disposant d'aptitudes pour élever la Connaissance de l'élément du Temps et vous en êtes Garribald. C'est pourquoi, je vous demande d'errer.

Un nouveau silence régna dans le bureau. La nuit était désormais tombée sur la cité Salamantique et les premiers feux de joie commencèrent à apparaître ça et là sur les places de la ville. Cléanthe qui avait tout écouté depuis le début ne s'en retrouva que d'autant sonné. Il ne réalisait pas ce qu'il venait d'être dit. Maître Garribald devait quitté la cité Salamantique afin de devenir maître errant... Cela n'avait aucun sens, absolument aucun sens ! Garribald s'était rapproché de la fenêtre pendant la conversation, aux côtés du doyen Cornelius. Il scrutait l'horizon comme si celui-ci pouvait lui révéler les aventures qu'il allait vivre, les enseignements qu'il allait dispenser, les seigneurs qu'il allait servir. Le doyen, quant-à-lui, considérait qu'il avait dit ce qu'il avait à dire et s'apprêta à retrouver ses propres appartements. Sans un mot de plus, il se dirigea vers la porte de sortie qu'il tira, mais Garribald lui posa une ultime question.

- Quand devrais-je avoir quitté les lieux ?
- Dès l'aube, asséna le doyen. Vous devrez avoir quitté la cité Salamantique dès l'aube.

Et il claqua la porte. Cléanthe sortit alors de sa torpeur. Interrogeant son maître d'un regard terrorisé, il ne voulait pas croire ce qu'il se passait. « Vous n'allez pas partir ? » avait-il bafouillé. Garribald Verruyt lui répondit d'un regard à la fois désolé et résolu. De toute manière, il n'avait pas le choix. S'il refusait de partir le doyen n'hésiterait pas à lui retirer son titre de maître, une fois pour toute et nul doute que le doyen Cornelius avait pris cette décision en toute bienveillance. C'était une chance qu'il lui était offert. Du moins, Garribald la percevait-il ainsi.
Sans plus attendre, il se rendit dans ses appartements privés et entreprit de remplir un balluchon avec ses effets personnels. Dans son hébétude, Cléanthe l'aida à préparer son voyage. Garribald Verruyt porterait tout sur le dos : un livre d'éphémérides générales, une carte du ciel, un sablier, des plumes, de l'encre quelques vivres et quelques vêtements. Seules sa gourde et son épée seraient ceintes, à portée directe de mains. Garribald avait aussi troqué ses robes de citadins pour une tunique écrue et des braies brunes, plus adéquates à la vie de vagabond.
Quand ils eurent le sentiment que tout fut prêt, le maître et l'assistant respectèrent quelques instant de silence. En ce saint jour du solstice de la jeunesse, leur vie avait été totalement bouleversée.

- Tu ne viendras pas avec moi, informa Garribald.
- Mais...
- Je dois partir seul. Tu prendras soin de mes appartements jusqu'à mon retour.
- Seulement, reviendrez-vous un jour ?
- Je le crois, Cléanthe. Mais il faudra encore attendre quelques saisons avant cela.
- Et mon apprentissage, comment...
- L'hôtel du Temps recèle de maîtres et de professeurs tout à fait compétents qui seront très heureux de poursuivre ton apprentissage.
- Vous reviendrez ?
- Je te le promets.

Ils se serrèrent dans les bras l'un l'autre, Cléanthe versa une larme.

- Où irez-vous ?
- Cela, il n'y a qu'un moyen de le savoir.

Garribald se saisit alors du sac de runes, il en retira la lettre qu'il y avait glissée et la déplia sur le bureau. Il choisit ensuite cinq runes au hasard dans sa bourse et les disposa les unes à la suite des autres sur la lettre. Il ne fallut qu'un bref regard à Garribald pour comprendre de quoi il en retournait.

- Et bien, constata-t-il. Jamais le langage des runes ne m'a paru aussi limpide. Je m'en irai au sud, au marquisat de Finterre !



Avatar de Wensaïlie Wensaïlie Mode Lecture - Citer - 11/12/2014 22:04:24

NYAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH T.T depuis le temps que j'attendais ce roman !!!! je le lirais ce WE Grand SourireDDD

Avatar de Wensaïlie Wensaïlie Mode Lecture - Citer - 13/12/2014 18:30:47

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"La porte d'entrée donnait directement sur une salle où l'on trouvait souvent le maître assis derrière une table rectangulaire, ..." Je trouve la phrase longue mais c'est ton style peut être on va voir

À droite de la porte d'entrée, se trouvait une commode => pas de virgule?

Répétition de trouvait/trouvait

Traitant de spiritualité = je trouve ça lourd

J'ai l'impression qu'il y en a dans tous les sens dans cette description (a droite là à gauche là etc ) et j'ai du mal a suivre mais c'est peut être aussi parce que je viens de finir un passage de mon roman perso et que j'ai la tête dans les étoiles ^^

circonspect = Perplexe plutôt ?

ne se défaussa pas = Je ne connaissais pas cet emploi de défausser (tu voulais dire qqch comme dédire? Démentir ?)

Ce dernier ne se défaussa pas et VIRGULE en ne prononçant pas un mot de plus, maintint ce qu'il venait de dire : le courrier qu'il apportait, SANS VIRGULE venait Des Confins, aussi étrange que cela puisse paraître.  = j'aime beaucoup cette formulation!

"Les Confins étaient le chef-lieu du marquisat de Fineterre. Un endroit paisible, composé de fraîches collines dans l'essentiel du pays et qui se terminait par d’abruptes falaises dès que l'on s'approchait de la mer blanche. (en barré : je pense que ça allégerait la phrase, au pire tu peux la décomposer si tu veux vraiment dire ttes ces précisions) Ce territoire était connu pour accorder une grande importance à la tradition et au fait (aux faits? ou direct et à la tradition?) religieux. De fait (répétition), ses habitants se méfiaient des quelconques intellectuels ne faisant pas montre de la même dévotion qu'eux. [pourquoi que des intellectuels? tu expliqueras peut être après ^^ Ceci était d'autant plus vrai (attention au ceci, de fait etc. ça fait très composition écrite et renforce l'effet wiki ^^' - de plus je suis pas sûre que ce lien soit le plus cohérent pour assembler tes deux phrases) pour un maître du Temps issu de la cité Salamantique. Maître Garribald en était, et il se demandait qui aux Confins pouvait lui écrire pour solliciter son aide. " je trouve que ça fait un peu wiki (cad qu'on a toute l'explication qui arrive un peu en mode dico. elle manque d'introduction?)

la suite sur le fichier word que je t'envois parce que c'est nul ici pour faire des com' de texte ^^


j'en suis là "Quand il eût terminer cette tâche, il se consacra à la lecture d'un essai de divination, lequel le laissa le plus indifférent du monde vu qu'il ne lui apprit pas plus qu'il n'en savait déjà. "
ça m'a l'air d'être un univers très riche et complexe, et je pense que ça va être très intéressant de le découvrir. par contre, c'est très complexe = j'ai eu l'impression que tu essayais d'être trop précis et du coup tes explications sont presque plus obscures que si tu n'expliquais pas.
J'aime beaucoup les dialogues, à la fois tourné de multiples circonvolutions et en même temps directes et efficaces.


Avis général à venir Clin d'oeil

Avatar de Wensaïlie Wensaïlie Mode Lecture - Citer - 22/12/2014 19:38:10

Et voilà une nouvelle portion de lue et envoyée à l'auteur ^. ^

On commence a entrer dans le vif du sujet page 2, avec la rencontre de l'ami du maître du Temps. Les dialogues sont pas à lire fatigué, mais très intéressants dans leur structure ! J'aime bien l'ambiance Petit Sourire

Avatar de Wensaïlie Wensaïlie Mode Lecture - Citer - 02/02/2015 19:52:06

Commentaire final :


bon, je vois l’idée de ce premier chapitre maintenant, c’est présenter la condition d’errance du maître. C’est important aussi la réunion avec son ami dans le restau'. Par contre tous les détails des hôtels, des machins, des trucs => moi j’aurais tendance à dire c’est 50 /50 le pari que tu perdes ton lecteur dans trop de détails. Tu peux les laisser parce que tu as un univers riche etc et tu veux absolument que le monde sache tout ça, ou alors même si ça fait mal, la Taille (ou coupe !) est plutôt utile : ne donne au lecteur que les infos dont il a besoin pour suivre le reste du livre ! a toi de choisir Petit Sourire (moi je prendrais la deuxième solution ^^)

Avatar de Brumepin Brumepin Mode Lecture - Citer - 07/02/2015 20:13:31

Merci pour ta lecture et ce commentaire. Je suis d'accord avec toi. C'est long ! Bien trop long... Mais j'en suis au début, et j'ai bien passé des années à structurer ce monde, le rendre cohérent etc. que forcément ça se ressent dans ce premier chapitre. J'espère que les prochains jets seront plus courts. Une ébauche de chapitre 2 est déjà terminée, et en terme de volume, il y a la moitié moins de texte.

Avatar de Wensaïlie Wensaïlie Mode Lecture - Citer - 08/02/2015 11:19:24

le problème ce n'est pas le nombre de caractère mais les infos qui sont données Petit Sourire tu pourrais faire deux pages de description vivante de Maître Garribald (dsl pour l'orthographe) je me plaindrais pas si j'avais l'impression que c'était utile pour la suite et/ou indispensable sur le moment Petit Sourire
Pense qu'un roman c'est comme un communiqué de presse : il faut savoir s'attarder sur des détails parfois mais il faut surtout réussir à faire comprendre l'essentiel et accrocher (surtout au premier chapitre) le lecteur pour qu'il poursuive la lecture même s'il ne sait pas pourquoi. S'il y a trop d'infos, le risque est de le perdre Petit Sourire (et comme dans un communiqué de presse il faut hiérarchiser ! ^^)
C'est normal de vouloir tout dire au premier chapitre, et du coup il faudra (je pense) délayer tout ça au fur et à mesure dans le roman quand tu écriras et quand tu corrigeras.

Par contre quand tu écris la suite, réfléchis bien aux paragraphes où tu développes beaucoup les propos (exposés stratégiques, politiques etc.) pour qu'ils soient organisés (qu'il y ait pas le début d'une info a droite et la fin à gauche) parce que pour la coup, ça ça m'a particulièrement ennuyée :(

Avatar de Faël Faël Mode Lecture - Citer - 11/02/2015 21:57:12

Wow, voilà un univers qui a l'air sympa ! C'est efficace, j'ai envie d'en savoir plus.
Si ma curiosité naturelle et insatiable accepte toutes les descriptions, elles complexifient cependant bien ce début de roman, comme le dit Wen. J'ajouterai que la description détaillées des universités de la ville, tant dans leurs détails que dans leurs fonctionnement, n'a pas forcément besoin d'être aussi précise, dans la mesure où le récit principal semble se dérouler sur les routes du continent et en Fineterre. Mais on sent déjà que tous les noms (peut-être encore un peu trop nombreux) ne sont pas vides, qu'il y a quelque chose derrière, une histoire (à découvrir). A quand la suite ?