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Arbre

Le Temps des Rêves

Avatar de Faël Faël Mode Lecture - Citer - 24/02/2013 12:35:45

le commentaire du prof était par contre vachement intéressant... Tu ne veux pas intégralement recopier les deux pages de commentaires qu'il en a fait ? ^^

Avatar de Zinzolin Zinzolin Mode Lecture - Citer - 26/02/2013 10:01:57

Je te laisse ce plaisir, si le coeur t'en dit... (De toute façon, il me semble que l'OPS refonctionne donc une petit scan devrait suffire ?)

Avatar de Faël Faël Mode Lecture - Citer - 26/02/2013 20:22:02

je ne sais pas, j'arrive toujours pas à mettre un avatar... (help ?)

Avatar de Wensaïlie Wensaïlie Mode Lecture - Citer - 26/02/2013 22:51:35

(c'est parce que cette fonction bug, ça fait des mois que j'essaye de changer le mien mais ça ne marche pas T.T)

Avatar de Faël Faël Mode Lecture - Citer - 27/02/2013 14:26:33

Au moins, ce n'est pas à cause de mon incompétence...

Avatar de Zinzolin Zinzolin Mode Lecture - Citer - 11/04/2013 17:39:39

Encore une découverte magnifique (dommage qu'il faille les commenter à chaque fois). Je vous laisse découvrir (le voc est pas très compliqué pour ceux que ça ferait fuir).

"Aftermath", Siegfried SASSOON


Have you forgotten yet?...
For the world’s events have rumbled on since those gagged days,
Like traffic checked while at the crossing of city-ways:
And the haunted gap in your mind has filled with thoughts that flow
Like clouds in the lit heaven of life; and you’re a man reprieved to go,
Taking your peaceful share of Time, with joy to spare.
But the past is just the same-and War’s a bloody game...
Have you forgotten yet?...
Look down, and swear by the slain of the War that you’ll never forget.


Do you remember the dark months you held the sector at Mametz–
The nights you watched and wired and dug and piled sandbags on parapets?
Do you remember the rats; and the stench
Of corpses rotting in front of the front-line trench-
And dawn coming, dirty-white, and chill with a hopeless rain?
Do you ever stop and ask, ‘Is it all going to happen again?’

Do you remember that hour of din before the attack–
And the anger, the blind compassion that seized and shook you then
As you peered at the doomed and haggard faces of your men?
Do you remember the stretcher-cases lurching back
With dying eyes and lolling heads—those ashen-grey
Masks of the lads who once were keen and kind and gay?
Have you forgotten yet?...
Look up, and swear by the green of the spring that you’ll never forget.


Avatar de naniquolas naniquolas Mode Lecture - Citer - 11/04/2013 21:04:16

Je n'en saisis malheureusement pas toutes les subtilités, mais le sens global et le rythme ont suffit à me plonger dedans. Merci !

Avatar de Zinzolin Zinzolin Mode Lecture - Citer - 24/04/2013 17:47:45

Je me suis plongée dans les Contemplations de Hugo cet après-midi, les pieds dans l'herbe sous un soleil enfin radieux !^^ J'avais envie de partager ce texte avec tous les amoureux des mots qui traînent par ici. (Je sais, il est long, mais franchement il se lit tout seul.)


RÉPONSE À UN ACTE D’ACCUSATION

Donc, c’est moi qui suis l’ogre et le bouc émissaire.
Dans ce chaos du siècle où votre cœur se serre,
J’ai foulé le bon goût et l’ancien vers françois
Sous mes pieds, et, hideux, j’ai dit à l’ombre : Sois !
Et l’ombre fut. — Voilà votre réquisitoire.
Langue, tragédie, art, dogmes, conservatoire,
Toute cette clarté s’est éteinte, et je suis
Le responsable, et j’ai vidé l’urne des nuits.
De la chute de tout je suis la pioche inepte ;
C’est votre point de vue. Eh bien, soit, je l’accepte ;
C’est moi que votre prose en colère a choisi ;
Vous me criez : Raca ; moi je vous dis : Merci !
Cette marche du temps, qui ne sort d’une église
Que pour entrer dans l’autre, et qui se civilise ;
Ces grandes questions d’art et de liberté,
Voyons-les, j’y consens, par le moindre côté
Et par le petit bout de la lorgnette. En somme,
J’en conviens, oui, je suis cet abominable homme ;
Et, quoique, en vérité, je pense avoir commis
D’autres crimes encor que vous avez omis,
Avoir un peu touché les questions obscures,
Avoir sondé les maux, avoir cherché les cures,
De la vieille ânerie insulté les vieux bâts,
Secoué le passé du haut jusques en bas,
Et saccagé le fond tout autant que la forme,
Je me borne à ceci : je suis ce monstre énorme,
Je suis le démagogue horrible et débordé,
Et le dévastateur du vieil A B C D ;
Causons.

Quand je sortis du collège, du thème,
Des vers latins, farouche, espèce d’enfant blême
Et grave, au front penchant, aux membres appauvris,
Quand, tâchant de comprendre et de juger, j’ouvris
Les yeux sur la nature et sur l’art, l’idiome,
Peuple et noblesse, était l’image du royaume ;
La poésie était la monarchie ; un mot
Était un duc et pair, ou n’était qu’un grimaud ;
Les syllabes pas plus que Paris et que Londre
Ne se mêlaient ; ainsi marchent sans se confondre
Piétons et cavaliers traversant le pont Neuf ;
La langue était l’état avant quatrevingt-neuf ;
Les mots, bien ou mal nés, vivaient parqués en castes ;
Les uns, nobles, hantant les Phèdres, les Jocastes,
Les Méropes, ayant le décorum pour loi,
Et montant à Versaille aux carrosses du roi ;
Les autres, tas de gueux, drôles patibulaires,
Habitant les patois ; quelques-uns aux galères
Dans l’argot ; dévoués à tous les genres bas,
Déchirés en haillons dans les halles ; sans bas,
Sans perruque ; créés pour la prose et la farce ;
Populace du style au fond de l’ombre éparse ;
Vilains, rustres, croquants, que Vaugelas leur chef
Dans le bagne Lexique avait marqué d’une F ;
N’exprimant que la vie abjecte et familière,
Vils, dégradés, flétris, bourgeois, bons pour Molière.
Racine regardait ces marauds de travers ;
Si Corneille en trouvait un blotti dans son vers,
Il le gardait, trop grand pour dire : Qu’il s’en aille ;
Et Voltaire criait : Corneille s’encanaille !
Le bonhomme Corneille, humble, se tenait coi.
Alors, brigand, je vins ; je m’écriai : Pourquoi
Ceux-ci toujours devant, ceux-là toujours derrière ?
Et sur l’Académie, aïeule et douairière,
Cachant sous ses jupons les tropes effarés,
Et sur les bataillons d’alexandrins carrés,
Je fis souffler un vent révolutionnaire.
Je mis un bonnet rouge au vieux dictionnaire.
Plus de mot sénateur ! plus de mot roturier !
Je fis une tempête au fond de l’encrier,
Et je mêlai, parmi les ombres débordées,
Au peuple noir des mots l’essaim blanc des idées ;
Et je dis : Pas de mot où l’idée au vol pur
Ne puisse se poser, tout humide d’azur !
Discours affreux ! — Syllepse, hypallage, litote,
Frémirent ; je montai sur la borne Aristote,
Et déclarai les mots égaux, libres, majeurs.
Tous les envahisseurs et tous les ravageurs,
Tous ces tigres, les huns, les scythes et les daces,
N’étaient que des toutous auprès de mes audaces ;
Je bondis hors du cercle et brisai le compas.
Je nommai le cochon par son nom ; pourquoi pas ?
Guichardin a nommé le Borgia, Tacite
Le Vitellius. Fauve, implacable, explicite,
J’ôtai du cou du chien stupéfait son collier
D’épithètes ; dans l’herbe, à l’ombre du hallier,
Je fis fraterniser la vache et la génisse,
L’une étant Margoton et l’autre Bérénice.
Alors, l’ode, embrassant Rabelais, s’enivra ;
Sur le sommet du Pinde on dansait Ça ira ;
Les neuf muses, seins nus, chantaient la Carmagnole ;
L’emphase frissonna dans sa fraise espagnole ;
Jean, l’ânier, épousa la bergère Myrtil.
On entendit un roi dire : Quelle heure est-il ?
Je massacrais l’albâtre, et la neige, et l’ivoire,
Je retirai le jais de la prunelle noire,
Et j’osai dire au bras : Sois blanc, tout simplement.
Je violai du vers le cadavre fumant ;
J’y fis entrer le chiffre ; ô terreur ! Mithridate
Du siège de Cyzique eût pu citer la date.
Jours d’effroi ! les Laïs devinrent des catins.
Force mots, par Restaut peignés tous les matins,
Et de Louis quatorze ayant gardé l’allure,
Portaient encor perruque ; à cette chevelure
La Révolution, du haut de son beffroi,
Cria : Transforme-toi ! c’est l’heure. Remplis-toi
De l’âme de ces mots que tu tiens prisonnière !
Et la perruque alors rugit, et fut crinière.
Liberté ! c’est ainsi qu’en nos rébellions,
Avec des épagneuls nous fîmes des lions,
Et que, sous l’ouragan maudit que nous soufflâmes,
Toutes sortes de mots se couvrirent de flammes.
J’affichai sur Lhomond des proclamations.
On y lisait : « — Il faut que nous en finissions !
« Au panier les Bouhours, les Batteux, les Brossettes !
« À la pensée humaine ils ont mis les poucettes.
« Aux armes, prose et vers ! formez vos bataillons !
« Voyez où l’on en est : la strophe a des bâillons,
« L’ode a des fers aux pieds, le drame est en cellule.
« Sur le Racine mort le Campistron pullule ! — »
Boileau grinça des dents ; je lui dis : Ci-devant,
Silence ! et je criai dans la foudre et le vent :
Guerre à la rhétorique et paix à la syntaxe !
Et tout quatrevingt-treize éclata. Sur leur axe,
On vit trembler l’athos, l’ithos et le pathos.
Les matassins, lâchant Pourceaugnac et Cathos,
Poursuivant Dumarsais dans leur hideux bastringue,
Des ondes du Permesse emplirent leur seringue.
La syllabe, enjambant la loi qui la tria,
Le substantif manant, le verbe paria,
Accoururent. On but l’horreur jusqu’à la lie.
On les vit déterrer le songe d’Athalie ;
Ils jetèrent au vent les cendres du récit
De Théramène ; et l’astre Institut s’obscurcit.
Oui, de l’ancien régime ils ont fait tables rases,
Et j’ai battu des mains, buveur du sang des phrases,
Quand j’ai vu, par la strophe écumante et disant
Les choses dans un style énorme et rugissant,
L’Art poétique pris au collet dans la rue,
Et quand j’ai vu, parmi la foule qui se rue,
Pendre, par tous les mots que le bon goût proscrit,
La lettre aristocrate à la lanterne esprit.
Oui, je suis ce Danton ! je suis ce Robespierre !
J’ai, contre le mot noble à la longue rapière,
Insurgé le vocable ignoble, son valet,
Et j’ai, sur Dangeau mort, égorgé Richelet.
Oui, c’est vrai, ce sont là quelques-uns de mes crimes.
J’ai pris et démoli la bastille des rimes.
J’ai fait plus : j’ai brisé tous les carcans de fer
Qui liaient le mot peuple, et tiré de l’enfer
Tous les vieux mots damnés, légions sépulcrales ;
J’ai de la périphrase écrasé les spirales,
Et mêlé, confondu, nivelé sous le ciel
L’alphabet, sombre tour qui naquit de Babel ;
Et je n’ignorais pas que la main courroucée
Qui délivre le mot, délivre la pensée.

L’unité, des efforts de l’homme est l’attribut.
Tout est la même flèche et frappe au même but.

Donc, j’en conviens, voilà, déduits en style honnête,
Plusieurs de mes forfaits, et j’apporte ma tête.
Vous devez être vieux, par conséquent, papa,
Pour la dixième fois j’en fais mea culpa.
Oui, si Beauzée est dieu, c’est vrai, je suis athée.
La langue était en ordre, auguste, époussetée,
Fleur de lys d’or, Tristan et Boileau, plafond bleu,
Les quarante fauteuils et le trône au milieu ;
Je l’ai troublée, et j’ai, dans ce salon illustre,
Même un peu cassé tout ; le mot propre, ce rustre,
N’était que caporal : je l’ai fait colonel ;
J’ai fait un jacobin du pronom personnel,
Du participe, esclave à la tête blanchie,
Une hyène, et du verbe une hydre d’anarchie.
Vous tenez le reum confitentem. Tonnez !
J’ai dit à la narine : Eh mais ! tu n’es qu’un nez !
J’ai dit au long fruit d’or : Mais tu n’es qu’une poire !
J’ai dit à Vaugelas : Tu n’es qu’une mâchoire !
J’ai dit aux mots : Soyez république ! soyez
La fourmilière immense, et travaillez ! croyez,
Aimez, vivez ! — J’ai mis tout en branle, et, morose,
J’ai jeté le vers noble aux chiens noirs de la prose.

Et, ce que je faisais, d’autres l’ont fait aussi ;
Mieux que moi. Calliope, Euterpe au ton transi,
Polymnie, ont perdu leur gravité postiche.
Nous faisons basculer la balance hémistiche.
C’est vrai, maudissez-nous. Le vers, qui sur son front
Jadis portait toujours douze plumes en rond,
Et sans cesse sautait sur la double raquette
Qu’on nomme prosodie et qu’on nomme étiquette,
Rompt désormais la règle et trompe le ciseau,
Et s’échappe, volant qui se change en oiseau,
De la cage césure, et fuit vers la ravine,
Et vole dans les cieux, alouette divine.

Tous les mots à présent planent dans la clarté.
Les écrivains ont mis la langue en liberté.
Et, grâce à ces bandits, grâce à ces terroristes,
Le vrai, chassant l’essaim des pédagogues tristes,
L’imagination, tapageuse aux cent voix,
Qui casse des carreaux dans l’esprit des bourgeois,
La poésie au front triple, qui rit, soupire
Et chante, raille et croit ; que Plaute et que Shakspeare
Semaient, l’un sur la plebs, et l’autre sur le mob ;
Qui verse aux nations la sagesse de Job
Et la raison d’Horace à travers sa démence ;
Qu’enivre de l’azur la frénésie immense,
Et qui, folle sacrée aux regards éclatants,
Monte à l’éternité par les degrés du temps,
La muse reparaît, nous reprend, nous ramène,
Se remet à pleurer sur la misère humaine,
Frappe et console, va du zénith au nadir,
Et fait sur tous les fronts reluire et resplendir
Son vol, tourbillon, lyre, ouragan d’étincelles,
Et ses millions d’yeux sur ses millions d’ailes.

Le mouvement complète ainsi son action.
Grâce à toi, progrès saint, la Révolution
Vibre aujourd’hui dans l’air, dans la voix, dans le livre.
Dans le mot palpitant le lecteur la sent vivre.
Elle crie, elle chante, elle enseigne, elle rit.
Sa langue est déliée ainsi que son esprit.
Elle est dans le roman, parlant tout bas aux femmes.
Elle ouvre maintenant deux yeux où sont deux flammes,
L’un sur le citoyen, l’autre sur le penseur.
Elle prend par la main la Liberté, sa sœur,
Et la fait dans tout homme entrer par tous les pores.
Les préjugés, formés, comme les madrépores,
Du sombre entassement des abus sous les temps,
Se dissolvent au choc de tous les mots flottants
Pleins de sa volonté, de son but, de son âme.
Elle est la prose, elle est le vers, elle est le drame ;
Elle est l’expression, elle est le sentiment,
Lanterne dans la rue, étoile au firmament.
Elle entre aux profondeurs du langage insondable ;
Elle souffle dans l’art, porte-voix formidable ;
Et, c’est Dieu qui le veut, après avoir rempli
De ses fiertés le peuple, effacé le vieux pli
Des fronts, et relevé la foule dégradée,
Et s’être faite droit, elle se fait idée !

Paris, janvier 1834.



Et pour tous ceux que les études de lettres ont traumatisés plus qu'enchantés, celui-ci est une pure merveille : A propos d'Horace

Avatar de naniquolas naniquolas Mode Lecture - Citer - 25/04/2013 09:35:40

J'adore l'idée de transposer la révolution française aux mots, et j'ai apprécié le début. Mais c'est vraiment trop long pour moi, et je sature de noms propres !

Avatar de Wensaïlie Wensaïlie Mode Lecture - Citer - 26/04/2013 10:35:19

rien que de le voir j'arrive pas à me concentrer pour le lire XD bon, je reviendrais !

Avatar de Lune Lune Mode Lecture - Citer - 26/04/2013 21:27:41

Ah je me demandais si j'étais la seule à avoir des difficultés à tout saisir, pauvres incultes que nous sommes. Mais je réitèrerais ! Clin d'oeil

Avatar de Zinzolin Zinzolin Mode Lecture - Citer - 27/04/2013 09:52:27

La plupart des noms propres inconnus sont des grammairiens ou autres types de ce genre.

Avatar de Zinzolin Zinzolin Mode Lecture - Citer - 26/05/2013 11:05:00

Encore de l'Anglais... Je vous épargne celui que j'ai eu au Concours Blanc (j'ai adoré mais c'est tout de même assez conceptuel^^) mais pour ceux qui connaissent Le cercle des poètes disparus, j'ai enfin lu ce poème... Je vous le mets en lien parce que la présentation est censée être signifiante et que l'ops ne tolère pas mes alinéas.

http://www.civilwarhome.com/ocaptain.htm

Avatar de Faël Faël Mode Lecture - Citer - 07/06/2013 18:29:09

ça, c'est gentil !! C'est vrai qu'à part les trois premiers mots, je ne connaissais pas ce poème, et je ratais quelque chose !

Avatar de Zinzolin Zinzolin Mode Lecture - Citer - 09/12/2013 19:16:02

L'hypo est devenue khâgneuse (ce qui explique sûrement sa longue absence de ce topic...) mais là, là...

since feeling is first
who pays any attention
to the syntax of things
will never wholly kiss you;

wholly to be a fool
while Spring is in the world

my blood approves,
and kisses are a better fate
than wisdom
lady i swear by all flowers. Don’t cry
—the best gesture of my brain is less than
your eyelids’ flutter which says

we are for each other: then
laugh, leaning back in my arms
for life’s not a paragraph

And death i think is no parenthesis


~ e.e. cummings