UnAutreLapin Mode Lecture - Citer - 03/01/2013 23:28:55
"Le Monsieur de l'Intro" a dit :
Ce petit bout de texte doit être remis dans son contexte.La lecture d'articles qui sont soit horriblement grotesques de haine, soit juste risibles (de haine aussi), extraits du site des Intransigeants (truc d'ultraaaaa-cathos) on permis une rencontre entre gens d'univers quelque peu différents : les viandards et les vegans.
S'en suit une discussion assez rythmée à laquelle vous pourrez participer si vous me connaissez sur Facebook, ICI ^^
La discussion en mon absence (boulot boulot) m'a onbligée un peu à m'exprimer, au final en quelques lignes.
Et c'est ce qui se trouve ci-dessous
Pourquoi j’ai autant de respect pour le veganisme que pour la bonne charcuterie.
(et ma position par rapport à l’animalité)
Par où commencer…
Pour moi, l’homme est un animal comme les autres, mais qui a développé, grâce à son utilisation d’outils, ou par son adaptation via la pensée réfléchie, une capacité d’évoluer de façon raisonnée.
Juste pour rire, on peut voir ça de façon purement comportementale/politique. Allez…
Si les lions vivaient dans une monarchie patriarcale, de hiérarchie grégaire (noblesse d’épée), dont toute l’intendance était tenue par un pouvoir exécutif féminin, et dont l’éconoimie était enrichie par l’esclavagisme de tous les autres animaux ?
Si… les fourmis vivaient dans une dictature stalinienne, avec une prédestination des postes par droit du sang, et une géopolitique qui sacraliserait la colonisation ?
Si… les moutons vivaient dans une sorte de république parlementaire, genre 4ème république française ?
L’homme aurait quand à lui le libre arbitre. Celui de se construire son propre mode de société. Mais pour cela, il peut amplement se choisir des modèle dans l’Animal, et dans l’état de nature. D’un point de vue purement raisonné. Pour cela, il peut aussi bien respecter que dénigrer l’animal pour ce qu’il représente pour lui. Il est amusant de voir que l’Animal a longtemps été respecté comme un dieu, mais est maintenant un produit de consommation, par exemple.
Un autre exemple serait la position de l’homme vis-à-vis de plusieurs animaux domestiques, par exemple.
Le porc ? Cotelettes vivantes pour certain, ce serait une incarnation d’un mal en dessous des autres animaux pour d’autres. Voir un symbole héraldique de puissance ailleurs.
La vache ? On la vénère en inde… et du coup on ne la mange pas. On la vénère chez les Massaïs… et du coup les guerriers ne se nourrissent que de sa chair et de son sang… mais sur une bête vivante. Et chez nous ? On boit du lait de vache mais on ne mange que du bœuf ^^.
Du coup le relativisme, ou son opposé l’humanisme forcené, me semblent des notions bien culturelles plus que basées sur une réalité de faits…
Le problème est donc de me positionner. Moi. En tant qu’individu autant qu’en tant qu’élément d’une société.
La viande, pour moi, ce n’est pas la même chose au niveau micro, macro, ou ethno. Un peu comme la physique qui marcherait un peu de la même façon sur des atomes et sur des planètes, mais qui propose un modèle un peu différent sur ses conséquences à échelle humaine.
Quelle différences entre protéines de soja et protéines animales, lorsqu’on reste à l’échelle des nutriments ?. Ce sont juste des protéines, un truc nécessaire à ma survie. Par contre, manger de l’homme ou du lapin, c’est pas réellement la même chose. Et plus drôle : pas de soucis pour manger du lapin d’élevage, mais jamais vous ne m’auriez cuisiné Dolly (ma bestiole domestique de combat ^^).
En effet, toucher à mon animal de compagnie touche à ma conscience en tant qu’individu. C’est un choix personnel, qui fait travailler ma raison. Je suis contre de base. C’est comme si je touchais à ma propre famille, dévorant ainsi des souvenirs, et me rassasiant de pensées de mort. Beurk.
Et toucher à l’homme ? Ma culture me dit, de base, que c’est un acte révoltant. Un taboo. Et je n’irai pas contre. Mais qu’en est-il vraiment ?
Mettons que dans certaines cultures, il a été prouvé que le cannibalisme est un acte de respect profond, un rituel mortuaire sincère. En mangeant mon père, je prend de lui ce qu’il a de plus précieux, sa propre chair. Je me nourrie de ses souvenirs, de sa force. Il me rend plus grand, en me laissant vivre un deuil constructif. C’est comme… sentir un second souffle en regardant une photo, mais en sachant que chaque partie de ce souffle restera dans tout mon corps.
D’ailleurs, on retrouve cet acte de cannibalisme à travers un truc appelé la transustentation. Sous une forme symbolique. A travers l’eucharistie, des milliers de chrétiens réalisent un acte de cannibalisme rituel, et en sortent grandis.
Sauf que… la pensée judéo-chrétienne, généralisée via une mondialisation efficace, appose un taboo complet sur toute autre forme de cannibalisme. En effet, se nourrir de viande humaine n’est pas sacrée, mais diabolique. Christ se doit d’être le dernier et unique cadavre qu’on peut se partager.
Il y a aussi une autre raison, très pragmatique. L’humain est une viande blanche, comme le porc. Et comme ce dernier, ce n’est pas une chair très simple à conserver pour la majorité des populations nomades indo-européennes. Je vous dis pas les saloperies qui peuvent ravager une population de cannibales. Comme le porc au moyen orient.
Donc tout ça… ça transforme une habitude en acte moral, puis éthique. Et cette moralité se transforme, évolue grâce aux consciences individuelles ou collectives.
Du coup, moi, dans tout ce foutoir ?
Je ne mange pas mon propre lapin, par conscience, mais je mange du lapin, parce que ma morale n’y est pas opposée, et pire, ça me fait penser à des souvenirs d’enfance que je respecte, à mon papi qui en élevait pour que mamie nous face de somptueux patés.
Ma morale était alors mise à l’épreuve de ma conscience (je voyais bien les lapins vivants) mais mamie en mélangeant des morceaux choisis congelés des mois auparavant transformait un animal aimé en nutriments. Comme un simple acte de pensée transforme un cochon rose en « du porc ».
Je respecte ceux qui prient pour les animaux sauvages tout en les chassant pour se nourrir.
Je conchie la chasse pour le plaisir de verser du sang gratuitement.
Je ne peux pas manger d’humain. Mais je le ferais dans des conditions extrêmes (genre crash d’avion).
Je ne peux pas couper le plus bel arbre d’une forêt pour faire un barbecue.
Mais je le ferais pour en faire la plus belle colonne sculptée d’un temple oriental.
Du coup je respecte Nico, ce viandard. Parce que je suis comme lui (pour des raisons, vous l’avez compris, un peu différentes, mais pas tant que ça).
Et vous aussi, bande de vegans… sauf que j’aimerais savoir ce qui vous pousse à cette expression de libre arbitre vous élevant au dessus une animalité toute en vous acceptant comme tels, cet acte de conscience qui s’écarte de la morale collective ^^