Le Temps des Rêves

Vous voyez ce que c’est un accordéon ?
Mais attention hein ?
Je vous parle du bel objet,
Pas de l’appareil mité, grinçant
Que l’on croise parfois dans le métro
Entre des mains n’ayant malheureusement
Plus que cela pour vivre.
Je vous parle d’un instrument à la Buster Keaton.
Il est noir et blanc, ou plutôt
Ébène et ivoire.
Son soufflet aux coins d’argent
N’a pas comme de vieux relent
D’une respiration d’asthmatique.
Des touches de piano, lisses, délicates d’un côté,
De l’autre, des boutons nacrés.

Des bras enlacent l’accordéon
Avec une passion, un amour musical.
Un visage rond est visible au-dessus du soufflet.
Il a des yeux bleus et les cheveux en bataille.
Il dodeline au rythme de la musique.
En dessous se dessinent des jambes mais
Nul buste est visible.
On dirait une symbiose
Entre le musicien et son instrument.
Entre l’accordéoniste et l’accordéon.
Nous n’arrivons pas à savoir si la musique
S’échappe de l’instrument, de la personne
Ou de l’air ambiant lui-même.
Peu importe, maintenant,
Nous faisons partie de ce tout.

Plus tard, les émotions redescendent
Sans toutefois s’effacer.
L’accordéoniste et l’accordéon se séparent
Pour mieux saluer l’audience.
Des applaudissements remercient
Le deux artistes, les deux passionnés.
En coulisse, le musicien cajole son bien,
Le nettoie et le range à l’abri des regards,
Des aléas de la vie et des transports.
L’instrument escalade le dos du virtuose
Et ensemble ils repartent
Vers d’autres partitions
L’accordéon et l’accordéoniste.

Mickaël Landès
31/05/2017

Je me lance.
Je suis revenue plusieurs fois le lire depuis hier soir.
J'ai du mal avec le premier paragraphe. J'avoue je ne sais pas pourquoi, ou peut-être que si.
C'est peut-être la présentation négative avec le métro qui me dérange. Car même dans ce contexte, l'accordéon reste un bel instrument, pas mité et grinçant... c'est dur à lire. Je crois que c'est ça qui me gêne.
Et puis pour moi, l'accordéon est uniquement fait de boutons nacrés à droite comme à gauche. Ceux avec les touches de piano ne sont pas "vrais" à mes yeux. On est d'accord, ça n'engage que moi.
Le deuxième et troisième paragraphe, je les trouve chouettes, mignons, agréables. Je le vois bien ce couple formé entre l'homme et l'instrument.
Bref, en conclusion j'aime bien.

Merci Maggy.
C'est marrant ce que tu dis sur la première partie et le métro car ça n'y était pas dans la première version mais je ne me souviens plus comment j'avais amené l'objet. J'avais tenté d'atténuer avec "parfois" sans avoir vraiment réussi. Je pense que cette partie disparaitra si je me repenche sur ce texte un jour ou si je retrouve l'original ^^

C'est vrai que la partie sur l'accordéon miteux a peut-être un peu de mal à trouver sa place. Sinon j'ai bien aimé ce portrait, sans être complètement convaincu non plus, je trouve que le regard est un peu trop froid, trop analytique, pour nous faire vraiment rentrer dans le texte.

Petite suggestion pour la fin (tu en feras ce que tu veux), j'ai l'impression qu'elle pourrait "claquer" davantage :

En effet ta fin sonne mieux, merci Nani

Ah zut, tu n'as donc pas retrouvé ton texte ! (ni ton PE...)

Je suis d'accord sur le fait que la présentation négative ne trouve pas vraiment sa place et que ça nous emmène dans une univers qui, ensuite, est tout à fait oublié, mis de côté. Je préfère qu'on vienne sur scène dès le début.
Pareil, la référence à Buster Keaton m'éjecte du poète (moi et les références, tu sais bien... )

Pour le début, pourquoi ne pas commencé un peu comme une devinette, mais sans pour autant poser clairement la question.
Du type :

Noir
Blanc
Ebène et ivoire... etc

Décrire l'accordéon puis jouer sur l'effet de surprise qu'il y ait, derrière, l'accordéoniste.

"Nul buste est visible." --> nul buste n'est visible

Mais sinon, comme je te le disais, j'aime bien cette sorte de fusion entre l'accordéon et l'accordéoniste :-)