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Arbre

Le Temps des Rêves

Stabat mater dolorosa
Les vierges des temps modernes ont les mains usées par le labeur
des mains burinées, au teint hâve
des mains veinées de cernes sombres.

Les avez-vous déjà vues, ces mères aux mains creuses
qui traînent hardes et gamins le long des voies ?
Sur les fauteuils aquarium du tramway,
personne n’ose s’asseoir
et la fille qui déjà prend les traits de la mère
suit les rails d’un geste triste…

Stabat mater dolorosa
J’ai tellement haï l’accordéon,
les voix monocordes, et ces bébés terrifiants
qui jamais ne pleurent.
J’ai détourné cent fois les yeux devant le gobelet vide,
jamais très fière…

Le bambin a grandi et dort
lové encore sur la poitrine frêle, bercé par les mains abîmées.
Et la mère douloureuse murmure dans cette langue
qui autrefois –peut-être− lui chantait ses berceuses…