isallysun Mode Lecture - Citer - 01/06/2012 01:51:04
isallysun Mode Lecture - Citer - 01/06/2012 01:51:04
Toti Mode Lecture - Citer - 01/06/2012 07:58:43
isallysun Mode Lecture - Citer - 06/06/2012 21:05:04
La plus belle des mélodies
Mélodie était couchée dans son lit et regardait le plafond. Au loin, elle discernait le bruissement du vent et le stridulement des criquets. Son oreille distinguait les plaintes lointaines de la ville qui s’apprêtait à sombrer dans les bras du marchand de sable. Or, quelques voitures grondaient au loin. La jeune fille entendit une moto partir et, face au bruit ayant résonné au loin, elle se dit que le conducteur avait surement fait une trace. Ainsi, c’était la rumeur de la ville qu’elle percevait au travers de la moustiquaire de sa fenêtre entrouverte.
Elle aurait aimé entendre le déferlement des vagues sur les rochers, les feuilles partir au vent, les faibles craquements des brindilles sous le poids léger de la faune. Un doux mélange de cacophonie de la nature, euphorie relaxante. Cependant, il ne lui parvenait à l’oreille que les coups de fusil et les cris, au-delà des murs de sa chambre; la télévision menaçait de les faire trembler. Ça ne valait pas le coup de se lever et d’aller se plaindre; Mélodie se serait fait rabrouer en se faisant rappeler avec un ton empreint d’une légère crispation qu’ils étaient chez eux ici et qu’ils pouvaient écouter leur télévision au volume souhaité de leur part.
Alors, ses larmes étaient retenues prisonnières. Son téléphone cellulaire reposait à ses côtés. La jeune femme avait choisi le thème de la Mélodie du bonheur comme sonnerie. Or, le bonheur ne sonnait pas souvent à sa porte. Elle le regardait là, impassible. Mélodie se doutait qu’il ne retentirait pas, mais elle le fixait tout de même, attendant que le miracle se produise. Il n’y avait personne à qui la demoiselle pouvait téléphoner afin d’échapper au rythme infernal de la danse de ses émotions. Au fond d’elle-même résidait sa rage d’endurer ce vacarme, si lointain dans son cœur, mais si proche que l’ignorer était vain.
Mélodie n’en put plus de ces cris stridents, hurlés sans but précis. Afin de faire compétition au vacarme du bruitage d’un film qui ne serait jamais un classique, encore moins un chef-d’œuvre, elle alluma la radio. Celle-ci laissait transparaître des accords épars et une musique qui semblait n’aller nulle part. Ces compositions semblaient griffonnées sur le bout d’un comptoir, sans égard aux mots, sans égard aux émotions, sans aucune notion de solfège. Toutes les musiques étaient composées sur des airs de techno désabusés. Les rimes étaient plates, aucune n’était riche. Cela la désolait et lui donnait l’impression que l’on faisait honte à Vigneault, Leclerc, Lennon, Piaf, et bien d’autres plus illustres encore. Ces grands l’avaient bercée lors de son enfance au rythme envoûtant de leurs symphonies et de leurs accords à faire frémir les poils sur le bras. Ils l’avaient même bercée bien avant sa naissance et c’était sous les coups de pied intenses, au son des chants, que sa mère avait décidé de l’appeler Mélodie. Elle essaya de se concentrer sur les paroles pour découvrir une once de poésie, mais les rythmes effrénés qui se juxtaposaient mal la déconcentraient.
La jeune femme enrageait de ne pas pouvoir apprécier cette beauté du monde. En cet instant, Mélodie était envahie par son besoin de relaxer. Elle aurait bien joué du piano, mais ses doigts étaient trop courts pour devenir prodigue. De la flûte traversière aussi, mais cette musicienne du coeur n’avait aucun souffle pour tenir la note, car sa respiration de sportive produisait un souffle trop saccadé pour rendre les notes en toute harmonie. Du violon, oui, elle pourrait, mais, en son for intérieur, il n’y avait pas la persévérance pour apprendre les partitions des œuvres classiques des plus anciens compositeurs. La jeune fille préférait se décourager de la déchéance des harmonies de l'univers, et pas seulement des harmonies musicales. L’horreur rôdait autour, et cette horreur ne l’aidait pas à percevoir qu’elle seule était l’artisane de sa mélodie du bonheur.
Elle aurait plutôt du s’appeler Mélancolie, et non Mélodie. Mais il n’en demeurait pas moins que les mélancolies et les tristesses de ce monde couchaient les plus belles symphonies à travers les cordes du papier sur lequel elles prenaient vie et forme. L’écho des émotions vibrait à travers les mots et le solfège y était déposé par la suite. Cela rendait toute création magnifique, magique et on s’en laissait imprégner au fond de nous, selon notre vécu. Mélodie rageait de ne pouvoir en faire partie au travers du brouhaha qui étreignait son cœur.
Elle se leva et prit un crayon qui se laissa emporter dans une course sur le papier. Sa rage, ses inquiétudes, ses déchirures la guidaient. La jeune fille couchait les mots sur le papier à la vitesse de l’éclair en se laissant mener par le rythme de ses pulsations. Toute la noirceur de son existence se retrouvait prisonnière du papier. La demoiselle avait le rythme en elle; un rythme qui tentait de décrire la beauté et l’espérance pour la sortir de l’enfer qui l’engloutissait peu à peu. L’amoureuse des mots avait été morcelée dans son enfance et écrivait pour sa délivrance. Mélodie était prisonnière de son cœur, mais savait que la liberté et l’indépendance la rejoindrait bientôt. Elle voyait les mots se former sur le papier, les rayures barrer ces mauvais moments pour ne garder que la plus belle symphonie de la mémoire de sa vie. La plume était vive, triste, intuitive, joyeuse. Au travers du bruit ambiant, Mélodie avait trouvé son cocon qui la transformait en papillon et épuisait les mots du cœur au travers des partitions de sa mélancolie. Elle couchait la plus belle mélodie, le plus beau lyrisme, la plus belle poésie, la plus belle prose, envoûtante, berçante, mystérieuse, la mélodie des mots.
FIN
Toti Mode Lecture - Citer - 10/06/2012 20:03:49
isallysun Mode Lecture - Citer - 22/06/2012 04:46:01
Toti Mode Lecture - Citer - 23/06/2012 14:22:12
Wensaïlie Mode Lecture - Citer - 25/06/2012 09:22:28
Toti Mode Lecture - Citer - 25/06/2012 19:21:51
isallysun Mode Lecture - Citer - 26/06/2012 17:55:43
Toti a dit :
Je ne suis pas fan !! Mais c'est 10 fois pire, j'ai une adiction !! Il faut avouer que c'est super bien écrit ! (le premeir qui me contedit aura à faire à moi, attention, je peut être dangereuse !)Toti Mode Lecture - Citer - 27/06/2012 12:06:28
Wensaïlie Mode Lecture - Citer - 27/06/2012 12:24:01
Toti Mode Lecture - Citer - 28/06/2012 18:15:15
isallysun Mode Lecture - Citer - 28/06/2012 20:54:25
Toti Mode Lecture - Citer - 29/06/2012 12:04:53
isallysun Mode Lecture - Citer - 29/06/2012 15:41:33
Toti a dit :
éééh ! Mais je suis une fan sans pression moi !!