poulix
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Citer - 21/12/2017 01:01:08
Elle aime les chats. Surtout ceux avec de longues vibrisses. Le sien s'appelle Boudin. Parce qu'il était tout blanc quand il est venu s'installer chez elle au printemps dernier.
Elle aime les oiseaux aussi, ceux avec des pépiements cousus de boutons d'or et de tous petits battements d'ailes. Dans sa maison, il y a vingt cages à oiseaux. Une dans chaque coin de chaque pièce. Toutes les portes sont ouvertes. Les oiseaux passent de l'une à l'autre et rentrent s'y lover le soir après avoir accompli leur dur labeur d'oiseau ; faire lever la tête aux hommes d'affaires, s'envoler devant les enfants, les chats, les labradors, ramasser les miettes qui traînent par terre. . . Le plus dur, pour les oiseaux, le plus beau, aussi, c'est de réussir à transmettre les paroles d'amour d'un arbre à un autre sans les déformer. Ils passent leur vie à s'entraîner. C'est pour ça qu'ils chantent toute la journée. À ce qu'on dit, ce n'est qu'une fois par vie qu'un oiseau parvient à traduire ce que dit un arbre à un autre et cette fois-là, son chant est si juste que son cœur s'arrête de battre et qu'il tombe comme une bille de grêle sur la terre.
La grêle, elle l'aime aussi. Quand elle est presque neige et qu'elle fait du vélo le matin. Elle aime la grêle qui fissure ses joues en silence et pique le dos de ses mains agrippées au guidon. La grêle quand elle est toute fine, inclinée par le vent, la grêle qui farde ses pommettes de rose.
Aux roses, elle préfère les fleurs de cosmos lorsqu'ils envahissent le jardin avec leurs grandes tiges, leurs pétales orange et qu'ils montent si haut qu'ils font monter les salades et que les salades montent si haut qu'elles deviennent immangeables et tentent de se faire pardonner en semant une foule de graines pour la saison suivante.
Elle aime l'hiver, l'été, l'automne et le printemps surtout parce que c'est la saison où elle a rencontré Boudin et où Boudin a rencontré les oiseaux qui habitent chez elle. Ils s'entendent bien. Quand ça leur prend, ils font des concerto ensemble : Boudin ronronne, elle fait frire des oignons jaunes, et les oiseaux, les oiseaux ne se contentent pas de chanter, ils frottent leurs ailes, picorent les vitres bleues et lissent les longues vibrisses de Boudin avec leur petit bec doré.
Ils s'entendent bien.
Et elle, elle aime bien qu'ils s'entendent bien.
Elle aime les oiseaux aussi, ceux avec des pépiements cousus de boutons d'or et de tous petits battements d'ailes. Dans sa maison, il y a vingt cages à oiseaux. Une dans chaque coin de chaque pièce. Toutes les portes sont ouvertes. Les oiseaux passent de l'une à l'autre et rentrent s'y lover le soir après avoir accompli leur dur labeur d'oiseau ; faire lever la tête aux hommes d'affaires, s'envoler devant les enfants, les chats, les labradors, ramasser les miettes qui traînent par terre. . . Le plus dur, pour les oiseaux, le plus beau, aussi, c'est de réussir à transmettre les paroles d'amour d'un arbre à un autre sans les déformer. Ils passent leur vie à s'entraîner. C'est pour ça qu'ils chantent toute la journée. À ce qu'on dit, ce n'est qu'une fois par vie qu'un oiseau parvient à traduire ce que dit un arbre à un autre et cette fois-là, son chant est si juste que son cœur s'arrête de battre et qu'il tombe comme une bille de grêle sur la terre.
La grêle, elle l'aime aussi. Quand elle est presque neige et qu'elle fait du vélo le matin. Elle aime la grêle qui fissure ses joues en silence et pique le dos de ses mains agrippées au guidon. La grêle quand elle est toute fine, inclinée par le vent, la grêle qui farde ses pommettes de rose.
Aux roses, elle préfère les fleurs de cosmos lorsqu'ils envahissent le jardin avec leurs grandes tiges, leurs pétales orange et qu'ils montent si haut qu'ils font monter les salades et que les salades montent si haut qu'elles deviennent immangeables et tentent de se faire pardonner en semant une foule de graines pour la saison suivante.
Elle aime l'hiver, l'été, l'automne et le printemps surtout parce que c'est la saison où elle a rencontré Boudin et où Boudin a rencontré les oiseaux qui habitent chez elle. Ils s'entendent bien. Quand ça leur prend, ils font des concerto ensemble : Boudin ronronne, elle fait frire des oignons jaunes, et les oiseaux, les oiseaux ne se contentent pas de chanter, ils frottent leurs ailes, picorent les vitres bleues et lissent les longues vibrisses de Boudin avec leur petit bec doré.
Ils s'entendent bien.
Et elle, elle aime bien qu'ils s'entendent bien.
