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Arbre

Le Temps des Rêves

Avatar de Brumepin Brumepin Mode Lecture - Citer - 15/07/2012 12:50:00

Il est 23h58.
Une nuit avant.
Un espace de deux minutes à peine pour basculer sur un autre monde, un autre jour... Administrativement du moins puisque dehors il fait nuit.
Alice dort.
C'est la pleine lune.
Des airs des jazz pour respirer dans la chambre noire...
Alice es-tu là ?
Tant pis. C'était juste pour passer une soirée au cas où tu serais toujours sur Dublin.
Dehors, il n'y a pas de saisons. Juste un automne qui essaie de prendre des allures de printemps et quelques gosses qui traînent les rues.
Des petites filles aux allures de prostituées.
Des petits garçons aux allures de proxénètes.
Des adultes aux allures de complices impuissants.
Ils ne vont pas à l'école.
Le dégoût.
Le froid.
Le morne.
Dublin.
Comme un égout de l'Europe.
La misère après l'exubérance.
L'artifice des beaux bâtiments et des élèves modèles.
Le non-sens.
Comme s'il ne restait que la musique paillarde aux traits d'Amérique pour gagner le sous...
Alice s'est perdue.
A parler avec les Taxi-drivers,
Qui ne tiennent pas leur volant, au point qu'ils en viendraient à se jeter dans la Baie.
Et les joueurs d'accordéons.
« a Ze ze ze, je ja je Za je »
Ce n'est pas du jazz.
Ce sont les français qui se sont teint en rose !
Des guitares qui jouent, des voix qui grincent.
Qui répètent la même rengaine.
Et rares sont les endroits de calme.
Tout doit donner l'impression de bouger.
Les voitures, les bus, le tram que l'on ne saura jamais payer.
Des airs des jazz pour respirer dans la chambre noire...
« a Ze ze ze, je ja je Za je a Ze »
Les français s'en vont.
Les gosses sont là. Avec leur chiens comme des clochards.
Ils ne vont pas à l'école.
Les chiens sont heureux. Ils sortent.
Les enfants ruminent leur vie le long des trottoirs.
Ca se chamaille, s'insulte, s'ennuie.
On quémande une clope de ci, de là.
Mais il n'y a pas de feu pour la fumer ! Bordel !
Ils screwent leur vie le long des trottoirs et c'est très bien comme ça.
C'est très bien comme ça !
Il manque la picole, mais cela ils n'y ont pas le droit.
Pas encore.
Chez les adultes, la bouteille de bibine n'est pas loin.
Pour regretter le bon vieux temps.
Le temps du non-sens.
Le temps de l'ignorance.
Dans les pubs, on se meurt.
On met la clef sous la porte, pour d'autres latitudes.
On ferme.
On oublie.
On nie.
On ment.
Personne ne se souvient à quoi cela servait... un pub.
Alice cherche son amoureux.
La vie, ici n'a plus ses quartiers.
Tout au plus chez ceux qui vont à l'école.
Des airs de jazz pour espérer dans le quartier noir...
Marcher indifférent.
Enfin presque.
Le soleil n'a pas de chaleur ici.
Un jour seulement.
La longueur des journées passe vite.
Etre en retard à force de n'avoir rien à faire.
Alice cherche son amoureux !
Incohérence
Sans engagement
Rien

Entrer dans un théâtre

Tout
Avec cohérence
Engagement
Alice cherche son amoureux !
Dans le kitsch des histoires
Sans rocambolesque.
Tout au plus le burlesque.
Une Comédie bouffe...
Elle voit des pousseurs de poussettes,
Qui jouent aux pauvres !
Les malheureux !
Un gai sur des patins à roulettes,
Un roi, Sa majesté joue la reine,
Maraude le rouge de ses vêtements.
Le jour d'un rêve.
Alice cherche son amoureux.
Le livreur de Champagne ou le joueur de jazz ?
On s'encoquine
On se touche.
On s'agglutine.
On nie.
On ment.
On met la clef sous la porte à double tour,
S'il vous plaît !
Dans les chambres, on refait la vie.
L'espace des corps
L'espace vide.
La bouteille de bibine est vide,
Et les gosses traînent toujours les rues.
Le temps qui passe ne les fera pas partir.
Jamais.
Ca finit tranquillement la soirée. Les gosses sont fatigués.
Mais ne veulent pas retrouver le monde des adultes...
Les complices.
Les chiens allongés depuis des heures attendent le départ.
Cela fait deux heures qu'ils ont chié sur le trottoir.
Ils sont tranquilles, ils peuvent rentrer.
Alice rencontre le ministre de l'éducation.
Il est vert, parce que son pays est vert, et un ministre doit aimer les couleurs de son pays.
Le Ministre a un jeu favori : C'est le monopoly.
Cela fait des années, qu'il joue, qu'il parie
Pour les maîtres-chiens.
« a Ze ze ze, je ja je Za je »
C'est à cela que ressemble le français, la langue des joueurs d'accordéons, et de Monopoly.
Les gens qui viennent de l'ailleurs.
Ils ne sont pas parlables !
Ca ressemble au jazz,
Mais il parle mal la langue de l'occupant,
Pourtant ils occupent les buildings à parler si étrangement.
« a Ze ze ze, je ja je Za je »
Les joueurs de Monopoly continuent de jouer sur un air d'accordéon.
Ils ne veulent pas devenir l'égout des autres, alors ils tentent par coup de dé.
Qui sera ruiner le premier ?
L'exubérance de la misère, Monsieur le Sinistère !
Les beaux bâtiments artificiers de l'école des enfants.
Des modèles de non-sens pour les élèves.
Le tout à l'égout.
Les glaçons.
L'austère.
Dublin.
L'école buissonnière bat son plein.
Les adultes s'envoient en l'air pour faire des marmots.
Les petits s'initient via porno.
Les petites, déjà, attendantes...
Dehors, l'Hiver a envahit tout le quartier alors que nous sommes en juin, mais le temps ici a cessé de passer, et l'espace a cessé d'exister. Ne reste que l'Hiver, et les cendres d'une cité.
Tant pis pour eux, c'était juste le temps d'une partie de Monopoly.
Alice, si tu es là,
Va chercher ton amoureux. Sauve toi.
Va chercher, comme les chiens,
Sauve toi, comme les Humains.
Des airs des jazz pour s'aimer dans la chambre noire...
Et il est impossible de voire les étoiles.
Alice aime.
Un espace de deux minutes à peine pour basculer sur un autre monde, un autre jour... Administrativement du moins puisque dehors il fait nuit.
Un jour après.
Il est 23h58.

Avatar de Zinzolin Zinzolin Mode Lecture - Citer - 06/08/2012 23:47:34

Voyage sordide mais bien mené. Quelques répétitions en trop parfois, comme "Alice cherche son amoureux." Par contre, j'ai adoré la répétition sur les airs de jazz et je trouve l'effet "chronique" très réussi.
Un truc que je n'ai pas compris, c'est le basculement entre les deux paragraphes : rien / le théâtre / tout, je ne vois pas le rapport avec le reste. Je pense aussi que le "administrativement du moins" pourrait être exprimé de façon moins froide. Je trouve qu'il jure avec la langue du reste du texte.
Comme pour "Hôpital des amoures", il me reste à dire que même si cette fois cela m'a moins gênée, tes textes gagneraient à être condensés pour être plus efficaces (et aussi donner plus envie de se lancer dans la lecture).

Avatar de naniquolas naniquolas Mode Lecture - Citer - 07/08/2012 12:51:21

Je suis entièrement d'accord avec cette critique. Jusqu'à à peu près la moitié du texte, j'étais capable de m'enthousiasmer pour quelques vers, de faire l'effort d'imaginer, d'apprécier une image. Ensuite, j'étais seulement noyé dans le flot de texte avec très peu de pauses, je ne faisais plus l'effort de comprendre, je m’essoufflais, j'avais hâte que ça se termine.
Mais c'est vrai, le texte en général est intéressant et de qualité, même si je suis d'accord avec les remarques de Zinzolin concernant les quelques imperfections stylistiques.