Le Temps des Rêves

Maladie des émotions... toi qui d'une dose d'amour, aussi légère soit elle, dérègle toute la mécanique. Toi qui fissure les barrages d'un mouvement de tête et noie les landes de vides dans une confusion sincère. Toi qui brise ce cœur de calcite par une minuscule poussière, projectile cristallin dissimulé dans un sourire, un mot, un regard. Qui fait de ma poitrine un brasier quand je ne vois plus qu'un leurre destructeur et ne vis plus que pour cet éclat imperceptible qui me paraît un univers, une nouvelle vie. Je me vois exprimer cette flamme avant même que d'en pleurer je ne puisse plus respirer, dans une suite d'insalubrités ininterrompue. Proses, vers, assonances, métaphores, toujours, jamais, je t'ai, je t'hais, je t'aime.

Le flot se répand sur la Terre pour se muer en monstruosité. Qu'ai-je fait? Ouvrant les yeux sur ces lettres, je ne peux que constater le désastre: le sol est jonché d'arbres de pendus, leurs feuilles en chute libre brise le silence dans un sifflement. Les terres de vides soudainement emplies de rien, ton feu grignote la glace et éveille un volcan rougissant et tonitruant. Affliction affective, tu as libéré les flots magmatiques d'une passion désœuvrée et bien incapable d'organiser un tant soit peu sa décadence. Quel désordre... les chairs se font enfer dans un apocalypse sentimental.

Face à l'affront de ces égarements manifestes et inciviles, le cœur se sert et les pensées s'éteignent un instant pour laisser place au silence, comme à leur habitude. Au fond de leur caverne dévorée par les flammes, les bêtes se délectent de ce repas qui leur avait été interdit depuis si longtemps.