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Arbre

Le Temps des Rêves

Avatar de Azouras Lazuli Tintomara Azouras Lazuli Tintomara Mode Lecture - Citer - 20/02/2012 21:16:08

Je viens d'écrire ça, en totale écriture automatique...

Prière du corps malade

Qu’y a-t-il ? Qu’est-ce qui se passe ? Dis-moi ce qui peut bien traverser ta gorge pour que tu restes ainsi muette ! Je ne me souviens plus. Je ne sais pas qui a fait le premier pas, en premier. Qui a posé ses lèvres sur celles de l’Autre. Je ne sais pas.
Je suis en train d’errer. Toujours. Sur la feuille comme une écriture qui cherche à s’accomplir au fil des lignes, malgré l’impossibilité de se percevoir elle-même. Elle ne retient rien de ce qui existe. Elle ne traduit ce qui me traverse que dans la mesure où elle cerne ce qui ne me dépasse pas. Peut-être n’a-t-elle donc vraiment rien à dire…
Peu importe. Elle apaise. Elle rend plus sensible et supportable la nuit qui s’annonce, une nuit dans la fatigue, dans la tourmente de ne pas trouver le sommeil. La paix est lointaine : quand je l’attrape, elle me rit au nez avant de s’envoler, elle s’avance pour finalement me sourire et me dire : « Tu n’es pas même assez forte pour me dire que tu voudrais que je sois auprès de toi. » Elle a raison. Alors je ferme les yeux et je pense encore à ce que je serais auprès d’elle.
La réalisation de soi ne suffit pas à découvrir son existence et sa perspective, sur le chemin ascensionnel qui appelle les gens comme nous. Il faut un peu de folie pour concevoir l’espoir, là où il n’y a rien. Mais existe-t-il un autre lieu où il pourrait vraiment naître ? Il faut une part de Néant pour pouvoir reconstruire. Et mon corps se vide…
De son sang qui prospère, dans une autre dimension du monde. Est-ce une attaque de mon devoir, encore ? Qui êtes-vous pour vouloir me détruire ? Si vous m’aviez aimée un jour… Oh, vous m’avez aimée dites-vous ? Beaux démons qui me sourient en pleurant tandis que vous attaquez ma conscience, tandis que vous tentez de vous accaparer mes rêves, songez-vous vraiment à ce que vous faites ? Croyez-vous avoir la force de mettre à mal celle sans laquelle la Terre ne serait plus pour vous un espace concevable ? Vous attendez que votre vision du bien s’annihile dans une réalité que les Hommes ne veulent plus regarder en face. Vous avez compté sur moi pour écrire sans agir sur ce qui est encore sauvage et libre…
Je dis NON. Je refuse. Catégoriquement. Avec une force que vous ne m’avez pas connue, que je ne connaissais moi-même que dans ma peur, dans cette frustration que je créais de mon propre chef parce qu’elle vous nourrissait sans cesse, parce que vous étiez les seuls à demeurer là pour moi… A me dévorer, à me redéfinir même quand c’était moi qui prenais le dessus. Alors maintenant, c’est la parole qui agit. C’est le mot qui détruit. Ce soir, je dis que JE VOUS TUE.
J’ai pleuré pour tous les mots que j’ai écrits. J’ai pleuré pour tous les paysages que j’ai esquissés sur la feuille, et pour tous ceux que ma langue n’a pas pu décrire. J’ai pleuré pour tous les regards que j’ai croisés sans savoir pourquoi je les croisais, en sachant que je les croiserais encore pour les aimer. J’ai pleuré pour pouvoir vivre la lumière sur la Terre pendant que la nuit domine le monde, quand le seul soleil est celui de mes yeux même quand mes larmes coulent et que personne ne les voit.
J’ai pleuré pour tous ces infinis que je n’ai pas pu retenir, pour tous ceux que je ne tiendrais jamais, pour ceux qui ont voulu m’échapper sans le pouvoir, pour ceux qui sont morts dans mes bras parce que ma présence suffisait. J’ai pleuré pour beaucoup de bonheurs vécus et que je ne pouvais alors concevoir, pour ces instants flottants qui ont fait perdre des batailles clés à vous, démons, même si vous continuiez de croire en votre victoire prochaine…
Je pleurerai encore, parce que le don est une position dans l’univers qui ne laisse aucun répit à ceux dont l’envie les possède, parce qu’être là où rien n’existe est aussi dur et beau qu’être là où tous aspirent à vivre. Mais ce soir je suis fatiguée de sentir mes mains toucher le silence, puisque je suis loin de là où je voudrais être pour reposer mes espoirs et mes doutes, mon passé tourmenté et mes belles perspectives d’avenir.
Mon cœur, je voudrais juste pouvoir dormir…

Avatar de Brumepin Brumepin Mode Lecture - Citer - 20/02/2012 23:08:24

Ce texte est authentique. J'aime son éloquence soudaine qui frappe à l'esprit comme il sait frapper au coeur. Il maîtrique des simplicités évidentes comme on ne le voit que trop rarement. C'est clair, c'est limpide, c'est beau.

Avatar de [Utilisateur supprimé] [Utilisateur supprimé] Mode Lecture - Citer - 21/02/2012 00:06:06

[Contenu supprimé]

Avatar de naniquolas naniquolas Mode Lecture - Citer - 28/02/2012 14:26:07

J'ai adoré le début et beaucoup aimé la fin. le milieu est bien écrit, mais un peu long pour moi. Certaines réflexions sont un peu alambiquées mais ça me plait^^.

Deux petits trucs qui m'ont gêné :

pour ces instants flottants qui ont fait perdre des batailles clés à vous, démons --> "qui ont fait perdre à vous" ça fait un peu moi Tarzan toi Jane... peut être : "pour ces instants flottants, qui vous ont fait perdre des batailles clé, Démons..."

Et puis "qui ne laisse aucun répit à ceux dont l’envie les possède" ceux dont l'envie les possèdent c'est étrange comme construction... "ceux que l'envie possède" ?

Avatar de Azouras Lazuli Tintomara Azouras Lazuli Tintomara Mode Lecture - Citer - 01/03/2012 13:34:58

Ah, exact, la construction me paraissait étrange aussi, mais j'étais passée un peu dessus sans faire trop gaffe. "Ceux que l'envie possède", bien sûr Petit Sourire

Avatar de Azouras Lazuli Tintomara Azouras Lazuli Tintomara Mode Lecture - Citer - 03/04/2012 11:46:00

"qui ne laisse aucun répit à ceux dont l’envie les possède"
En fait, j'y ai repensé, et c'était bon, parce que c'est leur envie qui les possède. Dire "que l'envie possède", ça voudrait dire que c'est l'envie en général, et non la leur.

Avatar de naniquolas naniquolas Mode Lecture - Citer - 03/04/2012 14:24:10

==' ben c'est pas très clair quand même, à mon avis. A ceux que leur envie possède ?

Avatar de Wensaïlie Wensaïlie Mode Lecture - Citer - 04/04/2012 08:57:10

Aaaah j'ai adoré, je ne me suis pas lassée du tout! (mais j'aurais mis ce texte dans "Nouvelles"Clin d'oeil.
J'ai eu l'impression de lire un pendant de "Je te ferais bouffer des éclats de lumière", je trouve que ces deux textes se répondent parfaitement bien!

Cette phrase m'a particulièrement marquée, car c'est un peu une des questions des Poètes:
" vous tentez de vous accaparer mes rêves, songez-vous vraiment à ce que vous faites ?"