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Arbre

Le Temps des Rêves

Avatar de Thorfynwolfodyn Thorfynwolfodyn Mode Lecture - Citer - 11/08/2012 03:42:03


Venu du fin fond de la nuit des Temps, il marche sur les chemins de sa perdition, pavés d’obscures bonnes intentions. Errant sans but, âme en peine, il s’est habitué aux lendemains qui chantent faux.
Son visage d’adolescent éternel semble masquer le poids des millénaires. Mais sur son front livide, la marque impie de son blasphème involontaire lui rappelle sa damnation. Le Paradis ne veut pas de lui car son enfer est ici : il est seul.
Des perles pourpres souillent à jamais sa joue juvénile puisque sans fin s’écoulent ses sanglots ensanglantés, stigmates de son infinie tristesse. Pensant à l’absurdité de la condition humaine, il se lamente, lui le vampire qui n’a pas pu choisir entre le monde des morts et celui des vivants.
Pauvre infant d’un père fratricide, descendant d’un aïeul déchu, infâme rejeton de Lilith La Grande Catin : qu’il est loin le Jardin d’Eden !
Et moi, Drakken, fils du dragon et seigneur des havres gris, je hante les fjords, qui sont pourtant moins froids que moi... Jadis seigneur viking, j'ai quitté ma Scandinavie pour répandre l'hérésie en Normandie. J'étais le Northman qui vénérait Odin, mais nul dieu ne vint pour me sauver de la morsure du caïnite, qui me fit entrer dans la famille maudite des Infants de la nuit...

Combien de larmes avant de s’abreuver aux eaux du Léthé pour enfin oublier ? Notre voie n’est ornée que par les os qui luisent sous l’astre blafard….
Combien de routes pour goûter le miel apaisant de la Golconde ? Seul le fiel coule dans ta bouche quand tu précipites le départ d’un mortel vers le ciel.
Tu es la faux qui moissonne les champs de l’Humanité, mais aussi la plume qui dans tes odes, regrette tes massacres : tu écris la grande symphonie macabre, ta marche funèbre qui n’en finit pas, l’ultime requiem qui annonce ton trépas. Mais est-ce que celui-ci viendra ?
Un jour le Créateur que tu maudits, que tu vénères, t’accueillera t-il en son sein ? Mais point de sainteté, tu le sais, même si tous les jours l’angélus te rappelle le nom ironique que Caïn t’a donné.

Ainsi, même Dieu et Belzébuth finirent par se lasser de te voir de la sorte écartelé. Ils jouèrent, comme d’habitude, ton avenir aux dés. Chacun le sait, le Diable – ce beau tricheur – ne pouvait que gagner : aussi fut-il décidé que nos deux destinées devaient se croiser.
Pourtant Le Très Haut croyait avoir trompé l’intelligence de Lucifer. Certes, je tentais de t’enseigner la misanthropie esthétisée mais je te fis cependant le don le plus précieux qu’il puisse exister : mon indéfectible amitié.
Au contraire, le fourbe Azazël pensait l’emporter sur Notre-Père-Qui-Est-Si-Vieux : mon pessimisme finirait bien par te pousser vers l’abîme. Mais il fut déçu que nous ne partagions que l’Hédonisme raisonné du Carpe Noctem.

Ceux qui voulaient nous manipuler, furieux d’être les perdants de leur propre jeu de dupes, nous ont alors condamnés à l’éloignement forcé. Mais l’exil loin de notre bien aimé Duché ne nous a pas fait oublier l’oriflamme adoré où courent deux léopards d’or dans un champ écarlate. Libres comme nous, ils lacèrent fièrement, de leurs griffes et de leurs dents, les ficelles de nos marionnettistes célestes. Je me suis insurgé, tu t’es mis à rêver.



L’Enfer peut attendre désormais, si le Paradis est dans nos têtes...

Avatar de poulix poulix Mode Lecture - Citer - 14/08/2012 17:38:45

(argh, j'avais écrit un long commentaire et ça a buggué)
En gros je disais : c'est un style moyen-âgeux qui, par nature, est un peu lourd. personnellement, cette lourdeur me dérange un peu mais c'est aussi une histoire de goût.

Une image m'a particulièrement plue, celle des os lumineux sur la voie...

(n'oublie pas de nous dire de temps en temps ce que tu penses d'autres textes... ^^)