Stabat mater dolorosa
Les vierges des temps modernes ont les mains usées par le labeur
des mains burinées, au teint hâve
des mains veinées de cernes sombres.
Les avez-vous déjà vues, ces mères aux mains creuses
qui traînent hardes et gamins le long des voies ?
Sur les fauteuils aquarium du tramway,
personne n’ose s’asseoir
et la fille qui déjà prend les traits de la mère
suit les rails d’un geste triste…
Stabat mater dolorosa
J’ai tellement haï l’accordéon,
les voix monocordes, et ces bébés terrifiants
qui jamais ne pleurent.
J’ai détourné cent fois les yeux devant le gobelet vide,
jamais très fière…
Le bambin a grandi et dort
lové encore sur la poitrine frêle, bercé par les mains abîmées.
Et la mère douloureuse murmure dans cette langue
qui autrefois –peut-être− lui chantait ses berceuses…
Beau texte qui sonne juste. Ce n'est qu'à partir de la troisième strophe que j'ai vraiment tilté et j'ai bien aimé chercher à comprendre avant que la lumière se fasse, sans que cela soit aveuglant. Il y a juste un "et" que j'enlèverai, histoire de pinailler, celui avant "les voix monocordes".
Je crois que les "et" seront mes amis/ennemis éternels...^^ Je suis d'accord avec toi, pour une fois ça ne me gêne vraiment pas de l'enlever.
Merci pour ton commentaire : je suis contente que ça ne te semble pas surfait ou pathétique parce que j'ai eu du mal à exprimer ce que je voulais dire et j'avais peur que ça sonne faux...
J'aime aussi ! Un peu moins le début (les "vierges des temps modernes" ça m'a parlé moyennement et "les avez-vous déjà vues" aussi, mais c'est plus du chipotage personnel qu'autre chose) et vraiment beaucoup la fin, très douce... Bravo pour avoir réussi à mettre des mots là dessus.
Bon ben, en deux jours, j'ai appris deux nouveaux mots français. Merci zinzolin (et par la même occasion mon panel de noms de couleurs a augmenté à une vitesse grand- V, je ne savais même pas que la couleur "cuisse de nymphe émue" existait !)
L'histoire, j'en ai malheureusement (ou heureusement) l'expérience au quotidien, quand je prends le tram ou le métro, comme j'habite dans la même ville que toi désormais. Ce poème m'inspire de la compassion envers les personnages de ton poème, qui sont reflets de ceux que l'on rencontre au quotidien mais sans qu'on les voie.
Merci de sublimer leur existence à travers ton poème
N'empêche que maintenant je hais le son de l'accordéon dans le métro mais ce n'est que passager