Le Temps des Rêves

(une petite chanson à fredonner pendant les enterrements ^^). Si quelqu'un l'aime et veut la mettre en musique : enjoy !

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Petite je t'ai vue, tu n'avais pas cinq ans
Quand tu te trémoussais sur le banc de prières
Désireuse déjà de courir en riant
Alors que tes parents te disaient de te taire

Gamin à peine plus vieux je baillais aux corneilles
Attendant que le temps se décide à passer
Je comptais les étoiles du haut de la chapelle
Pendant que tous les autres compulsaient leurs psautiers

Il y en avait trente-six, quarante-cinq ou cinq-cents
Autant que de pensées qui trottaient dans ma tête
Ils se croyaient malins à ânonner leurs chants
Alors que dehors le bon Dieu donnait une fête

Derrière les murs de pierre, y'avait des écureuils
De quoi jouer tout le jour au milieu des tombeaux
On pouvais jouer au loup et à pierre-feuilles-ciseaux
Mais les adultes s'inventent chaque jour des deuils

Un cercueil, des yeux rouges, des paroles qui sonnent faux
Ils croyaient dur comme fer que Dieu les aimeraient
S'ils pleuraient assez pour ce bon vieux sac d'os
Que quelques jours plus tôt, on appelait pépé

On l'aimait bien pépé, il racontait des blagues
On allait à la pèche, on faisait des cabanes
Et puis il a perdu ses idées dans le vague
C'est la vie, c'est comme ça, même les grands-pères se fanent

Dans la triste assemblée avec tes cheveux roux
Toi aussi tu savais qu'il ne faut pas pleurer
Qu'on aurait bien mieux fait d'aller se promener
Pour cueillir des pensées à jeter dans le trou

Au milieu de l'éloge, tu t'es tournée vers moi
On était tous les deux du côté de l'aller
Alors on s'est levés et on s'est échappés
Dieu a ouvert la porte qui menait aux sous-bois

La chanson s'arrête là car il serait dommage
De raconter qu'à peine avions nous fait trois pas
Les adultes nous avaient rattrapés et déjà
Nous disaient en grondant qu'il fallait être sage.

Une dernière strophe que je dédie à Dieu
Ce bonhomme sympathique qui voulait s'amuser
Qui a ouvert la porte pour nous proposer mieux
Que les tristes comptines que tous lui infligeaient

Bon Dieu, si tu m'entends, excuse-les pour moi
Les adultes sont idiots mais ne sont pas méchants
Nous, on s'est rencontrés, on reviendra te voir
Promis on reviendra avant notre enterrement !

J'aime beaucoup ! Un peu dérangeant par moments, mais rondement mené et il y a des passages vraiment super. Coupe de coeur pour :

"Dans la triste assemblée avec tes cheveux roux
Toi aussi tu savais qu'il ne faut pas pleurer
Qu'on aurait bien mieux fait d'aller se promener
Pour cueillir des pensées à jeter dans le trou"

Je la vois bien chantonnée avec quelques accords de guitare, ta chansonnette (mais peut-être pas quand même le jour d'un enterrement, parce qu'il y a aussi ceux qui sont tristes et qui ont bien raison, et qui pleurent pas seulement parce que c'est de circonstance). Et je crois qu'en la lisant j'ai imaginé la voix de bénabar, dessus.

J'ai bien aimé, pour la légèreté, l'innocence, la distance ironique que tu prends avec les pesanteurs d'un culte qui, selon moi, écrase la vraie vie et les vrais sentiments, joie, souffrance, foi... C'est décapant, un peu acide chlorhydrique sur les bords, et j'adore l'image des deux enfants et la dernière adresse à Dieu.
Mais j'ai eu du mal avec certains passages dont j'ignore s'ils sont délibérément grinçants ou si c'est moi qui les imagine tels... Parce que quand même, un enterrement c'est un moment d'adieu qui peut être vécu avec force et sincérité. Certes, la cérémonie n'est pas forcément nécessaire mais les proches ne sont pas là que pour sauver les conventions sociales. Enfin, j'écris ça en ayant l'impression d'avoir mal interpréter ton texte et de prêcher plus ou moins une convaincue, mais bon, ça me turlupinait...

Merci à vous deux pour vos commentaire.
Bien sûr, Zinzolin, tu prêches une convaincue et loin de moi l'idée d'attaquer les gens qui viennent se recueillir.
Bien sûr, Nani, je n'oserais jamais chanter cette chanson dans un enterrement !^^
Le trait est un peu forcé par souci "énergétique" que réclame la chanson et elle trottine dans ma tête de manière très légère, ce qui, je pense, enlève l'aspect peut-être un peu "dérangeant" qui peut se dégager de l'écrit.
Au chanteur, donc, je faire ça avec le demi-sourire qui convient et d'éviter les cimetières. À voir ce que ça donne... si un jour ça donne quelque chose ^^.

Je suis assez d'accord avec Nani et Zinzo. C'est léger et lourd à la fois, naïf et provocateur, acceptable et inacceptable, souriant et triste .... Bref, en tout cas, bien écrit, bien dit, bien mené jusqu'au bout, dans l'idée que tu en avais je pense.

J'aime beaucoup, moi aussi ! A la frontière entre le convenable et l'indécent, avec cette distance qui permet l'humour... Et c'est vrai qu'on l'imagine facilement chantée !! Merci beaucoup pour cette note de légèreté sur un sujet parfois si lourd et étouffant...